Le Square Notre Dame

Le cimetière originel de Roubaix était situé autour de l’église St Martin. A la fin du 18ème siècle, on le déplace au lieudit « champ de Beaurewart », mis à disposition par M. Floris Delaoutre, maire de Roubaix près de l’actuelle rue de Valmy. Puis, il est redéplacé en 1809 sur un terrain appartenant à l’Hospice, à l’extrémité de la rue Nain, le long de la rue du Fresnoy qui prendra à cet endroit le nom de rue du Cimetière. Devenu trop petit pour la population, le cimetière du Fresnoy sera finalement remplacé en 1850 par celui du quartier de l’entrepont que nous connaissons aujourd’hui.

C’est ainsi que les plans cadastraux de 1816 et 1826 montrent un terrain baptisé « Champ de repos » qui borde la rue du Frenoy.

En 1860, la ville se propose d’établir un square sur l’emplacement de l’ancien cimetière. Le projet est d’importance : ce sera le premier square à Roubaix. Le conseil municipal sous la direction de Julien Lagache l’entérine fin novembre. Un premier plan est établi en 1861 par l’architecte Lepers. Il prévoit une disposition à la française basé sur la symétrie de deux parterres rectangulaires centré sur un motif circulaire, et séparés par une allée centrale.

On choisit le modèle des grilles qui clôtureront le parc en remplacement des murs de l’ancien cimetière. Elles sont réalisées par l’entreprise Griaux Frères de Roubaix. Les arbres plantés proviennent du jardin de M. Leconte-Baillon. L’entreprise Frère frères s’engage à réemployer les anciennes briques des murs du cimetière pour la construction des aqueducs et les soubassements des grilles

Le modèle des grilles

L’an1862, on édifie dans le parc une serre pour protéger les plantes craignant les gelées, et, en 1863, on projette d’installer une fontaine au centre du jardin. Elle comportera bassin de 8 mètres de diamètre.

La fontaine projetée

Après les fêtes du 15 Août 1863, fête Nationale en l’honneur de l’Empereur, et célébration de l’arrivée des eaux de la Lys, il faut récupérer les quatre statues de Charles Iguel (représentant les Arts, L’industrie, l’Agriculture et la Paix) qui ont contribué provisoirement à orner la place de la mairie avec la fontaine des trois grâces, du même auteur. Dès Septembre, il est décidé que ces statues seraient placées dans le square. A cet effet, on prévoit de les jucher sur des piédestaux en pierre de taille.

En 1865, on remplace la grille d’entrée, jugée trop faible et pas assez monumentale par une autre, beaucoup plus imposante.

La nouvelle grille

Un peu plus tard, en 1880, on installe deux kiosques à musique l’un dans le parc Barbieux, l’autre dans notre square. Ce dernier compte dix mètres de diamètre. L’usine St Sauveur est responsable du dessin et doit en exécuter la superstructure, alors que les infrastructures sont confiées aux opérateurs d’entretien. L’ossature métallique extérieure est due à M. Mery-Picard.

Mais, à ce moment, le square vit ses dernières années, car il est question d’installer à sa place l’école des arts appliqués. En 1886, une partie des habitants pétitionnent pour conserver le square, mais c’est peine perdue, et l’année 1888 voit l’érection de l’école et la disparition du square dont l’existence aura été de courte durée.

Les illustrations proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

La droguerie Crombé

C’est l’un des commerces les plus anciens de Roubaix. En 1806, Louis Crombé ouvre une droguerie rue du Vieil Abreuvoir. C’est à l’époque un commerce de teintures, de couleurs, de pigments, de colorants pour le textile. En 1830, Louis fait construire les locaux actuels au 47 rue Nain.Puis les Crombé vont se succéder de père en fils, pendant plusieurs générations. Le petit commerce va se développer, de façon extraordinaire, grâce au textile et à l’explosion démographique.

Document Nord Éclair

Les produits vendus vont bien sûr évoluer au fil des années. On y trouve toujours les colorants mais également des peintures, des produits chimiques, des engrais, des fournitures pour artistes peintres ( dont Rémy Cogghe ), des appareils et produits photographiques. Madame Crombé se déplace à Lyon pour se fournir chez les frères Lumière.

