L’école du Laboureur, terrains et projets

Depuis l’ouverture de la rue Carnot et l’implantation de nouvelles entreprises dans le quartier, le Laboureur s’est développé et la population a augmenté. Mais avant qu’on parle d’y implanter une école, on aura favorisé l’arrivée du tramway et construit un vélodrome. Dès 1898, des réclamations sont faites quant à la salubrité des rues et on aborde régulièrement la question de la construction d’une école. Ainsi en Mars 1902 le projet d’une école au Laboureur est à nouveau formulé par M. Labbé. Il lui est répondu que la commission scolaire sera convoquée d’urgence.

La place Carnot Collection Particulière

En Février 1905, on sait qu’il est question depuis très longtemps de la réalisation d’un groupe scolaire au Laboureur. Ce quartier a pris un grand développement et les familles très nombreuses qui l’habitent doivent emmener leurs enfants dans diverses écoles assez éloignées. L’administration de M. Pollet avait bien fait dresser des plans mais il ne fut jamais question d’achat de terrain. La difficulté d’aboutir sur ce point c’est le manque d’argent car la construction d’un groupe scolaire coûte cher. Il paraît néanmoins que l’on envisage une solution et que le choix du terrain nécessaire serait prochainement arrêté.

En Janvier 1911, une lettre signée par un habitant du Laboureur est parvenue au Journal de Roubaix que celui-ci titre l’utile avant l’agréable, la nouvelle mairie de Wattrelos. Voici son contenu. Le Conseil municipal de Wattrelos a voté une surtaxe sur les charbons et les alcools dans le but d’ériger une nouvelle mairie. Il semble que la mairie actuelle est encore en état de servir pendant nombre d’années et qu’il serait préférable de faire construire avec cet argent une école mixte au Laboureur, car nos enfants sont obligés si nous voulons leur donner un peu d’instruction, de faire une route de trois quarts d’heure pour aller en classe, et cela à travers la pluie et le froid.

En avril 1912, les pourparlers pour l’achat du terrain sont en cours. Plusieurs propositions sont à l’étude, qui tournent autour de la rue Faidherbe, de la rue des trois bouteilles et de la carrière Dhalluin. Entre-temps le Préfet du Nord M. Trépont a validé le projet de construction aux conditions suivantes : que le terrain destiné à la construction du groupe scolaire du Laboureur soit suffisamment spacieux pour permettre la construction d’une école de garçons à cinq classes dont trois seraient bâties immédiatement, d’une école de filles de cinq classes dont trois seraient bâties immédiatement, et d’une école maternelle à trois classes. Le Préfet demande de hâter les démarches pour le choix du terrain afin d’établir au plus tôt les plans et devis des écoles projetées, pour qu’ils soient soumis au conseil général. À la réception de cette lettre, Joseph Thérin maire de Wattrelos charge M. Louis Barbotin architecte, 34 rue de Lille à Roubaix de donner son avis sur le choix du terrain. Celui-ci s’exécute et délivre ses observations par écrit. Tous les projets tournant autour de l’emplacement de la future place de la République qui n’est alors qu’un terrain cultivé en partie et encadré par des rues ou des sentiers.

