Foire de Roubaix (Suite 1)

En 1901, il apparaît qu’à nouveau le lieu choisi s’est avéré trop petit et qu’il a fallu l’étendre. Le champ de foire de Roubaix présente : le Cirque Vinella à l’Hippodrome, avec une grande troupe équestre gymnique, la Grande Ménagerie Mondaine belge, le Carrousel Salon, les Montagnes Russes, le Théâtre Morieux (au coin de la rue Pierre de Roubaix), l’Hippodrome de Paris (Place Colmar), l’ Hippodrome Algérien (Place de la Liberté), le Royal Bioscope (en face de la fabrique Allart), le Théâtre Moderne et le Musée Mécanique.

Et l’année suivante, nouvelle organisation : au lieu d’être placés le long du boulevard des 2 côtés de la chaussée centrale, avec leurs façades en vis à vis, les établissements forains se tournent le dos, la chaussée centrale leur servant de remise. Cette mesure a pour but de disséminer la foule afin d’éviter les regrettables cohues qui se produisent chaque année.

La foire de Roubaix en 1905 et le stand de pain d’épice et confiseries de Mme Lestienne (Documents collection privée)

Toutefois cette nouvelle disposition ne recueille pas tous les suffrages et l’on revient bien vite à l’ancienne disposition des stands, face à face des 2 côtés du terre plein central du boulevard, depuis l’Hippodrome jusqu’au pont de Wattrelos soit sur toute la longueur du boulevard Gambetta.

Foire de Roubaix en 1908 (Documents BNR)

A l’Hippodrome c’est le Grand Cirque National belge avec sa troupe de 100 artistes. Puis viennent les Gondoles Orientales ainsi que plusieurs cinématographes, des fritures, des théâtres et musées mécaniques, des hippodromes et théâtres de marionnettes, des expositions, des spectacles de Music-Hall, les montagnes russes… Le champ de foire offre une grande diversité d’amusements et d’émerveillement aux nombreux visiteurs qui parcourent ses allées.

Quelques attractions entre l’usine Motte Bossut et la fabrique Allart au début du vintième siècle (Documents BNR)
Musée à la foire en 1911 (Document Journal de Roubaix)

Dans les années 1910, les Ets Fritz se positionnent à l’entrée du champ de foire pour y proposer de délicieuses frites, mais aussi gaufres et glaces et proposent également la livraison à domicile. Les marchands de pain d’épice et de nougat prennent leurs quartiers sur la place de la Liberté. Quant aux baraques foraines multicolores : bleues, jaunes, rouges, vertes, elles s’alignent tout au long du boulevard Gambetta.

L’odeur de friture imprègne l’atmosphère et une musique enragée allant du bugle à la grosse caisse déchire les tympans. Les gens s’entassent pour mieux voir et entendre le pitre sur l’estrade. Le spectacle est varié et l’hilarité générale. Au Casino-Palace, au n° 50 bis de la Grande Rue, on engage des artistes spécialement pour la foire de Roubaix : lutteurs, comédiens, jongleurs, équilibristes …

Alignement des baraques et manèges, montagnes russes (Documents BNR)
Exemple d’acrobates et équilibristes (Documents collection privée)

Dans les années 1920, le champ de foire de la Quasimodo rassemble place de la Liberté : les Fantaisies Parisiennes, les pains d’épice et nougats Smits, les nougats Sans Rival, Yanni et Auguste ainsi que la Royale Confiserie. Pour la 1ère fois à Roubaix, s’installe le Palais Vénitien qui présente un grand choix de reproductions du Musée du Louvre ainsi que des bijoux et merveilles de Venise.

Une ducasse a lieu également, moins étendue que la foire de la Quasimodo, en septembre, soit à la même période que celle de Lille. L’affluence y est grande en partie aussi grâce au temps, bien plus clément à cette période qu’à celle de la foire d’hiver. S’y ajoutent les braderies traditionnelles des rues Pierre de Roubaix et de l’Epeule.

