Les Cascades

Un énorme projet de construction de 372 logements voit le jour en 1971, à la limite du parc de Barbieux, entre les villes de Croix et Roubaix. La SCIC Société Centrale Immobilière de la Caisse des Dépôts, propriétaire du terrain, lance un appel d’offres pour la construction de 18 immeubles séparés pour un total de 372 logements. Cet immense terrain de 85.000 m2 était composé auparavant de quelques propriétés, bâties et non bâties, du 309 au 337 de la rue Verte, appartenant à des propriétaires privés dont quelques industriels roubaisiens.

Photo aérienne années 1960 ( document IGN )
Document Nord Eclair

L’endroit est très verdoyant et boisé. Les Roubaisiens le connaissent bien puisque l’avenue Le Notre sépare ce terrain du parc de Barbieux. La SCIC choisit les architectes Guy et Jacques Lapchin, pour la construction de l’ensemble. Trois tranches, de 124 logements chacune, sont programmées pour les travaux qui vont s’étaler entre 1972 et 1973. La SCIC avait déjà eu l’occasion de construire les célèbres tours des Aviateurs « Edouard Anseele ».

Document Nord Eclair

En Septembre 1972, la construction de l’ensemble dénommé « Les Cascades » démarre sur l’immense terrain. La première tranche comprend 6 tours carrées pour 124 logements : une tour de 10 étages, une de 6, et quatre de 4 étages. Tous les appartements disposent d’un balcon qui fait le tour complet du bâtiment. Trois parkings souterrains immenses sont construits et les places de stationnement extérieures limitées, pour respecter le cadre exceptionnel du parc de Barbieux.

Document Nord Eclair

Les 124 appartements se répartissent de la façon suivante : 13 studios F1, 13 appartements F2, 13 appartements F3, 37 appartements F4, 42 appartements F5 et 6 appartements F6. Les prix varient de 73.700 Frs pour un studio à 194.300 Frs pour le plus vaste appartement.

l’appartement témoin ( Document Nord Eclair )

Un logement témoin est ouvert pour le public désireux de visiter. C’est un 4 pièces entièrement aménagé et disposé au sol comme un plain pied. La « G.SCIC Promotion Immobilière », avenue Kennedy à Lille est chargée de la commercialisation qui démarre fin 1972, pour une livraison programmée en 1973.

Publicité 1972 ( Document Nord Eclair )

Manifestement, c’est une résidence de très grand standing : hall d’entrée en marbre de Carrare, ascenseur avec desserte directe des garages au sous-sol, adoucisseur d’eau, chauffage central au gaz, interphone individuel, et surtout les 6 immeubles sont cachés dans la verdure à la lisière du magnifique parc roubaisien. L’entrée de la résidence se fait par la rue Verte à Croix.

Publicité 1973 ( Document Nord Eclair )

Deux autres tranches identiques de 6 bâtiments pour 248 logements sont ensuite réalisées, quelques temps après.

Photo aérienne ( Document Google Maps )
Photos aériennes 1960 2020 ( Documents IGN )

Remerciements aux archives municipales

Février 1902

Le Journal des sports de février 1902

Vélodrome et arènes de Roubaix. Une nouvelle administration va exploiter le vélodrome et les arènes de Roubaix et elle prépare un superbe programme pour 1902. La saison commencera à Pâques avec Paris Roubaix, dont l’organisation est confiée au journal l’Auto Vélo. Une épreuve automobile Paris Roubaix à l’alcool sera organisée comme l’année dernière. La société du vélodrome et des arènes existe toujours, mais la direction a été confiée cette année à M. J. Fosté de Paris.

Nord Sportif. Le journal Nord Sportif se propose d’organiser en juillet ou en août une course régionale cycliste sur route. Il propose aux lecteurs de la région de choisir l’itinéraire parmi les cinq suivants : Lille-St Amand, Lille-Dunkerque, Lille-Amiens, Lille-Calais, Lille-Boulogne sur mer. Ce petit référendum est ouvert jusqu’au 2 février, on connaîtra le 7 février le recensement des lettres.

Avenir Athlétique Roubaisien. Suite à la réunion de la commission le 29 janvier, certains articles du règlement ont été modifiés. Le prix des cotisations a été fixé à 50 centimes par mois. La commission a étudié divers projets notamment les cours de canne, boxe, lutte, escrime et culture physique. On est prié de s’inscrire au local, café Déarx 94 rue de France.

Escrime. Une nouvelle salle va ouvrir. Il s’agit d’une réouverture, la salle de feu M. Leuridan 164 rue de Lille à Roubaix va être reprise sous la direction de M. Victor Fort, le jeune professeur bien connu.

