Les caravanes Soëte

En 1958, s’installe au 105-107 de la rue de Lannoy un magasin de motos, au nom des établissements Georges Soete, né en Août 1922. L’immeuble alors inhabitée depuis le début des années 50.

Avant guerre, la veuve Picard avait fait, à cette adresse, commerce de meubles avec son mari avant 1900, puis de vente à crédit depuis avant la guerre de 14, et enfin de nouveautés à partir de 1928.

Document collection particulière

Jules, le père de Georges, né en 1886 à Roubaix, est charretier. Sa mère Rosalie Dujardin est née à Tournai en 1892. Georges a 6 frères et 2 sœurs. La famille habite en 1936 40 rue du Parc.

En 1958, il possède également, à l’enseigne Central Sport, un autre point de vente situé au 16 rue de Calvaire à Tourcoing. Au fil du temps, il abandonne les motocyclettes, désormais moins prisées du public pour se tourner vers les articles de sport, sports d’hiver et camping, beaucoup plus au goût du jour. L’enseigne devient alors les établissements Soete.

Au milieu des années 60, la partie Camping commence à prendre le pas sur les articles de sport : les publicités citent notamment la marque Trigano. On y note également l’apparition d’une nouvelle marque de caravanes : Caravelair, créée en 1962 par Sud-Aviation, le constructeur de la Caravelle. Cette marque est justement promue par Trigano, qu’on retrouve sur la publicité suivante. Ici, le nom de la marque est mal orthographié.

Georges Soete, qui habite seul le 105 rue de Lannoy, continue néanmoins, à côté de la vente de caravanes, année après année, ses publicités pour les articles de sport et de camping.

Publicités de 1970 à 1972

Mais les locaux, suffisants pour vendre du matériel de sport et de camping, sont désormais trop exigus pour exposer des caravanes. Il faut à Georges Soete un cadre plus large. Ce cadre, il va le trouver en 1970 au 201 du boulevard de Beaurepaire, où il voisinera avec le garage Lallemand, nouvelle station service Total, et la société Isomat, matériaux de construction.

Sur ce site, juste avant la première guerre mondiale, on a vu apparaître entre la filature Debuigne et le peignage Lepoutre, les magasins de MM. Motte et Cie, Laines, entrepôts permettant à cette société de stocker sa marchandise. Après fermeture de ces magasins, s’installe en 1955 la société Bourgois et Duval, qui stocke là des déchets textiles. Plusieurs entreprises se partagent alors le terrain : en 1961, on trouve au 201 les magasins Motte, mais aussi un fabricant de charnières, Gaillard et Mignot, et la société Stratimo, qui s’occupe de la transformation de plastiques.

Photo IGN 1965

Dès 1968, les bâtiments sont en bonne partie démolis, à l’exception de celui qui abritera, après transformation complète, le commerce de Georges Soete.

En 1972, en effet, celui-ci quitte définitivement les locaux de la rue de Lannoy, où s’installe un marchand de meubles, et recentre son activité sur le boulevard Beaurepaire.

Nord Eclair 1973

Au fil du temps, le105 voit différents commerces de meubles se succéder. Aujourd’hui, c’est un commerce de vêtements qui tient le rez de chaussée.

Publicités la Voix du Nord – photo Jpm 2022

Boulevard Beaurepaire, l’espace est suffisant pour une exposition de caravanes, placées soit à l’intérieur du bâtiment, baptisé « hall d’exposition », soit à l’extérieur, sur le terrain qui l’entoure, comme on le voit sur la photo suivante.

Document la Voix du Nord 1973 – Photo IGN 1975

Georges Soete commercialise quelques années la marque Elnagh, constructeur italien, mais aussi les marques Messager et Le Cardinal, et se tourne également vers un nouveau marché, celui des mobil-homes, en pleine expansion.

La Voix du Nord 1976

Il se spécialise ensuite dans la marque yougoslave Adria, caravanes reconnues pour leur prix bon marché et leur poids réduit, dont il devient le seul concessionnaire dans les environs.

Photo 1990

Mais Georges abandonne son commerce au début des années 90. Le siège de l’entreprise passe à partir de 1987 au 135 boulevard du général Leclerc à Lys Lez Lannoy. Il se spécialise ensuite avec sa sœur, Josianne Martin, dans le commerce de biens immobiliers jusqu’en 2009. Celle-ci poursuivra cette activité jusqu’en 2013.

