L’ entreprise Cordonnier

Venant de la rue de Mouvaux, et à gauche de la rue, passés quelques commerces et maisons particulières, les établissements Cordonnier s’étendaient sur un vaste terrain circonscrit par les rues de Mouvaux, Boucher de Perthes et la voie ferrée.

Ils étaient constitués de deux bâtiments hauts, placés l’un sur la rue du Luxembourg, l’autre le long de la voie ferrée. Deux autres ensemble d’ateliers étaient situés le long de la rue de Mouvaux d’une part, et de la rue Boucher de Perthes d’autre part.

Les anciens établissements Cordonnier en 1962. Document IGN
Les anciens établissements Cordonnier en 1962. Document IGN

L’usine, qui figure déjà dans le plan cadastral de 1884, a pour adresse le 7 de la rue de Mouvaux et figure sous les noms de Louis Cordonnier, fabricant et filateur en 1886 , Louis Cordonnier frères et Léon Screpel, fabricants de tissus en 1895. Ce n’est qu’en 1906 qu’elle apparaît au 15 du la rue du Luxembourg, mais la raison sociale a changé entre-temps : on trouve en effet mention de Masurel-Leclercq, tissage mécanique, puis G. Masurel-Leclercq et fils.

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On la retrouve ensuite sous le nom de filature Lepoutre et Cie en 1914, alors que figure au 5 rue de Mouvaux la société anonyme de tissage, anciens établissements Cordonnier, puis société des anciens établissements Cordonnier, filature de laines peignées. Cette entreprise voisine en 1953 avec la société anonyme Manulaines (laines peignées) au numéro 9. Les différents bâtiments semblent avoir abrité plusieurs activités (au moins filature et tissage).

A près guerre, réside au 15 rue du Luxembourg le dépôt de la SARL des anciens établissements Cordonnier. A partir de 1961 s’installe au numéro 21, partageant les locaux de cette entreprise, la société Westaflex-France, qui fabrique des tuyaux souples, ainsi que, vers 1965, la société logique de l’Electronique (SOCAP Electronique).

Cette dernière société fait place à Westaflex en 1970. Dans une partie de l’usine s’installe en 74 G Devilder, négociant en déchets textile, remplacé en 1979 par G Losfeld, fromager en gros. A cette époque, Cordonnier et Westaflex figurent toujours au Ravet-Anceau à cette adresse.

En 1984 ne restent plus dans l’ancienne usine que Losfeld et Westaflex. On trouvera sur le site, après leur fermeture, les restos du cœur. Le bâtiment le long de la rue de Mouvaux, lui, deviendra un garage (voitures italiennes, puis japonaises) avant d’être démoli assez récemment. (L’exposition des voitures se faisait face à la rue de Mouvaux).

Document Nord Eclair 1990
Document Nord Eclair 1990

La tour située près du chemin de fer a brûlé un 14 juillet au début des années 70, et a disparu. L’autre, celle donnant sur la rue du Luxembourg, est utilisée comme garde-meubles sous l’enseigne de Liberty Box. Tous les bâtiments qui longeaient la rue de Mouvaux ont finalement été rasés, et ont fait place à une pelouse.

Cliché collection particulière.
Cliché collection particulière.

 

Les autres documents proviennent des archives municipales.

 

 

Le long chantier de la rue du Luxembourg

En 1867 le chemin qui va de la rue de Mouvaux vers le hameau de l’Allumette par la cité Cordonnier prend le nom de rue du Luxembourg. Le plan cadastral de 1884 nous la montre, bâtie dans sa première partie avec une rangée de maisons ininterrompue sur la droite, entre les rues de Mouvaux et Boucher de Perthes. A gauche, quelques maisons et les établissements Cordonnier donnant également sur la rue de Mouvaux. Tout le quartier semble appartenir aux Cordonnier, car on retrouve ce nom tout au long de la rue : elle traverse ensuite des terrains appartenant à la famille, et n’est plus bâtie avant d’arriver au niveau de la rue de Béthune. Elle aboutit enfin dans les champs après avoir côtoyé à droite la cité et à gauche la cour portant ce même nom.

Plan cadastral 1884

Plan cadastral 1884

 

Plan cadastral 1884

1889 voit un projet de redressement et d’élargissement de la rue. Les riverains consentent à céder le terrain nécessaire au tracé de la rue sur 12 mètres de large, ainsi qu’à participer financièrement à la construction de l’aqueduc et de la chaussée pavée sur 7 mètres. Une première tranche des travaux est mise en adjudication en 1895, car cette rue est pleine de « cloaques infects ». Mais elle n’est viabilisée qu’en 1898.  Le préfet prend l’arrêté de classement l’année suivante.

Plan voirie 1894

Plan voirie 1894

 

Plan voirie 1894

A partir de 1898 vont être signées des pétitions successives à l’initiative des propriétaires : ils veulent prolonger la rue morceau par morceau, jusqu’à ce qu’elle atteigne la cour de la gare de débord de l’Allumette, projetée en 1908, dont elle sera l’accès principal. Ses différentes parties seront pavées et viabilisées les unes après les autres, tronçon par tronçon. La réception définitive de la dernière tranche des travaux, réalisés par l’entreprise Jules Desplanques a finalement lieu en 1910. Il aura fallu bien longtemps pour réaliser cette rue !

Mais l’alignement n’est toujours pas définitif, et il faut finalement attendre 1942 pour que cesse une anomalie : on se préoccupe de récupérer des terrains qui empiètent sur l’alignement défini pourtant en 1901 ! Sur ces terrains, propriétés de M. Bouillet-Poulet, brasseur à Tourcoing pour le premier, de M. Dhédennes boucher rue de Mouvaux pour le deuxième et des établissements Vandamme et Dubois, pour le troisième, se trouvent des immeubles. Le premier est le café vétuste de M. Patrolin, le deuxième est provisoire, le troisième menace de ruine. La municipalité entrevoit la possibilité de terminer l’élargissement de la rue, encore rétrécie à cet endroit. Expropriation et accords amiables sont utilisés pour réaliser l’opération, et les immeubles sont enfin démolis, mettant un point final à la réalisation de cette rue.

Plan de 1942

Plan de 1942

 

Plan de 1942

 

Les documents proviennent des archives municipales.