Vue aérienne 1932 IGN Vue de la place de la république

Un premier projet front à la rue Faidherbe près du groupe d’habitations des Trois Bouteilles serait englobé par les constructions sur les trois faces. À rejeter. Un deuxième projet front à la carrière Dhalluin, près de la ferme de Tombequines est jugé un peu étroit. Les rues sont projetées et sans égouts. Orientation passable, aléas à prévoir du côté de la ferme. À rejeter. Un troisième projet situé à l’angle de la rue Faidherbe et de la carrière Dhalluin semblerait convenir. Maximum d’air et de lumière, de soleil, bonne orientation. Aqueducs existant carrière Dhalluin et à exécuter rue Faidherbe. La meilleure proposition qui nécessitera toutefois un drainage. Facile d’accès. Un quatrième projet angle de la rue Faidherbe et de la carrière Dhalluin, orienté différemment. Avantages du précédent, sauf qu’il sera enclavé sur le grand côté, à classer en second choix. Enfin une cinquième proposition sur la Carrière Dhalluin et la rue à ouvrir parallèlement à la rue Faidherbe, le terrain n’est aqueduqué que sur la carrière Dhallluin. Que deviendront les terrains contigus ? Le terrain est irrégulier avec difficulté d’accès, de surveillance de l’école, avec de grands frais de clôture. À rejeter. Les meilleurs projets sont donc les 3 et 4e. Mais les propriétaires MM. Carissimo, en exigent toujours 11 francs le m² utile. On décide d’envoyer des habitants du Laboureur, M. Labbé notamment, pour négocier et faire baisser les prix. Entre-temps interviennent les élections et la nouvelle municipalité dirigée par Henri Briffaut reprend le dossier.

Les propositions 3 et 4, à l’angle des rues Faidherbe et Lafayette (ex carrière Dhalluin) sont toujours les meilleures, mais le prix est inchangé. On argumente alors sur l’emplacement qui serait assez éloigné du noyau de construction formant le faubourg du Laboureur. Il faudrait l’installer au centre même du faubourg et justement un terrain se prête avantageusement au projet. L’inspecteur a donné son aval. Le nouvel emplacement se trouve facilement accessible par les rues des Arts , des Trois Bouteilles et de Roubaix et sans le danger des tramways et éloigné de toute industrie insalubre ou incommode. La parcelle appartient à MM. Salembier de Lys lez Lannoy et forme un trapèze de 3687 m2 et il est proposé à 10 francs du m². Le 24 septembre, c’est d’accord pour le conducteur des travaux et dans la foulée pour le conseil municipal. Les plans seront confiés à M. Albert Buhrer architecte.

En juin 1914, on en est aux adjudications pour la construction de ce groupe scolaire du Laboureur. Une répartition en sept lots : premier lot, terrassements, maçonnerie, malgré une proposition remportée par M. Planckaert de Roubaix, celle-ci n’est pas déclarée valable. Pas d’adjudicataire. Deuxième lot : carrelage et parquets. MM Raingaut de Roubaix et Duhamel de Wattrelos restent en concurrence mais le premier se retire. Troisième lot : plafonnage, entreprise Decock à Roubaix. Quatrième lot : charpente, menuiserie, quincaillerie, mobilier : Mme veuve Katanens à Roubaix. Cinquième lot : serrurerie, Pauwels Lemaire adjudicataire. Sixième lot : couverture, plomberie, installation sanitaire, gaz : Emile Henri. Septième lot : peinture, vitrerie, tapisserie, Alexandre Hautefeuille de Roubaix.

On s’apprête donc à construire dès que la liste des adjudicataires sera complète. Mais le 1er août 1914, c’est la déclaration de guerre et la mobilisation générale.

La crèche du centre

On en parlait depuis 1972 au moins ! On avait fait mieux, puisqu’un architecte avait été sollicité pour un avant projet immédiatement transmis à l’autorité supérieure. Le Conseil Municipal a réservé les terrains situés à l’angle des rues Saint-Joseph et Florimond Lecomte pour son implantation future. Là se trouvaient les bâtiments de l’ancienne école de filles du Centre, qui abritèrent autrefois les services de la mairie.

Le plan de la future crèche publié par NE

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Ecole De Lattre de Tassigny (Suite)

Instantané de mémoire :« A De Lattre de Tassigny, l’année scolaire est parsemée d’événements pour les enfants, en maternelle : fête du bicentenaire de la révolution française, carnaval, goûter de Noël, comme en primaire : classes vertes, classes de neige, sans compter bien sûr la traditionnelle fête de fin d’année. Les parents d’élèves sont très investis et il se passe toujours quelque chose »

Fête du bicentenaire de la révolution 1989, Carnaval 1993 (Document collection privée)

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Ecole De Lattre de Tassigny

En début d’année 1972, un programme de construction de 430 logements individuels est en cours de réalisation dans le quartier de « La Vallée » et, de ce fait, l’implantation d’un groupe scolaire est indispensable. Celui-ci va être construit rue de la Vallée au bout de la rue du cimetière sur des terrains agricoles comme en témoigne une photo aérienne de 1966.