La foire en1924 qui commence derrière la Fontaine des Trois Grâces (Document Archives Municipales)

En 1926, la foire se pare d’un cirque au fond du boulevard, près du canal et aux manèges habituels s’ajoutent deux carrousels-salons et deux autodromes. Les illuminations y sont encore plus brillantes que les années précédentes, notamment en ce qui concerne l’allée centrale. Quant à la place de la Liberté, elle accueille ses 4 rangées de baraquements consacrés au nougat.

Ouverture de la foire en 1926 et publicité des stands de nougat (Documents Journal de Roubaix)

La foire de Roubaix, dont le succès ne se dément pas depuis sa création, évolue dans les années 1930 et les métiers, qui utilisent les tout derniers perfectionnements de la mécanique et de la science, remplacent les spectacles « pittoresques, grotesques et démantibulesques » d’antan, tout en conservant le caractère bon enfant qui fait affluer la foule tous les ans malgré le temps souvent pluvieux. Elle continue donc à faire les titres de la presse locale à la fermeture comme dès son installation.

Fermeture de la foire en 1932 et installation de la foire de Roubaix en 1939 (Document Egalité de Roubaix-Tourcoing et Journal de Roubaix)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix et à la BNR.

Foire de Roubaix

Jusqu’au 18ème siècle, la foire est un espace d’ échanges et de commerce et ce n’est qu’au siècle suivant qu’elle devient un lieu festif, essentiellement consacré au divertissement. C’est la naissance d’un phénomène social : la Fête Foraine. Les forains conçoivent leurs décors de manière à se démarquer des commerces sédentaires sans oublier les effets de lumières et les confiseries telles la barbe à papa, la noix de coco, la guimauve, les pommes d’amour et le pain d’épices…

Naissance de la foire de Roubaix en 1856 (document Indicateur de Roubaix-Tourcoing)

C’est par décret impérial du 11 août 1856 que sa majesté l’empereur accorde une foire de six jours à la ville de Roubaix, laquelle commencera le lendemain de Quasimodo, sachant que le dimanche de la Quasimodo, c’est le dimanche qui suit Pâques (on disait aussi Pâques closes). Ainsi le sonneur de cloches de Notre-Dame de Victor Hugo doit son nom au fait d’avoir été recueilli le dimanche suivant Pâques. De ce fait la foire de Roubaix va prendre le nom de Quasimodo.

L’année suivante les préparatifs vont bon train et la foire est précédée d’une cavalcade partant de la Barque d’Or, qui, le 22 mars 1857, amène dans la ville 18.000 voyageurs grâce à 10 trains spéciaux, affluence nécessitant un bataillon de soldats de la garnison de Lille pour assurer le service d’ordre.

Itinéraire et programme de la cavalcade (Documents Journal de Roubaix)

En avril 1957, la presse locale décrit l’installation de la première foire de Roubaix: des barraques pour les jeux, les amusements populaires, les exercices acrobatiques, les spectacles pittoresques mais aussi d’habiles « nécromancieus » qui prédisent l’avenir, des restaurants populaires où l’on mange des gaufres hollandaises en buvant de la bière de Louvain…

A cette époque, certains critiquent le caractère trop disséminé de la fête entre la place de la Mairie et la place Saint-Martin mais aussi la place de la Liberté. Pourtant il n’existe pas de place assez grande pour contenir toute la foire. Par ailleurs il n’est peut-être pas plus mal que les étrangers qui vont arriver pour l’événement se répandent dans toute la ville où régnera partout l’animation.

Pourtant, en 1862, la foire se tient toujours en ces 3 lieux avec une grosse variété de boutiques et de spectacles. S’ajoutent aux années précédentes un café-concert où, moyennant 20 centimes on obtient une chope de bière et la possibilité d’écouter une collection d’artistes distingués : ténors, barytons, basses, sopranos, contraltos et surtout chanteurs comiques, idée habituelle à Paris mais neuve à Roubaix.

