Docteur Jean Leplat (suite)

Durant cette décennie, le docteur Leplat est sur tous les fronts au plan professionnel. Secrétaire du conseil général et membre des commissions des finances, des travaux et du plan, il est désigné par ses collègues pour faire partie des commissions départementales de la famille, de la lutte contre la tuberculose et le cancer, de la commission départementale d’appel en matière d’aide sociale et du comité interdépartemental d’éducation sanitaire ainsi que de la commission de la protection maternelle et infantile. Il est également président du conseil d’administration du comité départemental d’hygiène et de prophylaxie dentaire, président d’honneur du comité de gestion du dispensaire d’hygiène sociale de la ville, administrateur du Centre Oscar Lambret et de l’association les papillons blancs.

Chevalier de l’ordre de la Santé Publique en 1957 (Document Nord-Eclair)

En 1957, la Croix de Chevalier de l’Ordre de la Santé Publique vient récompenser cette grande activité au service de la Communauté. A l’époque, le nouveau chevalier est déjà titulaire de la Croix de Chevalier de l’ordre des Palmes Académiques et de la médaille de vermeil de la gendarmerie pour services rendus.

A l’occasion de cette remise de distinction, une manifestation est organisée dans la salle d’honneur de la mairie en présence de la famille du maire mais aussi de nombreuses personnalités telles que le docteur Leborgne et le chanoine Derville, ses amis, Jules Delsalle, maire honoraire et tant d’autres et un vin d’honneur clôture cet événement festif émaillé de discours en hommage au docteur Leplat.

Manifestation en salle d’honneur de la mairie (Document Nord-Eclair)

L’année suivante, au 14 juillet, Jean Leplat est nommé chevalier de la légion d’honneur. La remise de cette nouvelle distinction est réalisée par Louis Christiaens, député, ancien ministre et grand-croix de la Légion d’Honneur. Enfin il reçoit, en 1959, une nouvelle distinction en étant nommé Chevalier du Mérite Social.

Doc 7.0 Chevalier de la Légion d’Honneur et la foule qui assiste à la remise de sa distinction, puis du Mérite social en 58 et 59 (Documents Nord-Eclair)

Les années 1960 voient apparaître un groupe scolaire dans le quartier des Hauts-Champs comprenant une école maternelle, 2 écoles primaires (une de filles et une de garçons, une cantine et une salle d’éducation physique commune, l’école Marie Curie, puis le groupe scolaire Longchamp regroupant 2 écoles primaires, une école maternelle et une cantine. La décennie est également celle de la construction du CES Albert Camus rue Jean Jaurès, inauguré en 1970.

Ecole Marie Curie et groupe scolaire Longchamp (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Jean Leplat, maire de la ville (Document Historihem)

La fin de la décennie 1960 voit également adoptés différents projets par le conseil municipal de Jean Leplat : un club de jeunes aux Trois Fermes, l’inauguration d’une rue du Docteur Leborgne en hommage au médecin hémois fondateur du dispensaire d’hygiène social et la dissolution du corps des sapeurs pompiers de la ville suite à la réorganisation complète du service d’incendie de la communauté urbaine (sur ce sujet voir un précédent article intitulé Les pompiers à Hem), la construction de dominos avenue Foch et enfin la construction d’un nouveau bureau de poste (sur ce sujet voir un précédent article intitulé La Poste à Hem).

Le conseil municipal à la fin de la décennie 1960 (Documents Nord-Eclair et Historihem)

Puis, au cours des années 1970, toujours sous le mandat de Jean Leplat, l’école De Lattre de Tassigny est construite rue de la Vallée avec une école primaire mixte, une école maternelle et une cantine. En revanche, le collège technique un temps projeté ne voit pas le jour mais un deuxième CES est construit rue Jules Guesde à savoir le collège Elsa Triolet.

Ecole De Lattre de Tassigny (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

L’administration Leplat décide en 1972 un jumelage avec la cité anglaise de Moosley, petite ville de 10000 habitants du Lancashire, au sud-est de Manchester. La municipalité hémoise reçoit le maire, son adjoint, des conseillers municipaux et le secrétaire de la mairie anglaise. Le protocole de jumelage est officiellement signé et de nombreux liens durables sont ainsi noués avec la commune d’outre-manche.