Patinage au parc de Barbieux doc BNRx

Patinage au Parc de Barbieux. Si beaucoup se plaignent de l’hiver, il y en a d’autres qui s’en réjouissent, les patineurs sont de ceux-là. Les gelées que nous subissons ont transformé en un superbe champ de patinage l’étang de Barbieux et chaque jour, nombreux sont ceux qui viennent y patiner.

Football. La finale du championnat du Nord opposait l’union sportive de Calais et le Racing Club Roubaisien sur le terrain de la rue de Beaumont malgré les rigueurs de la température. Le terrain était très glissant. Albert Dubly marque deux fois pour les roubaisiens, c’est le score à la mi-temps. Les maritimes profitent de la seconde partie du jeu pour égaliser. Les roubaisiens ont péché par excès de confiance.

Athlétisme. Le Club Athlétique Roubaisien nouvellement créé organise des séances d’entraînement tous les mercredis matin et dimanche soirs ans la salle de la société 34 rue de Lannoy.

Football. Championnats du Nord. Le RCR a été champion de la deuxième série après sa victoire sur l’Union Sportive Boulonnaise, champion de la région maritime, par quatre buts à un. Le RCR présentait pourtant une équipe remaniée suite à la défection de plusieurs indisposés, alors que les boulonnais avaient leur équipe type. Le terrain était détrempé suite au dégel. Score à la mi-temps 2-0. Les maritimes marquent un but à la reprise, mais les roubaisiens marquent deux nouveaux buts.

Maurice Garin lensois doc Coll particulière

Cyclisme. Maurice Garin à Lens. Le vainqueur de la course Paris Brest 1901, Maurice Garin qu’on appelait le roubaisien d’adoption vient de se fixer à Lens pour y faire le commerce de cycles. Garin aurait renoncé aux courses mais il s’occupe déjà d’organiser une course sur route pour le mois de juin prochain.

Football. Le challenge international du nord organisé par l’Union Sportive Tourquennoise vient de débuter. L’UST affrontait l’Iris Club lillois et l’a emporté par deux buts à un.

Natation. Une belle réunion de la section natation du Racing Club Roubaisien. Une belle partie de water-polo a montré les progrès accomplis par les joueurs.

Tir. Tir National de Roubaix (stand de la Grand Rue 311). On donne les résultats du concours du dimanche 23 février : 1er prix Victor Renard, 2e Floris Salembier 3e Henri Vantroys, 4e Victor Dewailly. On annonce qu’un grand concours international de tir aux armes de guerre à 200 mètres réduit Jouvet à 20 mètres et Flobert à 12 mètres aura lieu prochainement au Stand de Tir National.

31 rue Paul Lafargue

André Carissimo est un industriel roubaisien, dans le domaine du textile. Il décide de faire construire en 1928 sur un terrain de 3360 m2 avenue Gustave Delory à l’angle de la rue Paul Lafargue, une construction à usage d’habitation, par l’architecte René Dupire au 52 Boulevard de Cambrai

Document Archives Municipales
Document collection privée

C’est un hôtel particulier, une maison de maître de 265 m2 de surface au sol, la façade fait 19m de long sur plus de 14m de large avec deux étages. Au rez de chaussée, on y trouve : le hall d’entrée, le vestiaire, le vestibule, la cuisine, le salon, la salle à manger, le living-room, la salle d’enfants, l’escalier, l’ascenseur, le monte charge, l’escalier de service, et un garage de 40 m2

Documents D Gaudenzi

André Carissimo est marié avec Agnès Toulemonde. Ils ont deux filles Agnès née en 1912 et Françoise née en 1924. Pour une raison méconnue, André Carissimo décide au milieu des années 1930, de changer son adresse postale. Son habitation devient le 31 rue Paul Lafargue, et il condamne son entrée principale de l’avenue Gustave Delory, en plantant un arbre face à la grille ; arbre qui existe toujours de nos jours. André et Agnès vont résider dans leur somptueuse demeure, pendant près de trois décennies.

Photo de la grille avenue G Delory ( Photo BT )

André Carissimo décède à la fin des années 50. Son épouse reste dans la grande propriété, et décède à son tour en fin d’année 1975. En 1976 les héritiers décident de céder l’ensemble de la propriété à M Claude Duhamel qui habite 12 rue Clémentine Durieux à Wasquehal, Une promesse de vente est signée. Le projet prévoit la démolition pure et simple de l’habitation et d’y construite à la place, un immeuble de 6 étages, comprenant 23 appartements avec 23 boxes et 21 places de parking !