Document coll. priv.

Sur cette facture de 1906, sur les deux colonnes latérales, on constate l’impressionnante liste de produits et références disponibles. A la fin des années 1920, un deuxième magasin ouvre, au 3 bis rue de Lannoy, et un troisième à Avesnes-sur-Helpe, géré par le cousin : M. Renard

Document coll. priv.

Tous les corps de métier viennent s’approvisionner chez Crombé : les peintres, les antiquaires, les photographes, les médecins, les dentistes, les entreprises, les mairies . . .

Dans les années 1960-1970, l’entreprise Crombé se spécialise davantage dans son métier de base : la droguerie, et abandonne la photographie et la fabrication des produits maison. Une petite dizaine de salariés travaille dans l’entreprise. Il n’est pas toujours très simple de travailler chez Crombé, vu la dangerosité des produits. Certains produits toxiques peuvent provoquer explosion, pollution. D’ailleurs le magasin possède une ligne rouge téléphonique avec le service de secours des pompiers.

En 1971, Jules Crombé prend sa retraite de conseiller municipal, mais continue à aider Albert Crombé à la direction de l’entreprise. Gérard Dumoulin, un ancien salarié de la CIMA à Croix, embauché en 1967, devient rapidement son bras droit. En 1987, Ludovic Crombé ( sixième génération ) reprend l’affaire de son arrière arrière arrière grand-père et continue l’activité. Gérard Dumoulin devient le pilier de la célèbre maison Crombé.

A droite Ludovic Crombe, le patron et Gerard Dumoulin ( Document Nord Eclair 1997 )

Monsieur Gérard, comme on l’appelle, est tout de suite reconnaissable quand on entre dans le magasin. Il est grand et porte toujours sa blouse blanche impeccablement propre.

Document Google Maps

La famille Crombé reprend la maison voisine au 49 rue Nain. Le rez de chaussée de cette habitation se transforme en bureaux et le garage permet une meilleure réception des livraisons de marchandise.

Toutes les références sont stockées par famille : les produits toxiques sont déposés dans la cour intérieure à l’air libre ; les plus dangereux sont entreposées au sous-sol, dans les magnifiques caves voûtées.

Quand on regarde la façade extérieure de la droguerie on a peine à imaginer l’importance des bâtiments. La surface totale avoisine en effet les 2000 m2.

Document G Dumoulin

Gérard connaît parfaitement les 10.000 références du magasin. Il est incollable sur les détachants, la restauration de vieux meubles, les produits d’entretien. Il teste tous les nouveaux produits proposés par les représentants, avant de les référencer. Sa devise est : la qualité, le service et le conseil en plus ! Et les clients sont ravis d’avoir trouvé chez Crombé, le produit miracle conseillé par un vendeur toujours aimable et sympathique.

Document G Dumoulin

Tous les produits doivent être parfaitement visibles et bien présentés, d’où l’importance de soigner de superbes étalages dans les 2 grandes vitrines extérieures.

Au début des années 2000, les premières difficultés apparaissent. La vente de certains produits chimiques dangereux est maintenant interdite dans les magasins de détail ; ces produits tels que formol, arsenic, benzine, ammoniaque pur, mono chlorobenzène, toluène, perchloréthylène, etc… représentent une bonne partie du chiffre d’affaires, et les produits de droguerie ( lessive et d’entretien ) sont malheureusement très concurrencés par la grande distribution. Il reste heureusement les peintures, articles de beaux arts.

C’est ainsi qu’en 2015 Ludovic Crombé cesse l’activité après plus de 200 ans d’existence. Par ailleurs, Ludovic a plutôt la fibre artistique, et aucun de ses fils ne souhaite continuer l’activité.

Photo BT

Aujourd’hui le magasin est vide. Depuis les vitrines extérieures, on peut encore apercevoir des anciens présentoirs publicitaires, des gondoles métalliques rouillées. La fin d’une époque. . .

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Remerciements à Gérard et Christiane Dumoulin pour leur témoignage et la documentation.

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