Cinquantenaire du Minck

Le marché aux poissons, appelé le Minck, est créé en 1862, place du Trichon, dans un des plus vieux quartiers de Roubaix. Tous les roubaisiens amateurs de poissons frais viennent au Minck pour y acheter du poisson à la criée. Le succès de ce marché ne se dément pas et, au début du siècle dernier, on compte 38 tables de vente.

documents collection privée

En 1912, le Minck a 50 ans. Le Comité des fêtes du quartier décide de célébrer cet événement, avec l’aide financière de la municipalité. Le Cinquantenaire du Minck a lieu les 18 19 et 20 Mai 1912. Il faut beaucoup d’ingéniosité de la part du Comité organisateur pour préparer les festivités dès le mois de Mars. Leurs efforts persévérants doivent aboutir à un succès total de cette manifestation.

Sur le document ci-dessous, on reconnait, assis de gauche à droite, Mrs Catteau, Lefebvre, Tiers, Meyer, Kerkhove et Delcambre

Le Comité des fêtes du Trichon ( document Journal de Roubaix 1912 )

Samedi 18 Mai 1912, tout est prêt. C’est l’effervescence dans tout le centre ville. Les festivités vont durer trois jours sur la place du Trichon. Dans toutes les maisons du quartier, on s’apprête à pavoiser et à décorer. De nombreux chars sont préparés pour ces fêtes originales et importantes pour la population. Les couturières se sont mises à disposition pour confectionner la robe et le manteau de la Fée du Trichon ( représentée par Emilienne Mathon ), et de la Reine de l’Industrie ( représentée par Blanche Bombecke ). Ces deux demoiselles sont deux modestes ouvrières que tout le quartier applaudira le jour de leur royauté éphémère. Leurs luxueux vêtements confectionnés sont exposés dans la vitrine de M. Potage, peintre décorateur au 9 place du Trichon.

documents Journal de Roubaix 1912

A 20h, la retraite féérique comprenant des chars avec de nombreux motifs lumineux, parcourt tout le quartier, au départ de la salle des fêtes de la rue de l’Hospice, puis défile dans la rue St Georges, la Grand Place, les rues Neuve et Sébastopol, la place du Trichon, les rues des Fleurs, des Arts, d’Inkerman, du Bois, et enfin revient rue de l’Hospice à la salle des fêtes. Pour faire bon accueil aux visiteurs, tout le quartier est paré d’ornements décoratifs : des drapeaux tricolores à toutes les fenêtres, des mâts surmontés d’oriflammes, des banderoles multicolores, des fleurs, des guirlandes et le soir d’une féerie d’illuminations.

document collection privée

Le défilé se met en route à 20h30 : des enfants avec des lanternes vénitiennes commencent l’itinéraire suivis par la fanfare des Trompettes, le char du Roi des Mers, le char à transformation La Fée, des porteurs de torches et d’autres lanternes vénitiennes terminent le cortège. La retraite lumineuse obtient un franc succès. Le cortège est accueilli chaleureusement par de vifs applaudissements. Une foule très dense entoure le Minck brillamment illuminé, orné d’une cascade du plus bel effet. Les spectateurs enchantés par cette soirée se dispersent vers 22h.

document Journal de Roubaix

Dimanche 19 Mai 1912, une braderie est organisée le dimanche matin dans la rue du Bois et la rue des Fabricants. De nombreuses manifestations ont également lieu dans le quartier : 2 courses cyclistes, l’une de 1000 mètres et l’autre de 3000 mètres, des combats de coqs, un lâcher de pigeons voyageurs.

A 11h30, les membres du comité de la fête, reçoivent dans le palais communal de la rue de l’Hospice, le roi George V d’Angleterre et le remercient pour sa présence, nouvelle preuve de l’amitié franco-anglaise. Un succulent repas est ensuite servi à de nombreux convives. Sur le document ci-dessous, A noter un clin d’oeil sympathique : la caricature de Théophile Meyer, épicier rue Jacquard et président honoraire du Comité d’organisation.

Le menu du repas proposé aux invités le 20 Mai 1912 ( document collection privée )

Après le repas, vers 14h30, Mrs Tiers, président, et Kerkhove, vice-président reçoivent Jean Lebas, maire, ainsi que ses principaux adjoints. Dans l’après midi, au square Pierre Catteau, est organisée une grande et charmante « Fête enfantine » pour une soixantaine de couples de garçons et filles, vêtus de costumes les plus divers. Beaucoup de roubaisiens font le déplacement pour contempler les évolutions de ces enfants. Les réjouissances attirent une foule considérable. Pendant ces trois jours de festivités, un concours photographique est organisé. Les épreuves doivent être envoyées au secrétaire du Comité au 21 rue du Trichon.

