Des fours, encore

Le temps des dépôts d’ébouage étant dépassé, la décision de construire un incinérateur est prise au milieu des années trente. Le Cul de Four fut choisi, en raison de sa proximité du canal pour le transport, et de son environnement relativement campagnard. En effet, la Mousserie toute proche était encore une plaine agricole.

L’usine d’incinération se construit sur les bassins de l’ancienne école de natation. On peut apercevoir à droite la brasserie Meyerbeer. Photo Archives Municipales de Roubaix.

Le vieil établissement de l’école de natation, créé en 1880 laisse bientôt la place à un nouvel équipement.  Nous sommes en 1936 et l’usine d’incinération des ordures ménagères de Roubaix s’installe rue Meyerbeer. Après une courte période d’essai, elle fonctionne à plein rendement en novembre 1937.

Les fours de l’usine d’incinération Photo Journal de Roubaix

35.000 tonnes d’ordures ménagères sont traitées annuellement, et bientôt on atteindra les 50.000 tonnes. L’usine produit de la vapeur et des kilowatts, et du mâchefer pour les travaux de voirie. Mais elle produit aussi beaucoup de cendres et de là viendra son cauchemar. Les ordures sont brûlées dans une batterie de cinq fours, alimentés par les seuls déchets. Tout y brûle sauf ce qui est métallique. Les habitants du Cul de Four se souviennent de la perpétuelle fumée de la grande cheminée haute de 75 mètres, car le service ne s’arrête jamais.

L’usine en 1939 Photo Archives Municipales de Roubaix

En 1972, la compagnie générale de chauffe exploite cette usine avec un effectif de 28 personnes, et le directeur est alors M. Louis Coquant. Les cendres deviennent vite un problème. Mille kilos d’ordures donnent 300 à 400 kilos de cendres. On les vendait autrefois, pour les entrepreneurs de travaux publics. Les derniers temps, elles étaient données gratuitement.  Puis il faut payer l’entrepreneur pour s’en débarrasser. On commence également à parler de pollution, avec les nouveaux emballages, comme les bouteilles de plastique, qui produisent un gaz toxique et détériorent les conduits de cheminée. La généralisation de l’emballage perdu a fait accroître le tonnage d’ordures.

Vie et mort de la cheminée de l’usine d’incinération Photo Archives Municipales de Roubaix et Nord Éclair

En janvier 1981, la haute cheminée était inactive depuis quelque temps, et elle est abattue à l’aide de bâtons de dynamite soigneusement disposés. Elle va s’effondrer en moins de cinq secondes après une semaine de préparation. Le projet de l’époque prévoyait la destruction de l’usine incinération pour laisser la place au centre technique municipal. On se prépare également à démolir l’ancienne brasserie Meyerbeer.

Aujourd’hui,  la chaufferie biomasse du quai de Gand fournit l’essentiel de la chaleur du chauffage urbain. Mise en service en 2011, cette énergie irrigue aussi bien les bâtiments municipaux que les hôpitaux, le vélodrome et des logements collectifs. Cela met en valeur que le quartier du Cul de four a toujours contribué à l’apport énergétique de la ville, que ce soit pour l’éclairage avec l’usine à gaz de la rue de Tourcoing et la production d’électricité avec l’usine d’incinération de la rue Meyerbeer.

D’après le Journal de Roubaix, Nord Éclair, et le fonds des archives municipales de Roubaix

 

 

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