La ligne F : vers la Grand Place

Nous avons suivi la ligne de tramways venant de Lille et entrée à Roubaix par la rue de Lille jusqu’au carrefour de la Barque d’Or, où elle prenait à gauche depuis 1883 la direction de la grand place par la rue Neuve.

Il faut dire que la ville n’était pas enchantée de la traction à vapeur, reprochant à la compagnie de transformer la grand place en quai à marchandises, dépôt de charbon, et poste de distribution d’eau.

La photo suivante nous montre à gauche un fourgon des TELB stationnant devant la bourse de commerce.

Photo bibliothèque municipale de Lille

Or, en 1903 à l’occasion de l’électrification, on projette un autre chemin d’accès pour désencombrer la rue Neuve que doit également suivre la ligne à voie métrique qui traverse le quartier du Moulin vers Hem.

Plusieurs itinéraires s’affrontent, ainsi que plusieurs systèmes techniques : la municipalité désirerait une alimentation par caniveau, ce que refuse la TELB qui l’a déjà expérimentée à Lille. En ce qui concerne le tracé, on songe à un passage par la rue d’Inkerman et la place du Trichon, à un autre par le boulevard Gambetta et la rue Pierre Motte.

Finalement, en 1905 on s’accorde pour un itinéraire par le boulevard Gambetta, la rue de la Halle et l’extrémité de la rue Pierre Motte. La voie, double rue de Lille, sera réduite à une simple voie à la barque d’or pour négocier le S, puis se dédoublera le long du boulevard. Il faudra en effet attendre les années 30 pour que les bâtiments empiétant sur le tracé soient frappés d’alignement et l’extrémité de la rue de Lille redressée. Le tracé de la ligne deviendra alors quasiment rectiligne comme on le voit en rouge sur le plan suivant.

Désormais, les voies du F empruntent donc l’une des voies latérales du boulevard Gambetta, qui prendra ensuite le nom du général Leclerc. On voit sur la photo le croisement de deux rames près de la fontaine des trois grâces, alors qu’on aperçoit au fond une motrice du « Mongy » qui emprunte l’autre voie latérale.

Cet itinéraire n’était pourtant pas le favori de la mairie parmi ceux possibles à cause des encombrements causés par le marché, mais les autres solutions ont été jugées plus gênantes pour des questions techniques (largeur des rues, rayons des courbes à envisager, etc).

Un peu plus loin, la ligne prend donc à gauche dans la rue de la Halle. La voie redevient simple dans cette artère, où elle longe le trottoir opposé à la Halle pour éviter les embarras dus au marché. Dans la courbe du carrefour avec la rue Pierre Motte, la voie est pourtant dédoublée.

On voit à gauche sur la photo suivante la voie double dans la rue Pierre Motte longer la voie métrique unique des TRT située à gauche.

Une dernière courbe nous fait parvenir sur la grand place. Ici, la ligne arrivait primitivement par la rue neuve et développait ses voies en terminus devant la mairie et la bourse le long des voies des TRT venant de la gare. Ces voies, utilisées d’abord par les machines à vapeur, sont ensuite électrifiées ce qui entraîne beaucoup d’études contradictoires concernant la position des poteaux de soutien des fils de contact, car la municipalité refuse d’ancrer des rosaces sur la façade de la mairie. Sur la dernière photo on voit à gauche dans les feuillages une rame F et un peu plus à droite une motrice de la série 1 à 18 des TRT.

En 1908 donc, ce plan de voies est abandonné par suite du changement d’itinéraire et la ligne débouchedésormais de la rue Pierre Motte. Un premier projet prévoit une impasse dans le prolongement de la rue du Château.

Mais le désir de la compagnie est de bannir tout terminus en impasse pour éviter des manœuvres contraignantes de remise en tête des motrices.

On se décide alors pour un « terminus circulaire » constitué de deux voies et formant une raquette qui supprimer les opérations d’attelage et de dételage avant de repartir vers de Lille. Il n’y aura ainsi plus aucune manœuvre à faire, et deux rames pourront être garées en attente de départ.

Dans les années 20 on modifie la raquette formée par la ligne de Lille. On diminue ses dimensions, elle perd une voie de garage, et les trams ne s’arrêtent plus maintenant au milieu de la place, mais le long du trottoir du début de la rue Pierre Motte, sur le côté de la mairie.

