Les allemands à Leers du 22 août 1914 au 11 novembre 1918, édité le 19 octobre 1919 en l’anniversaire de la délivrance de Leers, chez Desclée De Brouwer & Cie, imprimeurs de l’Evéché.
Si son Histoire de Leers parue en 1905 était un véritable livre d’historien et d’érudit, le livre de l’abbé Monteuuis sur l’occupation allemande à Leers est un véritable témoignage qui se présente comme un journal de guerre relatant les difficiles heures de cette période. L’abbé a cru bon de publier ses notes de guerre, et ce journal est écrit en face des réalités et sous l’émotion des événements.
Son livre se découpe en grands chapitres respectant la chronologie des événements : tout d’abord l’invasion, qui relate l’arrivée et le passage des allemands. Puis l’occupation, chapitre dans lequel l’abbé rencontre le Commandant Hofmann après que celui-ci ait réquisitionné son église pour réunir ses soldats. Il lui demande de pouvoir emprunter le tramway pour faciliter son ministère auprès des malades. Ce qui lui est refusé, car le chef de l’étape estime que ses pires ennemis ce sont les prêtres !
« Je comprends votre désir et je trouve que vos motifs sont raisonnables. Mais je ne puis accorder aucune faveur à vous autres, prêtres, car nos pires ennemis, ce sont les prêtres. Ce sont les prêtres qui refusent de se soumettre à l’autorité allemande. Ce sont les prêtres qui défendent de travailler pour les allemands. Ce sont les prêtres qui favorisent la fuite des jeunes gens. Ce sont les prêtres qui reçoivent les nouvelles de France et qui organisent la télégraphie sans fil ».
Puis ce sont les réquisitions, à domicile, dans l’église, chez les commerçants, chez les fermiers. Il y aura aussi des réquisitions dans les fabriques, les impositions à la commune avant que les allemands ne pensent à réquisitionner des hommes, ouvriers civils et brassards rouges.
Un chapitre suit qui porte sur la vie dure et chère avec le froid, la faim. Il évoque le ravitaillement hispano américain, et le prix des denrées, jusqu’aux prix invraisemblables de 1918. Il dit comment on communiquait avec la France et la famille. Il fait ensuite le bilan de son action pastorale, et définit la mission du pasteur pendant la guerre.
Un premier post-scriptum est écrit du 13 septembre au 24 octobre 1918, au moment où l’on croit que la guerre tire à sa fin. Un deuxième post-scriptum du 24 octobre au 11 novembre décrit l’utilisation des gaz asphyxiants et aveuglants par les allemands qui continuent à bombarder Leers du haut du Mont Saint-Aubert où ils se sont repliés. Ce seront les heures les plus tragiques pour les leersois et les leersoises. Il conclut sur l’armistice et la paix déclarée le lundi 11 novembre.
Un dernier appendice est rédigé pour les éloges funèbres des soldats, prisonniers et ouvriers civils.
Ce livre est un document précieux et essentiel pour comprendre le calvaire qu’a subi Leers pendant la première guerre mondiale, d’autant plus important qu’il a été rédigé de l’intérieur et en temps réel, ce qui en fait un témoignage irremplaçable.
Je tiens à remercier ici chaleureusement l’ami qui m’a offert ce livre et m’a ainsi permis de prendre connaissance d’un témoignage que je désespérais de pouvoir trouver un jour.
Anne-Marie Reboux-Hottiaux, épouse d’Alfred, est journaliste au Journal de Roubaix dès 1889. Elle reprend la direction du quotidien à la mort de son mari en 1908. En 1911, à l’Exposition Internationale du Nord de la France, le Journal de Roubaix occupe un stand, hors concours, en qualité de membre du jury.
Si, durant l’occupation, pendant la première guerre, Mme Reboux-Hottiaux doit cesser l’activité les ateliers ayant été vidés de leurs machines neuves par l’occupant, elle la reprend dès le départ des allemands avec des moyens de fortune : composition à la main et presse à bras.
Après-guerre, le Journal de Roubaix décide de concurrencer Le Grand Hebdomadaire Illustré, en faisant paraître, avant sa réapparition, Le Dimanche de Roubaix-Tourcoing, son nouvel hebdomadaire illustré, dès le 5 janvier 1919. Ces journaux hebdomadaires, présents jusqu’à la seconde guerre mondiale constituent une source remarquable de documentation sur l’entre-deux-guerres.
Dès 1920, prenant en compte le fait que près de 100.000 ouvriers belges passent chaque jour la frontière pour travailler dans l’industrie textile de Lille-Roubaix-Tourcoing, Anne-Marie Reboux procède à l’extension du Journal de Roubaix outre Quiévrain. L’édition belge est créée à Mouscron.
Elle fait également partie du comité de 27 membres sous le patronage duquel se trouve placée la première section de journalisme, placée sous la double tutelle des facultés libres de droit et des lettres, qui ouvre ses portes à Lille en 1924. C’est l’Eglise qui a choisi Lille pour l’ouverture de la première école de journalisme de la presse catholique.
