Vite et Bien

Depuis des décennies, les emplacements de la rue de la Halle ont toujours été occupés par des estaminets ou des grossistes en fruits et légumes. Dans les années 1950, sur 14 maisons, on dénombre 11 grossistes et semi-grossistes en fruits légumes et 3 cafés.

Plan cadastral

L’estaminet du numéro 1 de la rue de la Halle ( à l’angle de la rue Pierre Motte ) est tenu, dans les années 1930-1940 par L. Blondel. L’établissement est ensuite repris par Fortuné Fournier, au début des années 1950, qui le transforme en dépôt de fruits et légumes, tout en gardant une salle à usage de café.

document archives municipales

Puis en 1956, les Halles sont rasées pour cause de vétusté. Les grossistes en fruits et légumes quittent leur emplacement et les cafés ferment les uns après les autres.

Le numéro 1 de la rue de la Halle n’échappe pas à la règle et ferme également en 1956. La société Dulfrance dirigée par Antoine Caulliez, le reprend et le fait transformer par l’architecte Forest à Tourcoing, en pressing-rapide avec une enseigne originale « Vite et Bien ».

documents archives municipales

Antoine Caulliez exploite déjà avec succès, la station de lavage de Lille au 60 rue de Paris. Dès les travaux terminés, le commerce ouvre en avril 1957, dans ce local de 109 m2.

Publicité 1957 ( document Nord Eclair )

Aves ses grandes baies vitrées, le commerce est clair, élégant et ventilé. La façade immaculée ouvre sur un sanctuaire moderne de la propreté.

Le client est accueilli par la vive couleur du comptoir. Une imposante machine située juste derrière, ne l’effraie nullement, mais bien au contraire dégage une impression de perfection mécanique.

Publicité 1957 ( document Nord Eclair )

L’enseigne choisie « Vite et Bien » est méritée. Tous les vêtements sont nettoyés et rajeunis en 60 minutes avec le matériel de nettoyage à sec ultra moderne et performant, à des prix imbattables. L’enseigne « Vite et Bien » s’enorgueillit d’être la station service de nettoyage à sec la plus élégante de la région.

document archives municipales

Antoine décide, à la fin des années 1950, d’investir dans la publicité pour développer les activités complémentaires de son commerce : teinture, blanchissage, stoppage, remaillage, réparation de vêtements, antimite, délustrage etc. Il communique également dans la presse locale pour annoncer régulièrement des ventes promotionnelles.

Publicité Nord Eclair

A la fin des années 1970, Antoine décide de la réfection de la façade avec un nouvel habillage des murs. Après quelques soucis de désaccords sur les autorisations municipales, le décorateur Jean-Claude Lequain, basé à Wattrelos, effectue les travaux.

documents archives municipales

La concurrence est vive dans le domaine du nettoyage à sec, et, malheureusement, « Vite et bien » ferme définitivement ses portes au début des années 1980.

document archives municipales

Le pressing est ensuite transformé en laverie libre service à l’enseigne LAV-MATIC par la société Lavanor à Tourcoing. Le principe du libre service est plus adapté à la clientèle et le commerce est toujours en place de nos jours.

Photo BT

Remerciements aux archives municipales

Les potages Dulfrance

Pierre Caulliez crée en 1939, les laboratoires Dulfrance, au 230 rue d’Alger, dans une partie de l’entreprise des rubans Gallant. Pierre produit des farines alimentaires ( aliments pour bébés ) sous la marque Dulcia.

Publicité des laboratoires Dulfrance ( document collection privée )

Les débuts sont difficiles, en 1939, mais dès la fin du deuxième conflit mondial, les affaires démarrent enfin. A la fin des années 1940, Pierre Caulliez développe l’activité de farines alimentaires et commence à s’intéresser aux produits déshydratés, et en particulier les potages et sauces.

