P’tit Caillé

A compter des années 1930, le 128 boulevard de Fourmies à Roubaix a toujours été occupé par un commerce dédié aux métiers de bouche.

Sur le document ci-dessous, le 128 se trouve au centre des 3 commerces qui ont la même façade. ( Au loin sur la gauche, est implantée l’ancienne usine Dazin-Motte, aujourd’hui remplacée par la résidence Bernard Palissy ).

document collection privée
document collection privée

Léon Baelde y est boucher du milieu des années 1930 jusqu’au débit des années 1960. En 1966, Gérard Bacrot lui succède. Il décide de transformer complètement la façade du magasin et d’agrandir sa surface de vente, en déplacant le frigo de stockage.

Transformation de la façade ( documents archives municipales )
Transformation de l’intérieur ( documents archives municipales )

Gérard est un excellent commerçant très dynamique. Son épouse est d’ailleurs secrétaire de l’Union des Commerçants du boulevard de Fourmies. Gérard gère également une salle de réception rue Henri Regnault, et l’Hostellerie « La Huchette » à Mouvaux.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Dans les années 1970, la boucherie charcuterie est tenue par Jean Decock avant d’être reprise par J.C Lorio, un traiteur et commerçant en volailles et gibiers.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Claude Coffigniez crée dans ce commerce, sa fromagerie en Avril 1987. Il y vend un très grand choix de fromages de toutes régions, propose la confection de plateaux personnalisés de fromages pour repas de familles, un rayon épicerie fine, des paniers garnis et de nombreuses idées cadeaux.

la façade ( document archives municipales )
document Nord Eclair

Claude Coffigniez et son épouse, Marie-Claude, font partie de l’association : « Amis fromagers des Hauts de France » qui a pour objectif de faire découvrir en particulier, tous les fromages au lait cru. Marie-Claude a l’immense honneur d’être revêtue de la parure confrérique en gage de ses bons services.

Marie Claude Coffigniez derrière le comptoir ou est posé le panonceau d’argent : Amis fromagers des Hauts de France, décerné en 1993 ( document Nord Eclair )

Claude Coffigniez prend sa retraite en Juin 2010 et cède la fromagerie à Virginie Duhautois et Emmanuel Votte. qui souhaitent changer de voie professionnelle. L’acte de cession signé, ils peuvent alors démarrer d’importants travaux d’aménagement : La porte d’entrée du magasin se trouve maintenant à gauche. Le traditionnel comptoir de vente est supprimé. A droite, est installée une superbe vitrine réfrigérée où sont présentés les fromages. A gauche, une large et haute étagère reçoit des produits d’épicerie fine. Cette disposition originale permet un emplacement libre au centre du magasin pour un accueil plus chaleureux et convivial de la clientèle. Les travaux se terminent et le magasin baptisé « Le P’tit caillé » ouvre ses portes en Novembre 2010.

Virginie et Emmanuel ( document Nord Eclair )

Virginie et Emmanuel continuent de proposer les plateaux personnalisés de fromages, vendent également des produits de crémerie : yaourts, lait, œufs, et développent des produits de charcuterie indispensables pour le fromage à raclette. Le midi, la présence de nombreuses entreprises locales, leur permet de vendre des sandwichs divers aux salariés.

document P’tit Caillé

Les affaires fonctionnent correctement. En 2010, Virginie et Emmanuel gèrent la seule fromagerie roubaisienne ! Les clients viennent parfois de très loin, pour pouvoir acheter des fromages exceptionnels ; des classiques bien sûr (environ 120 différents), mais également des découvertes parmi les nouveautés.

Virginie s’occupe des achats. À force de fréquenter les salons spécialisés, elle a noué des liens avec certains fournisseurs. Elle aime travailler les produits locaux. Ses chèvres proviennent de Framecourt, les yaourts, le beurre, la crème ou le fromage blanc de la Ferme des Anneaux, à Avelin etc . . .