Document Archives Municipales

Fort heureusement le projet n’aboutit pas, et le dossier devient périmé en Mai 1978. La propriété est reprise par Mme Maes gérante de la SCI Les Hauts de Barbieux qui a son siège au 52 rue Louis Lejeune à Wasquehal. Mme Maes propose de louer l’ensemble de l’habitation au traiteur Robert Lecocq. Celui-ci décide de transformer l’immeuble en restaurant « Les Hauts de Barbieux » qui ouvre en 1979 ( voir sur notre site, un précédent article, intitulé : Robert Lecocq ) Le restaurant de Robert Lecocq continue son activité jusque dans les années 2010.

Documents collection privée

Aujourd’hui le bâtiment existe toujours. Les Hauts de Barbieux sont des salons de réception, occasionnellement loués pour des banquets et mariages

Photos BT

Remerciements aux Archives Municipales

Robert Lecocq, traiteur

Robert Lecocq naît le 21 Avril 1932. Il apprend le métier de boucher charcutier traiteur, mais c’est surtout l’activité de traiteur qui le passionne : la création de plats, de mets succulents et de desserts pour le plaisir des clients.

A la fin des années 1960, il installe ses bureaux au 111 rue du Luxembourg à Roubaix et ouvre un magasin de traiteur, au 189 Boulevard Gambetta à Tourcoing. C’est une artère importante qui relie les deux villes, ce qui lui permet de faire venir les clients de Roubaix Tourcoing, mais également des petites villes voisines. Car les particuliers viennent de loin pour commander chez Robert Lecocq. Sa réputation et sa notoriété sont désormais acquises.

Publicité années 60 ( Document collection privée )

Robert Lecocq livre à domicile, que ce soit pour les particuliers ( noces, mariages et banquets ), ou pour les entreprises ( repas d’affaires ).

Il est ambitieux et son souhait le plus cher est de pouvoir mettre une salle de réception à disposition de sa clientèle. L’occasion se présente en 1979, lorsqu’il rencontre Mme Maes qui possède le 31 rue Paul Lafargue. C’est un hôtel particulier construit en 1928 par l’industriel André Carissimo. Cette maison de maître de 265 m2 de surface au sol (la façade fait 19m de long sur plus de 14m de large) possède deux étages. Le terrain de 3360 m2 donne sur l’avenue Gustave Delory et la demeure est inoccupée depuis 1976. Un bail de location est signé.

Les Hauts de Barbieux ( Document J.J.Young )

Robert Lecocq s’installe dans ces locaux et crée l’enseigne « Les Hauts de Barbieux ». Il installe la cuisine, le laboratoire et la chambre froide au sous sol et aménage deux salles de réception au rez de chaussée : La Chaudrée et la Fontaine. Il fait ouvrir le mur de clôture, avenue Gustave Delory, pour la création d’une porte cochère, afin de faciliter le passage des véhicules de livraison.

Les Hauts de Barbieux ( Documents collection privée )

Il a donc désormais plusieurs activités : traiteur et livraison à domicile, salle de réception pour les week-end, et restaurant pour le reste de la semaine. Le succès est immédiat et le restaurant se trouve déjà à l’étroit. Au début des années 1980, Robert fait donc construire une véranda sur les 19m de façade, côté jardin : la salle principale est maintenant immense, magnifique et très lumineuse.

Les Hauts de Barbieux ( Documents collection privée et Google Maps )
Les Hauts de Barbieux ( Documents D. Gaudenzi )

Robert Lecocq devient le spécialiste incontesté de la cuisine pour les plus fins gourmets et les plus grands gourmands. Les créations sont toujours uniques, délicates et savoureuses, car tous les plats sont faits maison à partir de produits frais. Robert est très exigeant, voire même intransigeant auprès de son personnel sur la qualité.

Menu restaurant ( Document J.J.Young )

En 1986, Robert Lecocq prévoit l’extension et l’agrandissement de ses locaux techniques, avec l’accord de la propriétaire Mme Maes, mais en 1988, il renonce à effectuer les travaux, car il a d’autres projets : la création de salles de réception, dans des lieux historiques et prestigieux . . .

En 1989, Robert Lecocq signe un accord avec la ville de Mons en Baroeul, pour la location du Fort de Mons. C’est dans cet édifice du XIX° siècle, avec une architecture remarquable, niché dans la verdure, que Robert aménage des salles de réception et un restaurant dans de magnifiques salles voûtées.

Le Fort de Mons ( Document collection privée )

Fin 1990, Robert tombe malade et arrête son activité professionnelle pour pouvoir se soigner. Son épouse Chantal et leurs trois fils François, Emmanuel et Alexandre reprennent le flambeau, continuent l’activité et développent l’entreprise de façon très importante et rapide, car ils fourmillent d’idées originales.

En 1991, la famille Lecocq décide d’aménager des cuisines et un laboratoire, dans un nouveau local rue Émile Moreau, car cet emplacement se trouve à proximité de l’église Notre Dame, futur nouvel espace de réception.

