Septembre 1901

Le journal des sports de septembre 1901

Courses à pied. La course Roubaix Lille et retour obtient un vif succès et un nombreux public suit cette épreuve pédestre. À 9 h 38 MM Clovis Carette et Bapaume donnent le départ au peloton qui s’élance sous les applaudissements de la foule. Les coureurs passent par Wasquehal, puis par les Rouges Barres et atteignent Lille où un contrôle les attend. En tête Honoré de Croix qui a mis 33 minutes de Roubaix à Lille, suivi par Wilfard d’Hem. On repart par Mons en Baroeul, le Petit Wasquehal pour atteindre Roubaix. Là, le contrôle est tenu par MM Carette et Bapaume, assistés par M. Kaltemback du Racing Club de Roubaix. Les positions sont les mêmes : Honoré remporte l’épreuve en 1 h 14 mn 15 secondes devant Wilfard à 2 minutes et le roubaisien Inghels à 3 minutes. Après la course à pied, une course de lenteur à bicyclette est organisée.

Échange sur les courses de taureaux. On trouve dans le courrier du journal une passe d’armes entre anti et pro corridas. Les arguments des anti sont les suivants : les corridas sont qualifiées de scènes scandaleuses, spectacle de cruauté, comparable à la guillotine. Le taureau comme le cheval sont des animaux domestiques que protègent la loi Grammont, laquelle n’est pas appliquée ! Et cela relève de la compétence du maire, du préfet ou du gouvernement. Il faut mettre fin à ces scènes de brutalité et de cruauté, de carnage et de sang ! Les pro répondent qu’un taureau n’est pas si domestique que cela. S’il faut supprimer les corridas qu’on supprime d’abord les exécutions capitales. Les protestations de quelques cœurs sensibles ne doivent pas priver des milliers de personnes de leur spectacle favori. Il n’y a déjà pas tant de distractions à Roubaix ! On vous laisse juges.

Le 15 septembre se déroule la grande corrida formelle avec six toros de Don Sanchez de Carreros que combattront les célèbres matadors Mazzantini et Lagartijille. Service extraordinaire de tramways, omnibus et voiturettes. Location chez Jubé 16 rue de la Gare Roubaix.

Carrousel vélocipédique. Le 29 septembre est annoncé un grand carrousel vélocipédique organisé par la société des « Ratlapant-Nul s’y frotte et Cie » établie chez M. Emile Berger rue Lacroix, à l’angle de la place de la Nation. 50 francs de prix en espèces garantis. Une prime de 10 francs à la société la plus éloignée. Le cortège se formera à deux heures avec le bienveillant concours d’une société musicale. Une retraite aux flambeaux aura lieu à sept heures du soir. Les primes et les prix seront remis chez JB Pontier cabaretier, rue de la fosse aux chênes 51. En cas de mauvais temps, le carrousel sera remis au dimanche suivant.

Vélodrome. Le nouveau programme pour la réunion du 29 septembre. Les championnats du Nord seront disputés par un lot imposant de coureurs régionaux qui s’entraînent ferme en vue de cette réunion. Dans le championnat amateur, nous pourrons applaudir Maitrot, le vaillant amateur lillois, champion du monde. Le championnat de fond sur 50 kilomètres mettra aux prises les Lepoutre, Baert, Verstraete qui auront à leur disposition un service d’entraînement mécanique bien organisé. Enfin, dans la course internationale scratch et dans le handicap nous verrons quelques excellents coureurs parisiens et belges se rencontrer avec nos meilleurs sprinters régionaux. Les engagements seront clos le jeudi 26 septembre au bureau du vélodrome, 1 rue de la gare à Roubaix.

Oscar Lepoutre lesiteducyclisme.net

Une exhibition de Garin. Début octobre on se prépare à inaugurer à l’Olympia de Paris un minuscule vélodrome d’hiver d’une circonférence de 24 mètres avec des virages relevés à 60 degrés ! Garin et Lesna sont déjà engagés pour y faire des exhibitions, y courir des matches (?) à raison de 100 francs par jour la première quinzaine. Quand le vélo devient un numéro de music hall !

