Dans la nuit du 28 au 29 mars 1967 un incendie ravage les entrepôts des établissements Salembier, négociant en bois, installés alors depuis une trentaine d’années au 51 rue Léon Marlot. Cette société, lancée par Jules Salembier, puis reprise par son épouse et enfin par ses enfants, alimentait les menuisiers et ébénistes, mais aussi les industriels de la région. L’entreprise employait une vingtaine de personnes. Les entrepôts, érigés à l’origine sur des terrains vagues, ont été assez vite englobés dans les constructions : celles en particulier de l’allée Henri Matisse et la cité du Chemin Neuf, construite par le CIL et propriété de la SARHO.
Les hangars et le dépôt de bois – Photo IGN 1962
D’origine inconnue, le feu aurait pris naissance dans les entrepôts situés le long de l’allée Matisse. La Voix du Nord précise que les flammes, alimentées par ce combustible de choix, étaient visibles à plus de 20 kilomètres à la ronde. Les pompiers venus de Roubaix et Tourcoing luttent toute la nuit contre l’incendie, mais 1500 m3 de bois entreposés tant dans les hangars qu’à l’air libre, sont détruits par les flammes. Les habitants du quartier, tirés de leur lit, assistent au désastre en tenue de nuit. Nord Matin titre « nuit tragique au nouveau Roubaix ».
Photo Nord Matin
Les habitations et les bureaux de la société sont intacts. Par contre les logements situés près du foyer de l’incendie doivent être évacués dans la précipitation : la chaleur dégagée par le brasier est telle que le zinc des toitures fond. Les familles les plus menacées doivent abandonner leur logement en n’emportant que l’indispensable. La Voix du Nord précise : Mme Paul Renault, dans sa précipitation, est partie pieds nus. « On a oublié, nous dit-elle, le chien, les poules et les canaris. Ils sont tous morts. » Les voisins font la chaîne pour essayer de sauver ce qui peut l’être.
Photo Nord Matin
Un mouvement de solidarité se met rapidement en place. Dès le lendemain, des tracts appellent les habitants du quartier à la générosité : 1700 francs sont collectés ce même jour. Cinq familles sont sans abri : tout le monde est hébergé pour la nuit dans le quartier, pour parer au plus pressé. Les services de la C.I.L., avec le concours de la S.A.R.H.O et du Toit Familial relogent finalement les familles sinistrées à Roubaix et à Hem, et une souscription est lancée à leur profit. Les services techniques de la ville mettent des camions à disposition pour transporter le mobilier qui a pu être préservé des flammes. Les dons s’avèrent très nombreux, les établissements Salembier n’étant pas en reste de générosité. Le secours catholique intervient également. L’association des locataires du Chemin Neuf organise et centralise les actions. La Voix du Nord parle d’un « magnifique élan de solidarité ».
Une partie des dons recueillis – Photo Nord Matin
Deux mois plus tard, les travaux de remise en état des logements sont en cours. Les établissements Salembier cessent ensuite toute activité à cet endroit. Le terrain est aujourd’hui occupé par un béguinage.
Ces événements sont-ils restés dans les mémoires ? A vos témoignages !
Photo Jp Maerten
Bonjour,
J’avais 13 ans…je suis très émue de voir ces photos et de lire cet article. J’étais en vacances à Ambleteuse lorsque l’incendie a eu lieu et je me souviens de visage tellement grave de mon père (Jean Salembier) lorsqu’il nous a appris la nouvelle. On n’y croyait pas et nous avions peur de rentrer à la maison, de ne plus revoir ce chantier dans lequel nous avions tant joué. je me souviens encore du bruit de l’affûtage des scies quand j’allais chercher mon père pour le repas du midi et de la délicieuse odeur de la sciure…Merci!
Merci pour votre témoignage plein d’émotion. N’hésitez pas à intervenir encore pour compléter notre information
J’avais 13 ans, j’habitais au 200 rue du chemin neuf ! Le camion pompe des pompiers était juste devant notre maison ! Le feu a commencé en début de nuit ! Les pompiers sont venus dans notre maison nous avertir du danger, et que pour éviter que les vitres éclatent par la forte chaleur dégagé par l’incendie, d’ouvrir nos fenêtres pour éviter tout accident ! Les flammes étaient très hautes, mais n’étaient pas en direction de notre maison ! Les maisons les plus touchées ont été les six dernières de l’allée Matisse en bout de raquette ! Nous n’avons pas dormi de la nuit ! Le lendemain midi le feu couvait encore comme un barbecue géant ! C’était horrible ! Pendant plusieurs jours les pompiers ont surveillé le sinistre ! A cette époque, étant gamin, on ne se souciait pas du danger que l’entreprise Salembier pouvait engendrer, mais combien de fois notre père disait : Faudrait pas qu’il y ait le feu la dedans, car ce sera pire que l’incendie de chez Depreux ! Depreux était un fabriquant de jouets en bois (garage, ferme, château fort, maison poupée, bref que des jouets en bois. Depreux s’est installé rue d’Hem à Roubaix, à côté de l’entreprise Pope & Penet (fabricant pâtisserie industrielle), suite à l’incendie de leur atelier rue du chemin neuf à Roubaix, mitoyen de leur habitation principale et mitoyen avec Salembier,Je devais avoir 7 ou 8 ans je ne sais plus réellement l’année (Nord Eclair doit avoir des archives sur ce sinistre qui s’est déclaré là aussi en début de nuit) je me souviens des flammèches qui volaient dans le ciel et la voiture de capitaine des pompiers, une Jeep rouge comme ceux de la 2ème guerre mondiale ! Voilà deux gros incendies dans le quartier chemin neuf à moins de 10 ans d’intervalle ! Notre père pourrait vous en dire plus mais hélas il est décédé en 2007 et notre mère en 2012 ! Ces deux souvenirs restent un peu flou dans nos mémoires mais resteront ancrés; ce fut comme deux cauchemars qui resteront inoublable ! P.S. Voulant rechercher des infos du temps passé sur Roubaix, c’est comme celà que je suis tombé sur votre site formidable ! Bravo à toute votre équipe pour la récolte sur ces mémoires de Roubaix ! Cordialement Jan-jacques Dumoulin
Merci pour votre témoignage