En 1925, Mme Reboux sollicite un permis de démolir les écuries, magasins et bureaux, situés aux n°69 et 69 bis et de modifier le n°67 afin de construire une extension de l’immeuble sis au n°71. Dès lors la façade du journal de Roubaix s’étend du 65 au 71 de la Grande-Rue et l’immeuble comporte un hall public, une galerie d’exposition et une nouvelle façade.
L’intérieur abrite derrière le Hall Public le bureau de la publicité, à gauche du Hall la galerie d’attente et à l’arrière la galerie d’exposition et à sa droite le bureau de comptabilité. Il existe une salle de rédaction et des bureaux au rez-de-chaussée et une salle de rédaction à l’étage. L’imprimerie quant à elle se trouve dans un bâtiment à l’arrière n’ayant pas façade sur le Grande-Rue et l’atelier des linotypes est refait en 1930. Enfin en 1936, c’est la maison située au n°73 qui sera rachetée par la société des journaux réunis, démolie et remplacée par un mur qui prolonge celui du n°71.
Journaliste engagée, Anne Marie Reboux- Hottiaux participe par ailleurs à nombre d’oeuvres de bienfaisance. Elle est faite Chevalier de la Légion d’Honneur en 1923 et recevra de nombreuses autres distinctions jusqu’à sa mort en décembre 1934, date à laquelle elle était encore propriétaire et directrice du Quotidien lancé par son mari.
A la tête du journal elle ne s’est pas contentée de continuer l’oeuvre de celui-ci mais a donc contribué à son extension n’hésitant pas à démarcher les clients de ses concurrents comme on le constate dans un courrier de 1926 et multipliant les publicités pour son quotidien comme son hebdomadaire avec un calendrier édité en 1933.
Dans le Grand Almanach Illustré du Journal de Roubaix, sont également multipliées les publicités pour le quotidien au travers d’articles très divers contribuant à son évocation. On peut entre autres citer un article sur Adolphe Verdonck, aveugle de naissance, qui tient un kiosque sur la Grand Place de Wattrelos où il vend le Journal de Roubaix, la chienne qui fume qui allait livrer le quotidien pour son maître Jean Dirick, marchand de journaux, ou encore cinquante exemplaires du journal livrés aux abonnés de Casablanca par Robert Dumont, un jeune aviateur roubaisien.
En janvier 1928, Anne-Marie Reboux a la douleur, après avoir perdu sa fille, de perdre subitement son fils Jean, rédacteur en chef du journal qu’il l’aidait à diriger. Ses obsèques ont lieu en l’église Saint-Martin sur la Grand Place de Roubaix et font l’objet d’une première page dans le Dimanche de Roubaix-Tourcoing du même mois.
Le char funèbre portant les couronnes est entouré d’une foule, famille, personnel du Journal de Roubaix et diverses personnalités, venue rendre hommage au défunt et de multiples discours sont prononcés par des personnes publiques telles qu’Eugène Motte, ancien député maire de Roubaix.
Après la mort de Mme Veuve Reboux en 1934, c’est son petit-fils Jacques Demey, fils de sa défunte fille, qui reprend la direction du quotidien. Le journal de Roubaix est alors domicilié d’après le Ravet-Anceau de 1937 du n°63 au n° 71 de la Grand-rue.
Mais en 1940, après l’invasion de l’armée allemande les quotidiens de la région lilloise laissent la place mi-Mai à un organe unique de 4 pages intitulé La Croix- La Dépêche- Grand Echo- Le Réveil- Journal de Roubaix, imprimé sur les presses du Grand Echo.
Le quotidien de la famille Reboux ne ressuscite qu’en janvier 1941, après que son directeur Jacques Demey, de retour dans le Nord, obtient la caution morale du cardinal Liénart, soucieux de la présence d’un journal catholique pour la population du département. L’année suivante le Journal de Roubaix atteint un tirage de 90.000 exemplaires et sa direction travaille déjà à la préparation d’un nouveau quotidien.
En 1944, la direction politique des quotidiens lillois, sur décision de l’occupant, est confiée à des journalistes débarqués de Paris. C’est M.Tulliez qui est affecté au Journal de Roubaix mais en fait, comme les autres directeurs en place, il est confiné à un simple rôle d’administrateur. Dès le mois d’août, les allemands écartent définitivement les 3 directeurs lillois et nomment leurs hommes liges commissaires à l’information.
A la libération, ce sont les démocrates chrétiens qui récupèrent Le Journal de Roubaix en la personne de Jean Catrice. Un nouveau titre est recherché et l’accord se fait sur Nord-Eclair qui sera géré par la nouvelle équipe qui l’a préparé et ne risque donc pas d’être accusée de compromission avec l’ennemi, n’ayant rien publié sous l’occupation.
A suivre dans un prochain article intitulé « Nord-Eclair ».