Eglise Saint Joseph

Au début du 20ème siècle, la population sans cesse croissante des quartiers des Trois Baudets et du Petit Lannoy à Hem nécessite l’implantation d’une petite église, dont la première pierre est bénie le 30 avril 1905, et qui ne sera que provisoire et servira ensuite de patronage de quartier. En effet, à l’initiative de l’abbé Billaud, missionné par l’archevêque de Cambrai, dès 1908, une grande église est construite sur les plans de l’architecte Briffaut, entrepreneur à Hem.

Eglise provisoire (Documents Historihem et collection privée)
En-tête de facture de Cajétan Briffaut (Document collection privée)

Les pèlerins viennent à Saint Joseph servir Saint Camille et Sainte Apolline. Il convient de signaler que la dévotion à cette dernière existe alors déjà de façon immémoriale à Hem. En effet, la Chapelle Madame (Chapelle Sainte Apolline), aux confins de la paroisse, près du cimetière de Lannoy, était, avant la construction de l’église, l’objet d’une grande vénération et l’on y accourait de loin.

La chapelle Madame dans les années 1900, les litanies et sa statue (Documents Historihem)

L’église est érigée au milieu des champs comme le montre la photo aérienne de 1933, sur laquelle on distingue également le château Olivier sur la gauche. Les premières cartes postales représentant l’église Saint Joseph la montrent bien entourée de champs avec son presbytère à l’arrière et l’ancienne petite église devenue patronage. Sur une photo du début du siècle on distingue même des fétus de paille devant l’église.

L’église en plein milieu des champs et avec le début de la rue de l’abbé Lemire (Documents IGN et collection privée)
Intérieur de l’église, bénédiction des cloches (Documents Historihem)

La paroisse Saint-Joseph est de suite active : catéchisme pour les enfants du quartier bien sûr mais aussi « vestiaire des pauvres » (avec don d’espèces, de linge, couvertures, vêtements et chaussures), denier du culte, bibliothèque paroissiale, ainsi que l’édition d’un bulletin paroissial dès juillet 1912.

Bulletin paroissial n°1 de juillet 1912 (Document Historihem)

Il faut aussi citer les missions (les premières Missions de Paroisse datent du 18ème siècle) qui ont pour but de propager la religion dans les paroisses. Elles durent de 3 à 5 semaines et sont animées par deux ou trois missionnaires qui se déplacent dans les villages  pour toucher un maximum de paroissiens conviés à participer  aux cérémonies à l’église.  La mission est alors un temps fort de la paroisse,  un événement local   d’importance qui se clôture un dimanche par une cérémonie grandiose et très souvent par la bénédiction d’un calvaire ou d’une statue, avec une très grande participation de la population.

Exemples de missions à Hem (Documents Historihem)

Par ailleurs le patronage de la paroisse organise de multiples activités sportives et culturelles, comme c’est l’usage à l’époque. Ainsi à Saint Joseph la gymnastique est mise à l’honneur avec la Vaillante. Fondé en 1925, le club comprend une clique et est alors composé uniquement de gymnastes masculins. La salle d’agrès se trouve dans l’ancienne chapelle provisoire de la paroisse Saint Joseph devenue salle du patronage.

La Vaillante dans les années 1920 et en 1920 lors d’une fête (Documents Historihem et collection privée)

Il existe aussi une activité théâtrale très active dès les années 1920, composée d’une section d’art dramatique pour filles et une section pour garçons. Les filles participent à des processions dès les années 1930 et le patronage organise par la suite des activités de loisirs pour les garçons.

L’activité théâtre dans les années 1920 (Documents Historihem)
L’activité théâtre dans les années 1920 (Documents Historihem)
Le patronage pour les garçons (Documents Historihem)

En 1933, le vingt cinquième anniversaire de l’église est fêté par le curé en exercice l’abbé Defossez entouré de ses 2 prédécesseurs les abbés Billaud et Desmarecaux, en présence de Mgr Descamps, vicaire général. A cette occasion la chorale paroissiale interprète les chants liturgiques, soutenue par la Symphonie. 5 ans plus tard c’est l’abbé Derville qui succède au curé Defossez.