Une délégation hémoise à Moosley (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

Le conseil municipal en 1972 (Document Historihem)

Jean Leplat exerce toujours en qualité de médecin au 96 rue Jean Jaurès, comme le démontre un extrait du livret édité par la ville en 1970. En revanche en ce début de décennie 1970, Jean, maire de la ville depuis la fin de la guerre est remis en question par les jeunes élus, désireux de dynamiser la municipalité et le conflit de générations s’aggrave au fil du temps, les jeunes conseillers contestant l’autoritarisme du maire et son style de gestion. En octobre 1973, au cours d’une réunion des bilans des centres aérés dont Mr Leplat critique vivement la gestion, des propos assez vifs sont échangés et plusieurs adjoints adressent une lettre de démission au Préfet qui accepte.

Extrait du livret publicitaire de la ville édité en 1970 (Document collection privée)
Jean Leplat et son épouse dans les années 1970 (Document Historihem)

Cependant il n’y a pas d’élections partielles et c’est amputé de 7 membres que le conseil municipal prend ses décisions jusqu’en 1977 sous la présidence de Jean Leplat, nommé maire honoraire à la fin du mois de juin 1977. Venant de perdre son épouse il décide alors de ne pas se représenter aux élections de 1977 et va s’éteindre à son domicile le 22 août 1980, à l’âge de 80 ans.

Proche du Centre National des Indépendants et du mouvement gaulliste sur le plan politique il aura été maire de la ville de Hem pendant 30 ans puis maire honoraire durant les 3 dernières années de sa vie. Il aura été aussi conseiller général du canton de Lannoy pendant plus de 10 ans et conseiller à la communauté urbaine de Lille pendant 3 ans.

Ses funérailles sont célébrées à l’église Saint Corneille, place de la République, devant une foule nombreuse et recueillie, parmi laquelle nombre de familles hémoises dont il avait été le médecin, de nombreux représentants d’associations et de sociétés locales ainsi que de nombreux maires de villes voisines et enfin du nouveau maire de la ville Jean-Claude Provo.

Décès et obsèques de Jean Leplat en 1980 (Documents Nord-Eclair)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.

Docteur Jean Leplat

Jean Leplat nait à Hem, en 1900, de parents cultivateurs. Son père, Désiré Leplat, a construit, quelques années avant sa naissance, le bâtiment abritant le café du Congo, au coin de la rue des Ecoles et de la rue des Trois-Baudets (actuellement 76 rue Jean Jaurès). L’établissement est ouvert par Alphonse Delattre, un tisserand, puis repris par Mr Penneville qui y organise des combats de coqs.

Le café du Congo, au début du 19ème siècle (Document Historihem)

Etudiant en médecine en Lorraine, puis médecin major en Allemagne, Jean épouse, en 1925, Adrienne Coudert dont il aura 2 enfants. Il installe son cabinet médical 200, boulevard Delory (actuellement avenue De Gaulle) où se trouve également le domicile conjugal.

Le domicile de Jean Leplat ( Document Google Maps)

Pendant la deuxième guerre mondiale, sa première épouse décède en mars 1941 et, en décembre 1941, alors qu’il est prisonnier de guerre, il épouse en secondes noces Isabelle Verret. Médecin capitaine de réserve, au cours de sa captivité, il a l’occasion de soigner de nombreux prisonniers de guerre belges, ce qui lui vaut une lettre de félicitations de la part du gouvernement belge.

Il se dépense beaucoup au cours d’une épidémie de typhus et tombe malade à son tour. En 1943, il est rapatrié pour raison de santé. Après guerre, le médecin installe son cabinet médical au 76 rue Jean Jaurès, à l’angle de la rue des Ecoles, où il exercera jusqu’à sa retraite.

Le 76 rue Jean Jaurès en 2023 (Document Google Maps)

Suite aux élections municipales du 26 octobre 1947, le docteur Jean Leplat, conseiller municipal de 1929 à 1935, prend les fonctions de maire de Hem, avec Georges Marquette et Alexandre Windels pour adjoints. Il va assurer pendant 30 ans les fonctions de premier magistrat d’une ville dont la population va quadrupler pour passer de 6105 habitants après-guerre à 23183 habitants 30 ans plus tard. Deux ans plus tard, en 1949, il devient conseiller général du Canton de Lannoy et le restera jusqu’en 1961.