Les tramways disparaissent en 1956 et seules les voies du Mongy demeurent sur la grand place. Cette ligne reprend le flambeau laissé par la ligne F et reste seule à transporter les voyageurs entre Lille et Roubaix. La photo suivante nous montre le terminus face à la mairie. Noter le nombre des fils aériens.

Les documents proviennent, une fois encore, de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales. Qu’elles en soient remerciées.

La ligne F : L’arrivée à Roubaix

La ligne de tramways Lille-Roubaix, de la compagnie des TELB (tramways de Lille et sa Banlieue) entre dans Roubaix par la rue de Lille. Le premier arrêt est pour le bureau de l’octroi, situé au coin du boulevard de Cambrai/Montesquieu. Il est constitué d’un bâtiment en maçonnerie au toit à six pans. On voit au premier plan le boulevard de Cambrai. La remorque est vers le photographe, alors que la rame est arrêtée en direction de Lille

Tout auprès du bureau de l’octroi, on édifie ensuite un kiosque au toit plat, largement vitré selon le modèle de l’époque, pour abriter les usagers du tramway. Les employés de l’octroi posent complaisamment sur la photographie, prise vers Lille.

En 1911, on instaure des services express entre Lille et l’exposition universelle installée au parc Barbieux pour concurrencer la ligne de Mongy qui suit le boulevard nouvellement ouvert. Cette dernière ligne a pourtant l’avantage de la rapidité, due au profil de la voie tracée en ligne droite, et de la proximité puisqu’elle possède un arrêt à l’entrée de l’exposition. Pour la ligne F, l’arrêt est situé face à l’octroi. Les voyageurs devront suivre à pied le boulevard de Cambrai pour se rendre à cette manifestation. Les photos, prises vers Roubaix, montrent deux fois la motrice 843.

Un peu plus loin, au croisement de la rue d’Inkermann, la ligne est constituée d’une seule voie comme c’est la règle à Roubaix. On le remarque sur la photo suivante, prise vers le centre ville. Au coin, l’estaminet au 208 est tenu en 1904 par P. Lecerf, qui y restera jusqu’au début des années 20. On aperçoit au loin à l’arrière plan une rame en circulation.

La ligne croise ensuite la rue de Soubise. La photo, prise vers Roubaix, nous montre une fois encore la motrice 843 peinte cette fois en couleur crème, couleur des trains directs. A cet endroit, la voie double est décalée vers le trottoir sud. Au coin, au 166, l’estaminet à l’enseigne du Petit Caporal, tenu par A. Vermeille en 1895, L. Delneufcourt en 1904, puis J. Roussel en 1910 et jusqu’à la fin des années 30.

Aux environs de la rue du Curoir, la voie est de nouveau unique, choix imposé par l’étroitesse des rues. Elle ne se dédouble qu’aux endroits où sont prévus les croisements. Ici, elle tient le centre du pavé, laissant juste l’espace nécessaire au stationnement le long des trottoirs. La photo est prise vers la Barque d’Or.

Nous arrivons à l’extrémité de la rue de Lille, à la Barque d’Or. Ici, la voie unique suit de près le trottoir pour élargir la courbe à gauche qui va la mener à la grand place par la rue Neuve, future rue du Maréchal Foch. En effet, l’extrémité de la rue de Lille se décale sur la gauche du fait d’un ensemble de constructions qui disparaîtront plus tard. Pour l’instant, la direction la plus pratique est donc à gauche.

Dans la courbe, on profite de l’élargissement de la chaussée pour dédoubler la voie de manière à faciliter les croisements. Ce dédoublement, dit « garage de la barque d’or », sera l’objet de nombreux échanges entre la municipalité et la compagnie de tramways, la ville demandant que la double voie ne se prolonge pas dans la rue Neuve, trop étroite.


Un état du projet

Au temps des tramways à chevaux, les tramways de la compagnie des TRT (Tramways de Roubaix-Tourcoing) avaient le même écartement que les trams à vapeur de la compagnie de Lille et sa banlieue. Les voitures de la première pouvaient emprunter la voie pour se rendre à Croix. Avec l’apparition à Roubaix des tramways électriques, les choses se compliquent puisque les TRT choisissent pour leurs motrices l’écartement métrique. Il devient impossible d’aller à Croix. On décide d’une convention qui confie l’exploitation de ce tronçon aux TELB.

