Au début des années 1960, la circulation automobile se développe et pose de sérieux problèmes pour les automobilistes dans toute la ville de Roubaix. Il est donc nécessaire d’améliorer les rues, avenues et boulevards et en particulier le carrefour du monument aux Morts très fréquenté et embouteillé aux heures de pointe. Ce carrefour est situé sur le boulevard Leclerc à l’angle des rues du Maréchal Foch, du Moulin et du boulevard de Paris.

En 1964, la municipalité décide donc une refonte complète de ce carrefour. Les grandes innovations préconisées par les ingénieurs des Ponts et Chaussées sont la mise en œuvre :
– d’un sens unique de circulation dans la rue du Maréchal Foch
– de l’abattage des platanes du Boulevard de Paris (entre la rue du Moulin et la rue Chanzy )
– de l’élargissement de ce boulevard de Paris à 27m de largeur
– de l’installation de nombreux feux tricolores, et surtout . . .
– du déplacement du Monument aux Morts, 75 mètres plus loin à hauteur de la rue Dupleix.

Il faut rappeler que ce monument aux Morts a été érigé, installé et inauguré en 1925, époque où la circulation automobile était quasi inexistante. Dans les années 1930, on pouvait encore envisager de bloquer le carrefour lors des commémorations !
Les travaux de déplacement débutent au printemps 1964, et ce n’est pas une mince affaire que de bouger un monument haut de 9 mètres, et pesant plusieurs tonnes ! Il faut bien se résoudre à morceler cette masse de pierre en plusieurs morceaux.
La noble dame qui porte dans ses bras robustes les fruits de la fécondité n’est pas une femme légère, car la tête et le buste pèsent 2 tonnes et le tronc 5 tonnes. A cela il convient d’ajouter l’hydre qui est scié en deux parties.

Une équipe de spécialistes, véritables chirurgiens pour géants travaille sur le mémorial avec de très grandes précautions.
Toutes les pièces du monument sont déposées sur le sol et les techniciens peuvent alors remonter l’ensemble, tel un puzzle.
Les délais prévus sont respectés et la ville confirme que tout sera prêt pour les cérémonies du 11 novembre 1964.

Le déplacement se fait sans trop de problèmes. La partie la plus délicate du travail de dissection, est de démonter les quatre bas-reliefs fixés sur le socle.

Un geste malheureux d’un ouvrier fait perdre la tête d’un personnage de pierre.

C’est peut-être une des raisons pour laquelle 2 bas reliefs sur 4 n’ont pas été refixés au dos du monument ? Les armoiries de la ville, quant à elles, ont bien été reposées à leur emplacement initial.


Depuis 1964, le monument aux Morts est toujours au même endroit. Sur la photo ci-dessous qui date des années 1970, on distingue l’ancien garage Renault face à la semelle de verdure sur laquelle se dressait initialement le monument.

Remerciements aux archives municipales