Affiche électorale pour les élections du conseil général en 1949 (Document Historihem)

Si l’entre-deux-guerres a vu se construire dans l’ancien bourg rural une nouvelle génération d’habitations ouvrières, les habitations à bon marché, rue Victor Hugo, rue de Beaumont ainsi que la cité « loi Loucheur » aux Trois Baudets, c’est à partir de 1948 qu’avec la cité des Trois Baudets commence le processus de croissance de la ville d’Hem.

Groupe des Trois Baudets Roubaix-Hem (Documents collection privée)
Vue aérienne des années 1950 avec les immeubles et le lotissement de maisons situé à la limite d’Hem et Roubaix en bas du boulevard Clémenceau au rond-point avec les avenues Motte et Delory (Document IGN)

Sous l’égide de deux sociétés d’habitations à loyer modéré (HLM-CIL) va dès lors s’ériger une série de cités sur 3 générations :

  • de 1948 à 59 les cités jardins de Beaumont et Trois-Baudets

  • 1959 à 1967 la première génération d’HLM industrialisées sur la plaine des Hauts-Champs (où se trouvera un collectif à 4 niveaux de 450 mètres de long : la Grande Barre)

  • de 1967 à 1975 l’ensemble de Longchamp, des cités des Trois Fermes, de la Lionderie, des Provinces et de la Vallée

Puis une série de lotissements de plus haute gamme se réalise plus au Sud dont le plus important est celui de la Marquise, à la Tribonnerie, sur les terres de l’ancien château du même nom.

Les maisons des Hauts-Champs, celles des Provinces et de Longchamp (Documents Hem d’hier et d’aujourd’hui)
La grande barre illustrée (Document Au temps d’Hem)

De nombreuses artères nouvelles sillonnent alors ces quartiers et l’administration municipale répartit leurs dénominations selon un plan bien concerté pour faciliter la recherche des visiteurs :

  • à Beaumont, en mémoire de l’exposition de 1911 et du terrain éphémère d’aviation, les aviateurs célèbres : Védrines, Roland-Garros etc

  • aux Hauts-Champs les médecins : Laennec, Ambroise Paré etc

  • aux Trois-Baudets les héros prestigieux : Surcouf, Saint-Exupéry etc

  • à la Tribonnerie les grands peintres modernes : Matisse, Vlaminck etc

Qui dit population nouvelle dit création d’écoles et c’est ainsi que la municipalité décide, dans les années 1950, d’acquérir un terrain rue du Maréchal Foch pour y construire l’école maternelle La Fontaine, puis d’implanter un groupe scolaire dans le quartier de Beaumont à savoir l’école Marcel Pagnol (maternelle et primaire).

Ecole Marcel Pagnol (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

Ce projet sera retardé par l’affaire de Beaumont, la ville de Roubaix souhaitant créer un cimetière sur la plaine de Beaumont. (sur ce sujet voir un précédent article intitulé Cimetière de Hem dans lequel l’affaire est longuement évoquée). Jean Leplat n’hésite pas alors à s’impliquer personnellement en s’opposant au maire de Roubaix.

Illustration de l’affaire de Beaumont (Document Au temps d’Hem)

Puis l’équipe municipale décide de se servir du parc de la mairie pour y faire bâtir l’école du Parc (maternelle et primaire). La création d’un service de cantines scolaires date de la fin de cette décennie avec un réfectoire pour les écoles des Trois-Baudets, un pour l’école du Parc et un à Beaumont.

Ecole Victor Hugo ou école du Parc (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)
Jean Leplat et son Conseil Municipal (Document Historihem)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui.

Années 50 : baby-boom et constructions scolaires

Dans les années 50, les quartiers sud vont être abondamment lotis. Cet afflux de population a pour corollaire la construction d’écoles primaires qui permettront d’absorber cet afflux d’enfants, lié au transfert de population venue d’autres quartiers, mais aussi à l’influence du baby boom. Les nouveaux lotissements sont construits sous l’égide du CIL, dans le but d’éliminer l’habitat insalubre.

Ces constructions débutent en 1950 par l’école Ste Bernadette, située dans un quartier où se mettent en place les chantiers des groupes Pigouche (45 maisons) et Carpeaux (54) sous l’égide de l’UMIC. L’école est construite sur l’emplacement de la vieille ferme de la Haie, appartenant à la famille d’Halluin et acquis en 1946 par la ville. Les bâtiments sont construits dans le style des maisons environnantes, récemment construites. Ils forment un L qui inclut l’ancien bâtiment d’habitation de la ferme servant aux religieuses.