Le 25 ème anniversaire de l’église en 1933, la photo de l’abbé Defossez et l’installation de l’abbé Derville en 1938 (Documents Historihem)
L’église Saint Joseph dans les années 1930 (Documents collection privée)

La vie de la paroisse c’est aussi, bien entendu, les communions solennelles à l’occasion desquelles les communiants prennent la pose et défilent autour de l’église dans leurs costumes du dimanche et leurs aubes. A cette occasion les familles font imprimer des images pieuses en souvenir à distribuer à la famille.

Une image pieuse des années 1920, une communion en 1930 et en 1941 (Documents collection privée et Historihem)

En 1957, le (récemment nommé) chanoine honoraire Edmond Derville célèbre son jubilé sacerdotal en tant que curé de l’église Saint Joseph. La cérémonie est présidée par Mr le Doyen du Chapitre de la Cathédrale et un cortège rassemblant tous les groupements paroissiaux parcourt les rues du Bas Voisinage (Louis Loucheur), Alexandre Ribot et des Ecoles pour atteindre la place de l’Eglise et assister à une messe solennelle d’action de grâces dont la chorale paroissiale interprète les chants.

Le chanoine Derville fête son jubilé et photo de la chorale dans les années 1950 (Documents Historihem)
CPA des années 1950-1960 (Document collection privée)

Un an plus tard c’est l’église qui fête son cinquantenaire, en présence du Cardinal Liénart, évêque de Lille. L’allocution de bienvenue du docteur Leplat, maire de la ville, a lieu dans la cour de l’école Sainte Thérèse toute proche. Puis un cortège se forme pour se rendre à l’église afin d’assister à la messe de 10 heures. Celle-ci est suivie d’une réception dans la salle du patronage. La chorale mixte de Saint Joseph fête également son cinquantenaire durant la même année.

Le cinquantenaire de Saint Joseph et de la chorale mixte (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Cinquantenaire du Minck

Le marché aux poissons, appelé le Minck, est créé en 1862, place du Trichon, dans un des plus vieux quartiers de Roubaix. Tous les roubaisiens amateurs de poissons frais viennent au Minck pour y acheter du poisson à la criée. Le succès de ce marché ne se dément pas et, au début du siècle dernier, on compte 38 tables de vente.

documents collection privée

En 1912, le Minck a 50 ans. Le Comité des fêtes du quartier décide de célébrer cet événement, avec l’aide financière de la municipalité. Le Cinquantenaire du Minck a lieu les 18 19 et 20 Mai 1912. Il faut beaucoup d’ingéniosité de la part du Comité organisateur pour préparer les festivités dès le mois de Mars. Leurs efforts persévérants doivent aboutir à un succès total de cette manifestation.

Sur le document ci-dessous, on reconnait, assis de gauche à droite, Mrs Catteau, Lefebvre, Tiers, Meyer, Kerkhove et Delcambre

Le Comité des fêtes du Trichon ( document Journal de Roubaix 1912 )

Samedi 18 Mai 1912, tout est prêt. C’est l’effervescence dans tout le centre ville. Les festivités vont durer trois jours sur la place du Trichon. Dans toutes les maisons du quartier, on s’apprête à pavoiser et à décorer. De nombreux chars sont préparés pour ces fêtes originales et importantes pour la population. Les couturières se sont mises à disposition pour confectionner la robe et le manteau de la Fée du Trichon ( représentée par Emilienne Mathon ), et de la Reine de l’Industrie ( représentée par Blanche Bombecke ). Ces deux demoiselles sont deux modestes ouvrières que tout le quartier applaudira le jour de leur royauté éphémère. Leurs luxueux vêtements confectionnés sont exposés dans la vitrine de M. Potage, peintre décorateur au 9 place du Trichon.

