La bijouterie Soyez

Au début des années 1900, le 7 de la rue Pierre Motte est composé de deux magasins jumeaux : le 7 et le 7 bis.

Les magasins jumeaux 7 et 7 bis ( document collection privée )

Sur cette photo, à gauche le N° 7 est une bijouterie tenue par M et Mme Desagre-Verfaillie. A droite, au N° 7 bis, se trouve l’imprimerie Castelain.

( document collection privée )

Au N° 7, la bijouterie du couple Desagre-Verfaillie est un commerce de bijoux, certes, mais également d’articles religieux, cadres photos, articles fumeurs, meubles. On peut se demander comment gérer autant d’articles dans une si petite échoppe, car le magasin est peu profond, et très étroit. La maison Verfaillie a été crée en 1880.

( document collection privée )
( document collection privée )

Au N° 7 bis, F. Castelain a créé son commerce en 1895. Il imprime des journaux, des brochures, des catalogues, des registres. Il vend également des articles de papeterie et des cartes postales. Curieusement, sur leurs publicités de l’époque, les deux commerçants préfèrent indiquer leur adresse : Place des Halles, plutôt que le 7 rue Pierre Motte, probablement car leurs points de vente se trouvent juste en face des célèbres Halles de la ville, que tous les roubaisiens connaissent. Pendant de très nombreuses années, les deux magasins vont rester jumeaux : Au N° 7 bis – Le commerce est repris par un ébéniste : J. Herbeau dans les années 1910, puis deviendra un magasin de chaussures tenu par Mlle Chavet dans les années 1920 et par G. Rouzé dans les années 1930-1940.

Au N° 7 – Albert Soyez et son épouse Jeanne, née Delerue, reprennent le commerce d’Hélène Verfaillie, vers 1910. Il était installé bijoutier, au 133 rue de Lannoy, et son souhait est de se rapprocher du centre ville. Il décide de se limiter uniquement au commerce de bijoux, en supprimant le reste des produits vendus jusqu’alors.

Albert Soyez et son épouse Jeanne ( documents P. Heim )
( document collection privée )

Albert Soyez décède en 1914. Sa veuve, Jeanne, continue seule l’activité du commerce. Quelques années plus tard, elle rencontre Fernand Heim. Il reprend la bijouterie, au milieu des années 1920, et garde l’enseigne Soyez qui a une très bonne notoriété : une maison de confiance qui rassure la clientèle. Ils habitent sur place, à l’étage.

( document P. Heim )

Fernand est excellent commerçant et développe son commerce de façon très satisfaisante, toujours avec l’enseigne Soyez, et ce, pendant des années.

Publicités Soyez ( documents collection privée )

Jacques Heim ( le fils de Fernand ) aide son père, dès 1945, à la gestion du commerce. Dans les années 1950, il habite au 112 rue de Lannoy ; Fernand a toujours son domicile rue Pierre Motte.

De gauche à droite : Jacques Heim, Hermance la mère de Fernand, Fernand, et Jeanne devant le magasin en 1945 ( document P. Heim )

En 1963, la locataire du commerce de chaussures du 7 bis, Mlle C Rouzé, quitte les locaux et part s’installer au 14 de la rue du Maréchal Foch. Jacques Heim reprend le point de vente, fermé depuis peu. Il fait effectuer des travaux pour ne faire qu’un seul magasin : le 7 et 7 bis sont ainsi regroupés. Les travaux d’aménagement sont confiés à l’entreprise Romain d’Arras.

La façade avant travaux en 1962 ( document P. Heim )
La façade après travaux en 1964 ( documents Nord Eclair )

La nouvelle Bijouterie-Horlogerie-Joaillerie Soyez ouvre en 1964. Le commerce est bien connu des roubaisiens depuis plusieurs générations et s’est constitué une clientèle désireuse d’acheter dans une maison de confiance.

Intérieur du magasin 1964 ( document P. Heim )

L’installation du nouveau magasin est moderne et de grand standing : vastes rayons, larges comptoirs vitrés ; c’est une véritable exposition permanente. Un personnel compétent conseille les acheteurs pour choisir les prestigieuses pièces de bijouterie joaillerie, ainsi que les montres des plus grandes marques, dont Lip, Universal. Après cette transformation, Jacques Heim continue de développer fortement le commerce dans les années 1970-1980, son fils Philippe vient l’aider en 1978 en tant qu’employé.

