Chapelle Sainte Thérèse (Suite)

C’est en 1962 que, la chapelle étant pourvue d’un chapelain, Pierre Lefebvre, qui assure les services religieux, Monseigneur Dupont, évêque auxiliaire de Lille, bénit le maître autel de la chapelle Sainte Thérèse. Au 1er rang de l’assistance fort nombreuse se trouvent Mr et Mme Philippe Leclercq-Lestienne, ainsi que Mr et Mme Jean Leplat, le maire de la commune et son épouse.

En 1966, le chanoine Pierre Lefebvre décède brutalement et, après une veillée de prières dans la Chapelle, ses funérailles sont célébrées à l’église Saint-Corneille.

Bénédiction du maître autel en 1962 (Document Nord-Eclair)

En 1967, c’est le mariage de la fille du fondateur de la chapelle, Anne Leclercq avec Louis Lepoutre, qui y est célébré par Mgr Henri Dupont, évêque auxiliaire de Lille, assisté du chanoine Denis Callens et de l’abbé Georges Leurent de Saint-Corneille. Mme Motte, harpiste, et René Courdent, organiste interprètent les œuvres choisies pour la cérémonie.

Le mariage Lepoutre-Leclercq en 1967 (Document Nord-Eclair)

Puis se déroule, en 1968, le dixième anniversaire de la chapelle, et, à cette occasion, le cardinal Lienart y est accueilli au son de la Fanfare Saint-Corneille, afin d’y célébrer la messe, assisté des chanoines Decourtray et Callens, en présence de Mr et Mme Philippe Leclercq-Lestienne et toute leur famille. Les chants sont interprétés par la chorale Saint-Corneille sous la direction de Mr Moerman et accompagnés à l’orgue par René Courdent.

Célébration de la messe pour le dixième anniversaire en 1968 (Document Nord-Eclair)

En 1970, le culte catholique est toujours célébré dans la chapelle, 2 fois par semaine à savoir les samedi à 18h30 et dimanche à 8h30. Vers la fin des années 1980, la chapelle, qui peut accueillir jusqu’à 200 fidèles, voit encore célébrer par l’abbé Jean Housez, de la paroisse Saint-Corneille, une messe hebdomadaire le samedi à 18h30.

Régulièrement des animations s’y déroulent. Ainsi en 1975, le Choeur des Enfants de Paris, en tournée en Belgique et en Hollande, décide de fêter la Toussaint à la chapelle Sainte Thérèse à Hem en y animant la messe anticipée du 31 octobre à 18h30. Ce choeur, composé d’une trentaine de jeunes garçons, et spécialisé dans la musique chorale classique et contemporaine a déjà fait des tournées aux Etats-Unis, en Allemagne, Autriche, Italie et Afrique du Sud.

Choeur des enfants de Paris à Hem (Document Nord-Eclair)

La même année les Rossignolets de Roubaix viennent animer la première messe dominicale de 18h30 célébrée par l’abbé Bogaert. Et l’année suivante c’est un récital orgue et chant qui anime la chapelle : à l’orgue Jeanne Joulain professeur au conservatoire de Lille et organiste à Saint-Maurice à Lille, au chant le baryton Jacques Herbillon, professeur au conservatoire de Lille.

Rossignolets de Roubaix (Document Nord-Eclair)
Récital Orgue et chant (Document Nord-Eclair)

Depuis 1981, la chapelle appartient à l’évêché de Lille auquel la famille Leclercq l’a cédée. 10 ans plus tard c’est le père René Wittouk qui gère le lieu devenue une aumônerie d’artistes avec Reliance d’artistes. La chapelle fonctionne toujours en tant que lieu de culte avec, à côté, dans une partie du béguinage, un atelier réservé aux artistes et expositions, et des concerts y sont régulièrement organisés, pour demeurer fidèle à l’esprit qui a présidé à sa création : à la fois spirituel et artistique. Ainsi Reliance d’artistes anime l’office mensuel qui y a lieu en plus des messes hebdomadaires.

R Wittouck et Régis Degraeve de Reliance d’artistes (Document Historihem)

Depuis février 1995, le mobilier et le campanile sont classés au titre des monuments historiques. En 2012, c’est la chapelle dans son ensemble qui est classée par Frédéric Mitterrand, l’édifice étant alors reconnu pour sa place dans l’histoire de l’art et de l’architecture sacrée du XXème siècle.

Au début des années 2000, la chapelle est toujours répertoriée dans les lieux de culte catholique par le guide pratique Tout’Hem en Un. L’association « les amis de la Chapelle Sainte Thérèse agit en liaison avec les autorités ecclésiastiques pour veiller à la conservation de ce lieu mais aussi pour y promouvoir des rencontres dans un esprit chrétien. L’association désire également faire connaître la Chapelle et ne lésine par sur les moyens, un reportage pour France 3 y étant tourné et des visites guidées programmées pour les journées du patrimoine.