La mairie de Roubaix signe une concession, en 1992, pour la location de cette ancienne église qui date du XVIII° siècle, désacralisée en 1983. Les travaux de rénovation sont immenses, car cet ancien lieu de culte inoccupé depuis 10 ans, a servi de stockage pour la municipalité, et se trouve en mauvais état.

L’église Notre Dame ( Documents collection privée )

L’espace Gobelins est né. C’est un lieu magique, majestueux, étonnant avec ses larges colonnes et sa voûte à 20m de hauteur. La salle est immense, puisqu’elle peut recevoir 350 personnes pour un dîner ou 1500 personnes pour un cocktail. C’est un écrin idéal pour les réceptions ; la clientèle est ravie.

Espace Gobelins ( Documents D. Gaudenzi )

En 1997, la famille Lecocq reprend le restaurant « La Terrasse des Remparts » à Lille ( auparavant tenu par le chef étoilé Bardot ), qui se trouve dans l’enceinte même de la Porte de Gand : site historique classé, construit en 1620. La décoration est originale et marie audacieusement le moderne et l’ancien, avec succès. Le restaurant a une capacité de 110 couverts, et emploie 15 personnes.

La Terrasse des Remparts ( Document collection privée )

En 2002, le groupe Lecocq ajoute un nouveau projet et, cette fois-ci, se lance dans la création, en ouvrant un restaurant à thème, sur un concept inspiré du voyage, des vacances et de la méditerranée, à l’enseigne « Villazur », à Wasquehal. Le bâtiment, la décoration et la carte sont un billet pour le soleil : un voyage méridional entre terre et mer.

Villazur ( Document collection privée )

En 2007, le groupe Lecocq déménage tous les équipements des cuisines, de la rue Emile Moreau, dans de nouveaux locaux, au 37 avenue Henri Delecroix à Hem. Malheureusement, la crise économique de 2007-2008 entraîne une baisse des commandes du service traiteur, une baisse de la fréquentation des restaurants. L’activité tourne au ralenti et les premières difficultés apparaissent. La situation ne s’améliore guère, et la liquidation judiciaire de l’entreprise est prononcée en 2011.

Le siège de la société, à Hem, est repris par Compass Group, qui fait partie de la chaîne « Traiteur de France ». L’activité continue, et la nouvelle direction décide, bien évidemment, de garder le nom Lecocq qui représente le prestige, la forte renommée, et plus de 50 ans d’expérience. Le nom de l’entreprise est désormais : « Lecocq traiteur »

( Document Lecocq traiteur )

Remerciements aux archives municipales, ainsi qu’à Matthieu Croquette, Didier Gaudenzi et Jean Jacques Young.

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Le parc avant le vélodrome

Cyclisme au parc Coll part

Voici le commentaire des amateurs de vélocipédie dans le Journal de Roubaix. Ce n’est guère flatteur pour le Parc de Barbieux dont il faut cependant rappeler qu’il n’a pas été conçu spécialement pour le cyclisme.

Voilà trois saisons déjà que les coureurs n’ont pour s’entraîner que la piste circulaire de Barbieux. Ovale irrégulier de 1100 m, cette pseudo-piste sillonnée de trous et de bosses descend sur 600 m. Arrivé en face du kiosque, le coureur aperçoit une côte tellement raide qu’il hésite à la gravir, on la surnommée le casse-jambes, longue de 500 m, on la monte, on la parcourt en emballage sur des cailloux gros comme le poing et au sommet c’est l’arrivée. Les Duquenne, les Delespierre, les Accou ont souvent tempêté contre les sabots des chevaux qui détérioraient cette route, ou cette piste. Certains jours des centaines de visiteurs, on se fait renverser par les bicyclettes ou on renverse les cyclistes. Cela démontre l’utilité d’un vélodrome. Les lillois possèdent déja une piste cimentée.

Au moins, les vélocipédistes sont conscients des problèmes rencontrés. Cet article date de 1894. Leurs vœux seront bientôt exaucés.

 

Le Mongy contourne le Parc

Après le tragique accident de Janvier 1912, la municipalité roubaisienne est confortée dans son idée de détourner le tramway de l’avenue Le Nôtre. Lors de la séance du conseil municipal du 2 août 1912, elle se préoccupe également du danger que constituerait l’ouverture par les propriétaires privés d’une rue à l’ouest du parc et parallèle à celui-ci, limitant la vue des promeneurs aux arrières d’une rangée de maisons.