Il est donc à noter que la partie limite de Croix-grand place de Roubaix est exploitée conjointement par les deux compagnies, ce qui ne concourt pas à simplifier les négociations avec les communes !

D’ailleurs, la traversée de la rue Neuve, a donné lieu également à de nombreuses discussions lors de l’électrification. La compagnie voulait installer les poteaux de soutien des fils de contact sur les trottoirs jugés trop étroits par la mairie, qui préférait l’installation de rosaces sur les façades, choix qui fut finalement retenu.

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix

A suivre …

La ligne F : Croix

Après avoir suivi la ligne en parcourant Lille, Mons et Flers vers Roubaix, et pour parvenir à Croix, il nous faut traverser le canal de Roubaix en empruntant le pont de Croix, un pont-levis qui a disparu après que l’extrémité du canal vers le parc Barbieux, devenu inutile par l’abandon du projet initial, a été délaissé, puis comblé.

Photo Claude Coen – T’es de Flers Breucq

La voie va suivre la départementale 14 qui prend pour nom à Croix « Pavé de Lille à Roubaix » aujourd’hui rue du professeur Perrin. Peu après le pont, on aborde le centre historique de Croix au croisement de la rue Gustave Dubled. On distingue sur la photo deux rames, constituées chacune d’une motrice et d’une remorque, qui se croisent, l’une allant vers Lille, l’autre vers Roubaix.

Photo collection particulière

La ligne aborde alors la place, où est installé un kiosque permettant aux voyageurs d’attendre le tramway à l’abri des intempéries ce kiosque, largement vitré et coiffé d’un toit pointu à quatre pans, bien dans le style de l’époque.

Photo site TransLille

Le kiosque sera plus tard remplacé par un autre en béton et à toit plat octogonal, qui ne sera démoli qu’en 1979, bien après la disparition de la ligne de tramways.

La Voix du Nord 1979

Sur la grand place renommée ensuite place de martyrs, le kiosque des tramways voisine avec un kiosque à musique, dû à l’architecte Edouard Dupire-Rozan. Cet édicule a été donné à la ville par Isaac Holden et déplacé depuis le parc de sa propriété en 1898. Il sera de nouveau déplacé entre les deux guerres pour être disposé dans le parc du nouvel hôtel de ville, racheté à la famille Leclerc-Delaoutre. Il a été restauré récemment.

La voie que l’on voit à gauche relie la gare des marchandises à l’usine Holden par ce qui est aujourd’hui la rue de la gare. Elle longe la place avant de traverser les voies de la ligne F avant de se diriger vers l’usine.

Document médiathèque de Roubaix

Juste après la place, la ligne se dirige en double voies par la rue de Lille vers l’église. Les files de rails sont d’abord placées côte à côte, comme on peut le voir sur la photo suivante où tout le monde semble prendre la pose, y compris sur le tampon du tram.

Photo coll. particulière

Plus tard, on construit un terre-plein central que les voies contournent. Cette édification est-elle destinée à la sécurité des voyageurs qui pourraient ainsi monter et descendre des rames sans danger ? Le terre-plein voisine avec la nouvelle aubette en béton.

Document coll. particulière

Pour poursuivre son chemin, la ligne doit ensuite contourner l’église saint Martin, placée dans l’alignement de la rue. La photo qui suit nous montre ce contournement alors que nous entrons das la rue Jean Jaurès. Ici, la comparaison avec le gabarit de la voiture à deux chevaux montre le peu de place laissé libre par le tramway, dont on distingue une rame à l’arrière plan.

Photo collection particulière

Aussitôt l’église dépassée, nous arrivons au coin de la rue Pluquet. Le tabac à gauche, tenu par Louis Bonte, arbore toujours le cigare, enseigne traditionnelle. Il s’appelle aujourd’hui « Le Flandre ». La belle maison qu’on voit au deuxième plan à droite n’a pas changé non plus, alors que celle au premier plan a reçu un enduit. On remarque que les vidangeurs – il en fallait – utilisaient à l’époque des camions à chevaux et que la circulation à droite n’était pas encore une règle d’airain.