Edouard Philippe devant la façade de la crémerie du P’tit caillé ( document Nord Eclair )

Le 29 Aout 2019, Virginie et Emmanuel reçoivent la visite du premier ministre ! Edouard Philippe vient-il faire ses courses, boulevard de Fourmies ? Non ! Accompagné de la ministre d’État à la Transition écologique, Élisabeth Borne et de sa secrétaire d’État, Brune Poirson, il vient rencontrer dans notre ville, plusieurs acteurs engagés dans la lutte contre le gaspillage.

Edouard Philippe premier ministre, Guillaume Delbarre maire de Roubaix et Virginie ( document Nord Eclair )

Édouard Philippe veut montrer que l’écologie est une priorité pour le gouvernement et salue «  l’énergie, l’enthousiasme et l’inventivité » des roubaisiens, en ce qui concerne le zéro-déchet, comme les sacs plastiques du P’tit caillé, entièrement recyclables.

Virginie Votte ( document Nord Eclair )

Virginie est toujours fidèle au poste dans son magasin, pour recevoir et servir les clients. Emmanuel, quant à lui, dans son laboratoire à l’arrière, prépare les sandwichs le midi à la demande. De plus grâce à son esprit créatif, il transforme certains fromages, comme le brie farci au poivre, à la moutarde, aux raisins trempés et noix grillées. En charcuterie il se spécialise en pancetta maison, et produit même un dessert : le far maison breton.

Depuis près d’un siècle, le commerce du 128 boulevard de Fourmies a toujours été occupé par un commerce alimentaire. Aujourd’hui, la fromagerie P’tit Caillé est emblématique de cette grande avenue commerçante.

Remerciements à Virginie et Emmanuel Votte, ainsi qu’aux archives municipales.

La Florentine

A peine le boulevard de Fourmies est-il ouvert, qu’est déposée en 1896 une demande de permis de construire pour un bâtiment à usage de commerce. Il s’agit d’un estaminet, au numéro 77, dont  le tenancier est M. Plankaert, de 1901 à 1926. Lui succèdent en 1927 MM. Delerue, et Sergheraert en 1929. A la suite de la renumérotation du boulevard, l’estaminet devient le 135 en 1934. M. Dourcin le reprend en 1939.

La demande de permis de construire – la porte est au centre de la vitrine -document archives municipales

Après guerre, le commerce devient une boulangerie,  alors qu’au même moment, s’installe juste en face une boulangerie concurrente, au 132, laquelle est tenue par le pâtissier Fassin, à l’emplacement d’un ancien magasin de lingerie. Une photo nous montre la future boulangerie avant sa conversion, sur laquelle on voit que la vitrine est toujours conforme au plan de 1896,  avec sa porte centrale.

Le magasin. Au fond l’usine Dazin-Motte et la place du Travail – Photo collection Bernard Thiebaut

On note que la boulangerie est tenue en 1953 par M. Routier, puis par M.Henou en1961. En 1977, Joseph Guesquière, le nouveau boulanger, demande un permis de construire pour aménager le magasin. On remarque sur le plan que l’état « avant travaux » est différent de celui de 1896 : la porte du magasin est maintenant placée à gauche de la vitrine. Les travaux projetés nous montrent l’état actuel de la boulangerie, avec la porte d’entrée élargie et replacée au centre.

Les états antérieur et projeté. Document archives municipales.

M. Guesquière tiendra la boulangerie quelques années, jusqu’à l’arrivée de Patrick et Pascale Hermand, venus de l’Avesnois où ils exerçaient depuis 1962, et qui gèreront la Florentine de 1990 jusqu’en 2002. Ils lui donneront une grande expansion grâce à leur pâtisserie fine, renommée en particulier chez les amateurs de chocolat. Après leur départ pour Lille, où ils ouvrent des commerces dans le vieux Lille et dans le quartier de Wazemmes, on assiste en 2002 à l’arrivée  de Marlène et Eric Morin, venant de Villeneuve d’Ascq où ils exploitaient  une première affaire depuis 1995. Ils conservent à la Florentine sa tradition de qualité, appréciée de la clientèle. Leur établissement emploie vingt-cinq personnes, dont six apprentis. Ce commerce aura fait preuve depuis l’origine d’une belle stabilité : estaminet pendant plus de 50 ans puis boulangerie-pâtisserie pendant un temps au moins égal ; on peut assurer que rien ne laisse présager de sa fin !