Buvard ( document collection privée )

En 1955, les locaux de la rue d’Alger sont désormais trop petits mais l’entreprise Dulfrance a la possibilité de reprendre un très grand local au 56 de la rue des Sept Ponts. C’était auparavant, l’atelier de fabrication des meubles De Beyne ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé De Beyne ).

le 56 rue des Sept Ponts ( document collection privée )

L’entreprise de Pierre Caulliez emploie 10 personnes pour fabriquer et commercialiser ses produits déshydratés. La concurrence sur le marché est féroce, car de grands groupes alimentaires sont implantés avec de très grandes marques : Royco, Knorr et Maggi.

document archives municipales

Pierre commence sérieusement à penser à l’exportation pour ses produits. Antoine Caulliez vient aider son père, au sein de l’entreprise Dulfrance. Dans les années 1970, Antoine attaque avec succès l’exportation vers l’Afrique, l’Amérique du sud, le moyen-Orient. Ensuite au début des années 1980, il songe sérieusement à s’implanter aux Etats-Unis, aidé et conseillé par la COFACE ( Compagnie Française d’Assurances du Commerce Extérieur ). Puis, Stéphane ( le fils d’Antoine ) entre dans l’entreprise pour aider son père.

document archives municipales
Antoine et Stéphane Caulliez ( document Nord Eclair )
documents Nord Eclair et collection privée

Antoine et Stéphane mettent au point une gamme de 9 potages et 6 sauces déshydratées, sous sachets traduits en anglais et en bilingue pour le Canada. Ils recrutent un agent pour la commercialisation de leur gamme de produits. Le succès est immédiat : deux ans après le démarrage, Dulfrance dispose désormais de 7 importateurs sur les USA et le Canada et dix containers ont été expédiés soit plus d’un million de sachets vendus.

En 1987, Antoine et Stéphane commencent à s’attaquer à de nouveaux marchés, tels que l’Australie et la Nouvelle Zélande à l’exportation et, pour la France, les collectivités, hôpitaux, restaurants d’entreprises, cafétérias, tous très concernés par les produits déshydratés. Dulfrance produit alors des conditionnements adaptés, des paquets cartonnés qui permettent de fabriquer 12 litres de potage.

document collection privée

Le succès de cette petite entreprise roubaisienne est d’autant plus surprenant qu’elle ne compte que 10 personnes ! Antoine et Stéphane s’expliquent : En effet, c’est que les ingrédients déshydratés ne sont pas fabriqués sur place. Nous les recevons séparément, nous les mélangeons selon nos propres recettes, et nous les conditionnons sur des machines automatiques, ce qui explique qu’il nous faut très peu de personnel. Outre le mélange, les emballages sont conçus à Roubaix, ainsi que toute la stratégie commerciale. Notre atout c’est justement notre petite taille, qui nous permet une grande souplesse et une rapidité d’adaptation.

documents Nord Eclair 2003

En Août 2003, un incendie se déclare dans l’entreprise Dulfrance. Les pompiers arrivent sur place avec quelques difficultés de circulation, puisque c’est le jour de la braderie du quartier ! Une bouteille de gaz est certainement à l’origine du sinistre. Les secours maîtrisent rapidement l’incendie. Le bâtiment de stockage de marchandises est fortement endommagé.

L’entreprise Bati-Techni-Concept reconstruit, en 2004, un nouvel entrepôt de stockage, qui a l’avantage d’avoir des liaisons directes avec les différentes parties de l’entreprise, améliorant ainsi, les conditions de travail du personnel.

document archives municipales 2004

En 2015, Dulfrance se rapproche de Nutridry, un groupe alimentaire de 5 entreprises spécialisées dans les produits déshydratés. La fabrication des potages Dulfrance se fait désormais dans les locaux Nutridry à Lezennes, rue Paul Langevin.

document collection privée

Dulfrance ferme ses portes le 24 Juillet 2015. Depuis 2016, le bâtiment du 56 de la rue des Sept Ponts est occupé par La Croix Rouge Française.

documents collection privée et Nord Eclair 2016

Remerciements aux archives municipales