Du roller-skate chez Cabour

En 1981, la municipalité décide qu’une partie de la Grand rue ( entre la Grand Place et la place de la Liberté ) va devenir piétonnier.

document Nord Eclair

Ce grand changement satisfait bon nombre de commerçants. Par contre, supprimer la circulation des voitures peut entraîner des conséquences inévitables et graves pour le garage Citroën situé au 29 Grand rue. Ce concessionnaire exclusif, la SA Cabour et J. Vancauwenberghe, doit alors transférer son atelier et son service commercial, dans son deuxième garage rue Racine.

le garage Citroën fermé en 1984 ( document archives municipales )

Après travaux, la Grand rue devient piétonnière en Août 1982 et le garage Citroën reste toujours fermé. En Janvier 1985, un projet d’ouverture d’une piste de roller-skate voit le jour, dans cet ancien garage. Quatre associés : Alain Carré, Jean-Pierre Seri Gnabbe, Robert Delgado et Dominique Bord louent le garage à la société Cabour, et dans un premier temps l’ensemble du rez de chaussée de 2400 m2.

Les quatre associés ( document Nord Eclair )

Un centre de roller-skate consiste à offrir à une clientèle très jeune, un total de 500 m de pistes de patins à roulettes. On peut y trouver 4 pistes différentes : un circuit d’initiation pour les plus petits, un autre pour les 7 à 12 ans, un troisième pour les grands de 12 à 77 ans et enfin un dernier pour les sportifs.

La réalisation d’une piste de roller à l’américaine, est unique dans la région. Il faut aller à Paris ou à Ostende pour trouver presque aussi bien. L’arrivée de ce centre, destiné à attirer beaucoup de monde dans le centre ville, est alors une très bonne chose !

l’ouverture ( document Nord Eclair )

Le centre de roller-skate ouvre le 6 Février 1985. Le matin, le centre accueille les écoles, et les professeurs de sport sont très favorables à cette activité qui apporte un complément pour l’éducation sportive. L ‘après midi, le centre est ouvert au grand public qui est accueilli par un animateur et un disc-jockey : l’ambiance est chaude, musicale et fondée sur des spots lumineux et colorés. Ceux qui ne font pas de patin, peuvent y trouver 15 jeux vidéo, un bar sans alcool et une piste de danse.

Les 4 responsables de ce centre de roller-skate sont ambitieux et envisagent déjà d’agrandir avec la création d’une salle de hockey sur patin, à l’étage, d’un café de jeunes côté Grand rue, et pourquoi pas des boutiques si l’ouverture sur l’avenue des Nations Unies est possible, par la suite. L’entrée est fixée à 15 Frs plus 10 Frs pour la location des patins, si l’on n’en possède pas soi-même.

Cachet.   Le N° de téléphone est en attente ( document collection privée )
document Nord Eclair

Après un démarrage encourageant l’affaire stagne dès le mois d’Août 1985. Les deux associés restants, Jean-PierreSeri Gnabbe et Alain Carré sont fortement désabusés, car, si au départ 90 à 95 % des clients louaient des patins, ils ne sont plus que 50 % aujourd’hui : les jeunes arrivent avec leurs propres patins sous le bras.

Jean-Pierre et Alain incriminent tour à tour, la presse et la municipalité. La présence de la police municipale devrait rassurer la clientèle mais sa présence constante en arrive à faire craindre une certaine insécurité. La SARL paraît bien mal en point. Les deux patrons estiment qu’on leur met des bâtons dans les roues et qu’on les empêche de travailler. Ils menacent de quitter Roubaix si l’on ne porte pas plus d’intérêt à leur maintien dans la ville.

document Nord Eclair

Au mois de Novembre 1986, un arrêté municipal annonce la fermeture prochaine du roller-skate de la Grande rue. En effet, une décision de la commission de sécurité de la ville constate qu’il n’y a pas d’issue de secours ! La situation financière de la petite entreprise reste très précaire. Le billet d’entrée est d’un prix modeste et un restaurant est en cours d’installation. Il leur est dès lors difficile de trouver des financements car les banques restent frileuses et souhaitent des premiers résultats positifs.

document Nord Eclair

La municipalité reste ferme et intransigeante sur la sécurité. Nous ne faisons qu’appliquer la loi, affirment Mrs Lamaire et Vandierendonck. Certes, cette fermeture tombe au plus mauvais moment, car les jeunes arrivent à Roubaix, et on tente par tous les moyens de structurer et d’animer le centre ville. Le jour même où la police fait appliquer l’arrêté municipal de fermeture, le tribunal de commerce de Roubaix prononce la liquidation du roller-skate. C’en est fini !

