Le 13 septembre 1896, on annonce la nouvelle édition de la Braderie du Sartel, ancêtre de nos Berlouffes actuelles, qui était encouragée par un subside municipal de 50 francs. Cette fête de charité avait permis l’année passée d’améliorer l’ordinaire des hospitaliers. Les organisateurs (parmi lesquels Henri Lepers, Émile Dubus, Jules Deprat, Jules Théry, Alfred Dubus, Henri Manuel, Jules Bourgois, Jules Motte, Henri Jouret et Henri Nys) frappent à toutes les portes et recueillent des habits de toutes sortes. Mais il n’y aura pas que de l’occasion, on pourra également trouver du neuf : lingerie, cravates, articles de mercerie y seront vendus. Le tout dans des parfums de nougat et de pains d’épice et dans une entraînante ambiance musicale Vers midi, on prévoit le lancement de deux montgolfières pour la clôture de la braderie. Émile Carrette, adjudicateur des droits de place, informe les marchands forains des conditions d’obtention des emplacements.
Le temps ne fut pas vraiment de la partie, à tel point qu’il contraria l’ascension aérostatique. Mais cette braderie fut à nouveau un succès et les vendeurs furent nombreux le long de la rue de l’Industrie (rue Stalingrad). Une chanson lui fut même dédiée, sur l’air du « P’tit Batisse » écrite par Jules Decottenie, dont voici deux couplets:
Vous verrez toute sorte d’vaisselle
Vielles capotes et vieux patalons
Patalons,
Des vieux bidons, des vielles gamelles
Et des bottines à hauts talons
A Boutons
Y a des vieux paraplus d’famille
Capeaux d’paille et capeaux montants
Des vieilles horloges à longues aiguilles
Platines et pelles, bacs au carbon
Bacs au carbon
Enfin mes gins pour in finire
J’pinse que vous acat’rez m’tanchon
Ce tchanchon
L’prix y n’est po élvé pou dire
Ch’est l’chinquième part d’inne demi-franc
D’inne demi-franc
J’demande d’éte un peu raisonnable
Et d’acater autant qu’in peut
Autant qu’in peut
Faut bin des personnes charitables
Pou soulager les malheureux
Les malheureux.
Le même mois, à peu près en même temps, a lieu la petite ducasse, sur la grand-place. Le kiosque en bois a été démonté et remisé dans la crypte de l’église St Maclou pour laisser l’emplacement libre. Il y a là les attractions foraines traditionnelles : tirs, bals, tourniquets, ainsi que quelques exhibitions spéciales comme le grand théâtre Sénéca, des manieurs de fers rouges, des magiciens. Cette fête fait le bonheur des estaminets qui vendent à qui mieux mieux frites et boissons. Le mauvais temps n’a pas ralenti l’entrain de la foule.
Extrait de Wattrelos fin de siècle Atemem éditions