L’évolution du groupe scolaire

En 1939, le groupe scolaire Jules Guesde c’est une école de garçons dirigée par M. Victor Huard, avec cinq classes et 203 élèves. C’est aussi une école de filles dirigée par Mme Vandercruyssen, avec cinq classes et 227 élèves. C’est enfin une école maternelle dirigée par Melle Fernande Carette avec trois classes et 147 élèves. Par comparaison, le groupe scolaire de l’avenue Linné à deux pas : Léon Marlot Garçons, c’est huit classes et 306 élèves, et Linné filles, huit classes et 309 élèves.

L’école Jules Guesde en chantier 1931 doc AmRx

La guerre a laissé des traces sur les bâtiments. On apprend par un rapport daté du 11 juillet 1945, qu’il faudra refaire les toitures pour un montant de 2 millions cent mille francs. Cette réfection est rendu nécessaire car ces toitures ont été utilisées par l’armée anglaise puis par l’armée allemande pour les tours de guets et l’installation des DCA (dispositif contre les avions). Des crevasses sont apparues du fait des vibrations, aggravées par les obus. Ceci explique en partie les fuites récurrentes du toit de l’école.

Nouvelles classes et nouveau préau Photo PhW

L’école maternelle est agrandie par décision du 30 mars 1953. Puis un rapport de décembre 1954 de l’inspecteur primaire annonce l’augmentation de la fréquentation scolaire pour la rentrée prochaine. En juillet 1955 Il est donc question d’augmenter le nombre de classes de l’école des filles et de l’école des garçons, quatre classes pour les deux écoles, plus une classe d’enseignement ménager pour les filles (gaz et éviers). Les préaux existants seront donc utilisés à cet effet, ce qui nécessite la construction de nouveaux préaux, qui longeront le mur de séparation des deux écoles.

Les entrées rue Jean Macé Photo PhW

Dans le même projet, il est question du percement d’une porte pour chaque établissement sur la rue Léon Marlot. Jusqu’ici, on n’entrait que par la rue Jean Macé. Cela nécessite la construction d’un couloir, il y en a pour 28 millions de francs pour l’ensemble des travaux.

Les accès côté rue Léon Marlot Photo PhW

En mai 1959, c’est le temps des préfabriqués, un peu partout dans Roubaix. Tandis qu’on construit des écoles dans les hauts champs, rue Édouard Vaillant et au Pont rouge, il est décidé d’affecter des classes préfabriquées Jules Guesde et Potennerie, dans le souci de faire quelques économies. L’année suivante, le groupe scolaire Oran/Delespaul et les centres sociaux rue Decrême, et boulevard de Metz seront également édifiés en préfabriqués. Le modèle est dûment approuvé par le ministère de l’éducation nationale et il est construit par la maison Lécorché Frères de Moyenmoutier dans les Vosges.

Modèle des préfabriqués doc AmRx

En 1960, les fuites de la toiture sont à nouveau à l’ordre du jour. Il est décidé que les vieilles terrasses en asphalte coulé seront désormais remplacés par une couverture en zinc à ressauts et dilatation, avec chéneaux, ce qui permet une évacuation plus prompte des eaux pluviales et ne nécessitent pas un entretien onéreux. Ce genre de couverture est dit mieux adapté à notre climat. Il sera d’ailleurs adopté pour l’ensemble des toitures scolaires roubaisiennes.

Une vingtaine d’années plus tard, l’école de garçons est fermée et réaffectée dans le cadre de la promotion sociale municipale, à l’A.F.P.S, Association pour la Formation et la Promotion Sociale, dispense des cours du soir, notamment en Français et en Mathématiques. Il existait également un atelier libre-service informatique. C’était un organisme municipal, dont les activités étaient hébergées dans l’ancienne école des garçons au 94 avenue Léon Marlot, l’école des filles étant devenue une école mixte. Puis, suite à la demande d’instances extérieures, il devient nécessaire de confier l’organisation de ces cours à un organisme indépendant et non plus municipal. L’A.D.E.P, Association pour le Développement de l’Éducation Permanente, est donc créée en juin 1998, et commence ses activités à la rentrée 98-99. Elle s’y trouve toujours, pour le bonheur de la population.

logo de l’ADEP

Une si longue installation

Alors qu’on attend l’arrivée d’Intermarché, le départ de C&A est annoncé. Propriétaire des terrains, le groupe n’a pas encore décidé de la suite : soit il y aura le maintien d’une enseigne avec diminution de la surface de vente, soit C&A quitte mais s’engage à trouver un successeur. On apprend qu’Intermarché a également repris le AS ECO de l’avenue Motte, et que des travaux de réfection sont engagés en vue de l’ouverture début mars.