Les amis de la chapelle Sainte Thérèse en 2003 (Document Historihem)

Vingt ans plus tard la chapelle est encore en usage avec une messe chaque mercredi à 18h30, mais, en dehors de celle-ci, elle est fermée en semaine. Elle fait également toujours l’objet de visites guidées ponctuelles organisées par l’Office de tourisme de Roubaix.

En 2020, l’aumônier, le père Renaud Wittouck parle de sa chapelle, à l’occasion de l’exposition dossier organisée au musée de la Piscine de Roubaix : avant toute chose lieu de culte, lieu de baptême des enfants des membres de l’aumônerie ou de leurs connaissances, utilisation des vêtements liturgiques de Mannessier…

Les vêtements liturgiques (Document Narthex)

D’après lui la chapelle dégage un climat particulier propice à l’intériorité et la prière. Lors des visites guidées il explique que lui-même présente les lieux sous l’angle cultuel et spirituel tandis que le guide s’attache à présenter l’histoire de la chapelle ainsi que les artistes qui ont participé à sa construction.

Il appelle à retenir que, pour l’époque, la chapelle représentait une œuvre novatrice, dans laquelle tout a été pensé pour que la proximité qui existe entre les fidèles et le célébrant créée une ambiance très familiale et facilite la bonne participation de tous. Quant aux murs de vitraux, l’été c’est le mur Nord qui reflète une lumière particulière et l’hiver, lorsqu’un rayon de soleil le frappe, le mur sud est splendide.

Près de 65 ans après son inauguration la chapelle Sainte Thérèse est donc toujours à la fois un lieu de recueillement pour les croyants mais aussi un bâtiment remarquable de par son architecture et l’ensemble des œuvres d’arts qu’elle regroupe. Quant au quartier qui l’a accueillie à l’époque il n’a pas beaucoup changé et reste très calme malgré la proximité de la voie rapide invisible depuis l’Enclos Sainte Thérèse.

Remerciements à Historihem

Le festival des belles mécaniques

Une Ford Mustang devant la mairie, une Bugatti sur le vélodrome – photos collection particulière

En 1950, 1952 et 1953 s’est déroulé le grand prix automobile de Roubaix dans le cadre du parc Barbieux. Cinquante ans plus tard, en 2003, une poignée de passionnés de voitures anciennes veut célébrer cet anniversaire par une manifestation de voitures de collection. Ils étaient trois, Damien Jouvenel, Jerry Leleu, Daniel De Geitere et faisaient partie du Nord American Cars Club réunissant les collectionneurs de voitures américaines des années passées.

Nord Eclair Juin 2003

La première idée est de reconstituer un circuit dans la parc Barbieux, mais les difficultés soulevées leur font abandonner cette idée. On glisse progressivement vers une exposition de voitures de collection dans le cadre du parc des sports, considérant la possibilité de faire tourner ces véhicules sur l’anneau du vélodrome, et comptant sur le centre aéré, qui offre alors une salle relativement grande pour exposer les véhicules. On cherche un nom pour l’évènement : ce sera « Le festival des belles mécaniques », un nom qui fait rêver, et un thème, la célébration du cinquantenaire du grand prix de Roubaix.

Nord Eclair Juin 2004

La ville de Roubaix est sollicitée et donne son accord pour l’utilisation du centre aéré et l’anneau du vélodrome. Jean François Lavoine, du service animation de la mairie, lui-même amateur de voitures, propose de contacter son club, « Idéal DS », un club d’envergure nationale. Ce club, par l’intermédiaire de sa section Nord, présidée par Michel Loquet, accepte de s’investir dans le projet et monte la manifestation. A ce groupe s’associent Albert Ligny, Laurent Furnari, et d’autres, adhérents de différents clubs. Des partenaires amènent une participation financière indispensable à l’entreprise, les amateurs fournissent le gros des bénévoles nécessaires.
Grâce à tous ces concours, la première manifestation peut avoir lieu, provoquant un grand engouement dans le public. En particulier, l’attrait majeur reste, pour les membres des clubs participants, de pouvoir effectuer des tours du vélodrome avec leur voiture. Les visiteurs, eux, admirent les véhicules exposés et ceux qui tournent sur l’anneau du vélodrome. Une bourse d’échanges de pièces détachées réunissant des amateurs et des professionnels ajoute encore à l’attrait de la manifestation. Cette première année, on expose des voitures de types très différents et de toutes les époques.