Le 135 rue du général Leclerc – photo actuelle Google

En 1992 s’installe boulevard Beaurepaire supermarché Aldi. Le terrain autour du bâtiment est reconverti en parkings tracés pour les clients.

Le magasin – Photo Google

Le magasin ferme au début des années 2010. Le terrain semble aujourd’hui ne pas avoir une vocation très déterminée.

Photo Google

 

Les documents d’illustration proviennent des archives municipales, ainsi que du site de la médiathèque de Roubaix.

Le pont bleu

Le nouveau pont décidé en 1920 Coll Part

Quand le canal sépara les territoires de Roubaix et de Wattrelos, l’accès du Sartel était juste un pont étroit au dessus de l’écluse du même nom. Ce passage était sensé aboutir à la gare de Roubaix Wattrelos, édifiée en 1878 à Roubaix entre le Pile et les Trois Ponts. Rien de vraiment wattrelosien donc ! Les temps changent, l’activité évolue et il devient urgent de ménager des accès à Wattrelos un peu plus larges, et notamment au Sartel. Il faut néanmoins attendre l’après première guerre mondiale pour qu’une délibération municipale acte la création d’un pont au Sartel en 1920. Sans doute les wattrelosiens ont-ils bénéficié de la reconstruction des ponts sur le canal entièrement détruits par l’armée allemande lors de sa retraite. Voici donc le premier pont du Sartel, tout en béton et dans l’alignement de la rue Albert 1er, dédiée au courageux roi des belges qui le surnommaient le Roi Soldat du fait de sa conduite à la tête des armées pendant le conflit mondial. Ce pont se situe en amont d’une centaine de mètres du passage initial.

Dernières images du vieux pont Photo Guy Sadet

Après près de quatre-vingts années de bons et loyaux services, le vieux pont de béton donne des signes de fatigue et commence à s’effriter sous la pression du trafic automobile intensif. Les passages des camions font trembler sa structure et il menace de s’écrouler à tout instant. Sa démolition est programmée pour la fin de l’année 1998. La circulation est coupée dès la mi-novembre, ce qui va perturber un temps le seul commerçant installé aux alentours du vieux pont, à savoir la station de l’Elephant Bleu qui restera ouverte pendant les travaux. Sa destruction commence en décembre 1998, ses vieilles arches en béton sont enlevées grâce à une grue de 500 tonnes.

Dernières images du vieux pont Photo Guy Sadet

Un nouveau pont va bientôt le remplacer qui sera posé en juin 1999. En janvier 1999, on a fait glisser ce pont au-dessus du canal. Le Conseil Général a financé le projet à 100 %. Pendant trois mois le pont repose sur des appuis provisoires en attendant l’habillage des culées en brique et l’équipement du pont (garde-corps, revêtement, corniche). Le nouveau pont est long de 65 mètres et large de 24 mètres. Il permet ainsi de proposer deux voies de circulation de chaque côté, deux bandes cyclables et un trottoir de deux mètres de part et d’autre. Ce nouvel ouvrage est métallique et pèse 720 tonnes.

Le nouveau pont au moment de son installation Photo NE

Le nouvel axe longeant le canal et rejoignant la rue d’Avelghem a été réalisé. Il permet d’éviter le boulevard Beaurepaire et son arrivée sur le centre fréquemment encombrée. La station de lavage toujours présente rue Albert 1er n’est plus esseulée. À deux pas du pont, de l’autre côté de la rue se trouve désormais une petite zone commerciale comprenant un fast food, une boulangerie, une boutique pour les travaux de peinture, un magasin pour les ustensiles et pièces automobiles. Le pont arbore quant à lui une belle peinture de couleur bleue.

Le pont après sa pose Photo NE
L’actuel pont bleu Photo Google

Les malheurs de la passerelle

Les industries se concentrent de chaque côté du canal, il faut donc un moyen de communication pour mettre en relation lieux de résidence et lieux de travail, quartiers du Pile, du Sartel et de l’Entrepont. Or le canal forme une barrière infranchissable entre le pont du galon d’eau et celui de Beaurepaire. On forme donc le projet, approuvé par la préfecture en 1875, de construire une passerelle à mi-chemin de ces deux ponts, quasiment dans l’alignement de la rue des Soies, entre le quai de Wattrelos et celui du Sartel.