Photo coll. particulière

Quelques centaines de mètres plus loin, après avoir dépassé la mairie, la ligne croise l’avenue des marronniers et ses belles villas, qui conduit au parc Barbieux. A l’époque, la venue d’un photographe était une fête pour les badauds.

Document mairie de Croix

Nous pouvons avoir une idée de la date de la photo suivante, prise vers Roubaix au coin d la rue Delescluse, par les voitures qu’on y remarque : Le pare-chocs avant de la Traction Citroën au fond la situe après guerre, et la Ford modèle 1949 à droite, vue de dos, a été immatriculée dans le Nord en 1950. Le magasin du coin qu’on voit à gauche est aujourd’hui une agence immobilière, alors que les maisons à droite ont disparu, remplacés par des bâtiments d’habitation récents.

Photo coll. Particulière

Nous sommes maintenant presque à la limite de Croix. Avançons encore un peu et retournons nous avant d’entrer dans Roubaix. Sur la photo, le bâtiment qui fait le coin à l’arrière plan est aujourd’hui la pharmacie de la Croix Blanche. L’alignement de maisons à gauche a été remplacé par des constructions neuves.

Photo médiathèque de Roubaix

Nous remercions particulièrement les archives municipales et la médiathèque de Roubaix, ainsi que le site TransLille.

A suivre …

La ligne F : Flers

Nous avons suivi jusqu’ici la ligne de tramways F Lille-Roubaix depuis Lille et nous sommes parvenus à la sortie de Mons en Baroeul. Nous allons maintenant traverser la partie nord de Flers pour rejoindre Croix. Nous passerons successivement par le Moulin Delmar, le Château et le hameau du Sart, puis le hameau des quatre Ormeaux, ensuite le hameau et la cense du Breucq avant de traverser le canal de Roubaix sur le pont de Croix. Tous ces hameaux sont alors séparés par de vastes zones de cultures.

Plan cadastral 1890

A l’entrée de Flers, la ligne avance en ligne droite sur quelques centaines de mètres jusqu’au lieu-dit du Moulin Delmar, côtoyant Marcq en Baroeul et Wasquehal, mais situé sur le territoire de Flers. On est au confluent de quatre communes, à travers ce qui est aujourd’hui une zone d’activités, mais qui ne présentait à l’origine que des champs à perte de vue.

L’appellation du lieu correspond à l’existence à cet emplacement d’un ancien moulin à vent construit près d’une mare.

Plan cadastral 1825

Au moulin était associé le logis du meunier, construction sans étage qui est devenue plus tard un estaminet. C’est à cet endroit que la compagnie a placé le terminus de la ligne I barré qui suivait la même voie que le tramway F, mais avait son origine plus loin, à Lomme. Le I barré survivra quelques années au F puisqu’il fonctionnera jusqu’en 1965. La photo suivante montre une motrice manœuvrant au terminus.

Photos Mons avant, après

Cent à deux cent de mètres plus loin, à la rencontre du Bas Chemin, aujourd’hui rue du Moulin Delmar la ligne passe devant une construction déjà présente dans le plan cadastral de 1890. Elle est connue dans les années 60 comme étant un dancing pour les jeunes au nom de « la peau de vache », devenue plus tard un restaurant de la chaîne des « trois brasseurs », au numéro 72.

L’endroit va changer considérablement dans les années 1970 avec l’aménagement du carrefour qui deviendra le vaste rond point St -Ghislain actuel et l’aménagement de la zone de la Pilaterie sur les champs.

Photos Facebook et IGN

Encre quelques centaines mètres et la ligne passe devant le golf créé avant la guerre de 1914 sur les terres du château du Sart, datant de 1740, et de sa ferme, le premier devenant club house, la seconde des bâtiments techniques. Le domaine accueille un parcours de 18 trous.

Photo coll. Particulière

Photos Facebook et IGN

Un peu plus loin et juste avant la traversée du nouveau boulevard, le tram longe une série de villas situées du côté droit de la chaussée qui existent encore aujourd’hui. La photo, prise en direction de Lille montre l’une d’elles, au numéro 120. La voie forme à cet endroit une bretelle permettant les manœuvres.

Photo coll. Geneanet

Cent mètres encore et nous parvenons au carrefour avec l’avenue de Flandres, tracée peu après la ligne F, et qui oblige la ligne concurrente imaginée par l’ingénieur Mongy et exploitée par l’E.L.R.T ( L’Électrique Lille Roubaix Tourcoing ) à traverser à niveau et à angle droit les voies de la T.E.L.B. (Tramways Électriques de Lille et sa Banlieue ).