La première plaque commémorative – photo Jpm

La manifestation ayant été un succès, on décide de la répéter l’année suivante, à la même époque, et c’est ainsi que, pour fidéliser le public on choisit de marquer l’évènement sur la fin du mois de juin chaque année.
A partir de la deuxième manifestation, on sélectionne un thème, généralement une marque, et le choix des véhicules d’exposition se centre sur ce thème, ce qui n’empêche pas, à côté du thème de l’année, d’accepter tout type de véhicules. La troisième année, le Nord American club cesse ses activités, mais il est remplacé par le RAAAF (le Rassemblement des Amateurs d’Automobiles Anciennes des Flandres), basé à Marcq en Baroeul, qui prend désormais part à l’organisation, s’associant à Ideal DS pour la gestion administration de la manifestation. Les services techniques de la ville sont sollicités pour les détails de l’organisation et les élus en particulier René Vandierendonck et Henri Planckart agissent très activement et font tout pour faciliter les choses. L’exposition attire du monde de la région et des belges en grand nombre.

René Vandierendonck et Henri Planckaert près d’une Renault Celtaquatre en 2004

Dès la première année, on organise un concours d’élégance en costumes d’époque le dimanche après midi. Chaque année est marquée par un thème spécifique, voué à une marque particulière ou plus transversal. C’est ainsi que furent choisis la deuxième année les marques Citroën et Ford, la troisième année, les cinquante ans de la DS, et les cent ans de Delage. On a organisé également, une année Peugeot et les scooters, les anglaises et la restauration automobile, les cinquante ans de la Ford Vedette, les caravanes anciennes, les Simca, les Jaguars, les torpédos et cabriolets, les américaines d’avant guerre, les automobiles Voisin, les sportives françaises…
Pour chaque occasion, Thierry Dubois assure l’illustration de la plaque de l’année.

Photo Nord Eclair 2011

Pendant plusieurs années perdure le concours d’élégance, sans thème précis, les participants choisissant leurs costumes. Un jury composé de membres des clubs, d’un représentant de la mairie, et parfois d’une personnalité attribuent les récompenses. En effet, de nombreuses personnalités se déplaçaient pour les belles mécaniques, des membres de la famille Delage, Robert de Niro qui était venu par ailleurs visiter le musée de la Piscine,
Après la démolition du centre aéré, on tente d’exposer les voitures dans le nouveau vélodrome, mais cela ne dure qu’un an et les organisateurs rencontrent de nombreuses difficultés (les véhicules ont tendance à perdre de l’huile et sont salissants).
La municipalité propose alors d’utiliser des chapiteaux (trois la première année) qu’elle fournira, des plaques posées sur le sol pour déplacer et positionner les véhicules sans abîmer la pelouse. Ensuite deux chapiteaux, puis un seul grand. La mairie a joué le jeu durant plusieurs années. Elle fournit l’électricité, le chauffage et la sécurité (certaines voitures valent près d’un million d’euros, même si les « populaires » sont beaucoup plus abordables)…

Une quatre chevaux modèle 1955 – Photo Jpm 2011

Une année, il est question de retirer le droit d’utiliser le vélodrome parce que les voitures auraient fait bouger les plaques de béton. Un accord intervient finalement trois jours avant l’évènement, qui permet de tourner quelques heures. Heureusement, l’année suivante, il n’est plus question de rien. Sans l’anneau, l’intérêt eût été beaucoup moindre !
Des réunions régulières à la mairie permettent de coordonner les efforts. Quinze jours avant l’évènement, une conférence de presse, soit au vélodrome, soit à la mairie permet d’assurer un bon appui de la presse et organiser publicité et bonne visibilité nationale (le rassemblement-phare au national étant Rétromobile, mais il y a des manifestations locales). Le public est nombreux :5 600 la troisième année, jusqu’à 6500 entrées la meilleure année, puis les visites se régulent autour de 3 à 4 000.
Une année, on expose des voitures à Géant Casino pour faire connaître le festival, mais difficultés pour assurer la sécurité, et l’expérience n’est pas renouvelée.

Une Simca 8 – Nord Eclair 2010

Mais le festival connaît un arrêt brutal avec l’épidémie de Covid. Aujourd’hui les organisateurs ne savent pas s’ils vont faire renaître les belles mécaniques : les clubs ont de plus en plus de difficultés pour réunir des volontaires, et notamment l’âge des membres qui vieillissent et les décès qui diminuent les effectifs disponibles. Idéal Ds a fait la dernière année seul et l’enthousiasme n’est plus suffisant pour relancer un évènement qui nécessite tant de bonnes volontés. En particulier la recherche de véhicules intéressants demande tout au long de l’année une équipe de deux ou trois personnes qui font jouer toutes leurs relations parmi les propriétaires.
Il faut en fait que quelqu’un reprenne le flambeau.

Une Ford Mustang sur l’anneau – Photo Nord Eclair 2004

Tous nos remerciements à André Delannoy pour son témoignage et ses documents.