Intermarché arrive, C&A s’en va Photo Nord Éclair

Le 27 février 1989, Jacques Catrice aborde un certain nombre de questions avec l’union des commerçants à la maison des associations place de la liberté. On est en campagne électorale pour les municipales, et il énumère les réalisations de l’équipe sortante : arrivée de l’IUT à l’ancienne poste, opération Motte-Bossut, réhabilitation de l’ilot de la Halle, énième redémarrage de Roubaix 2000, cette erreur monstrueuse. Il n’est pas question d’abandonner les commerçants abusés, et le projet en cours doit être le bon !

Les autres projets sont énoncés : réalisation d’une galerie marchande derrière le contour Saint Martin, un accord reste à trouver avec l’hôtel des ventes, qui est encore situé là. Une résidence Hotelia sera établie à l’entrée de la Grand Rue, et l’on procèdera à la reconquête progressive de l’avenue Lebas, et du boulevard Gambetta. Mais le grand problème roubaisien, c’est la circulation, car le flot des voitures évite le centre ville. Il s’agirait d’un problème de signalisation, car le panneau Roubaix centre n’existe pas ! Un autre souci, c’est que les commerçants n’habitent plus en ville et la désertification des immeubles du centre est à craindre. Il est prévu des mesures d’incitation à réaliser des logements pour étudiants, car cela peut être rentable pour les propriétaires, et amènera de la vie en ville.

Après qu’André Diligent se soit réjoui qu’Intermarché joue le rôle de locomotive pour les commerçants de la galerie marchande, la presse publie des réactions au nouveau projet de Roubaix 2000. N’aurait-on pu consulter riverains et usagers plutôt que de confier cette affaire à des décideurs étrangers au quartier et à la ville ? La question du parking est abordée : le fait que la nouvelle entrée soit située sur la droite du centre, n’y aura-t-il pas confusion avec le parking d’appel réalisé sur la pelouse, dont on déplore la perte, il y en a si peu à Roubaix.

L’accès par la rue Henri Dunant déjà mise en double sens de circulation, va aggraver les choses : à proximité, il y a une maternelle, et les entrées des trois tours. Alors accéder par la rue de Lannoy, pourquoi pas ? Concernant le centre commercial, on évoque les « nouveaux condamnés pour le cercueil ».

Le rez-de-chaussée régresse moins que l’étage, grâce au bon accès piétonnier de la place de la Liberté. L’ouverture du côté du boulevard de Belfort devrait être identique. Mais le désastre, c’est l’étage, malgré les escalators de l’époque Auchan. L’ouverture d’un Restaumarché est la bienvenue, mais pourquoi engager des frais pour une terrasse qui ne servira que quelques jours par an ?

Travaux de carrelage à l’étage Photo Nord Éclair

 Les problèmes d’approvisionnement subsistent. A l’origine, il devait être assuré par des petits véhicules en sous sol, le long de quais desservis par ascenseur avec giratoire au départ du boulevard de Belfort. Mais rien n’a été fait en ce sens.  En Mai, les travaux prennent du retard, mais le centre fonctionne dans la poussière et le bruit. M. Mascart Président du GIE dit que ces travaux sont un mal nécessaire. Madame Libbrecht intendante du centre, annonce beaucoup de demandes de cellules commerciales. A la fin des travaux, on peut compter que 98% des cellules seront occupées. Les commerçants tiennent un langage optimiste : ils rappellent la situation exceptionnelle du centre commercial, et pensent qu’avec les transformations, on va assister un grand et définitif démarrage.  Malgré ce bel enthousiasme, l’ouverture sera plutôt pour septembre, et non mai juin comme annoncé. Quelques plaintes sont quand même remontées à Dominique Plouvier, nouvel adjoint au maire chargé du commerce et de l’artisanat. Le chantier du CIC et des archives du monde de travail ont barré la rue de Lannoy, et la fleuriste installée juste à l’angle de Roubaix 2000 craint pour son commerce. Cela ajouté à la suppression de l’arrêt de bus, c’est une véritable calamité, on ne nous a pas prévenus, pas de signalisation.