Photo aérienne de 1966 (document IGN)

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Du château Ternynck à l’école Jeanne d’Arc (suite)

L’école des sœurs dominicaines se situe au 25 rue de Lille (bâtiment acheté à la famille Ternynck en 1919). Les locaux deviennent trop petits car l’école ne cesse de se développer. Il faut donc songer à s’installer ailleurs. Le président de l’école, Fernand Lepoutre, fait l’acquisition du château Ternynck le 1er Juin 1946. Le financement a pu être réalisé grâce à des emprunts, des dons de la congrégation et des familles, mais aussi par des ventes de charité et des séances théâtrales.

document Institution Jeanne d’Arc

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Du château Ternynck à l’école Jeanne d’Arc

Henri Ternynck est un industriel roubaisien, dans le domaine du textile. Il possède une usine de tissage et filature, située sur le Boulevard de Fourmies ( voir un précédent article sur notre site, intitulé : l’usine Ternynck ) ainsi qu’une entreprise rue de la Fosse aux Chênes. Ses immenses bureaux se situent au 50 rue de la gare ( à l’angle de la rue de l’hospice ). Henri Ternynck gère ses affaires avec ses enfants, et crée l’entreprise Henri Ternynck et fils. Tous les membres de la famille Ternynck habitent dans différents endroits à Roubaix.

Edmond et Marie Ternynck ( document C. Baccarrere et A. Charpentier )

Un des fils d’Henri, Edmond Ternynck, se marie avec Marie Dormeuil, en 1878. Il décide de faire construire son hôtel particulier vers 1880. Il fait l’acquisition d’un terrain vierge de 13.519 m2, situé au 32 rue de Barbieux, pour y faire construire sa demeure. L’extrémité de cette immense parcelle se situe avenue Le Notre, en bordure du parc de Barbieux. Il confie le projet à l’architecte M. Dupire, qui s’inspire du château de Raray dans l’Oise, pour édifier les plans de la demeure.

L’hôtel particulier d’Edmond Ternynck 1880 ( document Archives Municipales  )
L’hôtel particulier d’Edmond Ternynck  ( document C. Baccarrere )

Le château du Huchon, comme on l’appelle à l’époque, est très imposant, Il est composé de très nombreuses pièces, sur trois niveaux. Au rez de chaussée, une galerie de 24m de long fait face à la rue, c’est une galerie de façade pour y exposer des tableaux et œuvres d’art. La décoration des salles est luxueuse : cheminée dans chaque pièce, moulures bois, portes intérieures monumentales. Au 2° étage, se situent les chambres pour le personnel : les femmes de chambre et les femmes de ménage sont en effet très nombreuses et nécessaires pour le service des châtelains.

Les pièces intérieures ( documents C. Baccarrere )

A l’extérieur, côté sud, est édifiée une terrasse couverte pour les beaux jours.

La terrasse couverte ( document C. Baccarrere )

De chaque côté du château, ( côté rue ) sont édifiés deux bâtiments séparés. Le premier est réservé aux écuries, car les déplacements à l’époque se font essentiellement en véhicules hippomobiles ( fiacres, calèches ). Le deuxième, appelé bâtiment des communs, est consacré aux nombreux jardiniers. On y trouve la resserre et un hangar pour stocker le matériel. Le long du mur de clôture, se trouvent un clapier et un poulailler.

Les extérieurs ( documents Archives Municipales et C. Baccarrere )

Dans les années 1920, de nombreuses nouvelles constructions sont érigées dans la rue de Barbieux. La municipalité décide alors d’une nouvelle numérotation des habitations. C’est ainsi que le 32 rue de Barbieux devient le 68.