La réalisation de la passerelle ne suit pourtant pas immédiatement cette décision : ni le plan cadastral de 1884, ni les plans de 1886 ne figurent de passerelle. Elle est finalement construite, et apparaît en 1906 sur le plan du Ravet-Anceau :

Plusieurs cartes postales nous la montrent, construite en métal riveté, et environnée par deux silos à charbon.

Ce moyen de communication si utile va malheureusement être détruit en 1918 par les allemands lors de leur départ de Roubaix.

Elle est reconstruite après la guerre, mais en béton. Les escaliers d’accès sont maintenant perpendiculaire à la passerelle elle-même. Une photo nous la montre, vue depuis le quai du Sartel :

Pourtant, les malheurs de cette passerelle ne sont pas terminés : elle sera détruite de nouveau durant la deuxième guerre mondiale, pour n’être reconstruite qu’en 1952, en ciment armé avec des rampes d’accès perpendiculaires accessibles aux cycles et voitures d’enfants. Le nouveau tablier préfabriqué est lancé à travers le canal en prenant appui sur une péniche, l’Etom, appartenant aux établissements Motte de la rue d’Avelghem.

Photos Nord Matin

Souhaitons longue vie à cet ouvrage d’art, l’avatar actuel de la lignée !

Documents archives municipales et bibliothèque numérique de Roubaix

 

 

 

 

Beaurepaire : le dernier pont

Si la construction du pont Beaurepaire a connu bien des vicissitudes et des atermoiements, la lenteur de son élaboration n’aura pourtant pas été synonyme de longévité, et, peu après sa mise en service, il commence à faire parler de lui. Dès1962, des fissures sont constatées, qui conduisent à l’ interdire aux plus de 9 tonnes. Par ailleurs, la Voix du Nord, faisant écho à de nombreuses réclamations, dénonce en 1963 le danger représenté par le virage situé à l’entrée du pont, trop brusque et sans visibilité. 1967 voit s’effectuer des travaux de colmatage des fissures, et on ré-augmente le poids maximum admissible sur le pont pour le porter à 15 tonnes. Ces travaux ne sont pourtant pas suffisants, et, en 1972, un contrôle de routine effectué par la SNCF met en évidence une fissure importante qui s’accroît dans le tablier du pont. Les ponts et chaussées prennent d’urgence la décision d’interdire aux poids lourds le transit par le pont. Cette fois-ci, le poids total autorisé est ramené à 3 tonnes et demi. Heureusement, le pont du Carihem, qui vient d’entrer en service, permet de dévier le flot de camions en direction de Wattrelos et Leers.

Photo Nord Eclair.

Ces mesures sont encore insuffisantes et, en 1976, les fissures s’agrandissant et les poutres maîtresses semblant trop faibles, on décide de démolir complètement le pont et de le reconstruire à neuf. La voie d’accès du côté de Wattrelos sera élargie pour faciliter la circulation : des îlots directionnels seront créés pour séparer les courants de circulation vers Roubaix, Watrrelos et Leers à la place du terre-plein existant. On lance une enquête préalable à la déclaration d’utilité publique, et les riverains sont consultés, qui pourront faire toutes les remarques nécessaires. Le chantier devrait durer un an et s’étendre sur 1977 et 1978. Pendant ce temps, les véhicules devront emprunter le pont du Carihem ou le pont Nickès.

Photo Nord Eclair

 

Mais, malgré l’état du tablier qui s’aggrave, les préliminaires traînent et les travaux de démolition ne sont finalement programmés qu’en septembre 1979. On complète le projet en y incluant des pistes cyclables. La largeur du pont passera ainsi de 11 à 13 mètres. Une passerelle provisoire permettra aux piétons de traverser les voies du chemin de fer. Les îlots directionnels prévus comporteront des feux rouges.

Finalement, les travaux commencent en Juillet 80 par la construction d’un échafaudage en bois et de la passerelle pour les piétons, suivies par les premiers travaux de démolition.

Photos Nord Eclair

La passerelle est édifiée à quelques mètres à droite du pont lorsqu’on vient de Roubaix. Elle relie le chemin qui longe l’usine Stein à la rue Boucicaut, de l’autre côté des voies. On prévoit d’adoucir le fameux virage côté Roubaix, vilipendé en 1963 par la Voix du Nord, grâce à la démolition d’un bâtiment de l’usine Lepoutre, situé à l’intérieur de la courbe. Au mois d’Août, l’ancien pont a disparu. On pose les piles du nouveau, puis les poutres principales, et enfin le tablier.