Document Hermand

Les projets de M. Jaune

En 1897, le plan de Roubaix ne montre aucune construction à l’angle du Boulevard de Fourmies nouvellement tracé et du chemin vicinal numéro 2 de Roubaix à Hem, qui va bientôt devenir la rue Linné. La construction va démarrer rapidement. La même année, une demande de permis est déposée pour le n°103, par M. Braco, qui est signalée comme estaminet en 1906 dans le Ravet Anceau…

FourmiesI165-Pl1926-96dpiUn des projets de M. Jaune Archives Municipales de Roubaix

En 1920, on trouve au n° 105, une maison au nom de M. Donat-Delereux, mais à partir de 1922, c’est M. Jaune, brocanteur qui figure à cette adresse. Il devient ensuite quincaillier de 1925 à 1929. Pour ce changement, Narcisse Jaune a officiellement fait en 1924 la demande de construction d’un magasin. Mais il change d’avis l’année suivante, et demande à faire bâtir un immeuble de trois étages. Il se ravise en 1926 et demande alors l’autorisation de construire d’un magasin au lieu de l’immeuble projeté.

Fourmies-I163-171-Plan-96dpiEn bleu sur le plan l’ancien tracé de la rue Linné, et en rose celui de la nouvelle avenue.

A l’occasion de l’alignement de la rue Linné qui va ainsi accéder au statut d’avenue, la propriété de M. Jaune doit être amputée d’un bout de terrain. Le plan de cette opération date de 1925 et l’on aperçoit que sa propriété s’étend jusqu’à l’angle de la rue Linné et de la place de l’Avenir (qui deviendra ensuite la place Spriet). En bleu sur le plan l’ancien tracé de la rue Linné, et en rose celui de la nouvelle avenue.

Cette période de travaux inspire sans doute à Narcisse Jaune quelques projets supplémentaires : transformer la façade de sa maison, et la faire recouvrir de ciment, construire un hangar pour stocker du bois dans sa cour, ainsi qu’une pièce supplémentaire. Quelle frénésie !

FourmiesI165-Modif1927-Pl-96dpi

Narcisse Jaune possède donc en 1925 une parcelle comprenant les n°105, 107 et 109. Ce constructeur infatigable demande encore en 1927 à faire des modifications intérieures à son immeuble qui est en fait un café, et voudrait aussi obtenir l’autorisation de construire une maison à usage de commerce sur son terrain, au 109. Une maison apparaît effectivement à cette adresse dans Ravet-Anceau à partir de 1932.

FourmiesI169-1927-Pl-96dpi

En juin 1927, M. Lerouge, (ça ne s’invente pas !) demande l’autorisation de construire au numéro 111 un immeuble, celui de la de pharmacie de l’Avenir. Une partie du terrain de M. Jaune a donc été cédée. En 1932, le commerce de Narcisse Jaune n’est plus un café, mais un magasin de meubles sis au n°105…

Une renumérotation a lieu en 1935. Le n°105 devient n°165. Le magasin de meubles apparaît en 1939 aux n°163-165. Après guerre, en 1955, on retrouve un E. Jaune, toujours aux n°163 et 165, sans autre précision, puis une alimentation générale s’installe au n°167, et un marchand de cycles au n°167 bis…

Documents Archives municipales, photos JPM

De Ternynck à Damart

353_001

Photo Collection particulière

La société Damart s’installe sur le site de l’usine Ternynck à la fin des années 50, et prolonge le bâtiment de la filature vers le Boulevard de Fourmies. Le site abrite les services des expéditions, (la majorité des ventes se faisant par correspondance), qui emploient à cette époque 200 personnes. Le nom de Damart vient du fait que les Etablissements Despature étaient installés à l’angle de la rue Dammartin et du boulevard de Paris. Damart est, à l’époque, renommé pour ses sous-vêtements dont le succès est dû à la fibre « thermolactyl » utilisée.