Côté rue ( document C. Baccarrere )
Côté jardins ( document C. Baccarrere )

Edmond décède en 1914. Son épouse, Marie Ternynck, continue à gérer seule la demeure. La propriété est immense. Une partie du château ( la moitié du rez de chaussée et la moitié du sous sol, sur le côté sud ) est louée, en 1929, à Léon Tack et son épouse Gabrielle née Catry.

Léon Tack est grossiste et importateur en fruits, primeurs et légumes. Son entreprise est installée au 23-25 rue de la Halle, où la famille occupe le 1° étage. Le couple et leurs enfants apprécie alors ce nouveau logement spacieux, dans un cadre idyllique et verdoyant.

Publicité Léon Tack ( document collection privée )

Marie Ternynck décède en 1934. La famille Tack reste locataire de la demeure rue de Barbieux. En Mai 1940, Léon Tack, son épouse et leurs 7 enfants quittent Roubaix, et partent à Mélicourt dans l’Eure, pour quelques mois, puis descendent dans le sud de la France, et résident à Tarbes pendant quelques mois également. La famille Tack est de retour à Roubaix en 1941 ; les allemands occupent la moitié de la demeure. Léon Tack déménage à la fin de l’année 1942, et part s’installer au 52 rue Dammartin.

À suivre . . .

Remerciements à Carole Baccarrere, Annick Charpentier, Gabrielle et Dany Tack, Béatrice Martin, Florence Tellier, Virginie Samyn ainsi qu’aux Archives Municipales.

De la grande barre à l’école de Police

La grande barre est un ensemble composé de 330 appartements, construit en 1962 et situé à cheval sur les communes de Roubaix et de Hem. Les logements sont modernes avec salle de bains, chauffage central, grandes baies vitrées. La grande barre est appréciée, par les locataires, qui découvrent le confort qu’ils n’avaient pas dans leur vieille maison de courée.

La grande barre ( document collection privée )

A la fin des années 60, les problèmes surgissent : mauvaise qualité de la construction, mauvais entretien, situation précaire des locataires suite à la crise textile. A la fin des années 70, la situation se dégrade encore davantage ; incivilités, détériorations volontaires, mauvaises odeurs, humidité, insécurité . . .

De nombreux locataires quittent leur logement et il faut bien constater l’échec de cette muraille de béton d’une longueur de 300 mètres ( voir précédent article sur notre site : La fin de la grande barre )

( document Nord Eclair Sept 1985 )

En 1985, après seulement 23 ans d’existence, la grande barre est rasée. Tout le monde se pose alors la question : Que faire de cet immense terrain ? Le SGAP ( Secrétariat Général pour l’administration de la Police ), à la Cité Administrative de Lille, décide d’y faire construire une école de Police, en début d’année 1990.

( document Archives Municpales )

C’est un projet gigantesque, d’un budget de 225 millions de francs. Le terrain de 30.000 m2 est mis à disposition gratuitement par les mairies de Roubaix et de Hem. L’école comprend des bâtiments destinés à l’éducation, à l’administration, à l’hébergement, et à la restauration. La conception est confiée à l’atelier Gilles Neveux de Roubaix, et les travaux de construction à l’entreprise Norpac, aidée de quelques sous traitants locaux.

Les travaux débutent début 1991, et sont réalisés très rapidement, car moins de trois ans ont été nécessaires pour réaliser le projet. Des terrains de sport déjà aménagés par la ville de Hem, sont repris dans le périmètre de l’école.

( document ENP )

Un contrat de partenariat entre l’Etat et Norpac est signé, pour faire profiter le quartier de retombées positives pour les jeunes sans emploi. Des groupes de travail sont créés entre les élus et les associations, pour l’accueil des policiers, les relations école-habitants, dans ce quartier des Hauts Champs.

