Tramways : la ligne 2

Cette ligne fait partie des trois premières lignes ouvertes en 1877, et relie Mouvaux à Wattrelos en traversant Roubaix. Le projet de 1875 situe les terminus à l’angle des rues du Fresnoy et de la Mackellerie d’un côté, et, de l’autre, au Laboureur, à l’entrée de Wattrelos.

Plan du projet de 1875

La voie sera établie avec des rails de type Marsillon, à l’écartement normal (1 mètre 44) pour les tramways à chevaux, qui font leur apparition à Roubaix et Tourcoing à cette occasion. Le journal de Roubaix du 10 février 1877 annonce le début des travaux et précise que « Les cars sont depuis quelques temps arrivés à Roubaix. Ils sont au nombre de six remisés dans la rue de l’Ouest. »

Extrait du Journal de Roubaix – Février 1877

Cette même année 1877, on s’active à réaliser le redressement de la route de Wattrelos, future Grand rue, entre la place Chaptal et la limite des deux villes. mais, en attendant, on prévoit de faire passer la voie par la rue d’Avelghem avec un raccordement au dépôt du laboureur, lui-même construit le long du futur alignement. On voit sur le plan précédent le détour initialement prévu. Après redressement, la voie pourra emprunter notre actuelle Grand rue et se raccorder directement au dépôt par un branchement en triangle.

Plans de 1877 et 1878

Il faudra traverser le canal sur le pont levis de Wattrelos, ce qui occasionnera quelques difficultés d’alignement des rails. Ce pont, installé lors du creusement du canal, est très étroit ; lorsque le tramway l’emprunte, il prend toute la largeur du pont ! Celui-ci sera remplacé en 1903 par un autre, nettement plus large et permettant le croisement des véhicules : le pont hydraulique que nous connaissons.

Le premier pont – plan cadastral 1884

Il est difficile de dater exactement l’évolution de la ligne, les mises en place des voies ayant souvent lieu sans attendre l’autorisation officielle et les délibérations municipales ne faisant état que de projets.

On peut pourtant dire que l’exploitation commence en 1877 entre la grand place et le Laboureur, à la limite de Wattrelos. Le 19 mars, le Journal de Roubaix annonce un service entre la gare et la place Nadaud, empruntant les voies des lignes 1bis et 2. Les services des ponts et chaussées ayant refusé la traversée du canal pour des raisons techniques. Dès 20, le même journal indique que le tram circule jusqu’au Laboureur. Des membres de l’administration municipale ont inauguré la ligne quelques jours auparavant, le 16.

Journal de Roubaix

Très vite et sans doute en 1878, la ligne est prolongée dans la rue de Mouvaux jusqu’à la rencontre de la rue de la Mackellerie, à la limite de Tourcoing. Cette année voit également la construction d’un kiosque sur la grand place pour abriter les voyageurs.

Le premier kiosque de la Grand Place

On projette la prolongation de la ligne jusqu’au Blanc Seau, à Tourcoing en traversant le pont mobile sur le canal, ainsi que le prolongement vers Wattrelos, mais la commission municipale préfère attendre le redressement du chemin numéro 9 dans cette dernière ville.

Plan de la route de Wattrelos 1835

En 1880 la date butoir arrivant, la compagnie est mise en demeure de terminer les lignes rétrocédées. Deux ans plus tard, la compagnie est déclarée en faillite et les prolongations ne sont plus d’actualité. Au contraire, le terminus est ramené à l’angle de la rue du grand chemin et de celle de l’Alma. Pourtant, la préfecture souhaiterait une extension depuis le carrefour rue de la Mackellerie jusqu’à la route départementale 22 et la ligne suburbaine des tramways de Lille en empruntant le pont mobile sur le canal. Mais la compagnie, sous gérance d’un syndic, se contente tant bien que mal de gérer l’existant.

Journal de Roubaix 1882

Si bien que le syndic fait état en 1887 des pertes de la ligne Gare-Laboureur, et évoque une prolongation vers Mouvaux et Wattrelos qui rendrait cette ligne bénéficiaire. Pourtant, la ville constate en 1890 que les travaux de prolongation rue de Mouvaux n’ont pas encore été effectués. Il faut préciser que les villes de Roubaix et de Tourcoing ne sont pas d’accord sur les solutions à apporter : soit une régie, soit une nouvelle compagnie. Le Journal de Roubaix fait état d’une pétition des habitants.

On constitue une compagnie nouvelle en 1891. Les municipalités exigent d’elle l’exécution des lignes non construites, ainsi que, pour la ligne 2, les prolongations du Laboureur à la Place de Wattrelos, et du carrefour avec la rue de l’Alma (pont du chemin de fer) jusqu’au centre de Mouvaux. En 1894, la ligne est électrifiée et passe à l’écartement métrique. Elle relie la mairie de Mouvaux à celle de Wattrelos.

Plan cadastral 1909

Cette ligne prend l’indice B peu après. Lors de la construction des kiosques-abris sur les lignes en 1906, on en installe un sur la place de Wattrelos.

Le kiosque Photo Le Journal de Roubaix 1930

Par ailleurs, en 1900, la ligne devenue trop longue (près de 5900 mètres), est coupée en deux tronçons qui prendront un peu plus tard les dénominations de ligne B pour la Grand Place-Wattrelos, et D pour celle de Mouvaux à la Grand Place.

