Marcel Guislain naît le 14 Juin 1899 à Nomain. Il passe son doctorat en médecine à Lille en 1924 et devient également médecin-légiste et de psychiatrie. Il ouvre son cabinet de médecine générale au 17 place de la Fraternité à Roubaix et ensuite au 101 boulevard Gambetta dans les années 1930. Il est nommé chef de service à l’hôpital de la Fraternité en 1931. Il est élu au conseil municipal de Roubaix en 1935 et devient adjoint au maire en 1938, sous le mandat de Jean Lebas.
Le 5 Septembre 1939, commence réellement son aventure patriotique. Ce jour là, marque pour lui sa mobilisation. Il est affecté comme médecin-chef à Saint Quentin et fait transformer le lycée de la ville en hôpital d’évacuation.
Le 20 Avril 1940 il est muté à Boulogne sur mer et s’y trouve encore quand les allemands attaquent le 10 Mai 1940. Il regagne clandestinement Roubaix en Juillet 1940 et, au mois d’Août, il reprend du service : il appartient au réseau Ali-France. Dès Septembre il rédige des tracts et commence à venir en aide aux soldats alliés qui se cachent, en leur fournissant de faux papiers.
Il entre en résistance, en même temps que son ami Désiré Helinck, dans un groupe créé par Robert Delaval. Ce groupe : » Action Réseau 40 » choisit de refuser aussi bien le national-socialisme que le communisme. Il apporte son soutien à la France libre et à De Gaulle. Marcel Guislain y participe activement en l’approvisionnant en matériel. Un journal clandestin mensuel est publié : »La Voix de la Nation ».
Instantané de mémoire de Marcel Guislain : En Septembre 1940, il fallait réveiller le sens patriotique des Français, écrasés, avachis, refusant même de s’intéresser à la résistance. Le premier tract de résistance a été imprimé en 1000 exemplaires par M. Delplace rue Léon Marlot. Le titre : « Français, relevez la tête ! ». A cette époque, il était hors de question de trouver des porteurs, tout le monde était terrorisé. Alors, nous l’avons distribué nous-même en pleine nuit. Mon infirmière, Mariette, et moi sommes partis vers 20h en voiture avec ma 202, ( j’avais un « ausweis » comme médecin ! ) pour parcourir tous les faubourgs de Roubaix, Wattrelos et Hem, en laissant tomber un tract tous les 10 mètres. Fort heureusement, nous n’avons fait aucune mauvaise rencontre, et c’est en rentrant tôt le matin, que nous avons réalisé les énormes risques que nous avions courus. Fait cocasse, comme je faisais partie du conseil municipal, le lendemain, le commissaire central apportait le tract, en déclarant qu’il était tombé d’un avion anglais ! Inutile de vous dire le remue-ménage à la kommandantur !
Dès le mois de Juin 1941, la Gestapo commence à s’intéresser à lui. Les perquisitions à son domicile ne donnent rien. Le 19 Août de cette même année, il devient maire de Roubaix à la mort de Fleuris Van Herpe qui a succédé à Jean Lebas. Cependant, il doit abandonner son mandat car il refuse de prêter serment à Vichy. Dès lors, il intensifie ses activités clandestines.
Mais le 3 Mai 1942, Marcel Guislain qui anime une réunion chez lui, boulevard Gambetta, est arrêté avec seize membres du réseau « Action 40 ». Pendant trois mois, le médecin est mis au secret et subit les sévices des tortionnaires nazis. Il se retrouve dans différents camps de concentration dont celui de Buchenwald. Fort heureusement, son procès qui aurait du se terminer devant le peloton d’exécution est reporté car les documents accusateurs ont été détruits, lors d’un bombardement allié. Le cauchemar se termine en 1945 à la libération. Marcel Guislain est physiquement diminué : il ne pèse plus que 40 kilos à son retour.
Après quelques mois de repos, Marcel Guislain fonde la Fédération des internés déportés résistants et politiques de France dont il devient vice-président, puis président en 1947. Il est aussi le président-fondateur de l’Union nationale des victimes de guerre (1955) ainsi que président-fondateur de la Confédération nationale des déportés, internés et ayants droits de la Résistance.
Marcel Guislain développe considérablement son action politique après la Libération. Élu, en 1945, adjoint au maire de Roubaix sous le mandat de Victor Provo, il est encore conseiller général de 1945 à 1951, puis de nouveau en 1957 à Roubaix-Ouest jusqu’en 1970.
Marcel Guislain est membre de la commission administrative fédérale de la SFIO du Nord en 1946-1947et participe à de nombreux congrès socialistes, régionaux, nationaux et internationaux. Il est élu député en 1951 et siège ensuite au Sénat.
En Avril 1956 , Marcel Guislain reçoit le grade de commandeur de la Légion d’Honneur. Il devient membre du conseil de la communauté urbaine de Lille à partir de décembre 1967.
Marcel Guislain cesse toute action politique en 1977 et abandonne son siège au conseil municipal de Roubaix en raison de son opposition à l’alliance électorale avec le Parti communiste.
Marcel Guislain décède le 10 Juillet 1986. Il était père de famille de 4 enfants, et grand-père de nombreux petits enfants.
Ami intime de Victor Provo, dont il partageait le civisme et l’esprit de tolérance, Marcel Guislain est à l’origine de nombreuses réalisations sociales qui ont marqué l’histoire de la ville. Tous les roubaisiens gardent un excellent souvenir de sa personnalité.
Remerciements aux archives municipales