L'école en 1983 - Photo Lucien Delvarre
L’école en 1983 – Photo Lucien Delvarre

1951 voit, rue de Condé dans le quartier du Pile, l’ajout de 3 classes aux 6 existantes et la construction d’un réfectoire, à la grande satisfaction de Mme Legrand, la directrice. Ces travaux s’expliquent par le fait qu’on prévoit 88 logements collectifs au square Destombes, tout proche, dont la construction démarre cette même année.

Photo Nord Matin 1951
Photo Nord Matin 1951

Après ces chantiers isolés, à partir de 1955 est mis en place un vaste plan de construction comportant plusieurs groupes scolaires, pour répondre au lotissement des nouveaux quartiers construits sur les zones restées libres.

Les premiers immeubles collectifs du quartier du Pont-rouge sont mis en chantier en 1950. D’autres constructions suivront à partir de 1953. On prévoit également un peu plus tard la construction du quartier des 3 ponts. Il faut scolariser toute cette nouvelle population, et l’on construit en 1955 un groupe scolaire comportant 16 classes à l’extrémité de la rue Julien Lagache, après l’hôpital et face à la vieille ferme Loridan. L’ouverture a lieu l’année suivante. Construite en plein champs, on l’appellera quelques années « l’école aux vaches », jusqu’à ce que les bâtiments s’implantent tout autour.

 

Le chantier à ses débuts. Photo Nord Eclair 1955
Le chantier à ses débuts. Photo Nord Eclair 1955

Pour répondre à la construction de la cité de débord, implantée dès 1950, et anticiper celle du quartier des Hauts Champs, qui s’élèvera à partir de la fin des années 50, on prévoit la construction du groupe Brossolette. La construction démarrera en 1956 et sera conduite en plusieurs phases successives pour arriver à un total de 38 classes.

Document la Voix du Nord 1956
Document la Voix du Nord 1956

Plus ponctuellement, apparaît une nouvelle maternelle au 225 de la rue de Leers. Mme Naye y sera directrice en 1968.

Photo Nord Eclair 1956
Photo Nord Eclair 1956

 Dans le quartier de Beaumont, où apparaissent également des lotissements de maisons individuelles, on élève un nouveau groupe scolaire, mais sur deux terrains proches pour des raisons de place disponible, toutes deux sur l’emplacement d’anciennes fermes (Leuridan et Cruque). On installe rue Edouard Vaillant l’école de filles et la maternelle (respectivement 4 classes, directrice Mme Brouart, et 3 classes, Mme Fourrage), et place du Travail l’école de garçons (directeur M. Godin).

Photo la Voix du Nord 1957
Photo la Voix du Nord 1957

A la Potennerie s’implantent au début des années 50 des collectifs. Dans le même temps s’ouvre en 1956 au coin des rues Jules Guesde et Dupuy de Lôme, sur une partie du parc, un ensemble scolaire comportant 10 classes de filles et 6 de maternelles. Il est inauguré en septembre 1956.

Document Nord Eclair 1955
Document Nord Eclair 1955

 En ce qui concerne l’enseignement privé, on construit à la même époque 4 classes supplémentaires à l’école St Michel rue Jouffroy.

Durant cette période, la municipalité fait donc un effort considérable pour s’adapter et faire face à l’afflux des élèves. Cet effort se poursuivra au cours la décennie suivante, mais dans une moindre mesure, l’essentiel étant réalisé.

Tous les documents proviennent des archives municipales.

 

Une histoire d’école

Paul nous fait part de ses souvenirs de jeunesse :

« A Roubaix, (quartier du Pile), on peut voir boulevard de Mulhouse entre la rue Fénelon et la rue de Mons, un bâtiment scolaire privé. C’est une construction ancienne, mais toujours utilisée pour l’Enseignement.

Une petite porte, percée dans un mur de briques boulevard de Mulhouse, donne accès à une petite cour de récréation. Au fond de cette cour se trouve ce bâtiment avec 4 classes, deux au rez-de-chaussée et deux à l’étage. Cette école était appelée l’école de garçons St Alexandre.

Photo IGN - 1932
Photo IGN – 1932

Actuellement, elle fait partie du groupe scolaire Notre Dame de Lourdes, dont l’entrée est au 8 rue Bourdaloue. Le groupe comprend plusieurs locaux servant à l’enseignement autour d’une cour de récréation asymétrique, verdoyante. C’est l’ancien lieu du patronage Saint Rédempteur.