Chansonnier du 19ème siècle (document Agoravox)
Exemple de duettistes chanteurs comiques (Document collection privée)

En 1885, un incendie se déclare sur le champ de foire occasionnant des dégâts pour de nombreux forains. La commission syndicale de la chambre des voyageurs forains effectue un classement en 3 catégories des forains les plus éprouvés afin de leur obtenir un secours. Puis chacun d’eux adresse un courrier à la mairie de Roubaix pour y relater les dommages subits. Celle-ci recueille des fonds et en établit une répartition afin d’indemniser chacun d’eux moyennant un reçu des sommes versées.

Dossier d’incendie de 1885, répartition en catégories par le syndicat, demande individuelle de chaque forain, répartition entre les forains par la mairie et reçu établi par le forain suite au versement (Document archives municipales)

Ce n’est qu’à la toute fin du 19ème siècle que le citoyen Henri Carette, maire de Roubaix, décide, en 1896, pour des raisons de sécurité publique, en raison des tramways qui sillonnent en tous sens la Grande Place, de déplacer la fête foraine. L’emplacement choisi est le terre-plein du boulevard Gambetta dans la partie comprise entre la rue de l’Union et la rue de Lannoy (actuel boulevard Leclerc) qui peut contenir l’entièreté de la foire.

Photo d’Henri Carette et extrait d’un plan de Roubaix (document Wikipedia et BNR)
Arrêté municipal de 1896 (Document BNR)

C’est un franc succès, malgré le mauvais temps, la grêle, le vent et donc la boue et les flaques, ainsi que les parapluies qui gênent la circulation piétonne. Musique, roulements de tambours et sonneries des clairons se font entendre de toute part et les théâtres ne désemplissent pas.

Ainsi celui des perroquets et des oiseaux savants attire beaucoup de curieux ; 78 artistes volatiles y assurent le spectacle : musiciens, acrobates, soldats, danseurs, vélocipédistes et « gymnasiarques » font des prodiges. Les musées d’anatomie attirent également la foule qui en ressort pourtant épouvantée…Le salon Curtius est un véritable musée Grévin où tous les personnages historiques sont représentés.

Le succès de la première Quasimodo boulevard Gambetta (document Journal de Roubaix)

Les représentations du Cirque Espagnol ont lieu à l’Hippodrome et celui-ci fait salle comble avec son très bon orchestre qui accompagne les artistes : clowns, chevaux, acrobates et même un superbe corps de ballet pour clôturer les séances. Construite en 1882, cette salle polyvalente de spectacles peut accueillir entre 1500 et 1900 spectateurs selon la configuration et dispose d’une piste et d’une scène. Le moment de la foire est celui des arts de la piste. Au théâtre Caroy le spectacle est plus axé sur les trapèzes et les équilibristes. Quant au grand Théâtre Central Américain y sont présentés jongleries indiennes et homme serpent ainsi que pyramides.

Publicité de l’hippodrome théâtre à l’époque (Document collection privée)

Représentation de l’extérieur et de l’intérieur en photo et croquis (Document blog cirk75)

Exemples d’acrobates (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix et à la BNR.

Octobre 1901

Le journal des sports d’octobre 1901

Championnats du nord. Deux nouveaux succès pour la marque de cycles Vaucanson fabriqués par MM. César Garin et Cie rue Vaucanson à Roubaix. Dutrieux, le vaillant coureur lillois acclamé par le public montait une machine Vaucanson quand il a gagné les championnats de vitesse et la Grande Internationale.

Football. La réouverture officielle de la saison de football aura bientôt lieu au Racing-Club Roubaisien, sur son terrain de la rue de Beaumont. Un match très intéressant mettra aux prises les équipes premières de l’United Sports-Club de Bruxelles et du Racing-Club Roubaisien. Les Bruxellois amèneront à Roubaix leur équipe des grands jours alors qu’au RCR il y aura quelques absences : dans la ligne des demis Léon Dubly et Edouard Bonte sont absents et la ligne d’avants comportera également plusieurs remplaçants. Néanmoins le capitaine intérimaire Lefebvre a confiance dans ses équipiers et espère sortir victorieux du match.

