On fait de la place au Trichon

Après la révolution, la place du Trichon se trouve à l’extrémité de la ville à laquelle elle est reliée par la rue du bois et la rue du grand chemin. L’agglomération est prête à englober les fermes présentes à sa limite. Plus loin, les voies se perdent dans la campagne.

Plan cadastral 1805 – document archives municipales
Plan cadastral 1805 – document archives municipales

Ouvertures de rues et constructions se multiplient rapidement avec l’extension de la ville. La place, qui devient un nœud de communications important, n’est alors qu’un vague élargissement de la rue du bois entre le riez du Trichon et l’intersection du chemin du même nom. Il va falloir l’agrandir pour faciliter la circulation.

Plan cadastral de 1845 – archives municipales
Plan cadastral de 1845 – archives municipales

La place étant resserrée entre les habitations, il faut exproprier. D’autant qu’au début des années 1860, on projette d’y installer le marché aux poissons : l’espace est de plus en plus compté. Il faut prévoir de nouveaux alignements au détriment des constructions existantes, et, en particulier, tout un ensemble de maisons qui encombrent le centre de la place telle qu’on l’envisage.

Photo 1953 – en incrustation la situation de 1826 - documents archives municipales
Photo 1953 – en incrustation la situation de 1826 – documents archives municipales

Une première série de démolitions permet d’agrandir la place et de construire le Minck. Mais il reste un bloc d’habitations formant un triangle, propriété d’Auguste Tiers, le fermier du Trichon. Ces bâtiments empiétant sur la place, gênent l’accès à la rue du Trichon et à la rue Rémy Cooghe. On décide de les exproprier en 1867.

Situation en 1867 après construction du Minck – documents archives municipales
Situation en 1867 après construction du Minck – documents archives municipales

Ce bloc est constitué d’un certain nombre de logements sans étages, peut être aménagés sur des bâtiments dépendants de la ferme, ou bien encore un lotissement construit par M. Tiers sur ses terres. On remarque en haut à gauche sur le plan l’édicule des « lieux » situés dans la cour et partagés entre les différentes maisons.

Plan des propriétés Tiers à démolir – document archives municipales
Plan des propriétés Tiers à démolir – document archives municipales

La suppression de ces constructions permettra un accès plus aisé, et l’expropriation est décidée par le tribunal en avril 1867. On nomme l’architecte Emile Barbotin comme expert pour procéder au mesurage des parcelles concernées. Elles représentent près de 400 mètres carrés.

Sur la photo, les personnages du premier plan se trouvent sur l’emplacement du bloc exproprié.

document médiathèque de Roubaix
document médiathèque de Roubaix

Mais ce n’est pas terminé : on rectifie l’alignement côté gauche de la place en venant de la rue des fleurs (aujourd’hui rue Émile Cooghe) au début des années 1880. Ces opérations seront faites au détriment des propriétés de MM. Prouvost-Screpel, Delobel-Barrot, et Desrousseaux-Defrenne.

Auguste Tiers n’est pas au bout de ses peines : en 1888, il est condamné à démolir un mur qu’il vient de faire construire le long de la place, et frappé d »alignement… La vieille cense est réduite à peu de choses à cette époque : le plan cadastral de 1884 nous montre en vert les bâtiments subsistants de la ferme, en magenta l’immeuble construit sur l’emplacement du reste.

Plan cadastral 1884- Document archives municipales
Plan cadastral 1884- Document archives municipales