Le café Saint-Louis

Cet établissement est ouvert par Charles Vanhasbroucq, en Novembre 1888, au 123 rue Jean Jaurès à Hem et repris 10 ans plus tard par son fils Louis. Ce café barbier est toujours en activité avant guerre et, en 1945, on y parle encore de Marie Bonne-Soupe, une des tenancières du passé.

Le Saint-Louis en façade et un gros plan sur la superbe céramique d’origine figurant au fronton du café (Documents Nord-Eclair)
Le Saint-Louis sur 2 CPA du début du 20ème siècle (Documents collection privée)

Sur la carte postale du haut on voit clairement à gauche du café un commerce démontable, car fait de cloisons de bois. Il s’agit de la boucherie Lelièvre dans les années 1950, à laquelle succède Quinton poissons dans les années 1960, que l’on retrouve au n°117 dans les Ravet-Anceau de l’époque.

On y voit aussi une épicerie sur le coin de la rue Louis Loucheur en face au n° 118, alimentation générale Flahaut dans les années 50, puis Coop Dekeukekeire-Baron dans les années 1960-70, qui deviendra par la suite une boucherie chevaline, Wanin puis Haze dans les années 1980. Pendant ces périodes le Saint-Louis est géré par les Saelens dans les années 1950-60 puis Carette et ensuite Lejeune dans les années 1970-80.

Dans les années 1950, beaucoup d’événements sont fêtés au Saint-Louis. C’est notamment le cas, en 1956, quand « La Gauloise » y fête la Sainte-Cécile lors d’un banquet à l’issue duquel, en présence de Mr Leplat, maire de Hem, il est procédé à une distribution de distinctions aux membres de cette clique, crée en 1923 par Mr Sueur.

(Document Nord-Eclair)

Dans les années 1970 l’établissement sert de siège à l’association « Les amis du Saint-Louis », comité d’entraide aux aînés du quartier. Une cagnotte réunie grâce aux fêtes du quartier, permet, en 1975, d’offrir à une trentaine de convives du 3ème âge un menu soigné, dans une ambiance conviviale et de leur remettre des colis.

Soleil dans les cœurs au Saint-Louis (Document Nord-Eclair)
Publicité de l’époque (Document Historihem)

Les festivités du comité du Saint-Louis se déroulent sur un week-end. Le samedi Gérard Pau, son accordéon et ses musiciens, font virevolter les couples dans la rue Jean Jaurès.

Les festivités au Saint-Louis (Document Nord-Eclair)

Le dimanche est organisée une course cycliste, le prix Emile Delcourt, dont le départ a lieu devant l’établissement et à laquelle participe une petite centaine de coureurs. Le nom de ce grand prix est celui d’un coureur cycliste très connu à Hem, s’étant classé 5ème dans le Paris-Roubaix.

Emile Delcourt pendant le Paris-Roubaix à Hem Bifur (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Le départ des coureurs devant le café St Louis en 1976 (Document Nord-Eclair) et 1977 (Document Historihem)

Le café Saint-Louis est alors toujours le siège du comité des anciens du Saint-Louis mais il se tourne également vers le sport en qualité de sympathisant de l’USH (Union Sportive Hémoise) née de la fusion du club de foot du foyer Saint Corneille et du Football-Club de Hem le 16 mai 1964. Il est enfin le siège de la pétanque jusqu’à la création de l‘association « Pétanque Club des Trois Baudets » le 24 septembre 1979 .

Publicité de l’époque (Document Historihem) Publicité de 1982 (Document Office Municipal d’Information)

30 ans plus tard en 2001, les habitudes sont bousculées dans l’un des plus anciens estaminets de la commune, habituellement théâtre de paisibles parties de belote, où l’équipe des débutants de l’Olympic Hémois se voit offrir une belle parure, sérigraphiée aux armes du Saint-Louis, par la gérante du café depuis 1993 : Jacqueline Dellemme.

L’équipe revêtue de son nouveau maillot (Document Nord-Eclair)

Le café retrouve alors des airs des fêtes qui s’y déroulaient dans les années 1950-60. La bâtiment quant à lui n’a subi que très peu de transformations et la magnifique céramique est toujours présente au fronton de l’établissement où elle trône encore 20 ans plus tard dans les années 2020 alors que le commerce est toujours en activité et ouvert toute la semaine.

La façade du café dans les années 2020 et le café dans la rue Jean Jaurès (Documents Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem et Jacquy Delaporte pour son ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui

Une rue disparue

C’est à l’occasion de la construction du marché couvert de Roubaix, en 1881 que l’on encadre ce terrain en forme de rectangle par trois nouvelles rues qui viennent compléter la rue Pierre Motte : la rue des Halles, la rue de la sagesse et la rue Jeanne d’arc. Si les trois premières ont survécu à la disparition des halles, en 1956, ce n’est pas le cas de la quatrième.

A gauche, le début de la rue Jeanne d'arc CP Médiathèque de Roubaix
A gauche, le début de la rue Jeanne d’arc CP Médiathèque de Roubaix

La rue Jeanne d’arc, c’était quoi ? Le côté des numéros impairs était entièrement occupé par  le marché des halles, l’autre côté étant constitué en partie des accès aux propriétés et maisons de la rue du Château, qui lui est parallèle et de loin antérieure. Les numéros pairs de la rue Jeanne d’Arc commençaient rue Pierre Motte avec un magasin de confection, auquel succédaient un magasin de soldes, un boucher hippophagique, un cordonnier, un marchand de fruits, un commerce de dentelles, un estaminet, un tonnelier, les halles Flipo, l’estaminet Monnet, un boucher, quatre estaminets.

Les Halles Flipo et la vitrine du café de l’URSA Photos Nord Eclair

La rue Jeanne d’arc était connue comme un haut lieu du sport, avec la présence d’une salle de gymnastique qui abritait depuis 1893 la société  la Roubaisienne au n°20, et qui sera transformée en magasin, les Halles Flipo. Il y avait aussi un haut lieu de l’haltérophilie au n°22, qui abritait l’Union Roubaisienne des Sports Athlétiques, et qui vit évoluer de nombreux champions, parmi lesquels Marcel Dumoulin, huit fois champion de France  d’Haltérophilie, qui participa aux jeux olympiques de 1928 et 1932.

Vue générale de la rue Jeanne d’arc Photo Nord Eclair

La rue Jeanne d’arc  disparaît donc en 1968 pour permettre l’implantation du Lido, centre commercial de transition entre la rue de Lannoy et Roubaix 2000[1].  La dernière démolition concerna  l’auberge des Halles, qui fut autrefois un vieux relais de poste, selon Nord Éclair.

Le projet Poste Bibliothèque Publié dans Nord Éclair

En 1972, c’est la rue du Château qui sera amputée de ses dix sept premiers numéros, parmi lesquels l’ancienne caisse d’épargne, et  quelques maisons d’industriels, ce qui permit de mettre en œuvre le projet d’une bibliothèque de vastes dimensions. En 1968 on prévoyait de construire un nouvel hôtel des postes et un hôtel financier (sic) regroupant l’ensemble des recettes et perceptions de la ville. Si la construction du nouvel hôtel des Postes fut bel et bien menée, c’est une médiathèque qui remplaça le projet d’hôtel des impôts, pour le plus grand bonheur des roubaisiens.

D’après Nord Éclair, Nord Matin et l’Histoire des rues de Roubaix par les Flâneurs

 


[1] Voir nos articles précédents