Dans les archives, il n’est pas fait mention de l’école Saint Alexandre, vraisemblablement construite avant 1910.

 J’y ai été écolier de 1933 à 1937, si bien que j’ai usé mes fonds de culotte dans chacune des quatre classes. Je me souviens du feu Godin au milieu de la pièce, allumé quand c’était nécessaire par les élèves à tour de rôle, aidés et conseillés par l’instituteur. Le papier journal, le petit bois, le seau de charbon, la boite d’allumettes… Toute une époque !

 

Pupitre de l'école Archimède – document médiathèque de Roubaix
Pupitre de l’école Archimède – document médiathèque de Roubaix

Sur les murs, les cartes de géographie : réseaux routier, fluvial, ferré de la France… On rêvait de voyages en les regardant. Il y avait aussi la carte des départements, bien coloriée, et un planisphère. Sur la table de l’instituteur, une mappemonde, je crois.

Dans une armoire vitrée, des instruments de mesure et de capacité en bois et en métal, exposés par rang d’importance.

L’encrier de faïence logé dans un trou percé dans le bois des pupitres. Les plumes gauloises et Sergent Major, nos doigts teintés d’encre violette. L’estrade, le bureau du maître, le grand tableau noir (puis vert foncé), et les craies ! Nostalgie, souvenirs !

Photo journal de Roubaix - 1935
Photo journal de Roubaix – 1935

Le logement du directeur et de sa famille se trouvait rue Bourdaloue. L’arrière de la maison n’était séparé du bâtiment scolaire que par un petit potager bordé de fleurs, bien entretenu par Mme Declerc. Après M. Declerc, ce fut M. Castre, puis M. Vanhoutte qui fut le directeur, lorsque mes garçons, dans les années 60, sont allés à St Alexandre. »

 

Mouvements gymniques au centre aéré dans les années 30 – document archives municipales
Mouvements gymniques au centre aéré dans les années 30 – document archives municipales

 

Nous tenons à remercier Paul de son témoignage. Peut-être avez-vous un souvenir à transmettre ? N’hésitez pas à nous contacter.

 

L’hôpital devient l’école

Lors d’une séance extraordinaire du 22 mars 1847, le conseil municipal décide la création d’un hôpital provisoire pour faire face aux besoins pressants. Cet hôpital devrait être établi sur une propriété de M. François Ferlié, située en bas de la rue du Moulin (aujourd’hui aux numéros 32-34), et louée pour l’occasion. Cette propriété consiste en une maison d’habitation et un atelier, séparés par une porte cochère. La partie habitation servira au logement des religieuses qui soigneront les malades. On ajoute une infirmerie provisoire pour femmes construite en planches, et l’ensemble représente une capacité d’une cinquantaine de lits. Finalement, la propriété est rachetée en 1854 par la municipalité. On rajoute encore une nouvelle salle de trente lits en 1857.

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Plan de l’hôpital – 1847

 Mais la construction en 1865 de l’hôpital Napoléon rue de Blanchemaille rend sans objet l’établissement provisoire. Le conseil municipal forme le projet de convertir les bâtiments pour réaliser une école de garçons et y loger une partie des frères des doctrines chrétiennes, dont la résidence est devenue trop petite pour eux.

On retrouve plusieurs versions des plans de l’ensemble. L’un prévoit l’école proprement dite sur la rue Jean Moulin avec une façade sur deux étages, et l’habitation des frères dans un second bâtiment placé derrière derrière.

Un premier projet de façade

 Un autre projet reporte les classes tout au fond, près de la rue du général Chanzy, et un troisième les place dans le bâtiment central (3 au rez-de chaussée et trois à l’étage), là où elles se trouvent aujourd’hui. En juillet on modifie le projet pour rajouter un étage au bâtiment d’habitation. Ce nouveau projet prévoit des locaux pour loger les religieux, une chapelle, ainsi que six classes. La façade sur la rue du Moulin est monumentale ; un double porte centrale permet l’accès. Le rez de chaussée du bâtiment donnant sur la rue du Moulin comporte, gauche une salle d’étude et à droite un réfectoire. L’entrée des élèves se fait par une porte située à gauche du bâtiment. Celle-ci est prolongée par un couloir débouchant sur la cour, bordée de galeries couvertes. Ensuite, installé transversalement, le bâtiment des classes ferme la cour et, à droite , en longueur, s’étend la chapelle. Derrière l’école, un jardin.