Football. Pour l’ouverture de la saison, le RCR se rend à Courtrai où il rencontrera l’équipe du Sporting Club Courtraisien. Le match aura lieu sur le terrain du SCC, ferme Callens, ancien champ de courses, le long de la Lys. Coup d’envoi à trois heures précises.

La Fonderie du Tilleul

Roubaix, ville de fonderies ? On pourrait le croire, quand on compte le nombre de fonderies de toutes sortes, cuivre, fer, acier, bronze…existant sur Roubaix au début du vingtième siècle. Chaque quartier ou presque avait une fonderie : la fonderie de l’épeule, la fonderie de la fosse aux chênes, une rue des fondeurs existait même qui se trouvait à deux pas du débouché de la rue de l’Alma dans la rue de Tourcoing.

En tête de la fonderie du Tilleul Coll Particulière
En tête de la fonderie du Tilleul Coll Particulière

Le 22 mars 1921, MM Vandekerkove et Vanacker déposent une demande d’autorisation de bâtir une nouvelle fonderie, à l’angle des rues Lalande et Pierre de Roubaix. Ainsi est créée la fonderie du Tilleul, dans une partie de Roubaix déjà urbanisée, entre le Pile et le fort Despretz, à deux pas du square Destombes, et à quelques encâblures de l’hôpital de la Fraternité.

Plan de la fonderie du Tilleul AmRx
Plan de la fonderie du Tilleul AmRx

Le 7 avril 1926, cette société demande l’autorisation d’établir une salle d’ébarbage, de sableuse et garage. Bien qu’étant à proximité des usines textiles du boulevard de Mulhouse, les affaires de la fonderie du Tilleul ne vont pas bien.

La société Honoré Coll Particulière
La société Honoré Coll Particulière

En 1936, Désiré Honoré rachète la fonderie du Tilleul qui périclitait et était arrêtée. La société Honoré, c’est quatre générations investies dans la construction de métiers pour le textile. Directeur de tissage rue Nain, Désiré Honoré a créé sa propre société en 1878, dont le siège se trouve rue Bernard depuis le début. Son fils reprend une fonderie à Croix, puis la fonderie du Tilleul, son petit fils élargit la clientèle (pompes, agriculture) dans les années cinquante. L’arrière petit fils, Yves Honoré prend la direction de cette fonderie de fonte qui travaillait avec deux équipes, et qui comprenait dans sa clientèle le Peignage Amédée, et la Lainière de Roubaix, pour lesquels on produisait surtout des cardes. En 1999, la fonderie Honoré demande l’autorisation pour l’ouverture d’une grand porte donnant sur la rue Lalande, car le trafic de la rue Pierre de Roubaix est tel qu’il empêche toute manœuvre.

Vue de la fonderie Honoré Photo Google maps
Vue de la fonderie Honoré Photo Google maps

En 2009 le maire de Roubaix prend un arrêté de pollution. Certes, il peut y avoir une pollution olfactive, avec le vent d’ouest, et sans doute le bruit résultant des différentes opérations de fonderie. Après analyse, rien de probant n’est trouvé, il y avait bien du phénol, mais le sable était recyclé. Quant aux métaux lourds, la fonderie n’en générait pas plus que la circulation automobile, selon Yves Honoré. Des forages ont été effectués qui n’ont rien donné. Néanmoins, en 2009, c’est la fermeture, au grand désespoir de M. Honoré, malgré un carnet de commandes encore plein. Il est donc procédé au licenciement des quatorze personnes qui y travaillaient, ce qui est un signe de la viabilité de l’entreprise. Le site est vendu, la mairie achète pour bâtir. Le terrain de 4.000 m² de surface est nivelé et dit « friche industrielle », ce qui est inexact, au regard des analyses et de l’historique de la fermeture.

Projet immobilier sur le site
Projet immobilier sur le site Site ville de Roubaix

En 2011, le projet de lotissement au croisement des rues Lalande et Pierre-de-Roubaix, n’a pas avancé. Il faut attendre 2015 pour qu’il soit sur les rails, et présenté aux habitants lors d’une réunion publique. Si tout se passe bien, le chantier sera terminé mi-2018.

Remerciements à M. Yves Honoré pour son précieux témoignage