En 1960, Nord Matin et La Voix du Nord relatent la remise du diplôme « Prestige de la France » à Damart-Thermolactyl, rue David Dangers. A ce moment, le directeur général de l’entreprise est Jules Despatures. Joseph et Paul Despatures dirigent également. Lors de la cérémonie, des médailles du travail sont remises à 22 employés, dont le plus ancien avait 51 ans de présence dans l’entreprise.

Une grande partie des personnalités qui participaient à cette cérémonie ont fait le trajet Orly-Lesquin dans une Caravelle spécialement affrétée par Damart. Des motards ouvraient la route aux voitures officielles entre Lesquin et Roubaix. Après le cocktail servi dans l’entreprise, les personnalités se rendirent au Grand Hôtel, où un déjeuner leur fut servi, avant de reprendre leur vol jusqu’à Paris.

Un appel à vos souvenirs : Damart commercialisait dans les années 60 sous le nom de « Buimassor », un appareil destiné au massage et garni de boules en buis :

Le Buimassor – Photo coll. Particulière

Quelqu’un a-t-il utilisé cet appareil ? Avez vous des souvenirs relatifs à ces évènements ou à cette entreprise ? À vos claviers !

Visite d’un appartement

J’habitais le bâtiment trois à l’angle de l’avenue Motte et de la rue Rubens, l’entrée était tout au bord de la rue Rubens, on y accédait par un escalier qui tournait, mais on aurait pu y mettre un ascenseur, c’était très grand au milieu et tout ouvragé avec des rampes en fer forgé…

On entrait dans l’appartement par un couloir, et il y avait trois chambres qui faisaient au moins 10 m² chacune. On entrait et il y avait immédiatement l’accès à deux chambres dans l’entrée, et la troisième porte donnait dans le séjour. Il n’y avait pas de salle de bains, on l’a faite après, il y avait une petite cuisine, avec un évier, le gaz qui était sur le côté. Dans le séjour, il y avait une cheminée avec un feu à charbon, car il n’y avait pas de chauffage central. Par la cuisine on accédait à un balcon suspendu qui était très grand et où il y avait les toilettes, et le vide-ordures qui était là au bord du balcon. J’ai connu ça jusqu’en 1965, on était cinq à vivre là, mais les chambres étaient suffisamment grandes, je dormais dans la même chambre que ma sœur.

hbm
Cour et balcons d’un immeuble HBM Photo Nord Eclair

Pas de travaux, jusqu’à ce que ma mère quitte l’appartement, on a juste changé le carrelage, c’étaient des dalles noires et blanches, qu’ils ont changé dans les années soixante dix. Par contre dans les appartements qui ont été démolis, les carrelages étaient rouges et blancs. Ça m’impressionnait quand j’y allais, j’avais une amie là, je trouvais que c’était beau, et dans les entrées aussi, les montées d’escalier, c’était du carrelage avec des rampes en fer forgé.

Les chambres au sol, c’était du parquet, et les murs c’était en brique avec du plâtre, on pouvait mettre des tableaux, on mettait du papier peint dont on coupait la bordure de gauche, pour le chevauchement. On avait acheté le papier chez Hourez, rue de l’épeule, les plus grands fournisseurs de Roubaix.

L’appartement n’était pas bruyant, c’était bien isolé, bien qu’il n’y ait pas de double vitrage. Je me souviens, comme on n’avait pas de chauffage central, on tirait les rideaux qui collaient aux carreaux. On avait une cheminée avec un feu continu au charbon, et on en faisait provision pendant l’été, c’était moins cher. Après on a eu un poêle à mazout.