Le projet définitif pour la façade

 On lance une adjudicaton qui prévoit d’inclure la démolition des bâtiments de l’hôpital et le réemploi d’un maximum des matériaux récupérés pour les constructions nouvelles. Un seul adjudicataire se présente, M. Léturgeon. Il obtient donc le marché et procède aux travaux. Ensuite vient l’adjudication pour l’ameublement, et l’école s’installe enfin dans ses murs.

Le plan d’ensemble
 La partie concernant l’hôpital est inspirée de « Cinq siècles et demi d’histoire hospitalière roubaisienne (Xavier Lepoutre) »
Les documents proviennent des archives municipales.

 

 

 

 

Nouvel espace d’apprentissage pour le bâtiment

L’enseignement technique des métiers du bâtiment se fait avant la deuxième guerre à l’Institut Turgot. On y trouve en 1935 des sections de maçonnerie, carrelage, menuiserie, charpente, plomberie et zinguerie, peinture, serrurerie, ébénisterie, sculpture sur bois et tapisserie. Durant la guerre, la place vient à manquer rue du Collège, et un centre d’apprentissage de garçons, préparant aux emplois dans le bâtiment est alors créé au 112 rue des Arts, dans un immeuble qui abritait en 1939 l’atelier de mécanique J. Martel.

Le 112 rue des Arts – Photo coll. particulière
 

Mais les locaux s’avèrent vite insuffisants pour accueillir les élèves, et le centre est amené à ouvrir des annexes. D’après le Ravet Anceau de 1955, il y en a deux, la première située 168 rue de Lille, et une autre 8 boulevard de Lyon. Cette dernière adresse correspond à une propriété entourée d’un parc, laissée à l’abandon, qui appartenait à la fin du 19ème siècle à la famille Scrépel. Elle est constituée d’un château avec d’autres bâtiments, situés à l’entrée du parc, dans l’alignement de l’ancienne rue Lacordaire, qui seront démolis lors du percement du boulevard de Lyon. Les terrains situés au coin du boulevard de Lyon et de la rue de Beaumont (aujourd’hui rue Edouard Vaillant) appartiennent aux familles Destombes et Bonami-Wibaux, ils seront coupés en deux lors de l’ouverture de ce même boulevard.

Le site d’après le plan parcellaire de 1889 – Document archives municipales
 

En 1907, c’est le nom de M. Léon Motte qui figure sur le plan cadastral pour le parc, alors que la zone près de la rue de Beaumont reste aux familles de Pierre Destombes et Bonami-Vibaux(sans doute Wibaux). Ces deux terrains désormais coupés en deux ont perdu de leur intérêt pour les propriétaires, et la partie formant le croisement du boulevard de Lyon et de la rue de Beaumont est finalement vendue vers 1922 sous forme de parcelles. Les nouveaux propriétaires y construisent les maisons qu’on voit encore aujourd’hui. D’après le Ravet Anceau de 1928, le parc et le château restent la propriété de Léon Motte-Scrépel au 16 rue Edouard Vaillant (renuméroté 26 en 1939), alors que Mme Veuve Willot Scrépel habite le 2 boulevard de Lyon. Il semble que ces deux adresses concernent un seul et même bâtiment, en l’occurrence notre château. En 1939, on retrouve la même famille rue Edouard Vaillant, puis le domaine est racheté par l’État en 1951. En 1955,  le domaine est inhabité et c’est là qu’on  va bâtir le nouveau centre d’apprentissage, transfuge de la rue des Arts.

Photo aérienne 1953- archives municipales

En 1956 aboutit le projet d’ouverture d’un centre d’apprentissage de 400 places, pour succéder à celui de la rue des Arts devenu beaucoup trop petit et incapable d’accueillir des effectifs en pleine progression. Les architectes choisis sont MM. Baselis et Deletang. La première pierre est posée en Juin. A cette époque, Le directeur du centre est M. Degryse, l’économe est Albert Andès, et le chef des travaux M. Simoëns. On conserve le château durant les travaux : il permet d’abriter les réunions de chantier, et M. Degryse l’utilise pour les visites qu’il organise, telle celle de l’association des parents d’élèves au mois de Juin 1958, alors que la construction approche de son terme. Sur la photo qui suit, on voit nettement que les premiers bâtiments sortent de terre, mais que le château est toujours présent :

Photos IGN et Nord Éclair

La première rentrée scolaire a lieu en septembre 1959, et les parents d’élèves y font leur première assemblée générale en octobre. A la rentrée 1961, on compte 145 élèves en première année, alors que le total des effectifs est de 322. L’établissement a donc presque fait le plein dès sa deuxième année. Il lui faudra également recourir à des annexes pour faire face aux demandes d’inscription.

