La rue Edouard vaillant est une rue très ancienne, citée en 1824 en tant que rue Poivrée, qui débute rue du Général Leclerc et descend jusqu’à la Marque à la rangée Droulers. C’est un siècle plus tard, en 1927, que la rue prend son nom actuel d’Edouard Vaillant, du nom d’un homme politique socialiste, mort en 1915, l’un des inspirateurs de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La rue ne mesure que 261 mètres de long et n’atteint pas la Marque mais s’arrête brusquement devant une rangée de petites maisons situées tout en bas : « au bas du bout ».
Au café du Bas du Bout , en bas de la rue au n°53, on organisait jadis des concours de Pinsons à la ducasse du dernier dimanche d’Août, exercice de chant comportant un prélude, un roulement et une finale, répété parfois jusque 600 fois en 1 heure, sachant que le nombre de chants détermine la victoire et non leur qualité.
Pour dresser un pinson, on le place en cage dans un verger où il s’en trouve déjà un en liberté, lequel devient son professeur. Le jour du concours chaque oiseau est apporté dans une cage minuscule et les cages sont posées sur des chaises éloignées de 2m60 les unes des autres.
Les Pinsonneux d’alors crevaient parfois les yeux des oiseaux au fer rouge, pratique sensée avoir un effet « bénéfique » sur leur chant. Curieuse ironie, c’est durant l’occupation de la première guerre mondiale qu’un commandant allemand prend un édit pour interdire cette pratique barbare. Cette législation se perpétue après guerre et les pinsonneux seront punis d’amende et de confiscation lorsqu’ils seront détenteurs d’un pinson aveugle.
La société de colombophilie les Francs-Amateurs existe quant à elle depuis 1879. C’est une passion qui exige du « coulonneux » le sens de l’observation, la patience, le savoir-faire, qualités détenues le plus souvent de père en fils, chaque génération d’éleveurs se transmettant les petits secrets de l’élevage et du dressage des pigeons. Soumise à une législation très stricte, la colombophilie est placée sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. L’ouverture d’un colombier est soumise à autorisation préfectorale et chaque nouveau colombophile, doit s’affilier à une association de son choix qui lui remet une licence fédérale « sportif » pour prendre part aux compétitions ou « éleveur »pour élever des pigeons voyageurs.
A Hem, en 1886, on dénombre ainsi 37 propriétaires pour 504 pigeons , nombre qui tombe en 1900 à 2 pigeonniers déclarés pour 31 pigeons. Mais, après la première guerre, le nombre d’amateurs augmente à nouveau pour atteindre 76 en 1930 avec 1356 pigeons. La moitié des coulonneux hémois est inscrite aux Francs-Amateurs. Mais avec la seconde guerre mondiale les pigeonniers sont pillés. La colombophilie atteint son apogée après-guerre et plus précisément en 1952 avec 147 détenteurs totalisant 2233 pigeons.
Dans les années 1960, sous la présidence de Louis Gauquié, des trophées sont remis aux lauréats qui ont les honneurs de la presse locale. L’occasion d’annoncer pour la fin de l’année 1968 une exposition « standard-sport », un pigeon par catégorie et par amateur, avec remise des prix aux lauréats de 1968 chez Lempire rue Vaillant. C’est en effet René Lempire qui a repris, en 1968, le café jusqu’alors tenu par Gérard Mahieu, cité Droulers, au bas du bout.
Des expositions sont dès lors régulièrement organisées dans le café tenu par René et Léonce Lempire, leur établissement devenant le siège des Frans-Amateurs. Les réunions générales s’y tiennent et René devient trésorier de l’association. Les préparations de saison et les concours s’y succèdent donnant lieu à des festivités au bas du bout, notamment lors des remises de prix.
Il ne s’agit pas, loin s’en faut, des seules occasions de faire la fête pour ce petit bout de rue animée. Ainsi, dès les années 1960, une Miss Bas du Bout est élue et soutient l’équipe de football de la ville engagée dans un tournoi en 1966 et, la même année, comme chaque année y est organisée une kermesse au profit des anciens du quartier.
A suivre…
Remerciements à l’association Historihem