Dans les dernières années du 19ème siècle, au coin des boulevards de Paris et de Cambrai, face à l’ hôtel particulier Masurel-Leclercq, on remarque sur les plans deux parcelles libres. L’emplacement est favorable, juste à l’entrée du « beau jardin », et on pense à y édifier un café. C’est chose faite sur le plan de 1899. Le débit de boissons est prolongé le long de l’avenue Jean Jaurès par une véranda et une cour ombragée où seront disposées tables et chaises pour accueillir les consommateurs les jours de beau temps. La Voix du Nord le dépeint en 1961 comme une guinguette, lieu de rendez-vous des promeneurs dominicaux avant implantation du bol d’air. En ouvrant le Ravet-Anceau, on trouve mention de ce commerce au numéro 116 boulevard de Paris à partir de 1900.
Cinq propriétaires s’y succèdent jusqu’en 1935, année où il prend le nom de « Café du Parc ». A partir du début des années 50, son propriétaire est M. Duthilleul et on parlera ensuite aussi bien du café Duthilleul que du café du Parc. Le voici après la deuxième guerre :
Cependant, les délibérations du conseil municipal nous indiquent qu’à partir de 1957, on envisage la création d’un café restaurant dans le parc. Ce sujet revient également dans les délibérations de 1960. C’est l’origine de la création du Bol d’Air.
Parallèlement, et peut-être conséquemment, le café, abandonné, est vendu en 1959 à la société française de raffinage. Celle-ci, désireuse d’implanter une station service à cet emplacement très favorable sur la route de Lille, choisit d’intégrer la station à un immeuble à usage d’habitation de 6 étages. Sur le coin même est prévu un autre commerce ; c’est là que s’installera la presse du Parc.
Mais l’espace est trop réduit pour ce projet. La société guigne un terrain mitoyen de 205 mètres carrés, appartenant à la ville, et faisant partie du parc Barbieux, dont il est séparé par l’avenue Jean Jaurès. Sur cette parcelle est disposée la statue du commandant Bossut, inaugurée en 1925 à la mémoire d’un héros de la première guerre. Le conseil municipal, lors de sa séance du 26 octobre 1959 demande au préfet la désaffection de la parcelle et son passage dans le domaine privé communal, préalable à l’aliénation du terrain pour permettre « la construction de nombreux appartements afin de lutter contre la crise du logement… » Il va falloir également libérer l’espace rendu disponible, c’est à dire déplacer la statue du commandant Bossut. On décide de la rapatrier de l’autre côté de l’avenue Jean Jaurès dans le parc proprement dit. Le déplacement se déroule en 1963. La statue n’a plus bougé depuis lors.
Le bâtiment est finalement construit. Il comprend de beaux appartements de standing avec des balcons en façade. Un parking est installé sur le vaste trottoir.
La station ouvre sous la marque Total et prend en 1975 le nom « station Relais du commandant Bossut » au n°118. On l’y retrouve jusqu’en 1986 sous la Résidence Barbieux. La station est vraiment placée sous l’immeuble, ouvert au rez de chaussée : les pompes sont disposées au fond, dans l’angle formé par les deux murs. Les automobilistes y sont à l’abri des intempéries pour effectuer le plein. Des piliers, entre lesquels sont disposés des présentoirs, supportent l’immeuble en façade. La station ne survivra pas à la distribution des carburants en supermarché, et elle est aujourd’hui remplacée par une pâtisserie-salon de thé.