L’inauguration ( documents Nord Eclair Sept 1993 )

L’école de Police est inaugurée officiellement en Septembre 1993 par Paul Quilés, Ministre de l’Intérieur, qui vient de succéder à Pierre Joxe. La cérémonie a lieu dans la magnifique et impressionnante cour d’honneur de l’école. Le Ministre visite les bâtiments, passe en revue les gardiens de la paix, puis prononce son discours.

L’importance de l’école est de taille car, en effet, elle va assurer la formation de 400 élèves gardiens de la paix, 200 policiers auxiliaires, et une formation continue d’une centaine de policiers, pour remise à niveau.

( documents ENP )

Aujourd’hui l’ENP, l’école nationale de police, c’est : l’hébergement et la restauration pour 428 personnes, des bâtiments administratifs, 35 salles de cours dont 3 informatique, 2 amphithéâtres, 1 centre de documentation, 3 dojos, 1 parcours sportif, 1 stand de tir, 1 gymnase.

( document ENP )

Remerciements aux Archives Municipales.

L’évolution du groupe scolaire

En 1939, le groupe scolaire Jules Guesde c’est une école de garçons dirigée par M. Victor Huard, avec cinq classes et 203 élèves. C’est aussi une école de filles dirigée par Mme Vandercruyssen, avec cinq classes et 227 élèves. C’est enfin une école maternelle dirigée par Melle Fernande Carette avec trois classes et 147 élèves. Par comparaison, le groupe scolaire de l’avenue Linné à deux pas : Léon Marlot Garçons, c’est huit classes et 306 élèves, et Linné filles, huit classes et 309 élèves.

L’école Jules Guesde en chantier 1931 doc AmRx

La guerre a laissé des traces sur les bâtiments. On apprend par un rapport daté du 11 juillet 1945, qu’il faudra refaire les toitures pour un montant de 2 millions cent mille francs. Cette réfection est rendu nécessaire car ces toitures ont été utilisées par l’armée anglaise puis par l’armée allemande pour les tours de guets et l’installation des DCA (dispositif contre les avions). Des crevasses sont apparues du fait des vibrations, aggravées par les obus. Ceci explique en partie les fuites récurrentes du toit de l’école.

Nouvelles classes et nouveau préau Photo PhW

L’école maternelle est agrandie par décision du 30 mars 1953. Puis un rapport de décembre 1954 de l’inspecteur primaire annonce l’augmentation de la fréquentation scolaire pour la rentrée prochaine. En juillet 1955 Il est donc question d’augmenter le nombre de classes de l’école des filles et de l’école des garçons, quatre classes pour les deux écoles, plus une classe d’enseignement ménager pour les filles (gaz et éviers). Les préaux existants seront donc utilisés à cet effet, ce qui nécessite la construction de nouveaux préaux, qui longeront le mur de séparation des deux écoles.

Les entrées rue Jean Macé Photo PhW

Dans le même projet, il est question du percement d’une porte pour chaque établissement sur la rue Léon Marlot. Jusqu’ici, on n’entrait que par la rue Jean Macé. Cela nécessite la construction d’un couloir, il y en a pour 28 millions de francs pour l’ensemble des travaux.

Les accès côté rue Léon Marlot Photo PhW

En mai 1959, c’est le temps des préfabriqués, un peu partout dans Roubaix. Tandis qu’on construit des écoles dans les hauts champs, rue Édouard Vaillant et au Pont rouge, il est décidé d’affecter des classes préfabriquées Jules Guesde et Potennerie, dans le souci de faire quelques économies. L’année suivante, le groupe scolaire Oran/Delespaul et les centres sociaux rue Decrême, et boulevard de Metz seront également édifiés en préfabriqués. Le modèle est dûment approuvé par le ministère de l’éducation nationale et il est construit par la maison Lécorché Frères de Moyenmoutier dans les Vosges.

