Toute petite, j’allais déjà à la messe avec ma voisine et sa fille qui était de mon âge. J’étais bien habillée, je n’oubliais pas de prendre mon missel, je mettais des gants. Nous y allions à pied, l’église Saint Maclou était à deux pas. Nous assistions à la messe de 9 heures ou à celle de 11 heures, il y avait toujours du monde. On n’oubliait pas de prendre le petit sou pour la quête et la carte pour signaler notre présence et faire constater notre assiduité.
Puis j’ai eu l’âge de faire ma communion solennelle. Ça se faisait à l’époque, beaucoup d’enfants de 12 ans, garçons et filles, d’abord passés par le catéchisme, se préparaient pour cette cérémonie importante. Moi, j’allais chez une dame de la rue Henri Carette pour faire le catéchisme, et aussi au patronage derrière le cinéma Pax, où j’ai fait une retraite. Le mercredi des cendres, juste avant, le prêtre fit une croix sur notre front avec des cendres et nous avons du nous confesser.
Le grand jour arriva enfin. C’est par un beau dimanche de juin que je fis ma communion solennelle à l’église Saint Maclou, comme une trentaine de jeunes filles. C’était une cérémonie spéciale, car nous étions des élèves du lycée et nous sommes passés après tous les autres. On m’avait acheté une belle aube blanche chez Beuscart rue Roger Salengro, j’avais un gros cierge en main, et nous sommes entrées à la suite l’une de l’autre.
Après la cérémonie, mes parents avaient réservé pour l’occasion une salle à l’Innovation Grand Place pour un repas familial avec des amis. Nous étions près d’une trentaine dans une salle du bas de ce grand établissement. Le menu était copieux : d’abord un potage velouté accompagné d’une mousse de Turbot en gelée, puis de la langue aux champignons, ensuite du gigot pré-salé avec des flageolets à la crème, de la salade mimosa, un beau plateau de fromages, une glace baptisée Agneau Pascal, une corbeille de fruits, café liqueurs vins et champagne. Ce fut une belle fête où chacun y alla de sa petite chanson. On connaissait déjà le répertoire car ceux qui chantaient interprétaient toujours leur chanson : les Papillons de Nuits, Du gris, c’est un mauvais garçon, Primevère…
C’était au mois de juin 1963, et sans m’en rendre vraiment compte, je suis sortie de l’enfance.
Remerciements à RM pour ses souvenirs