Considérant que le projet de tracé prévu par la rue de Barbieux n’a pas avancé, personne ne n’étant décidé à le financer, le maire propose de tracer une nouvelle voie d’une largeur de 18 mètres à l’extérieur du parc. Elle prendrait naissance avenue de Jussieu, face au monument de Gustave Nadaud, traverserait les terrains situés en bordure du parc, passerait derrière la Laiterie et aboutirait au grand boulevard. On pourrait ainsi reporter la circulation des véhicules de l’avenue Le Nôtre à cette nouvelle avenue. Sur le terrain situé entre la nouvelle voie et le parc on pourrait établir la double voie de tramways. Circonstance favorable : les terrains nécessaires seraient offerts gratuitement à la ville par les riverains.

Pour atteindre l’accotement de la nouvelle avenue, la ligne va former un S prononcé à partir de l’Hippodrome. La photo nous montre cette double courbe :

Les voies suivent en ligne droite l’avenue Jean Jaurès. Malheureusement, celle-ci passe à frôler le café « la Laiterie » ,ne laissant pas la place pour les voies : celles-ci doivent faire un crochet pour éviter le débit de boissons et empruntent la chaussée, au grand détriment de la sécurité. Aussitôt après, la voie reprend sa place sur le bas-côté de la route au niveau de l’avenue du peuple belge. Après l’arrêt du vélodrome, c’est face de la laiterie que les cars s’arrêtent en 1919 mais un second arrêt « pourra être étudié ». On voit sur la photo les voies rejoignant leur site après avoir contourné la Laiterie, située à gauche.

Les choses restent en l’état plusieurs décennies. Mais on décide dans les années 50 de démolir la Laiterie. On profite naturellement de cette occasion pour redresser les voie de Mongy qui vont ainsi retrouver leur indépendance vis à vis de la circulation automobile, même s’il faut toujours traverser l’avenue du Peuple Belge.

Documents Nord Eclair et la Voix du Nord

Dès l’origine, le tram poursuit plus loin sa route en site propre jusqu’à la courbe formée par l’avenue Jean Jaurès pour rejoindre le boulevard de Paris. A cet endroit les voies se séparent ; si la voie vers Roubaix suit la courbure du Parc, celle menant à Lille traverse l’avenue pour rejoindre le trottoir opposé. Cette traversée, placée ainsi dans une double courbe en S est très dangereuse, et le restera longtemps !

Photo IGN 1947

L’autre voie, celle qui se dirige vers Roubaix quitte le parc en suivant une large courbe à gauche et accoste le trottoir juste avant le coin de boulevard de Douai, où est placé un arrêt. On voit sur la photo parvenir à l’extrémité du boulevard de Paris une motrice encore équipe de son trolley et accompagnée de sa remorque.

Les années 60 voient de nouveaux aménagements, cette fois du côté du « fer à cheval ». En 1963, pour faciliter la circulation automobile et diminuer le nombre des accidents, on élargit la courbe d’accès au nouveau boulevard. L’extrémité de l’avenue Le Nôtre va être infléchie pour ne plus déboucher directement sur le boulevard. Le rond-point situé au débouché de la rue verte va être amputé pour laisser place au tram.

Photos IGN

Il faudra encore attendre une trentaine d’années avant qu’on ne touche de nouveau au tracé de la ligne. Dans le cadre de la modernisation du tramway, la Communauté Urbaine prévoit dans les années 90 des modifications à la partie nord, qui touche au Boulevard de Paris, devenu entre-temps celui du Général De Gaulle.

En effet, le conseil municipal roubaisien décide en juin 1991 de regrouper les deux voies en site propre le long de cette avenue. La traversée de la chaussée de l’avenue Jean Jaurès n’a donc plus lieu d’être et le projet prévoit de faire passer les rails le long du parc, en empiétant légèrement sur celui-ci :

Ainsi en sera-t-il fait. Après bien des modifications de tracé, les voies vont désormais se trouver en site propre depuis la gare de Lille jusqu’à cet endroit.

A suivre, les diverses péripéties qui ont présidé à l’implantation de la ligne dans Roubaix même.

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

Championnat de France de pétanque au parc de Barbieux

( Document coll. priv. )

En 1969, le 24° Championnat de France de pétanque est organisé à Roubaix. C’est un événement exceptionnel pour la commune, car c’est la première fois que cette compétition nationale est disputée au Nord de Paris !

Ce sport de détente, né sur les bords de la Méditerranée, a parcouru bien du chemin pour arriver jusqu’à nous et les gens du Nord sont très fiers d’accueillir cette manifestation. La pétanque est de plus en plus populaire dans le Nord : 2000 licenciés dont 1000 nouveaux ces deux dernières années.

Ce championnat, organisé par le Comité Départemental du 59 62 de la Fédération Française de Pétanque, se déroule les 26 et 27 Juillet 1969 au parc de Barbieux. 196 équipes-triplette sont venues de toute la France pour participer à ce championnat, soit environ 600 participants.