Quelques années plus tard, l’intérieur du garage Citroën est complètement rasé, car le projet de la construction de l’Espace Grand Rue arrive à grands pas. De nos jours la façade du garage Cabour existe toujours, l’intérieur étant occupé par une partie de l’immense magasin du Furet du Nord et des bureaux installés sur les deux étages.

la façade de nos jours ( photo BT )

Remerciements aux archives municipales

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Le 104 rue Charles Fourier

Depuis très longtemps, le 104 rue Charles Fourier ( parcelle 149 sur le plan cadastral ci-dessous ) était un jardin appartenant à la propriété voisine du 256 de l’avenue Gustave Delory ( parcelle 150 ).

Plan cadastral

En 1954, Paul Vandystadt, garagiste, est propriétaire du 256 avenue Gustave Delory. Il souhaite développer son entreprise. En 1960, il décide donc d’agrandir son atelier-garage, en construisant une extension dans son jardin au 104 rue Charles Fourier.

Projet d’agrandissement ( document archives municipales )

En 1968, le garage du 256 avenue Delory est tenu par J. Hamicat puis devient une agence de la B.N.P Banque Nationale de Paris en 1971. La même année, le 104 rue Charles Fourier devient une station service Fina : « le Relais de l’Etoile » en référence à l’étoile formée par toutes les rues qui se rejoignent.

Publicité 1971 ( document Nord-Eclair )

Le Relais de l’Etoile devient un garage Citroën en 1973. Les deux associés R. Godart et P. Coullé invitent leurs clients à une exposition de véhicules les 31 Mars et 1° Avril.

Publicité 1973 ( document Nord-Eclair )

Les deux agents Citroën développent leur commerce. Malheureusement deux ans plus tard, en Février 1975, un court circuit électrique déclenche un incendie dans le garage. Les pompiers arrivent rapidement sur les lieux, mais deux véhicules ont brûlé dont une magnifique DS.

document Nord-Eclair 1975

Très dynamique, R. Godart, aidé par le concessionnaire Cabour Vancauwenberghe, fait le nécessaire en 3 mois de temps, pour réparer les dégâts causés par l’incendie. L’enthousiasme et la volonté de R. Godart et de son équipe ont permis, en un temps record, la réfection et la modernisation du Garage de l’Etoile en Juin 1975.

document Nord-Eclair 1975

En Avril 1977, R. Godart décide de changer la marque des voitures proposées à la clientèle. Le Garage de l’Etoile devient alors agent Toyota.

documents Nord-Eclair 1977

Le 104 rue Charles Fourier, devient ensuite un magasin de chaussures à l’enseigne Difen, en 1979.

document Nord-Eclair 1979

L’expérience Difen est courte, puisqu’au début des années 1980, le 104 rue Charles Fourier devient un centre « Plein Pot » spécialiste du pot d’échappement et d’amortisseurs. L’enseigne « Plein Pot » reste dans les lieux jusqu’en 1992.

documents collection privée et archives municipales

« Menuiplast » vient s’installer dans les locaux en 1993. C’est un installateur de menuiserie, véranda, volet, porte de garage, en PVC, aluminium et bois. Au début des années 2000, Menuiplast souhaite développer son activité, et le manque de place oblige l’entreprise à trouver des locaux plus spacieux. Elle s’installe ensuite à Lys-lez-Lannoy.

documents collection privée et archives municipales

En 2002, Khing et Sokuontheavy Taing sont commerçants en fruits, primeurs et légumes au 126 boulevard de Fourmies à l’enseigne « Primeurs du Nord » depuis 1992. Leur affaire fonctionne correctement. Ils désirent se développer mais le manque de place se fait cruellement sentir. L’occasion se présente au départ de l’entreprise Menuiplast, le couple achète l’immeuble au 104 rue Charles Fourier, pour s’installer en fruits et légumes. Ils proposent toujours à ce jour une gamme de fruits et légumes frais et de qualité, un rayon épicerie-crémerie, et une rôtisserie de poulets le week-end.

Photo BT 2022

Remerciements à Khing et Sokuontheavy Taing, ainsi qu’aux archives municipales.