Inter marché, pas encore ouvert Photo Nord Éclair

En septembre, les travaux d’infrastructure sont pratiquement terminés, mais les surfaces Intermarché ne sont toujours pas ouvertes. Puis en décembre, on apprend qu’Intermarché ne sera pas installé avant mars 1990, soit près d’un an de retard ! Il est rappelé que le groupe Intermarché a absorbé 66 AS ECO ! Pour Roubaix 2000, il ne reste plus que quatre cellules commerciales à vendre. Et on parle des enseignes Mac Donald et Feu vert pour remplacer C&A. Malgré le retard, l’avenir se présente bien…

 

La construction du Lido

Le 10 juillet 1964, alors que les vêtements Marchand annoncent leur transfert place de la liberté, le chantier du centre de transit est commencé. Le 25 Août 1964, la presse titre : le chantier du centre de transit est en panne, à cause des congés payés !  Puis elle rectifie le tir, tout le monde ne chôme pas, notamment les entreprises Ferret Savinel et Léon Planquart, qui travaillent activement. Néanmoins le chantier a pris du retard, et l’inauguration ne se fera pas en 1964.

Les travaux d’août 1964 Nord Éclair

C’est en décembre 1964 qu’intervient la réception provisoire des travaux entrepris par la société d’aménagement de la région de Roubaix. Elle est effectuée par le maire Victor Provo, l’adjoint Georges Pluquet et Fernand Delcour, le directeur des services techniques de la ville. Il est fait mention du LYDO dans l’article de presse comme nom du futur centre de transit. Dès le 4 décembre 1964, les établissements Blondeau annoncent leur transfert par voie de publicité. Fin décembre, on assiste aux premières installations. L’inauguration officielle est prévue pour fin janvier 1965, mais elle aura lieu avec un mois de retard.

Les premières installations de décembre 1964 Nord Éclair

 

Animations et courants d’air

Le 1er février 1973, le supermarché Lemaire fête son premier anniversaire : promotions, tombola, cadeaux, gadgets, dégustations gratuites, ouverture prolongée le vendredi. Une publicité du mois de mai nous apprend que Lemaire a eu des problèmes parce qu’il a grandi trop vite. Il se dit prêt (maintenant) et propose des baisses sur plus de 500 articles. Que faut-il comprendre ? Le supermarché aurait eu du mal à fournir la clientèle ? Ou à lui proposer des prix réduits ? Curieux sens de la communication commerciale.

En novembre, M. Clérambaux, député et premier adjoint à Roubaix, répond à des questions portant entre autres sur le centre commercial. On dit que Roubaix 2000 est un nid à courants d’air ! Il répond que le centre n’est pas couvert, ce qui correspond à la technique de construction d’une époque. On va donc prochainement fermer les jardins du rez-de-chaussée dans un premier temps, pour supprimer les appels d’air. Si cela n’est pas suffisant, on fermera aussi les entrées du centre. Les cellules commerciales vides ? C’est l’affaire de la SEGECE…La sécurité du parking ? En décembre une société spécialisée assurera la surveillance du parking souterrain. Puis c’est au tour de l’adjoint Pierre Catrice de répondre aux questions sur le stationnement et particulièrement sur le fait qu’il y ait eu des vols dans le parking. Il confirme l’arrivée d’une société de surveillance et il évoque la mise en place d’un système de télévision interne, comme il en existe déjà un dans le parking Carnot à Lille.