Publicités années 70 80 ( documents collection privée )

En 1975, intervient une nouvelle modification de façade et d’aménagement intérieur. Les travaux sont à nouveau confiés à l’installateur Romain à Arras. Il créé un concept moderne, avec hall d’entrée, porte automatique, et de magnifiques vitrines d’exposition.

Nouvelle façade 1975 ( document P. Heim )
Intérieur du magasin en 1985 ( document P. Heim )

En 1985, Jacques Heim prend sa retraite après 40 ans d’activité. Il transmet le magasin à son fils, Philippe. Celui-ci et son épouse Joëlle vont désormais assurer la gestion complète du commerce.

Philippe Heim en 1996 ( document P. Heim )

Philippe Heim cesse son activité en 2008, après 30 années passées derrière le comptoir. La bijouterie Soyez fondée en 1889, ferme ses portes en 2008.

La façade en 2008 ( document Google Maps )

Philippe Heim propose à son voisin Fabien Hamès, opticien adhérent Krys, installé au N° 9 de la rue Pierre Motte, de lui céder son commerce. Un accord est conclu en début d’année 2009 ( voir sur notre site, l’article intitulé : 9 rue Pierre Motte ). Fabien et son épouse Nathalie décident de regrouper les deux magasins en un seul point de vente. Ils confient le dossier à leur architecte d’intérieur Didier Leclercq ; les travaux sont réalisés par l’entreprise Gruson 177 rue de Maufait à Roubaix. Fabien et Nathalie décident de ne pas fermer leur point de vente pendant les 2 ou 3 mois de travaux nécessaires. Le 7 et le 9 de la rue Pierre Motte, sont ainsi regroupés et l’ouverture se fait dans le courant de l’année 2009. Le magasin est superbe.

( document Google maps )

La surface de vente de 240 m2 permet de proposer un choix plus large en montures, de développer les verres progressifs, la basse vision, et l’espace audition. Aujourd’hui, le magasin Krys de Roubaix, est l’un des plus grand point de vente de la marque Krys sur la région.

( documents F Hamès )

Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Philippe Heim, à Fabien et Nathalie Hamès

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Le 19 rue Galvani

Quand on passe dans la rue Galvani, on constate que toutes les maisons se ressemblent. Ce sont des maisons de ville assez étroites et semblables, sauf une ! Au 19 de la rue, la façade de la maison est très large : une porte centrale et deux fenêtres latérales ; à gauche se trouve un garage. C’est un bâtiment très imposant, par rapport aux maisons voisines.

Photo BT

La maison a été construite en 1894-1895 par Alphonse Verfaillie. Au 17 de la rue, se trouve une courée qui porte son nom : la cour Verfaillie.

Photo BT

Alphonse Verfaillie est cordonnier. La concurrence est rude entre les artisans ( 225 cordonniers sont recensés, en 1913, dans notre ville ). Pour se démarquer de ses confrères, Alphonse Verfaillie se spécialise : il crée et fabrique des chaussures sur mesure. Sa clientèle est vaste : des particuliers bien sûr, mais aussi des entreprises et des collectivités, comme en atteste le document ci-dessous : facture de 26 Frs à la ville, pour livraison de deux paires de chaussures à l’institut Turgot, en 1902.

( Document collection privée )
( Document BNR )

Au début des années 1920, Henri Verfaillie, apporte une aide précieuse à son père Alphonse. Il a 24 ans, est également chausseur-cordonnier et habite au N° 11 de la rue Galvani. Au début des années 1930, Henri gère seul la petite entreprise. Son épouse Marguerite est professeure de musique. Ils habitent désormais sur place au rez de chaussée du N° 19. Quant aux deux étages de la maison, ils sont occupés par des locataires.

( Documents collection privée )

Après guerre, le 19 rue Galvani est occupé par un imprimeur, Émile Meunier ; il fournit également des papiers en gros. La profondeur importante de la maison lui permet de stocker du matériel et des fournitures. Son activité est maintenue jusqu’au milieu des années 60. La maison est pendant quelques temps, inoccupée, puis louée à différents locataires particuliers dans les années 1970-1980. La façade est peinte en blanc. La cour Verfaillie existe encore.

( Documents Daniel Labbé et Archives Municipales )

En Août 2013, la municipalité accorde un permis de démolir les 5 habitations de la cour Verfaillie.

( Documents Archives Municipales )

De nos jours, la façade actuelle du N° 19 a été rénovée, grâce à un ravalement complet. Les briques d’origine sont de nouveau mises en valeur. Cette maison est désormais superbement bien entretenue.

( Photo BT )

Remerciements aux Archives Municipales