En 1866, Jules Lepers décide de créer son commerce dans le quartier de la broche de fer, situé entre Wattrelos et Herseaux en Belgique.
Ce commerce se trouve donc juste à la frontière où passe le chemin de fer qui fait un arrêt pour l’inspection douanière. De nombreux ouvriers belges passent la frontière pour venir travailler en France, car l’embauche est importante dans les entreprises textiles de Wattrelos et Roubaix.
Le commerce de Jules est donc une halte intéressante pour les frontaliers, pour le ravitaillement en denrées diverses, et en particulier le café et le tabac. Le café vert est torréfié sur place et empaqueté, les feuilles de tabac sont séchées, coupées et mélangées.
Le magasin assure un service rapide pour servir les clients. Il en est de même pour l’estaminet le jouxtant qui accueille les amateurs de bistouille.
Le commerce est immense, et comprend une cour ombragée, bordée d’un côte par la bourloire, et de l’autre côté par une succession de 6 pièces nécessaires au stockage des produits du commerce.
Le dimanche, l’établissement connait une toute autre activité. En effet, ce sont les Français qui passent la frontière pour venir se divertir. ils y viennent en tramway et descendent à l’arrêt au lieu-dit « Contour Saint Liévin ». Les Wattrelosiens, Roubaisiens et même Tourquennois apprécient les fameuses bières belges ( le Stout, la Kriek, le Gueuze Lambic ), les tartines de jambon avec de succulentes frites, et passent leur dimanche agréablement aux sons du piano, de l’accordéon et des chansons populaires. Ils profitent également de cette ambiance, en faisant une partie de cartes, de bourle ou de tir à l’arc.
Oscar Lepers, un des fils de Jules reprend le flambeau pour continuer l’activité. Oscar et son épouse ont trois enfants : Maurice, Gabrielle et Raymonde.
En 1914, la guerre éclate. Oscar y participe, l’établissement est réquisitionné par les allemands. Une période de misère s’installe alors, mais les années passent, et le plaisir de revivre, de travailler et de s’amuser revient.
Raymonde Lepers, la fille d’Oscar, se marie avec Léon Spriet, boucher à Wattrelos. La situation du commerce reste difficile en cette période d’entre deux guerres. Deux enfants naissent de leur union : Michel en 1934 et Daniel en 1936. Puis la seconde guerre mondiale éclate, la maison est à nouveau fermée pour quelques années.
Léon rentre de la guerre sans blessure fort heureusement. Il faut se réorganiser car les caisses sont vides. L’après guerre c’est le problème du ravitaillement pour les Français et les ballots de tabac qu’il faut passer à travers la surveillance des douaniers. Le magasin assure l’essentiel de l’activité de la maison, car le restaurant n’attire plus la clientèle dans l’immédiat. Il faut attendre le début des années 1950 pour retrouver quelques modestes activités culinaires.
En 1952, Léon et Raymonde aménagent une vraie salle de restaurant et ajoutent quelques spécialités à la carte : cuisses de grenouilles, escargots, anguilles etc. La clientèle revient peu à peu.
Léon est en cuisine, Raymonde en salle avec Germaine une amie et le fidèle Georges vient aider le dimanche. Les clients apprécient de plus en plus l’accueil, la qualité des plats et les prix abordables et sont fiers de faire découvrir à leurs amis, l’existence du restaurant « La Broche de Fer ».
à suivre . . .
Remerciements aux membres de la famille Spriet, pour l’édition de leur petit livret : « La Broche de Fer, une vie, une passion ».