Modèle des préfabriqués doc AmRx

En 1960, les fuites de la toiture sont à nouveau à l’ordre du jour. Il est décidé que les vieilles terrasses en asphalte coulé seront désormais remplacés par une couverture en zinc à ressauts et dilatation, avec chéneaux, ce qui permet une évacuation plus prompte des eaux pluviales et ne nécessitent pas un entretien onéreux. Ce genre de couverture est dit mieux adapté à notre climat. Il sera d’ailleurs adopté pour l’ensemble des toitures scolaires roubaisiennes.

Une vingtaine d’années plus tard, l’école de garçons est fermée et réaffectée dans le cadre de la promotion sociale municipale, à l’A.F.P.S, Association pour la Formation et la Promotion Sociale, dispense des cours du soir, notamment en Français et en Mathématiques. Il existait également un atelier libre-service informatique. C’était un organisme municipal, dont les activités étaient hébergées dans l’ancienne école des garçons au 94 avenue Léon Marlot, l’école des filles étant devenue une école mixte. Puis, suite à la demande d’instances extérieures, il devient nécessaire de confier l’organisation de ces cours à un organisme indépendant et non plus municipal. L’A.D.E.P, Association pour le Développement de l’Éducation Permanente, est donc créée en juin 1998, et commence ses activités à la rentrée 98-99. Elle s’y trouve toujours, pour le bonheur de la population.

logo de l’ADEP

Une histoire d’école

Paul nous fait part de ses souvenirs de jeunesse :

« A Roubaix, (quartier du Pile), on peut voir boulevard de Mulhouse entre la rue Fénelon et la rue de Mons, un bâtiment scolaire privé. C’est une construction ancienne, mais toujours utilisée pour l’Enseignement.

Une petite porte, percée dans un mur de briques boulevard de Mulhouse, donne accès à une petite cour de récréation. Au fond de cette cour se trouve ce bâtiment avec 4 classes, deux au rez-de-chaussée et deux à l’étage. Cette école était appelée l’école de garçons St Alexandre.

Photo IGN - 1932
Photo IGN – 1932

Actuellement, elle fait partie du groupe scolaire Notre Dame de Lourdes, dont l’entrée est au 8 rue Bourdaloue. Le groupe comprend plusieurs locaux servant à l’enseignement autour d’une cour de récréation asymétrique, verdoyante. C’est l’ancien lieu du patronage Saint Rédempteur.

Dans les archives, il n’est pas fait mention de l’école Saint Alexandre, vraisemblablement construite avant 1910.

 J’y ai été écolier de 1933 à 1937, si bien que j’ai usé mes fonds de culotte dans chacune des quatre classes. Je me souviens du feu Godin au milieu de la pièce, allumé quand c’était nécessaire par les élèves à tour de rôle, aidés et conseillés par l’instituteur. Le papier journal, le petit bois, le seau de charbon, la boite d’allumettes… Toute une époque !

 

Pupitre de l'école Archimède – document médiathèque de Roubaix
Pupitre de l’école Archimède – document médiathèque de Roubaix

Sur les murs, les cartes de géographie : réseaux routier, fluvial, ferré de la France… On rêvait de voyages en les regardant. Il y avait aussi la carte des départements, bien coloriée, et un planisphère. Sur la table de l’instituteur, une mappemonde, je crois.

Dans une armoire vitrée, des instruments de mesure et de capacité en bois et en métal, exposés par rang d’importance.

L’encrier de faïence logé dans un trou percé dans le bois des pupitres. Les plumes gauloises et Sergent Major, nos doigts teintés d’encre violette. L’estrade, le bureau du maître, le grand tableau noir (puis vert foncé), et les craies ! Nostalgie, souvenirs !