documents Journal de Roubaix 1912

A 20h, la retraite féérique comprenant des chars avec de nombreux motifs lumineux, parcourt tout le quartier, au départ de la salle des fêtes de la rue de l’Hospice, puis défile dans la rue St Georges, la Grand Place, les rues Neuve et Sébastopol, la place du Trichon, les rues des Fleurs, des Arts, d’Inkerman, du Bois, et enfin revient rue de l’Hospice à la salle des fêtes. Pour faire bon accueil aux visiteurs, tout le quartier est paré d’ornements décoratifs : des drapeaux tricolores à toutes les fenêtres, des mâts surmontés d’oriflammes, des banderoles multicolores, des fleurs, des guirlandes et le soir d’une féerie d’illuminations.

document collection privée

Le défilé se met en route à 20h30 : des enfants avec des lanternes vénitiennes commencent l’itinéraire suivis par la fanfare des Trompettes, le char du Roi des Mers, le char à transformation La Fée, des porteurs de torches et d’autres lanternes vénitiennes terminent le cortège. La retraite lumineuse obtient un franc succès. Le cortège est accueilli chaleureusement par de vifs applaudissements. Une foule très dense entoure le Minck brillamment illuminé, orné d’une cascade du plus bel effet. Les spectateurs enchantés par cette soirée se dispersent vers 22h.

document Journal de Roubaix

Dimanche 19 Mai 1912, une braderie est organisée le dimanche matin dans la rue du Bois et la rue des Fabricants. De nombreuses manifestations ont également lieu dans le quartier : 2 courses cyclistes, l’une de 1000 mètres et l’autre de 3000 mètres, des combats de coqs, un lâcher de pigeons voyageurs.

A 11h30, les membres du comité de la fête, reçoivent dans le palais communal de la rue de l’Hospice, le roi George V d’Angleterre et le remercient pour sa présence, nouvelle preuve de l’amitié franco-anglaise. Un succulent repas est ensuite servi à de nombreux convives. Sur le document ci-dessous, A noter un clin d’oeil sympathique : la caricature de Théophile Meyer, épicier rue Jacquard et président honoraire du Comité d’organisation.

Le menu du repas proposé aux invités le 20 Mai 1912 ( document collection privée )

Après le repas, vers 14h30, Mrs Tiers, président, et Kerkhove, vice-président reçoivent Jean Lebas, maire, ainsi que ses principaux adjoints. Dans l’après midi, au square Pierre Catteau, est organisée une grande et charmante « Fête enfantine » pour une soixantaine de couples de garçons et filles, vêtus de costumes les plus divers. Beaucoup de roubaisiens font le déplacement pour contempler les évolutions de ces enfants. Les réjouissances attirent une foule considérable. Pendant ces trois jours de festivités, un concours photographique est organisé. Les épreuves doivent être envoyées au secrétaire du Comité au 21 rue du Trichon.

Lundi 20 Mai 1912 à 15h, une fête aérostatique a lieu au square Pierre Catteau. Un grand concours de ballons-pilotes ( un concours de ballonnets ) est proposé pour les enfants ; chaque enfant attache sur un ballon, une carte qui porte son nom et son adresse. L’enfant lance le ballon depuis la pelouse du square. Les distances sont ensuite calculées et les ballonnets qui ont parcouru la plus longue distance font gagner aux enfants de superbes cadeaux.

document Journal de Roubaix

A 17h30 a lieu la cérémonie du baptême du ballon Madeleine de 1200 mètres-cube. L’aérostat tout enguirlandé de roses et de feuillages décolle ensuite à 18h pour sa première ascension officielle, piloté par son propriétaire Georges Delcambre. Cette fête aérostatique de clôture connaît un grand succès. C’est une véritable réunion de famille pour les roubaisiens. Ces trois jours de festivité dans le quartier du Trichon remportent donc un immense et légitime succès populaire pour le plus grand bonheur des habitants du quartier et de tous les roubaisiens.

Le Minck sera rasé en 1950 pour raisons de vétusté et de sécurité ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : la démolition du Minck )

Remerciements aux archives municipales.