A noter que 5 équipes représentent le Nord – Pas de Calais, dont une triplette locale, composée de Gilbert Serbini, de Jacques Verslype et de Guy Friederich (ancien footballeur, conseiller municipal de Roubaix et gérant du célèbre café de la Betterave du 175 rue de Lannoy ).

( Document coll. priv. )

De nombreuses récompenses sont offertes. L’équipe-triplette gagnante reçoit 3 téléviseurs couleur.

La veille du concours, le vendredi, une permanence est organisée à la gare SNCF pour accueillir les participants et, en début de soirée, une saucissonade-party est offerte par une célèbre marque d’apéritif anisé, à la salle Watremez, à tous les participants.

( Document Nord Eclair 1969 )

Le samedi 26 Juillet, P. Prouvost donne le coup d’envoi le matin à 9h15 au parc de Barbieux, avenue Le Nôtre, où 98 terrains de pétanque de 36m2, délimités par des barrières en châtaignier, sont aménagés sur une longueur d’1 km de long. L’organisation est impeccable et le tournoi commence.

( Document Archives Municipales )

Les boules de pétanque s’entrechoquent ; les joueurs sont reconnaissables car les équipes-triplette ont un polo ou chandail de même couleur. Les méridionaux cherchent le soleil encore timide. Les participants, entre 2 parties, se désaltèrent dans des petites échoppes, disposées près du stand de contrôle, où l’on peut consommer, bien sûr, le traditionnel Pastis et le rosé de Provence bien frais.

L’après midi se déroulent les 32° et 16° de finale.

( Document Nord Eclair 1969 )

Le samedi soir, à la salle Watremez, un banquet réunit les différentes sociétés participantes et les organisateurs. Mr le Maire est venu saluer ses hôtes. Le repas, très agréable, est agrémenté d’un spectacle de qualité avec l’orchestre d’Eddie Erickson.

( Document Nord Eclair 1969 )

Dimanche 27 Juillet, la compétition continue. La journée est animée par des promeneurs curieux de cette animation insolite pour des « Ch’tis ». Des gradins ont été installés pour le public à côté du carré d’honneur. Et puis il y a surtout, cette saveur d’un accent méridional, qui fleure bon la lavande, lorsque les joueurs se parlent entre eux « Eh té, tu tires ou tu pointes ? »

Beaucoup de monde vient assister à cette journée, dans une ambiance agréable et sympathique, jusque la finale à 16h.

( Document coll. priv. )

Victor Provo remet les prix dans la salle de mariage de l’Hôtel de Ville à 18h30 à l’équipe du Gard, composée de René Macari, Denis Salvador, et Raoul Bonfort, qui a battu en finale les Girondins.

Alors, certes il n’y a pas d’équipe du Nord-Pas de Calais, dans les hauts du classement, mais cette manifestation a permis de mieux faire connaître notre ville aux participants qui ont tous apprécié l’accueil chaleureux, l’organisation, et le superbe parc de Barbieux.

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Remerciements aux Archives Municipales.

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La tour du fer à cheval

C’est par une lettre du 26 avril 1957, émanant du service des permis de construire de Roubaix qu’on apprend que les travaux de construction de l’immeuble-tour sur le terrain municipal du Parc de Barbieux, au lieudit « Le fer à cheval » ont démarré, sans que l’administration en soit avertie. Cette lettre est adressée à l’architecte Guillaume Gillet, auteur des plans de la dite tour, domicilié à Paris. Erreur de jeunesse ? Problème de coordination dans les échanges administratifs ? Toujours est-il que cela représente un faux départ pour le chantier, car l’ordre formel d’arrêter les travaux est donné, à l’architecte et à son entrepreneur, la société Planquart et fils. Guillaume Gillet, responsable des travaux, doit se mettre en contact avec les services compétents, en vue de l’obtention du permis de construire.

l'architecte Guillaume Gillet Photo NE
l’architecte Guillaume Gillet Photo NE

Cela ne nuira pas à la carrière de l’architecte, ni à ses relations avec les autorités roubaisiennes, car on le retrouvera sur des chantiers importants et ultérieurs : il œuvrera à Roubaix de 1958 à 1972 dans le quartier Édouard Anseele, pour la construction de logements et du centre commercial Roubaix 2000, puis de 1961 à 1975 dans la zone à urbaniser en priorité (ZUP) des Trois Ponts, pour des logements et commerces. L’opération de la Tour du Fer à cheval s’inscrit dans un programme de constructions de tours (on construit également quasi simultanément quai de Marseille) voulu par le CIL dont l’architecte en chef Guy Lapchin avait réalisé les premières études avant de les confier à son jeune collègue. Le 17 mai 1957, une demande de permis de construire est dûment demandée pour l’édification d’une tour de 60 logements. Le 22 mai parvient une première réponse avec demande de modifications concernant la conformité des conduits, de la ventilation des toilettes et des salles de bains et des fosses septiques. Le 20 août, le permis est accordé sous réserve des modifications à opérer.