Quelques vues aériennes nous permettent d’apprécier l’évolution du site au fil des années :

Photos IGN

En 1932, le pont n’existe pas encore et le boulevard Beaurepaire n’est coupé que par le passage à niveau et l’écluse. En venant de Roubaix, une route sur la gauche mène au nouveau pont du Sartel,qu’elle atteint par une courbe. Le carrefour ne montre aucun aménagement spécial. En 1962, le premier pont conduit en ligne droite au pont du Sartel, au prix d’une courbe prononcée au niveau de l’usine Stein. Le terre-plein central de forme triangulaire sépare, au carrefour, les courants de circulation. L’ancienne extrémité du boulevard Beaurepaire est maintenant une impasse. La photo de 1983 montre le nouveau pont, plus large, et dont la courbe a été adoucie grâce à la démolition partielle des bâtiments situés au bas et à droite de la photo. Les circulations entre Wattrelos, Leers et Roubaix sont séparées par des îlots directionnels, renforcés par une importante signalisation peinte sur la chaussée . Retour à la simplicité en 2010, où ce dispositif complexe est remplacé par un rond-point. Le pont Beaurepaire, lui, n’a pas changé, si les bâtiments industriels qui l’enserraient côté Roubaix ont disparu.

 

Un pont pour Beaurepaire

Le chemin vicinal d’intérêt commun n°142 (pour nous le boulevard Beaurepaire) traverse la voie ferrée par un passage à niveau. Il se dirige ensuite à droite vers Leers, avec un accès à gauche vers Wattrelos par la passerelle de l’écluse du Sartel.

Plan du quartier en 1899

 Cette traversée à niveau pénalise énormément les usagers du tramway venant ou se rendant à Leers, qui rédigent en 1919 une pétition exposant « la gêne considérable que leur cause le transbordement qui s’effectue sur cette ligne à la traversée du passage à niveau du Chemin de Fer de Somain à Tourcoing. » En effet, depuis la construction de la ligne, les voyageurs doivent descendre du tramway avant le passage à niveau, traverser les voies à pied, puis reprendre un autre tramway pour poursuivre leur voyage, car la compagnie des chemins de fer s’oppose à une traversée à niveau de ses voies. De son côté, l’E.L.R.T a présenté deux projets d’estacade permettant au tramway d’enjamber la voie ferrée. Ces projets sont rejetés en 1908 et en 1920 par le conseil municipal, celui-ci considérant que les rampes d’accès représentant une emprise de 100 mètres de longueur de part et d’autre des voies rendraient le boulevard incommode et feraient subir une dépréciation aux propriétés riveraines.

Les choses en restent là jusqu’en 1924, une conférence réunit alors à Paris au siège social de la compagnie du Nord les parties intéressées. On y évoque la possibilité d’un passage supérieur. Le conseil municipal s’empare du projet, et l’approuve au mois de Juin. L’année suivante, on approuve également la substitution d’un pont fixe au pont levis du Sartel. On décide de réaliser ces transformations. Ce pont fixe sera placé non loin de l’écluse. On construira le pont sur le chemin de fer dans l’alignement du nouveau pont sur le canal et le boulevard Beaurepaire formera un coude vers la gauche au niveau de la rue de Valenciennes pour desservir ces nouveaux ponts sur un remblai rectiligne. La ligne du tramway empruntera ce nouveau pont avant de se diriger vers Leers.

Les intérêts particuliers s’éveillent, chacun essayant de s’adapter à la situation nouvelle. En 1926 la société anonyme des foyers automatiques demande la construction d’un mur de clôture le long du boulevard Beaurepaire, et en commence la construction, arguant d’un « accord verbal » avec l’ingénieur en chef du département, accord nié par l’intéressé, celui-ci précisant « que les autorisations verbales n’existent pas dans mes bureaux ». Le projet inclut une modification du tracé de la rue de Valenciennes pour permettre le passage du tramway. En effet, la rampe d’accès au pont fait que la rue de Valenciennes se trouvera en contrebas du boulevard : on y accèdera par un escalier. La société anonyme des foyers automatiques proteste immédiatement contre ce projet de déviation qui morcellerait son propre terrain et interdirait la possibilité d’un embranchement particulier. Elle propose de faire emprunter au tramway les rues Molière et de Sévigné. La compagnie des tramways propose même de supprimer carrément la desserte de la gare du Pile, la ligne ne quittant plus le boulevard et continuant directement vers Leers.