Lundi 20 Mai 1912 à 15h, une fête aérostatique a lieu au square Pierre Catteau. Un grand concours de ballons-pilotes ( un concours de ballonnets ) est proposé pour les enfants ; chaque enfant attache sur un ballon, une carte qui porte son nom et son adresse. L’enfant lance le ballon depuis la pelouse du square. Les distances sont ensuite calculées et les ballonnets qui ont parcouru la plus longue distance font gagner aux enfants de superbes cadeaux.

document Journal de Roubaix

A 17h30 a lieu la cérémonie du baptême du ballon Madeleine de 1200 mètres-cube. L’aérostat tout enguirlandé de roses et de feuillages décolle ensuite à 18h pour sa première ascension officielle, piloté par son propriétaire Georges Delcambre. Cette fête aérostatique de clôture connaît un grand succès. C’est une véritable réunion de famille pour les roubaisiens. Ces trois jours de festivité dans le quartier du Trichon remportent donc un immense et légitime succès populaire pour le plus grand bonheur des habitants du quartier et de tous les roubaisiens.

Le Minck sera rasé en 1950 pour raisons de vétusté et de sécurité ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : la démolition du Minck )

Remerciements aux archives municipales.

L’îlot de la Halle

Depuis des décennies, les emplacements de la rue de la Halle ont toujours été occupés par des estaminets ou des grossistes en fruits et légumes. En 1968, sur 14 maisons, on dénombre 11 grossistes et semi-grossistes en fruits légumes et 3 cafés.

Citons entre autres, quelques entreprises de l’époque : Seynave, Mathis, Divol, Florin, VandenBroeke, Valcke, VanMoer, Prevost, Tack-Boutten-Kuhn, Ferreira.

la rue de la Halle ( documents archives municipales )

Les conditions de travail sont de plus en plus difficiles pour cette activité de gros, en plein centre ville :

– La rue de la Halle est toujours très animée aux premières heures du jour et donc très bruyante

– Les problèmes de stationnement sont récurrents

– Le manque de place se fait cruellement sentir pour le stockage

– Les chariots élévateurs ont beaucoup de difficultés à manoeuvrer pour charger et décharger les camions

De ce fait, la concurrence du nouveau marché de gros de Lomme est d’autant plus vive, car certes, il est plus éloigné mais beaucoup plus facile d’accès et donc plus pratique pour les commerçants.

La ville souhaite effectuer une opération d’aménagement et de restructuration de cette partie du centre ville en Mars 1980 : rajeunir le triangle se trouvant en face de la Poste, et délimité par les rues de la Halle, Pierre Motte et par le boulevard Leclerc à savoir « l’Ilot de la Halle ».

le café de la Poste et la rue de la Halle ( document archives municipales )

Du côté du boulevard Leclerc, la Banque Populaire du Nord s’est déjà implantée à la place du café « La Rotonde ». Des bureaux sont programmés pour remplacer l’ancienne carrosserie « Van Den Hende ».

Pour la rue de la Halle, ce n’est pas une réhabilitation qui est envisagée mais un véritable curetage pour faire oublier les dents creuses correspondant aux anciens magasins de grossistes en fruits légumes, primeurs, beurre, œufs et fromages.

En 1982, les grossistes quittent la rue pour le Marché d’intérêt local du Pile rue de Valenciennes ( voir sur notre site un précédent article intitulé « Le Marché des Halles s’en va au Pile »)

document Nord Eclair 1982

Le projet initial prévoit la démolition de 22 immeubles sur les 3 rues, soit au total une superficie de 4983 m2. Sont concernés : les n° 5 au 29 rue de la Halle, les n° 10 et 12 rue Pierre Motte, et les n° 35 à 43 du boulevard Leclerc

document archives municipales

Finalement, la démolition ne concernera que la rue de la Halle et le n° 41 du boulevard Leclerc ainsi que le café de la Poste. Sur les plans ci-dessous on peut constater en effet que les 2 immeubles de gauche (grisés sur le 1er plan) ont été conservés.

document archives municipales

65 logements, bureaux et commerces sont construits par la Société d’HLM : « Le nouveau logis », pour un budget de 48 millions de francs. L’hôtel Ibis est construit à l’emplacement du café de la Poste. Les travaux s’étalent sur une durée de deux ans en 1987 et 1988.

Les travaux pendant la construction ( documents b.n.r Daniel Labbé )

 

Après l’achèvement des travaux en 1989 ( documents b.n.r Daniel Labbé )

Remerciements aux archives municipales.