Situation du chantier en octobre 1957 Photo NE
Situation du chantier en octobre 1957 Photo NE

Le chantier redémarre, comme l’atteste un article de presse d’octobre 1957, qui nous en apprend un peu plus sur le programme des tours. On annonce l’édification de quatre tours d’une quinzaine d’étages. Sont citées la tour du quai de Marseille, et celle du fer à cheval, mais aucune indication pour les deux autres.

La tour du fer à cheval est située en bordure de l’avenue jean Jaurès, et à proximité de la résidence du Parc située à Croix, dont elle semble toutefois faire partie, bien qu’elle en soit séparée par un morceau de la rue Jussieu, à Croix. En octobre, les fondations sont faites et on a réalisé le sous-sol, deux rez-de-chaussées et le premier étage. On prévoit la fin du gros œuvre pour le mois d’août 1958, la fin des travaux pour la fin de l’année, et la réception des premiers locataires en 1959.

Le journaliste vante les matériaux employés : pierres blanches de l’Oise et panneaux d’aluminium. Quatre appartements sont prévus par étage, deux avec une chambre et deux avec trois chambres, et chacun aura son balcon. Le quinzième et dernier étage sera commun aux locataires : des salles de jeux, une bibliothèque y seront installées ! La tour de la Résidence, tel est son nom, est alors présentée comme une curiosité sur la route de Lille à Roubaix, et comme le symbole d’une architecture futuriste !

Mais il semble qu’on soit revenu sur l’utilisation du 15e étage, qui sera transformé en quatre appartements, portera donc le nombre à 64 logements, et nécessitera une demande de modification le 25 mai 1958, accordée en juillet de la même année.

Deux vues de la tour aujourd'hui Photo PhW
Deux vues de la tour aujourd’hui Photo PhW

Le Ravet Anceau de 1961 indique que la tour du fer-à-cheval accueille parmi ses locataires des représentants, des ingénieurs, des pharmaciens, des directeurs, des industriels, des professeurs, et même l’architecte Guillaume Gillet venu habiter l’un des quatre appartements du 15e étage.

Guillaume Gillet est un architecte français, né le 20 novembre 1912 à Fontaine-Chaalis (Oise) et mort le 23 septembre 1987 à Paris. Grand Prix de Rome, il est connu pour son architecture moderne, principalement dans le domaine de l’architecture religieuse et pénitentiaire. (d’après Wikipédia)

La fin de la Laiterie

En 1907, la commission municipale du 8 février décide de la démolition de l’ancien cabaret des mille colonnes, placé au milieu du parc, et devenu trop vétuste. Dans son édition du 14 avril, le Journal de Roubaix explique qu’on déplacera le cabaret pour préserver « la superbe perspective ». Le nouvel établissement sera construit dans le massif de ceinture du parc avec sa façade sur l’avenue de Jussieu, presque en face du kiosque.

La Laiterie - document médiathèque de Roubaix
La Laiterie – document médiathèque de Roubaix

Cette situation excentrée devient cependant un inconvénient après la 1ere guerre lors du percement de l’avenue Jean Jaurès et le déplacement des voies du Mongy qui passent de l’avenue Le Nôtre à cette nouvelle artère. En effet, pour conserver un tracé rectiligne à celle-ci, on est contraint de la faire passer très près de l’arrière du débit de boissons, à tel point que la double voie du tram est obligée de faire un détour pour éviter la brasserie en empruntant la chaussée.

Photo IGN - 1950
Photo IGN – 1950

Au fur et à mesure que la circulation augmente, ce tracé présente des dangers d’accidents de plus en plus grands et oblige les wattmen à redoubler de vigilance en abordant cet endroit. Une carte postale nous montre les voies faisant une courbe pour éviter le café. Les poteaux supportant la caténaire indiquent bien leur position sur l’emprise de la route  :

Document coll. Particulière
Document coll. Particulière

En 1950, Nord Matin fait état de nombreux accidents, dont certains mortels, et nous apprend que la municipalité a décidé de supprimer l’établissement, envisageant de le remplacer plus tard par une nouvelle brasserie-restaurant, mieux placée pour attirer les roubaisiens et animer le parc.

Nord Matin 1950
Nord Matin 1950

La démolition a lieu, et une photo aérienne datée de fin mai 1951 nous montre l’ancien emplacement de la brasserie disparue. On y voit également que les voies ferrées contournent toujours la zone :

document IGN
document IGN

Très vite, on modifie le tracé des voies : pour les redresser, on les fait passer là où se trouvait la Laiterie.