La chambre la plus éloignée du feu, donc la plus froide, c’était celle des parents…Dans le séjour, il y avait la cheminée, et on avait deux fauteuils de chaque côté, un bahut, une petite commode et puis la table et les chaises au milieu. Les meubles avaient été fabriqués par un ébéniste de la rue de Lannoy. Pour les chambres d’enfant, on était allés chez Cavalier, rue de Lannoy. La radio était sur la commode, on écoutait la famille Duraton.  En 1960, on a eu la télé, surtout pour avoir des nouvelles d’Algérie, où les jeunes étaient partis faire la guerre. Chaque appartement avait son antenne.

Chaque chambre avait un lit et une armoire, il n’y avait pas de placards. Dans la cuisine, il n’y avait pas de meubles, l’évier était presque contre le mur, car il y avait les descentes d’eau. On avait une belle fenêtre, et on mettait la table et les chaises pour déjeuner le matin. Il y avait la gazinière, une petite armoire et aussi une étagère sur le mur. On avait le garde manger sur le balcon, il n’y avait pas de frigo, les jours d’été, il y avait les marchands de glace, qui livraient des blocs. Les gamins allaient aussi chercher des glaces à Monsieur Léon et son triporteur, mais c’étaient des crèmes glacées. Quand les enfants étaient dans la cour intérieure du bâtiment, on pouvait les surveiller de la cuisine. Le sol du balcon, c’était comme du béton, et on pouvait faire couler l’eau, c’était un balcon fonctionnel. Pour l’époque c’était bien, avec le vide-ordures qui se trouvait là. Les gens faisaient attention à leur voisinage, on mettait les ordures dans les journaux, les éboueurs passaient une fois par semaine. C’était un service de la ville. Ils venaient avec un camion découvert, des pelles et des fourches pour ramasser les ordures.

Chaque appartement avait une grande cave et on y stockait le charbon de chez Sergeraert, le charbonnier du quartier, qui se trouvait là où il y a une pagode maintenant, rue Horace Vernet. Pour certains, c’était dur, quatre étages pour monter le charbon ! Après, dans les années quatre-vingt, il y a eu le chauffage individuel.

Après la guerre, les gens ont voulu du moderne. D’abord la salle de bains, puis le chauffage… Après ils ont remplacé le carrelage, en 1978, le parquet était usé aussi… Ces appartements n’étaient pas très pratiques, on devait traverser le séjour pour aller dans les chambres, on vivait beaucoup dans la cuisine. Dans les appartements qui faisaient l’angle, il n’y avait pas de pièce pour la cuisine, c’était la cuisine américaine, intégrée dans le séjour. On s’est fait un coin douche parfois…

Il y avait un toit terrasse. Pour y accéder, on ouvrait une trappe au dernier étage. Pour la course Paris Roubaix, les locataires montaient sur cette terrasse pour être aux premières loges, car l’avenue Motte regorgeait de monde. On était sur plusieurs rangs, on se pressait contre les barrières, ou on venait avec son escabeau.

Texte Christiane

La teinturerie Burel

Facture

Document Médiathèque de Roubaix

Le terrain délimité par le Boulevard de Fourmies, le fond des maisons construites le long de l’avenue Motte, la rue Mignard et la rue Horace Vernet abritait, depuis l’entre deux guerres, une usine de teinture à façon. Cette activité avait été créée par M. Camille Burel, ingénieur de l’Ecole Centrale, d’abord rue du Moulin en 1912, puis transférée en 1928 au boulevard de Fourmies. Après la seconde guerre, la teinturerie a été rachetée par M. Rémi Silvio Volpi, industriel parisien. En 1973, l’un de ses fils, Sylvain, en prend la direction.