R C Roubaix 1902 doc AmRx

Démonstration cycliste. Chaque soir, Garin et Lesna courent des matches sur une minuscule piste de 24 mètres de tour à l’Olympia de Paris. Il paraît qu’à la fin de leur engagement, un imprésario achèterait la piste démontable et ferait une tournée en province avec les deux rivaux de Paris-Brest. Les villes sportives comme Lille, Roubaix, Lyon seraient comprises dans l’itinéraire.

Charlemont et Castérés doc coll. Particulière

Boxe. Charlemont et Castérès à Roubaix. La grande fête sportive et de bienfaisance dont l’Hippodrome de Roubaix sera dimanche prochain le théâtre, prend les proportions d’un véritable événement. C’est qu’il est rarement donné de voir les deux incontestables maîtres de la boxe, Charlemont et Castérès, figurer dans la même fête. Rien que la présence des deux champions suffirait à justifier l’enthousiasme qu’a provoqué l’annonce du brillant assaut du 20 octobre dans les milieux sportifs de notre région. À côté des deux leaders, on pourra applaudir une pléiade de spécialistes tant en boxe française qu’en boxe anglaise, parmi lesquels : Mainguet, Desruelles, Petit, Dupont, Reichel, Tilbury. Cette fête s’annonce comme un gros succès sportif dont les pauvres qui en seront les bénéficiaires n’auront pas à se plaindre. Rappelons que la location est ouverte à Roubaix : chez M. Jubé 16 rue de la Gare, à Tourcoing : chez M. Frère-Glorieux 18 rue de Lille.

La grande fête organisée à l’Hippodrome de Roubaix est placée sous la présidence de M. le docteur Butruille, président du Nord Touriste, avec comme assesseurs MM. Félix Delescluse président des sports athlétiques et Leriche président du contre de quarte. Les trois cercles de sport de la Ville seront ainsi représentés avec la participation active de Louis Ferret, président des « Sports Réunis » qui fera un assaut de boxe. L’organisateur de cette belle fête est Jean Desruelles, professeur pendant trois ans chez Charlemont, il a fondé l’Académie de boxe de Roubaix. De nombreux élèves fréquentent son établissement. Il fera avec son jeune frère, un boxeur plein d’avenir, la démonstration de la canne et de la boxe française, puis il prendra part à plusieurs assauts.

Football. Le Racing-Club Roubaisien à Roulers. Les équipes 2 et 3 du RCR préparent la réouverture du championnat en allant jouer en Belgique. L’équipe 2 gagne 6-0 et l’équipe 3 fait match nul, 1-1. Les Roulersois viendront dans six semaines à Roubaix pour les matchs retour.

Football. Le Stade Roubaisien démarre le championnat par une rencontre à domicile contre l’Iris Club Lillois. Les deux équipes se séparent sur un match nul (2-2) après un match dur et discuté. C’est un beau résultat pour les stadistes qui ont joué toute la partie à dix, un de leurs défenseurs ne s’étant pas présenté.

Le Vélodrome de Barbieux doc B N Rx

La clôture de la saison au vélodrome de Roubaix. Une grande réunion de course au profit des pauvres sera donnée le 27 octobre. Au programme une épreuve régionale pour amateurs libres où pourront s’aligner tous les coureurs non licenciés de la région. Puis ce sera le grand critérium d’automne course internationale de 2.000 mètres avec un premier prix de 200 francs. Puis pour les mateurs de demi-fond qui aiment à voir des vitesses folles accomplies derrière des engins infernaux comme les tricycles à pétrole munis de moteurs à dix chevaux, nous aurons le match Lepoutre-Dutrieux-Baert sur une distance de 25 kilomètres avec entraîneurs mécaniques et un enjeu de 600 francs. Enfin, il y aura un Handicap omnium sur une distance de cinq kilomètres où s’aligneront tous les coureurs cyclistes qui ont pris part à la réunion ; tricycles, tandems, motocycles à pétrole et les coureurs à pied. C’est la première épreuve de ce genre organisée au vélodrome roubaisien. Pour les engagements, les coureurs régionaux sont priés de s’adresser au vélodrome roubaisien de trois heures à cinq heures du soir. Tout coureur inscrit aura libre accès à la piste à partir de jeudi.