Photo Nord Eclair
Photo Nord Eclair

On modifie également le carrefour, doté maintenant de deux branches en Y, et on installe près des rails, au milieu d’un massif, l’aubette en béton qui était placée un peu plus loin vers Roubaix.

documents Nord Eclair 1951 et Archives municipales 1953
documents Nord Eclair 1951 et Archives municipales 1953

Pourtant, ce nouveau carrefour s’avérera, lui aussi, très vite dangereux et, en 1957, on le modifie pour le simplifier. Il perd l’une de ses branches, qui sera transformée en parking, très vite réclamé par les utilisateurs du parc. Pour cela, il faut diminuer la largeur du massif de fleurs qui entoure l’aubette.

Photo IGN 1962
Photo IGN 1962

La situation va rester sans changement jusque dans les années 2000. L’aubette, supprimée, est remplacée par deux abris placés l’un côté Roubaix, l’autre côté Lille du carrefour.

L'ancien emplacement de l'aubette, et les deux abris – photos Google
L’ancien emplacement de l’aubette, et les deux abris – photos Google

 

 

Le café du Parc

Dans les dernières années du 19ème siècle, au coin des boulevards de Paris et de Cambrai, face à l’ hôtel particulier Masurel-Leclercq, on remarque sur les plans deux parcelles libres. L’emplacement est favorable, juste à l’entrée du « beau jardin », et on pense à y édifier un café. C’est chose faite sur le plan de 1899. Le débit de boissons est prolongé le long de l’avenue Jean Jaurès par une véranda et une cour ombragée où seront disposées tables et chaises pour accueillir les consommateurs les jours de beau temps. La Voix du Nord le dépeint en 1961 comme une guinguette, lieu de rendez-vous des promeneurs dominicaux avant implantation du bol d’air. En ouvrant le Ravet-Anceau, on trouve mention de ce commerce au numéro 116 boulevard de Paris à partir de 1900.

Le café avant la première guerre – document Médiathèque de Roubaix

Cinq propriétaires s’y succèdent jusqu’en 1935, année où il prend le nom de « Café du Parc ». A partir du début des années 50, son propriétaire est M. Duthilleul et on parlera ensuite aussi bien du café Duthilleul que du café du Parc. Le voici après la deuxième guerre :

Cependant, les délibérations du conseil municipal nous indiquent qu’à partir de 1957, on envisage la création d’un café restaurant dans le parc. Ce sujet revient également dans les délibérations de 1960. C’est l’origine de la création du Bol d’Air.

Parallèlement, et peut-être conséquemment, le café, abandonné, est vendu en 1959 à la société française de raffinage. Celle-ci, désireuse d’implanter une station service à cet emplacement très favorable sur la route de Lille, choisit d’intégrer la station à un immeuble à usage d’habitation de 6 étages. Sur le coin même est prévu un autre commerce ; c’est là que s’installera la presse du Parc.

Mais  l’espace est trop réduit pour ce projet. La société guigne un terrain mitoyen de 205 mètres carrés, appartenant à la ville, et faisant partie du parc Barbieux, dont il est séparé par l’avenue Jean Jaurès. Sur cette parcelle est disposée la statue du commandant Bossut, inaugurée en 1925 à la mémoire d’un héros de la première guerre. Le conseil municipal, lors de sa séance du 26 octobre 1959 demande au préfet la désaffection de la parcelle et son passage dans le domaine privé communal, préalable à l’aliénation du terrain pour permettre « la construction de nombreux appartements afin de lutter contre la crise du logement… » Il va falloir également libérer l’espace rendu disponible, c’est à dire déplacer la statue du commandant Bossut. On décide de la rapatrier de l’autre côté de l’avenue Jean Jaurès dans le parc proprement dit. Le déplacement se déroule en 1963. La statue n’a plus bougé depuis lors.

Documents collection particulière et Nord Matin 1962
Documents collection particulière et Nord Matin 1962

Le bâtiment est finalement construit. Il comprend de beaux appartements de standing avec des balcons en façade. Un parking est installé sur le vaste trottoir.

Photo Jpm
Photo Jpm

La station ouvre sous la marque Total et prend en 1975 le nom « station Relais du commandant Bossut » au n°118. On l’y retrouve jusqu’en 1986 sous la Résidence Barbieux. La station est vraiment placée sous l’immeuble, ouvert au rez de chaussée : les pompes sont disposées au fond, dans l’angle formé par les deux murs. Les automobilistes y sont à l’abri des intempéries pour effectuer le plein. Des piliers, entre lesquels sont disposés des présentoirs, supportent l’immeuble en façade. La station ne survivra pas à la distribution des carburants en supermarché, et elle est aujourd’hui remplacée par une pâtisserie-salon de thé.

L'emplacement de la station – photo Jpm
L’emplacement de la station – photo Jpm