La maison qu’on remarque au coin a reçu dans les années 50 un toit en lieu et place d’une terrasse. Les autres bâtiments sont pratiquement inchangés de nos jours. Les arbres encadrent la piste cavalière, symétrique de la ligne du Mongy. La vue est prise en direction de Croix.

Photo coll. particulière

Poursuivons notre route en direction de Croix, cette fois en agglomération. Après quelques centaines de mètres nous croisons la rue de Wasquehal. La maison d’angle que nous voyons à gauche n’a pas changé. On y vend aujourd’hui des Sushis. Les arbres et arbustes à gauche ont disparu pour faire place à des constructions. Le tram que nous apercevons se dirige vers Lille.

Photo coll. Ville de Villeneuve d’Ascq

Vingt mètres plus loin, nous passons devant la mairie du Breucq, placée en retrait de la rue à notre gauche. Elle s’est installée dans le château, bâti en 1901 par le brasseur Louis Lepers à l’emplacement de l’ancienne ferme des quatre Ormeaux. Elle est aujourd’hui bien restaurée, ainsi que les bâtiments voisins en rouges barres (alternance de briques rouges et de pierres blanches). Elle se situe au 165 de la rue.

Photo site ville de Villeneuve d’Ascq

Nous allons maintenant croiser la Marque le long de laquelle se sont installées des industries : la teinturerie Constantin Descat rachetée par Bayer en 1905 et, en face, et à droite pour nous, le tissage Bonami Wibaux au numéro 202. La photo, vue en direction de Croix, nous montre ces deux établissements. Au premier plan à droite, la Marque.

Photo coll. Particulière

Une photo vue dans l’autre sens pour mieux découvrir la filature située en vis à vis de la teinturerie. Le bâtiment existe encore de nos jours, la teinturerie a, elle, disparu. A sa place aujourd’hui, un magasin Aldi.

Photo coll. particulière

Encore quelques centaines de mètres, et nous allons quitter le territoire de Flers pour pénétrer dans Croix, dont la limite est matérialisé par le canal de Roubaix.

A suivre…

La ligne F : Lille, la rue Nationale

En 1903, lors de l’électrification des tramways lillois, la ligne F reliant Lille à Roubaix voit son terminus supprimé de la grand place devant ce que nous appelons aujourd’hui la vieille bourse. La ligne passe alors de l’autre côté de la colonne de la Déesse, qui se trouve alors placée dans l’alignement de la rue des sept Agaches. Les voies placées le long de la bourse disparaissent définitivement. A ce moment, le terminus est reporté place de Tourcoing : les rames F ne font plus qu’un simple arrêt à la grand place et poursuivent leur route sans nécessiter de retournement. On remarque sur la photo qui suit un kiosque nouvellement construit près de la Déesse.

Après l’arrêt, les voies prennent à gauche pour se diriger vers la rue Nationale. On remarque le rail central qui alimente les motrices en électricité, alors que les trolleys ne sont pas utilisés. La caténaire était proscrite dans le centre pour des raisons d’esthétique.

La photo suivante prise depuis la grand place nous montre, vue de l’arrière, une rame F qui s’engage dans la rue Nationale, bien vide à cette époque. Au fond, l’église du Sacré Cœur dont le clocher n’est pas encore terminé.

La rue Nationale est tracée en 1862, au moment du rattachement des communes d’Esquerme, de Wazemmes, de Fives et de Moulins à Lille. Elle est rigoureusement droite et suffisamment large pour s’accommoder de deux voies tout le long de son axe.

Une première photo, prise au croisement de la rue de Pas nous montre à gauche une voiture de la ligne H en route vers la grand place et à droite une rame F qui se dirige vers la place de Tourcoing. A droite, l’immeuble du crédit Lyonnais, qui existe toujours aujourd’hui bien que méconnaissable, a été utilisé par l’occupant lors de la première guerre. On y distribuait des journaux allemands.

La photo qui suit est prise dans l’autre sens au niveau de la rue des deux épées et de l’actuel Printemps à l’époque de la construction de la nouvelle bourse dont on remarque le beffroi en cours d’édification.