Un grand événement sportif

L’événement, c’est le match de lutte qui doit avoir lie le lundi 29 janvier 1900 à l’Hippodrome de Roubaix entre les lutteurs Nourlah et Peyrouse. Le colosse turc engagé dans la « ceinture d’or » à Paris, tombe tous ses adversaires avec une grande facilité. Sa masse prodigieuse de 154 kgs est un atout extraordinaire. Il n’a jamais été battu. Peyrouse est moins imposant mais il est un challenger intéressant. Très grand, sec et nerveux, il est capable dans un effort calculé de triompher de son adversaire, car il possède à fond la science de la lutte.

Les attractions diverses qui composent les autres parties en feront une véritable soirée de gala. La société de gymnastique l’Ancienne participe à la fête ainsi que l’excellente fanfare du centre (70 exécutants). M. Jules Vroman, chef de l’Ancienne a composé pour cette soirée un grand ballet en trois parties intitulé la Moisson. Ballet accompagné par la fanfare sous la direction de M. Albert Duhamel. Puis on prévoit une fine comédie représentant une scène de la vie militaire, un travail artistique de gymnastique et une batoude américaine (sorte de tremplin), il y en aura pour tous les goûts.

Nourlah, l’imbattable turc dessin JdeRx

Nourlah, ou Nouroula Hassan est né en 1866 à Sebournia (Bulgarie Turque). Il mesure deux mètres et pèse 155 kgs. D’une force herculéenne, il a étudié de manière approfondie la lutte et spécialement la lutte française dont il connaît toutes les finesses et qu’il pratique avec autant d’élégance que de souplesse. Venu en France pour la première fois en 1895 avec Youssouf et Kara Osman, il n’a jamais connu la défaite depuis.

Peyrouse le lion de Valence dessin JdeRx

Peyrouse dit le lion de Valence est le plus grand par la taille et le poids, de tous les lutteurs français. Il mesure 1,95 m et pèse 122 kgs. Né à Montélimar le 26 juin 1872, il a tombé tous les lutteurs du midi et a encore progressé depuis un an. Ce sera donc une vraie lutte de géants.

Nourlah a tombé successivement les plus redoutables lutteurs comme Constant le boucher, Dumont le havrais, Aimable de la Calmette, Cresté, Van den berg. D’autres ont préféré s’abstenir, comme Pons, Pytlanslovski malgré les dix mille francs de prime au défi.

Le règlement de la rencontre sera celui des championnats du monde à Paris avec interdiction des coups suivants : colliers de force, cravates, retournements de bras, crocs en jambe, torsions de doigt. L’adversaire soit être accompagné à terre ; la durée des reprises est fixée à 15 minutes. Bref, la lutte française à mains plates, dans son caractère de simplicité imposante.

Un jury impartial est composé de M. Victors directeur du Nord Sportif, Leplat du journal des sports et Damez du Vélo. L’arbitre sera M. Émile Truffaut un des sportsmen les plus compétents de notre ville.

L’hippodrome théâtre doc Coll Particulière

Les portes de l’hippodrome sont ouvertes à sept heures et demie et c’est salle comble ! Cependant Peyrouse fait défaut, empêché par la maladie. Heureusement les organisateurs ont un adversaire à opposer au turc, c’est un redoutable champion belge, Van Thys, qui a fait preuve de courage et d’une science approfondie de la lutte. Nourlah n’a pas pu en venir à bout en une reprise. Le belge avec crânerie attaque sans cesse le turc qu’il met au tapis plusieurs fois sous les applaudissements. Mais Nourlah a raison de Van Thys dès le début de la seconde reprise et lui fait toucher les épaules par un bras roulé à terre. L’arbitre siffle la fin. Le combat a duré 16 minutes et 3 secondes.

La société l’Ancienne doc AmRx

Les autres numéros ont été très appréciés : avec une réserve pour la scène militaire qui aurait pu être mieux choisie. La Fanfare du centre a ouvert avec deux morceaux bien exécutés, les mouvements ont été rendus avec une précision remarquable par les gymnastes de l’Ancienne, comme les exercices au tremplin, les luttes libres et les sauts périlleux font honneur aux gymnastes et à leur chef M. Vroman. Enfin une mention spéciale au ballet la Moisson. On a terminé avec le tirage de la tombola de l’Ancienne. Une belle soirée de gala.