Enfin, en 1909 est déclaré d’utilité publique le prolongement jusqu’à Herseaux et la frontière. Ce nouveau tronçon entrera en service l’année suivante. Le terminus est placé à la Houzarde. A cet endroit, on trouve aujourd’hui un arrêt de bus qui porte ce même nom.

Le Journal de Roubaix du 26 septembre 1931 nous montre les travaux de prolongation de la ligne jusqu’au Château d’Or, non loin de la gare d’Herseaux.

Le journal de Roubaix 1931

Dans un prochain article, nous suivrons la ligne pas à pas.

A suivre…

Les documents proviennent des archives départementales, des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

La ligne 1 de Roubaix à Tourcoing – fin

Aussitôt passé le dépôt de l’Union, la ligne 1 se dirige vers la place, en empruntant la rue de Roubaix. Au carrefour de la rue Cadeau, les bâtiments de l’usine à droite sont occupés dans les années 2000 par Standard Wool France. A la fin du 19ème siècle, l’endroit est densément construit avec une alternance d’usines et d’habitations. Aujourd’hui, la zone, après démolitions, attend des constructions nouvelles. Les maisons anciennes réapparaissent, à partir du numéro 153 du côté droit et du 206 à gauche.

Photo 1953 – Archives municipales

La photo suivante, prise à hauteur des numéros 128-130, nous montre un mur bordant un parc. À cet endroit on remarque l’aiguille d’entrée d’une double voie qui commande une zone de croisement. Les bâtiments à gauche existent encore de nos jours, alors que le parc à droite a été utilisé en partie pour l’édification de logements collectifs. Il ne reste qu’un tronçon du mur, le reste étant remplacé par une grille.

Quelques mètres plus loin, nous atteignons le coin de la rue de la Fonderie – rue des Omnibus. Aujourd’hui café au 122 est dénommé Le Jean Bart, alors qu’à droite s’est installé un cabinet de Pédiatrie. On voit au premier plan l’aiguille terminant la double voie.

Un peu plus loin, nous approchons du pont du chemin de fer qui supporte les voies d’accès à la gare. Ce pont a bien changé aujourd’hui. Le bâtiment au premier plan à gauche est le numéro 88, et le premier à droite, au numéro 79, est devenu un centre médical. les bâtiments qu’on voit à gauche sont restés tels qu’il étaient, alors que ceux de droite, bien que d’origine, ont changé d’aspect.

Continuant notre chemin, nous sommes maintenant au coin des rues St Eloi et Boilly. La vue a été prise vers Roubaix. La maison de gauche, au 67, a été amputée d’une travée, correspondant au pan coupé, à deux fenêtres à l’étage et de la vitrine du rez de chaussée. Le bâtiment de droite, bien rénové, est resté à l’identique.

Reprenant la direction du centre de Tourcoing, nous passons sous les voies de chemin de fer. Le passage inférieur est précédé par la rue d’Hondschoote. Après le pont nous laissons à droite la bonneterie Callens-Boussemart.

Encore quelques dizaines de mètres et nous parvenons à la place Sebastopol que nous voyons ci-dessous alors qu’une motrice de la ligne M, qui suit un parcours circulaire, partant de et revenant à la place prête à prendre la courbe.

La ligne va emprunter à droite la rue Louis Leloir, puis à gauche la rue Ferdinand Buisson. A partir de 1897, le parcours est simplifié et la ligne poursuivra tout droit par la rue Carnot vers la Place où elle passera dès lors devant l’entrée de l’église, et non plus derrière son chevet. La photo est prise non loin de la grand Place. Le quartier, complètement transformé, est méconnaissable de nos jours.

Revenons au tracé originel. Nous voyons la voie formant une courbe pour passer de la rue Louis Leloir à gauche dans la rue de la Gare, aujourd’hui Ferdinand Buisson, en face. Les trois premières maisons à droite existent encore aujourd’hui ; la première est devenue le tabac PMU « Le Croisé ». A gauche une bonne partie des bâtiments a disparu lors du tracé de l’avenue Gustave Dron qui mène à la gare.

Sortie de la rue de la gare, la ligne va suivre à droite la rue Léon Salembien jusqu’à la rue de Tournai où elle virera à gauche. La photo suivante nous montre, dans la rue de Tournai, une motrice de la ligne 1 venant de la place. Les deux premières maisons à droite ont été remplacées par des constructions récentes, mais les suivantes, aux numéros 109 et 113, bien restaurées, existent encore aujourd’hui. Les bâtiments du couvent à gauche, constituent de nos jours l’hospice d’Havré au numéro 100.

A partir de l’hospice et face à lui, tout ce qui figure sur la photo suivante, prise au coin de la rue d’Havré, a disparu, remplacé par des bâtiments récents.

Encore quelques centaines de mètres, et la ligne passe derrière l’église Saint Christophe et atteint la grand place. Une photo ancienne nous montre deux tramways à chevaux devant l’ancienne mairie au débouche de la rue de Tournai. A l’arrière plan, le clocher de l’église.

Photo Au fil des trams

Plus tard, la ligne a été prolongée vers la rue de l’Abattoir Hôtel des voyageurs par la rue St Jacques, aujourd’hui voie piétonne, puis la rue Nationale. La photo suivante est prise dans cette dernière rue au coin de la rue de Wailly. Au fond l’église Notre Dame.

La ligne atteignait finalement son terminus de la rue de l’Abattoir que l’on voit sur la photo à sa limite avec la rue de Paris.

Les photos non légendées proviennent de collections particulières.