Le site en 1962 – Photo IGN

 

Le collège disparu

Jusqu’à la fin des années 60, les terrains situés entre l’usine Motte-Bossut et la rue Jean-Jacques Rousseau étaient occupés par des jardins ouvriers. Une première parcelle, placée le long de l’avenue Motte, verra s’ériger un garage, tandis que le reste sera ensuite dévolu au collège Jean Jacques Rousseau.

Le futur emplacement du collège. Photo IGN

Les travaux de construction du collège débutent en 1975, et l’ouverture est prévue en Septembre. Pourtant, à cette date, les locaux ne sont pas terminés et, comme il y a de la place au Lycée Van Der Meersch, on y héberge provisoirement le collège jusqu’à la fin des travaux qui se fera attendre près de six mois. L’association de parents d’élèves se constitue dès la rentrée.

Le nouveau principal, venant du collège d’Avion, est nommé en Mai. Il est provisoirement logé au collège Samain, rue d’Alger et participe aux réunions de chantier dès son arrivée . Il noue de bonnes relations avec l’équipe de Ferret Savinel, constructeur de l’ouvrage. Même si l’essentiel était déjà fixé, ces réunions lui permettent de faire quelques remarques prises en compte sur des points de détail (par exemple, il n’était pas prévu de clôture extérieure à l’origine). Au mois de Juin, les travaux en sont au stade des fondations, et en Septembre, l’ossature est en place. Ensuite, le reste des bâtiments s’est monté assez vite.

Photo La Voix du Nord

Dès la fin des travaux, au printemps 76, près de 400 élèves intègrent les nouveaux locaux, mais les repas du midi continuent à être assurés au Lycée Van Der Meersch. Les effectifs de demi-pensionnaires n’étant pas très importants, il n’a pas paru intéressant de nommer du personnel, et les élèves font ainsi le trajet en rangs tous les midis accompagnés d’un surveillant. La salle polyvalente sert donc à d’autres usages que la restauration : animations, réunions, spectacles… Le collège est prévu pour 600 élèves avec une SES (Section d’éducation spécialisée incluant un enseignement professionnel). Pour les garçons, il devait y avoir deux sections, mais une seule ouvre finalement : la menuiserie. Pour les filles, c’est la section traditionnelle à l’époque : enseignement ménager. Le corps enseignant est très jeune. Son dynamisme fait que tout marche dès le début sans aucun problème.

A proximité se trouvaient le garage Renault, et l’usine Motte-Bossut qui fonctionnait encore à l’époque ; elle a fermé quelques années plus tard. Sa cheminée émettait des noirons un peu agressifs, qui avaient tendance à esquinter les carrosseries des voitures du garage, ainsi que celles des riverains de Hauts Champs. Les plaintes n’empêchèrent pourtant pas l’usine de fumer !

Les officiels visitent une classe le jour de l’inauguration – photo La Voix du Nord

C’est M. Desmullier, vice-président de la communauté urbaine accompagné du recteur d’Académie, M. Niveau qui a procédé, en novembre 1976, à l’inauguration du collège, en même temps que ceux de Hem et de Lys. Ce jour là, justement, il faisait un temps un peu couvert, et les émanations de la cheminée étaient particulièrement présentes. Aux officiels qui regardaient ces fumées derrière les vitres, le principal fit remarquer que l’environnement n’était pas excellent ! Les mesures de qualité de l’air, installées par la suite, n’auraient jamais indiqué grand chose. L’usine travaillait alors jour et nuit, et c’était par ailleurs assez bruyant la nuit.

Un beau jour, on a appris qu’ils déménageaient les machines, et ça a commencé à agiter les syndicats. Le déménagement a duré deux jours complets. Et là, il n’y a plus eu de fumées ! Ça faisait partie de l’évolution d’une ville et de la vie.

Photos collection particulière
Réalisé grâce au témoignage d’Henri que nous remercions bien chaleureusement.