Ah, l’Hippodrome Théâtre !

Le 5 novembre 1882, un nouveau théâtre, d’initiative privée, est inauguré, il s’agit de l’Hippodrome Théâtre. Il se trouvait non loin de l’emplacement occupé par l’actuelle tour du Théâtre, à côté de l’Usine Motte Bossut et des bureaux de cette société.

L’Hippodrome Théâtre Collection Médiathèque de Roubaix

Cette salle de spectacle contenait de 1500 à 1800 personnes, avec une scène d’une longueur de 25 mètres. En prolongement de la scène et séparé de cette dernière par un rideau métallique, se trouvait un grand foyer d’artistes utilisable dans les pièces à grand spectacle et au besoin comme salle de concert. Dans la partie des bâtiments affectés à l’Administration, il y avait des magasins de meubles, les bureaux de la Direction et la bibliothèque, les cabinets de coiffure, tailleurs, médecins, machinistes, foyer d’artistes, de choristes, de comparses et les loges d’artistes. Le magasin des décors comprenait un atelier de peinture, situé en dehors du théâtre et relié avec la scène par une galerie. Selon un témoin, la salle possédait sept sorties : trois en façade, deux sur les côtés, et deux à l’arrière qui donnaient dans l’ancienne rue des Longues Haies. La façade, construite quelques années après l’inauguration, était digne de celle de la Scala de Milan : colonnes en onyx du Maroc, statues représentant une danseuse et une jongleuse.

Plan de l’Hippodrome Collection Privée

L’Hippodrome Théâtre, qui avait coûté un million deux cent mille francs de l’époque, était admirablement situé sur un grand boulevard récemment créé et très passant, à deux pas de la Grand Place et de la Place de la Liberté. En effet, en 1882, on vient tout juste de reboucher l’ancienne partie du canal, ce qui procure à la ville une grande voie pénétrante, à la suite du magnifique boulevard de Paris, et du parc de Barbieux en cours de réalisation. L’Hippodrome n’aura d’égal qu’à Paris. Son architecture est remarquable, la disposition de la salle est ingénieuse moitié cirque, moitié théâtre. Ses représentations seront diversifiées, entre opérette et opéra, théâtre dramatique et comédies, vaudevilles et grands drames. Le cirque franco-belge viendra y séjourner au moment de la grande foire. Des meetings politiques, conférences, débats électoraux, s’y dérouleront aussi, devant une salle comble : Marc Sangnier, Jules Guesde, Jean Jaurès, parmi tant d’autres, viendront y prendre la parole. Les roubaisiens étaient un public de mélomanes, et ils  étaient férus de bel canto et d’art lyrique. L’Hippodrome théâtre devint donc une scène d’audience nationale, qui recevait des artistes comme Sarah Bernhardt, Cécile Sorel, Sacha Guitry. De grands musiciens vinrent y conduire des concerts, comme Camille Saint-Saens, Charles Gounod.

Programme Collection Privée

Après la seconde guerre, on tenta de le moderniser, un écran de cinéma y fut installé et l’Hippodrome théâtre devint le Capitole. On y organisa même des combats de catch ! Un dimanche de mai 1957, le rideau du Capitole théâtre tomba définitivement sur les dernières notes des Mousquetaires au Couvent. Dernière représentation, dernier spectacle. L’évolution des mœurs, le tourisme, la télévision, le cinéma ont été cités comme responsables de cette fermeture. Après une carrière longue de 80 ans, était-il impossible de poursuivre, en aménageant ?

Le Capitole Collection Privée

La société Le Capitole est dissoute le 16 avril 1964. Une compagnie d’investissements immobiliers reprend les bâtiments ainsi que le café voisin et cette surface de 2700 m² servira à la construction d’un vaste immeuble, et d’une station service au rez-de-chaussée. Ainsi disparut à jamais un des grands lieux culturels et historiques de Roubaix.