Pour la photo suivante, le photographe se trouve un peu plus loin au croisement de la rue de l’hôpital Militaire à une période antérieure à la construction la nouvelle bourse, qui n’apparaît pas encore à l’horizon de la grand place. Le bâtiment à droite, bien reconnaissable grâce à son étage en retrait, est encore visible aujourd’hui, bien que modernisé. Le F se hâte vers la grand place, au milieu d’une circulation très clairsemée.

La ligne passe ensuite devant ce qu’on appelle aujourd’hui le square du p’tit Quinquin. C’est là qu’était alors installé, derrière le monument de Desrousseaux, mais aussi « l’Ideal Skating », remplacé à une autre époque le « Palais d’Eté ».

On rencontre un peu plus loin le boulevard de la Liberté, avec, à droite le café du Coq Lillois, qui a changé aujourd’hui de nom. Le F laisse à sa droite les voies qui s’engagent dans le boulevard pour rejoindre le boulevard Vauban, et continue, lui, sa route en droite ligne. Le rail central alimente encore les motrices

La photo suivante, prise au même endroit mais dans l’autre sens, nous montre la fin de ce rail central. En effet, à partir d’une certaine époque, ce rail d’alimentation qu’on voit au premier plan s’interrompt brusquement à cet endroit. A partir de là le tram va être alimenté par le fil de contact aérien soutenu par des pylônes situés sur les trottoirs. On remarque à droite le magasin de la manufacture d’armes et cycles de Saint Etienne, qui prendra plus tard le nom de « Manufrance ».

Un peu plus loin, les voies contournent le centre de la place de Strasbourg, connue également sous le nom de « place ronde », où un kiosque accueille les usagers du tram près du monument à Achille Testelin, héros de 1870. La statue disparaîtra durant la guerre 14 du fait des allemands et les rails traverseront la place en ligne droite jusqu’à leur propre disparition.

La ligne passe ensuite devant l’église du Sacré Cœur dont le clocher ne sera achevé qu’en 1928, 25 ans après la consécration de l’édifice situé au coin de la rue Solférino. Dans cette dernière rue, les voies de tramway sont alimentées par ligne aérienne également, mais par des poteaux centraux , alors que ceux des trottoirs de la rue Nationale vont disparaître, remplacés plus tard par des suspensions directes sur les façades des immeubles. Les photos, prises avant et après l’achèvement de la flèche, montrent la rue Nationale avec ses poteaux sur les trottoirs, et la rue Solférino avec ses poteaux centraux.

Un peu plus loin, les usagers du F rencontrent la rue Colbert. La photo montre, au premier plan, les voies de la rue Nationale, et, à angle droit, la voie unique de la rue Colbert vers Wazemmes. Cette rue est trop étroite pour autoriser une voie double. Plus tard, la rue sera mise en sens unique et la voie déplacée vers l’axe de la chaussée.

Nous arrivons finalement à la place de Tourcoing, aujourd’hui place du Maréchal Leclerc, très loin, là où se rejoignent le boulevard Vauban et la rue Nationale. Le terminus est situé sur la voie latérale, face au boulevard Vauban, sous les frondaisons. On y voit sur la photo suivante une rame en attente.

Les photos non légendées proviennent de collections particulières.

A suivre …

La ligne F : dans les rues anciennes de Lille

La ligne départementale de tramways F Lille-Roubaix démarre à l’origine de la grand-place de Lille, devant la bourse (celle qu’on appelle aujourd’hui l’ancienne bourse). Les photos qui suivent montrent, la première au premier plan un tram à cheval, et au fond à gauche une locomotive système Franck et une remorque arrivant sur la place en venant de Roubaix, et l’autre une machine de même type manœuvrant devant la bourse. En effet, au terminus, la machine devait emprunter une bretelle pour contourner sa rame de manière à se remettre en tête pour le voyage retour.

Photos Translille et Collection Particulière

La voie va se diriger vers la porte de Roubaix à travers les rues étroites d’un ancien quartier dont la démolition débute en 1870 avec le percement de la rue Faidherbe entre la place du théatre et la nouvelle place de la gare. Le quartier est bouleversé et la halle échevinale, le Minck (marché aux poissons) et la chapelle des bons fils vont disparaître à cette occasion. Le reste du quartier va subir ultérieurement le percement du boulevard Carnot et l’édification de l’Opéra.

