En 1961, un projet de construction d’un immeuble résidentiel voit le jour au 168 rue de Lille à Roubaix. Le terrain sur lequel sera érigé le bâtiment, est de 1382 m2, il se trouve à l’angle de la rue de Soubise, au carrefour des rues de la Perche et Colbert.
C’était auparavant, le centre d’apprentissage des garçons ; un bâtiment très vétuste qui est rasé au début des années 1960, car un nouveau centre se construit au 8 boulevard de Lyon en 1959 ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : le Lycée Louis Loucheur ).
Le projet est baptisé « Résidence Colbert », car la rue du même nom se trouve juste en face. Le bâtiment bénéficie d’un emplacement de premier ordre, à proximité de commerces, d’écoles et de moyen de transports. Les façades de tous les appartements sont orientés vers le Sud et Sud-Est.
La construction démarre en fin d’année 1961. Les travaux avancent rapidement, et déjà en début d’année 1963, la Société Civile Immobilière Colbert crée un appartement témoin.
C’est un immeuble moderne de 7 étages, composé de 40 à 50 appartements de 2 à 6 pièces, d’un très grand confort dont la superficie varie de 40 m2 à 155 m2. La façade est en briques. Chaque appartement dispose de larges baies vitrées. L’isolation phonique est efficace, grâce à un système ingénieux de doubles murs.
C’est une résidence de grand standing qui attire de nombreux industriels, directeurs et professions libérales.
Les appartements sont répartis entre 3 entrées, ce qui donne aux propriétaires l’impression de résider dans un petit immeuble. Trois ascenseurs desservent tous les niveaux y compris le sous-sol où se trouvent les caves de chaque appartement, et la chaufferie dans laquelle sont installées deux énormes chaudières pour l’eau chaude collective et le chauffage central de chaque appartement. Les 3 halls et escaliers sont en marbre noir veiné et pierres ardoisières.
De magnifiques rampes gainées de cuivre massif ainsi que d’autres ornements, viennent briller comme de l’or à chaque étage et dans toutes les parties communes. Des garages individuels se répartissent au rez-de-chaussée à l’arrière du bâtiment. Un local commun est à la disposition des résidents pour les bicyclettes et poussettes d’enfants dans chaque entrée.
La particularité de cette construction, est qu’elle est dotée de plusieurs appartements à double distribution ( 1 entrée sur les salons, et 1 entrée directement sur la cuisine). Chaque appartement possède son propre vide-ordure placé dans l’arrière-cuisine, une « Loggia » en balcon de 3 M2 donnant vue sur les garages et les jardins, à l’arrière du bâtiment, ainsi que 4 petits studios en rez-de-chaussée façade, servant de chambre de bonne pour les domestiques de certaines familles, donnant directement sur un grand séchoir de 100 M2, caché de toute vue, en entresol, aéré pour y étendre le linge de maison. Une loge-appartement est spécialement conçue au rez-de-chaussée à côté des garages, pour y accueillir le couple de concierges qui travaille au service des résidents, et entretient la résidence.
Cette résidence se veut définitivement et résolument moderne, tout en conservant les valeurs du passé. En effet, les matériaux utilisés sont de très grande qualité, voire luxueux, les hauteurs sous plafond des logements dépassent les 2,70 mètres. Pourtant on y trouve tout le confort moderne, de très grands espaces communs, de larges accès, de gigantesques placards à rangement dans les différentes chambres, une grande salle de bains dotée d’une baignoire en fonte émaillée, l’eau chaude courante et le chauffage central ( 8 grands radiateurs en fonte par appartement ), évacuation des déchets domestiques et surtout, une station-service Total puis Elf, avec deux pistes pour la vente de carburants, un pont pour le graissage et l’entretien des véhicules, ainsi qu’une aire de lavage.
Les travaux se terminent en 1963, et la commercialisation est confiée à 10 cabinets immobiliers de la métropole. Un financement possible est proposé par la SOVAC à Lille. En 1965, Le cabinet Lecluse organise des visites pour vendre les derniers appartements restants.
Comme la plupart des stations-service implantées en bas d’immeubles, la station-service du rez-de-chaussée ferme ses portes au début des années 1980, pour raisons de sécurité et pour éviter les odeurs désagréables d’essence pour les résidents. De même, les vide-ordures de chaque appartement, tellement pratiques, seront condamnés dans les années 2000 pour des lois sur l’hygiène …
Construite sur de fortes fondations, avec des matériaux de qualité, et jusqu’à présent superbement entretenue par ses copropriétaires, la Résidence Colbert n’a pas vraiment vieilli. Bien au contraire, cette résidence a été conçue à l’époque glorieuse des années 1960, durant laquelle l’énergie était peu coûteuse. Elle reste résolument belle et en bon état, de par son architecture, sa conception et les matériaux utilisés. Unique dans la région, sa couverture en cuivre verdie par le temps, est reconnaissable par les Roubaisiens à des kilomètres !
Elle est facile et agréable à vivre au quotidien de par sa conception, ses volumes et ses dimensions modernes et pratiques.
La Résidence Colbert a désormais 60 ans. Bien évidemment, certains problèmes de plomberie, d’arrivée et évacuation des eaux, de mécanismes moteurs d’ascenseurs, et quelques lois de remises aux normes demandent certaines réparations, modifications et restaurations parfois couteuses.
Mais ne faut-il pas aujourd’hui continuer à préserver au mieux notre patrimoine roubaisien d’autant que jamais une telle résidence ne pourra être construite à nouveau …
Remerciements à Tanguy Rosez et aux archives municipales.