Photo journal de Roubaix - 1935
Photo journal de Roubaix – 1935

Le logement du directeur et de sa famille se trouvait rue Bourdaloue. L’arrière de la maison n’était séparé du bâtiment scolaire que par un petit potager bordé de fleurs, bien entretenu par Mme Declerc. Après M. Declerc, ce fut M. Castre, puis M. Vanhoutte qui fut le directeur, lorsque mes garçons, dans les années 60, sont allés à St Alexandre. »

 

Mouvements gymniques au centre aéré dans les années 30 – document archives municipales
Mouvements gymniques au centre aéré dans les années 30 – document archives municipales

 

Nous tenons à remercier Paul de son témoignage. Peut-être avez-vous un souvenir à transmettre ? N’hésitez pas à nous contacter.

 

Evolution de l’école

L’école du Moulin, terminée en 1867, est amenée à évoluer : En 1876, on construit à l’arrière du terrain, sur la rue du Général Chanzy, un gymnase municipal et un stand de tir. Le gymnase est utilisé notamment par les sapeurs-pompiers qui y pratiquent des activités sportives.

Photo Jpm

 En 1885, le chef des sapeurs pompiers demande la libre disposition du jardin de l’école pour pouvoir compléter l’entraînement de ses hommes par des exercices d’incendie. En 1886, on installe provisoirement les cours de dessin de l’école nationale des arts industriels (hébergée à ce moment à l’institut turgot) dans des locaux inoccupés de l’école.

Puis l’école devient publique et les frères qui la dirigeaient sont remplacés par des instituteurs laïcs. M. Dazin en devient le directeur et fonde en 1887 l’amicale du Moulin. Celle-ci procède l’année suivante à la première distribution de vêtements aux élèves grâce à une donation de 150 franc or. Cette tradition s’est perpétuée jusque dans les années 50. En 1894 La municipalité décide la création d’une cantine pour les écoles des rues du Moulin et de Chanzy.

En 1903, M. Dazin se voit retirer son jardin qu’il cède à la ville contre un dédommagement de 400F. Au décès de M. Dazin, c’est M. Dhermes qui le remplace comme directeur et M. Seynave qui prend la présidence de l’amicale. En 1905 M.Thaisne succède à M.Dhermes. La présidence passe à Clovis Segard, qui gardera ce poste pendant 31 ans ! Les directeurs se succèdent : Mlle Harcqz en 1908, puis Mme Dumoulin, M. Taisne, Mlle Prum, Mme Doleans en 1932, Mme Despretz, Mlle Clochez et enfin M. Joly juste avant la guerre. Après la libération, M. Dumez prend la direction de l’école et M. Foelix la présidence de l’amicale. Ils sont remplacés par M. Renand-Bouchez qui dirige l’école et préside l’amicale. Celle-ci compte en 1952 260 membres. En 1955 l’adresse de l’école passe de la rue du Moulin à la rue du général Chanzy. L’entrée des élèves se fait dorénavant par une porte à côté du gymnase.

L’école, alors quasi centenaire, est rénovée en 1963. Un article de Nord Matin nous détaille les travaux : restauration des façades avec modification des fenêtres, galerie de desserte des classes, vestiaires, réfectoire installé dans un nouveau bâtiment, escalier de secours, réfection de la cour, du préau et des installations sanitaires, rénovation du chauffage et de l’éclairage…

Les travaux – Photo Nord Matin

 Le bâtiment donnant sur la rue du Moulin ne sert bientôt plus aux besoins scolaires. Il abrite désormais plusieurs locataires, et, à partir de 1965, au rez-de-chaussée s’installent au 34 les meubles Vanovermeir, qu’on retrouvera jusqu’en 1974.

Photo Jpm

 Le Gymnase accueille jusque dans les années 60 les activités de la société sportive « la Roubaisienne ». On trouve à la direction de l’école successivement MM. N.Bailleul, P.Delins, Cl. Drumez. Au début des années 2000 l’école ferme ses portes. Ses locaux abritent alors l’inspection académique. Pourtant, dans la deuxième partie des années 2000, une école maternelle s’y installe à nouveau. Elle s’y trouve toujours et perpétue une tradition vieille de près de 150 ans.

Photo Jpm