Usine Burel-Pl4

Document Archives Municipales

Dans les années soixante, la société Burel a employé jusqu’à deux cent quarante personnes. Puis, à partir des années 1970, face aux difficultés d’une partie de sa clientèle, elle s’est trouvée elle-même en position difficile. Il a fallu alors arrêter en 1977 une partie des activités (teinture sur écheveaux et sur bobines). M. Volpi fils a décidé de vendre tout le terrain du boulevard de Fourmies et de se réimplanter dans les bâtiments de la teinturerie Leclercq-Dupire à Wattrelos, boulevard Mendès France, pour n’y plus teindre que du coton « en pièces », activité moins menacée alors.

Le terrain et les bâtiments de la teinture devenus libres sont alors rachetés par la société Ferrret-Savinel pour y construire un lotissement.

Nous tenons à remercier Laurent Volpi pour le témoignage qu’il a bien voulu nous fournir sur ce sujet.

Le Lotissement Ferret-Savinel, allée Rembrandt

En 1979, l’entreprise immobilière Ferret-Savinel achète, en deux temps, la totalité de l’emprise de la teinturerie Burel : d’abord douze mille quatre cents m2, y compris l’entrée de l’usine et la maison du concierge, en front à rue du Boulevard de Fourmies. Puis dans un second temps le reste de l’usine (deux mille m² de bâtiment, le long de la rue Mignard). Un dossier de demande de permis de construire concernant cinquante-cinq logements individuels est présenté par Ferret-Savinel le 17 Août de cette année.

PartageUsineBurel
Plan usine Burel doc AmRx

Mille huit cent m² d’espaces verts sont prévus, ainsi qu’un chemin piétonnier (maintenant allée Rembrandt), qui devait mettre en relation directe les commerces du boulevard de Fourmies et les maisons individuelles de l’autre côté de la rue Mignard. Cette zone, s’insère entre le bâtiment collectif construit face au Boulevard de Fourmies, les maisons situées le long de l’avenue Motte, la rue Mignard et le fond de l’ancien bâtiment industriel Motte, actuellement occupé par un garage Citroën.

LotissementFerretSavinel
Lotissement Ferret Savinel vue IGN

Les maisons sont construites (la majorité à 5 pièces, et quelques unes à quatre) sur 4 niveaux (RdC bas et haut, 1er et 2eme étage). Pour varier l’aspect des constructions, il est prévu différents plans de façades, de faire varier les couleurs des murs et les types de couverture. Sont également prévus des garages intégrés aux habitations et des places de stationnement. Les habitants du lotissement y accèdent par l’ancienne entrée de l’usine, ouvrant sur le Boulevard de Fourmies.

Plan1Petit
Plan Petit doc AmRx

Il faut remarquer que les plantations tiennent encore une place non négligeable dans le lotissement et que le passage piétonnier, transformé en allée de circulation intérieure, est maintenant fermé par une grille rrettélécommandée par les habitants, sans doute pour sécuriser les accès. Signe des temps ?

 

 
 

Le Boulevard de Fourmies en 1930

Le boulevard de Fourmies des années trente CP Méd Rx

Cette carte postale représente le boulevard entre 1930 et 1950, vu en direction de la place du Travail. On y voit la filature Dazin-Motte, surmontée d’une tour. Sur son emplacement se trouve aujourd’hui la résidence Palissy. En se rapprochant, on découvre successivement la rue Puget puis la rue Carpeaux et, au premier plan la rue David d’Angers.

On assiste à une première vague de construction dans les années 1890, lors de l’ouverture du boulevard : d’abord les usines s’implantent, puis les premières maisons particulières et quelques commerces. La majorité des constructions actuelles sont en place à partir de 1925. En particulier, on compte à cette époque 10 estaminets entre la rue Messonnier et l’avenue Linné : ce nombre est lié à la présence de trois grosses entreprises dans cette zone.