Mars 1974, sous l’impulsion de leur président Roger Fruit, les commerçants préparent le printemps de Roubaix 2000, ils revêtent leurs murs de couleurs vives et pimpantes, des panneaux publicitaires sont posés, avec la raison sociale de chaque maison. Le problème des courants d’air a trouvé sa solution, par le biais de glaces posées tout autour des jardins intérieurs, les portes latérales et coupe-vents sont également prévus et on envisage de couvrir entièrement le centre.

courantdair copieLes mesures anti courants d’air Photo Nord Éclair

La commercialisation a fait un grand pas : une maison de la presse s’est ouverte en novembre, ainsi qu’une maison de meubles. Les travaux de la grande brasserie vont commencer, du côté de la Place de la Liberté. Un mini cinéma, une crêperie et un magasin de décoration sont en cours d’installation. Au rez-de-chaussée, deux nouveaux magasins, dont l’enseigne Pronuptia. Le centre est illuminé jour et nuit, et des gardiens veillent 24 h sur 24.

Le programme pour le printemps comprend un défilé de mode dans le cadre de la gourmetéria le Viking, le 5 avril, et une exposition des derniers modèles automobiles du 6 au 8 avril, sur le parvis du centre.

En Mai, c’est l’ouverture du Colisée 3, mini cinéma de 100 places, salle d’art et essai. On y accède par la même porte que le Colisée 2. Pour l’ouverture, on projette la fête à Jules un film de Benoit Lamy, avec Claude Jade et Jacques Perrin. Le réalisateur belge est présent, et participe au débat. Le Colisée 3 ouvrira cinq séances par jour, soit une de plus que le Colisée 2.

maisonpresse copieLa maison de la Presse ouverte en novembre 1973 Photo Nord Éclair

En septembre 1974, il reste encore 23 cellules commerciales vides, dont beaucoup au rez-de-chaussée. On cherche des commerces alimentaires pour avoir une clientèle quotidienne. Pour franchir cette barrière infranchissable qu’est le boulevard Gambetta, on imagine un passage souterrain ou une passerelle. Le parking n’est pas vraiment utilisé, malgré la modicité annoncée du prix et le remboursement du ticket par les commerçants. Pour que Roubaix 2000 ne soit plus le centre des courants d’air, les patios de verdure sont désormais fermés, et on va équiper les entrées du rez-de-chaussée avec des portes. Mais pour l’étage ? On couvrira l’année prochaine, mais il faudra un effort d’investissement. On pense lutter contre l’effet blockhaus et la tristesse du béton, par la pose de caissons lumineux d’annonces, de céramiques…

Et il faut animer Roubaix 2000 ! Le parvis désert doit devenir un forum : on propose tout et n’importe quoi, marché aux fleurs, marché aux bêtes, foires aux antiquaires, expositions de produits artisanaux étrangers, animations folkloriques et culturelles. Pour le second anniversaire, Saint Nicolas viendra en hélicoptère, et proposera des baptêmes de l’air. Il y aura une exposition de planeurs de compétition par l’aéro-club de Bondues, avec montage devant le public, un concours de mangeurs de spaghettis à la gourmetéria patronné par une marque connue de pâtes alimentaires, des voitures de marchands de quatre saisons, proposant  fleurs et fruits de décoration. Pour la fête de Noël, une crèche grandeur nature, un sapin sur le parvis, des bottes aux cadeaux dans tout le centre…

Roubaix 2000 en décembre Photo Nord Éclair

Roubaix 2000 a pourtant une bonne réputation à l’extérieur, on vient de Villeneuve d’Ascq, de Marcq-en-Barœul, de Wattrelos ! Un effort est réclamé au promoteur qui ne vend pas que du béton, il vend aussi la promesse d’un bon chiffre d’affaires ! Les élus sont également comptables de la réussite. Le 30 novembre s’achève le contrat avec la SEGECE, la ville avait engagé une garantie financière, il reste 5000m² disponibles soit un tiers de la surface du centre ! Le coût de Roubaix 2000 pour la ville sera de 650 millions d’AF ! Pour compliquer un peu, Villeneuve d’Ascq va lancer son projet commercial du type Parly 2 ! Il est clair que si avant trois ans Roubaix 2000 n’est pas devenu un grand centre commercial, tout le monde ira à Villeneuve d’Ascq, grâce à la voie rapide !

à suivre