Les commerçants du Lido ont tous adhéré à l’Union Commerciale du Centre, ce qui entraîne fin 1965 la formation d’un nouveau comité de commerçants de la rue de Lannoy restante avec l’unification des deux tronçons Belfort Guesde et Guesde Fraternité, soit 150 commerçants. Ainsi la rue de Lannoy a-t-elle survécu à l’amputation du début de son parcours.
Les anciens commerçants de la rue de Lannoy ont gardé tout leur savoir-faire pour l’organisation des campagnes commerciales. C’est ainsi qu’en décembre 1965, ils lancent l’opération « les dindes au champagne au Lido ». Le 1er mars 1966, à l’occasion du premier anniversaire, le géant Atlas visite le Lido, et donne le coup d’envoi des manifestations commerciales du 3 au 19 mars. Un grand concours anniversaire est lancé, « donnez votre avis sur le fonctionnement du Lido », basé sur le classement des six avantages importants du centre commercial : concentration des magasins et choix, cadre agréable, économie de temps pour les achats, magasins modernes et attractifs, pas de circulation automobile, parking attenant au centre. Nous n’avons pas trouvé le classement idéal, mais ces six critères décrivent le commerce moderne, qui anticipe bien entendu le futur Roubaix 2000.
En mars 1966, les commerçants s’expriment dans la presse. M. Gamin (au n°19 du Lido) trouve l’expérience excellente, affirme que la clientèle ancienne a suivi, et qu’une nouvelle est venue. La gare routière ELRT est toute proche, c’est un avantage, et le centre commercial présente une belle vue. Il manque toutefois une surface de stockage plus importante. M. Gazier (au n°8 du Lido) : pour les affaires, le bilan est positif, il n’y a rien de négatif dans cette opération, mais il pense déjà aux efforts pour le nouveau centre commercial. M. Duvet Dupreelle : (vice-président du Lido commerce d’ameublement) malgré un démarrage lent, nos commerces ont monté leur standing d’un cran en venant ici, mais finalement ça marche. Un point noir toutefois, l’accès difficile au Lido pour les piétons qui viennent de la rue Pierre Motte. M.Devaux (trésorier du Lido, droguerie) dit qu’il est difficile de comparer, le chiffre d’affaires est en hausse, mais les charges également. Les points forts sont la parfaite entente entre les commerçants, les magasins sont attractifs, à proximité de la bibliothèque, de la caisse d’épargne, de la mairie, de la poste. Le parking est en zone bleue, tout ça est parfait. Il faudrait cependant faciliter la traversée aux piétons de la rue Pierre Motte. M. Jankielewicz (président des commerçants du lido, vêtements) : il règne une bonne entente entre les commerçants, le bilan des affaires est positif, l’ancienne clientèle a suivi en partie, et une nouvelle est venue. Les souhaits des commerçants du Lido sont les suivants : prévoir un logement plus proche pour les commerçants, poursuivre l’éclairage tardif des vitrines, et rendre la traversée de la rue Pierre Motte plus facile.
En 1967 Le Lido se présente comme le paradis du lèche-vitrine et du shopping, et en novembre, les commerçants organisent « la farandole des automates » dans leurs vitrines, en quelque sorte, une promenade spectacle…Un grand tiercé gratuit des automates est organisé avec le patronage de Nord Éclair et de la Caisse d’épargne.
En mars 1967, les commerçants s’expriment à nouveau sur leurs affaires et la perspective du nouveau centre commercial de la rue de Lannoy. Mme Devaux (droguiste) se félicite du dynamisme et de la solidarité des commerçants du centre. L’arrivée de nouveaux locataires dans le bloc Anseele a renforcé la clientèle. La transition avec le futur centre commercial n’est pas automatique pour elle, car il faut voir les conditions financières et la situation du travail à Roubaix. Le chauffage moderne de M. Dujardin se porte bien. Le déplacement vers le centre urbain a entraîné une modification de la clientèle, on achète beaucoup moins à crédit ! Le commerçant rassure sa clientèle, les prix et l’accueil n’ont pas changé pour autant. Pour le futur centre commercial de la rue de Lannoy, n’a-t-on pas vu trop grand ? Les jeunes ne s’intéressent plus à la profession commerciale, il faut cependant de la jeunesse et du dynamisme pour un tel centre. Les établissements Blondeau (vêtements) constatent un fléchissement du pouvoir d’achat sur Roubaix, malgré un superbe équipement et le fait que les articles de qualité, bien que plus coûteux, prennent un part plus importante dans le chiffre d’affaires. Le futur centre commercial a l’avantage de regrouper tout ce que l’acheteur recherche, mais il faut voir les conditions et peut être faut-il une période transitoire pour préparer la clientèle à changer de magasins. Jean Papillon (chaussures) signale que le Lido ne fait que progresser, la formule de l’allée à piéton est un succès. Cette expérience fait école, des représentants de la ville de Metz sont venus voir. Tous les corps de métier sont représentés, cela contribue au succès. On vient au centre en famille, ce qui n’était pas le cas avant. Il manque cependant les commerces traditionnels (boucheries, épiceries, boulangeries), dont le nouveau centre de la rue de Lannoy sera pourvu. Il faut encore faciliter l’accès aux piétons, car traverser la rue Pierre Motte n’est pas une sinécure. M. Oteman (magasin le Rouet) confirme le progrès par rapport à la rue de Lannoy, mais il se plaint des charges, de la situation locale du travail, et du fait que la vie dans le nord est plus chère qu’ailleurs. La formule Lido est payante, car il y a de nouveaux clients, mais le centre n’est pas encore assez connu.