Le projet primitif prévoit un pont de 34 mètres, mais la compagnie du Nord envisage maintenant un pont de 100 mètres pour favoriser la création d’embranchements particuliers desservant les usines voisines : filature Lepoutre Bonneterie, société des levures et alcools, établissements Petit (accusés d’avoir acheté des terrains dans l’unique but de faire une bonne opération lors des expropriations). La municipalité proteste contre l’augmentation du prix du projet, et ajoute que l’augmentation de la longueur du pont devrait conduire à l’élargissement de sa chaussée pour éviter des encombrements de circulation. La société Lepoutre, propriétaire d’une filature le long du boulevard voudrait récupérer la bande de terrain séparant sa clôture du mur de soutènement en échange d’un morceau de son terrain nécessaire à l’implantation de la rampe d’accès au pont.

 
Le terrain de la société Lepoutre qui doit être exproprié. Photo Nord Eclair

En 1931, on en est à discuter du montant que devra verser l’ELRT pour la réalisation du projet. De nombreux échanges de correspondance, permettent à chacun de défendre ses arguments. Il faut dire que les fonds manquent pour financer les travaux pourtant nécessaires : le directeur des travaux municipaux souligne « qu’il est désirable que la construction du P.S. Du boulevard Beaurepaire ne soit plus remise, en raison… de l’importance des travaux à exécuter qui nécessiterait l’emploi de nombreux ouvriers et serait, par conséquent, de nature à réduire les secours aux chômeurs actuellement payés par votre administration. ». Ce dernier argument fera avancer la décision.

Documents Archives municipales de Roubaix

Le PN 156 de Beaurepaire

Le boulevard de Beaurepaire est tracé au début des années 1870. Peu après, la voie ferrée reliant les gares de Roubaix et Roubaix-Wattrelos (gare du Pile) est posée : Il faut désormais que le boulevard traverse les voies. On installe donc un passage à niveau gardé (c’est le passage à niveau n°156 de la ligne de Somain à Roubaix et Tourcoing). Les emprises de la compagnie des chemins de fer du Nord sont assez larges : elles comportent 3 voies et incluent une bande de terrain supplémentaire permettant une extension éventuelle du nombre de voies. La maison du garde-barrière est placée à côté du château d’eau servant à alimenter les locomotives stationnées en gare. Y est accolée la cabane permettant la manœuvre des barrières.

Photo Nord Eclair

 Mais la ligne de tramway de Roubaix à Leers doit suivre le boulevard Beaurepaire. On veut éviter la traversée à niveau des voies du chemin de fer. On aurait pu faire franchir les voies au tramway par une passerelle comme au petit Lannoy sur la ligne 2 Lille-Leers ou au Sapin Vert pour la ligne 3 Leers-Roncq, mais on choisit de partager la ligne en deux : la ligne H conduit les voyageurs de la gare de Roubaix à la gare du Pile, par le boulevard Beaurepaire, la rue Molière, et la rue de Sévigné. Là, ils doivent descendre et aller jusqu’au passage à niveau pour emprunter la ligne 6, qui les conduira à la place de Leers. Cette lacune oblige les voyageurs à parcourir à pied la distance entre les deux têtes de ligne, ce qui leur permet accessoirement de passer par le bureau de l’octroi, judicieusement placé à cet endroit…

En février 1930, sont prévus dans l’ensemble des grands travaux à caractère ferroviaire (installation de la gare de débord et de la voie-mère avenue Motte, aménagement d’une douane en gare de Roubaix-Ville) la suppression de différents passages à niveau (boulevard d’Halluin et Crétinier rue de Cartigny). Le journal officiel déclare « urgents les travaux définis au projet… en vue des améliorations à réaliser dans les gares de Roubaix et de Roubaix-Wattrelos et à leurs abords».  L’Écho du Nord annonce la prochaine disparition du PN, « qui, sur la route de Leers, entrave si gravement la circulation des voitures et surtout du tramway, puisqu’il entraîne un transbordement de voyageurs ». Un arrêté préfectoral met en place une enquête sur le remplacement du PN par un passage supérieur (où la route surplombe la voie ferrée). Les habitants auront quinze jours pour prendre connaissance du dossier déposé à la mairie et apporter leurs remarques.

Les premiers à se réjouir de ce projet sont assurément les usagers du Tramway, qui pourront ainsi voyager de Roubaix à Leers en évitant un transbordement incommode. Il ne reste qu’à réaliser les travaux…

Photo Journal de Roubaix