Souvenirs de la zone bleue

A l’instar de nombreuses autres villes qui, comme Lille, ont adopté ce dispositif qui facilite l’accès au stationnement pour une durée limitée, Roubaix saute le pas en novembre 1962. Cette instauration se fait à la demande notamment des commerçants du centre qui espèrent ainsi régler le cas des « voitures ventouses ». L’adjoint au maire, monsieur Loucheur, indique à Nord Éclair que « les parkings, les rues sont pleins de voitures statiques ». Ce même journal, interroge les roubaisiens, et il semble ressortir de cette enquête que la zone bleue est indispensable.

La durée maximale de stationnement est fixée à une heure et demie, les heures de début et de fin étant matérialisées par un disque de carton que l’automobiliste dépose derrière le pare-brise, à la vue du fonctionnaire chargé du contrôle. Il est interdit de modifier les horaires indiqués sur le disque sans avoir déplacé le véhicule d’au moins 100 mètres. Ces disques, financés par la publicité qu’ils présentent, sont offerts gratuitement aux usagers.

Document Nord-matin
Document Nord-matin

La zone bleue comprend le centre de Roubaix, et s’étend aux principales artères qui en sont issues : jusqu’à la place de la Fosse aux chênes, la gare et le début des rues de Mouvaux et de l’Epeule, une partie des rues de Lille, de Lannoy, et de la Grande rue. Elle concerne près de 18 kilomètres de voies.

Document La Voix du Nord
Document La Voix du Nord

La municipalité prévoit par ailleurs des parkings, où il sera permis de stationner trois heures (le même disque faisant foi pour l’heure d’arrivée). Sur les boulevards Gambetta et Leclercq, le stationnement sera limité à cinq heures.

Pierre Herman, adjoint chargé de la circulation fait, en septembre, une conférence de presse pour expliquer les raisons de la mise en vigueur de la zone bleue.

On estime qu’il faut une cinquantaine de personnes pour contrôler les véhicules en stationnement. La police urbaine est renforcée à cet effet, « d’éléments d’Afrique du Nord » (dixit Nord-Eclair). Dans un premier temps, les gardiens de la Paix se borneront à apposer sur le pare-brise des contrevenants un papillon indiquant l’infraction. Mais cette période d’adaptation devait être courte ; bientôt viendra celle des véritables amendes.

La zone bleue sera pourtant éphémère. On commence par la supprimer durant les vacances en 1972. 1973 voit apparaître les parcmètres boulevard Gambetta : la zone bleue, gratuite, cède la place au stationnement payant…

Photo La Voix du Nord
Photo La Voix du Nord

Les documents produits proviennent des archives municipales

 

 

 

Stationnement

gambettaLe boulevard Gambetta à la belle époque Collection Privée

Quand les roubaisiens décidèrent de remblayer le bras mort du canal, qui s’étendait du pied du boulevard de Paris jusqu’au bout du boulevard Gambetta, ils souhaitaient transformer cet égout à ciel ouvert en un grand boulevard. Ce fut chose faite en 1886 : un vaste terre plein avec deux contre allées se déroule alors entre le café des Arcades et le peignage Allart. Les années passent et les repères se transforment : le concessionnaire Renault a remplacé le café et la cité du Galon d’eau occupe l’emplacement du peignage. Le boulevard Gambetta abandonne une partie de son parcours pour célébrer le général Leclerc. Pas de problèmes de stationnement alors. Le terre plein des deux boulevards accueille même régulièrement les forains en avril et en septembre.

Au début des années soixante, apparaît le souci de gérer le stationnement. Excepté les parcs de stationnement de la Grand-Place et de la place des halles, ceux de la place de la Liberté, et les terre pleins des boulevards Leclerc et Gambetta sont relativement peu utilisés car estimés trop éloignés du centre. Les automobilistes préfèrent se garer dans les rues proches du centre, et le stationnement se fait au détriment des commerces, ceux qui stationnent étant des personnes qui viennent travailler et occupent toute la journée des emplacements utiles aux riverains, clients et commerçants. C’est alors que commence le grand chantier de démolition du bloc Anseele. On parle d’implanter des parkings sur les espaces libérés, notamment sur le terrain dégagé de la rue des filatures. En novembre 1962 c’est la mise en place de la zone bleue. De quoi s’agissait-il ? La zone bleue est une zone de stationnement réglementé, limité dans la durée. Il ne s’agit pas d’un parking à proprement parler, mais d’une zone où le stationnement en voirie est autorisé. Peuvent s’y garer les automobilistes qui possèdent un disque de stationnement. Sur le disque figurent d’une part des heures d’arrivée possibles, d’autre part la durée autorisée et les heures de départ correspondantes, en sachant que la durée de stationnement en zone bleue est généralement limitée à 1h30. L’automobiliste tourne le disque pour faire apparaître les horaires choisis en face des fenêtres découpées à cet effet dans la pochette, et l’appose contre le pare-brise à l’intérieur de son véhicule. Le principe reposait sur la bonne volonté des automobilistes, mais nombreux sont ceux qui redescendaient changer l’heure de leur disque une fois la durée autorisée écoulée. Le stationnement au disque était non payant.

stationnement2La macadamisation du terre plein en 1973 Photo Nord Éclair

En 1967, l’idée de la création d’un grand parking souterrain germe alors, sous le centre commercial, plus d’un millier de places à moins de cent mètres du centre de Roubaix ! En 1973, le vaste terre plein du boulevard Gambetta a disparu. On y garait sa voiture, loin de tout souci de paiement, et on trouvait toujours une place. Le terre plein a été macadamisé et il a rétréci diminuant ainsi le nombre de places possibles. On a tracé les emplacements réduisant d’autant les places, les tracés donnant deux lignes de stationnement.

stationnementL’arrivée des parcmètres, un succès ! Photo Nord Éclair

Et puis en septembre, c’est l’arrivée d’une invention américaine, les parcmètres. C’en est fini du stationnement gratuit. Leur mise en service a pour effet de rendre déserts les emplacements. Les conducteurs ont-ils pour autant mis leur voiture dans le parking souterrain ? Il semble bien que non. Ils se garent dans les rues du bloc Anseele, déjà cité dortoir, qui devient alors pour la journée un quartier parking. Il semble que le problème dure encore…

D’après Nord Éclair