Plan cadastral 1881

Quittant la grand place, le F emprunte la courte rue des Manneliers qui, dans la deuxième partie du 20ème siècle a été mise en sens unique soit dans un sens, soit dans l’autre selon les époques, ce qui fait que les tramways, à double voie, circulant dans les deux sens, les automobilistes avaient toutes les chances de se trouver face à un tram venant en sens inverse au milieu de la chaussée, ce qui a généré une certaine pagaille pendant des décennies ! Sur la photo des années 50, une motrice 800 venant de Roubaix arrive grand place, prenant la rue des Manneliers à contre-sens.

La ligne F à Lille près de l’ancienne bourse Collection Particulière

Au sortir de la rue des Manneliers, la ligne passe devant l’ancien théâtre qui va disparaître dans un incendie en 1903, et sera remplacé quelques dizaines de mètres plus loin par l’Opéra que nous connaissons aujourd’hui. La photo suivante, prise depuis la rue Faidherbe, autrefois rue de la Gare, nous montre une rame vapeur en direction de Roubaix devant le théâtre. A gauche de celui-ci, la bourse.

La ligne F passant devant l’ancien théâtre Collection Particulière

Mais le tramway F laisse à sa droite la rue de la gare pour emprunter tout droit la rue des sept sauts, longue d’à peine 35 mètres. Cette rue des sept sauts va disparaître lors du percement du boulevard Carnot au début du 20ème siècle La photo qui suit date des environs de l’année 1870.

Document Gallica, bibliothèque Nationale

Poursuivant sa route, notre tramway pénètre dans le vieux marché aux poulets qu’il traverse et suit la rue du même nom. Sur la photo qui suit, on aperçoit au fond la grand place. L’autre vue est prise en sens inverse avec, au fond, la rue des arts.

Photos site Lille d’antan

La voie parvient ensuite à la rue des arts dans laquelle elle tourne à droite pour un parcours de quelques mètres. Cette rue existe encore aujourd’hui. On y trouvait la quincaillerie Trenois, qui, encore dans les années 70 avait gardé son aspect d’antan avec ses rayonnages et les bureaux hauts en chêne usé par les années d’utilisation, des employés.

Quincaillerie Trenois et Decamps Collection Particulière

La ligne prend à gauche la rue de Roubaix qui existe toujours elle aussi et conduit encore vers jusqu’à la porte homonyme sous les voûtes de laquelle passe le tramway. La photo, prise après des destructions de la première guerre, nous montre l’étroite rue de Roubaix.

Destructions 1418 Collection Particulière

Les portes fortifiées étaient alors les seuls endroits où le franchissement des fortifications était possible. Pour des raisons de sécurité, elles n’offraient qu’un passage étroit. A l’occasion de la création de la ligne, on ouvre deux arches supplémentaires dans cette porte, datant du début du 17ème siècle. La photo la montre avant ces travaux. Elle portait également le nom de porte Saint Maurice.

Document Gallica

Aujourd’hui, la porte de Roubaix a conservé autour d’elle quelques maisons d’époque bien restaurées et débarrassées des enduits « modernes ». La voie unique se dédouble pour passer sous la porte de Roubaix. Sur la photo du bas, on remarque une Simca « Vedette » à moteur 8 cylindres, premier version de 1950 au dos rond, alors que la motrice 880 pénètre dans Lille intra muros.

Photos Lille d’antan et TransLille

Dans les dernières années du siècle, le tracé est modifié et la ligne emprunte la rue Faidherbe en direction de la gare. Ici la locomotive 16 et sa remorque, venant de Roubaix, est proche de son terminus. Au fond, la gare.

Photo Translille

Les rames prennent à gauche, avant d’arriver à la gare, à hauteur de la rue des pont de Comines et traversent la place des Reignaux. Sur la deuxième photo à droite, un magnifique cabriolet traction stationne derrière une 202, et à gauche on remarque une Renault des années 20 qui stationne derrière une charrette à bras.

Photos TransLille et Collection Particulière

La voie rattrape ensuite la rue de Roubaix par l’ancienne rue de la Quenelle et poursuit sa route comme auparavant.

Remerciements aux sites cités en légende, TransLille, Lille d’Antan, Gallica, ainsi que les archives départementales.

A suivre …