Le Ravet Anceau nous permet d’identifier les commerçants avec, de gauche à droite : la mercerie Lassou, l’estaminet de Mme Desreumaux (puis Derache-Planquaert), la boucherie-charcuterie Baelde, l’épicerie Brouwers transformée avant 1939 en droguerie, le marchand de chaussures Degeldère, la mercerie Willaumez, le bureau de tabac Horent (Vanneste par la suite). Après la rue Carpeaux, la boucherie Belpaume, et après la rue Puget, l’estaminet Deleporte repris avant la guerre par le marchand de meubles Leblanc.

Le tramway visible sur l’image, emprunte la ligne D (Mouvaux – Bd de Fourmies par la place de Roubaix). Cette ligne avait son terminus devant les ensembles HBM, à la limite de l’avenue Motte.

Tout n’est donc pas encore bâti ; on voit bien sur la photo qu’il reste des «vides» côté impair, mais en ce qui concerne les bâtiments existants à l’époque, on retrouve aujourd’hui les constructions d’alors :

 

Le détail

Ce montage montre bien que les constructions sont les mêmes bien que les façades de magasins aient changé. Le café du coin s’est agrandi d’une terrasse couverte, la boucherie comporte maintenant un garage surmonté d’un étage, la boucherie au coin de la rue Carpeaux s’est trouvée augmentée d’un bâtiment bas qui n’existait pas à l’époque.

Si cette vue du temps passé vous suggère des commentaires, n’hésitez pas à les placer ici ; toute contribution est la bienvenue, car elle permet d’enrichir la mémoire du quartier.

Les débuts du Nouveau Roubaix

hcnv
Le Nouveau Roubaix en 1919 doc AmRx

Traces de campagne

Une rangée de petites maisons de journaliers marque encore l’ancien tracé de la petite rue placé en retrait de l’actuelle avenue. En 1906, la petite rue Linné mène à Hem en partant de la rue Paul Wante. Elle devient l’avenue Linné et rejoint le boulevard de Fourmies. C’est pour ainsi dire la première frontière du futur quartier du Nouveau Roubaix. On peut encore apercevoir l‘ancien alignement de la rue, car ces petites maisons existent encore, l’une d’elles s’est transformée en café de la Poste.

linne2color
Une choque de maisons de l’ancienne rue Linné doc NE

Une école entre ville et campagne

C’est sous le mandat d’Henri Carrette, en 1898, que fut décidée la construction de la future école primaire à laquelle on donnera après la première guerre mondiale, le nom de Léon Marlot, jeune résistant tombé sous les balles allemandes. Ce groupe scolaire  forme l’angle de l’avenue Linné et de la future rue Jean Macé. Il faudra dix ans pour que ce projet aboutisse et soit réalisé par l’architecte Paul Destombes. En 1908, cette école fait encore face à des terres agricoles.

ecoleLinne
Le groupe scolaire de l’avenue Linné CP Méd Rx

Des terrains libres

En 1919, après la place du Travail, le long du récent boulevard de Fourmies, il y a principalement des entreprises. La rue Ingres est inachevée, mais le groupe scolaire de l’avenue Linné existe déjà, avec une vue sur des terrains vagues ou des champs. Seuls vestiges des anciens chemins, l’avenue Linné, autrement dénommée chemin d’intérêt commun n°118, dans sa partie vers Hem. Cependant l’avenir est déjà tracé : un long boulevard préfigure la nouvelle ceinture de Roubaix, l’avenue des Villas et le boulevard industriel, dont une partie a été rebaptisée avenue Alfred Motte. L’usine de velours Motte Bossut existe déjà depuis 1903, l’usine Dazin-Motte ouvre le boulevard de Fourmies, et le développement industriel s’annonce avec un projet de chemin de fer. La Municipalité de Roubaix, sous l’impulsion de Jean Lebas, va démarrer un grand chantier d’habitat social sur les vastes terrains agricoles exploités dans le passé par les censiers des fermes de la Haye et de Gourguemez.

fourmies
En tête de lettre de l’usine Dazin Motte doc AmRx