Un premier titre de champion de France

Le championnat de France de football de l’époque n’est pas celui que nous connaissons de nos jours. Créé pour la saison 1898/99, il oppose les champions régionaux (Nord, Normandie, Centre Est, Paris…) jusqu’à une finale qui déclare le vainqueur champion de France.

Le RCR ne participe pas aux championnats de France de 1898/99, 1899/1900 et 1900/1901 pour d’obscures raisons. Pour ces saisons, les champions de France sont le Havre Athlétic Club pour les deux premières, le Standard Athlétic Club de Paris pour la troisième.

Le RCR fait son entrée dans le championnat de France pendant la saison 1901/1902. Il sera champion du Nord après avoir remporté la finale terriens/maritimes face à l’Union Sportive de Calais. Voilà les roubaisiens compétiteurs pour le titre de champion de France.

Une première demi-finale du championnat de France oppose le Sport Athlétique Sézannais (champion du centre-est) au Racing Club Roubaix (champion du nord). L’autre demi-finale, c’est le Havre Athlétic Club (champion de Normandie) contre le Racing Club de France (champion de Paris). Le 13 avril, le RCR bat le FC Sézannais (12-1) et le RCF l’emporte sur le HAC (5-1). La finale va donc célébrer les retrouvailles des deux Racing, RCF et RCR sur le terrain du Stade Français à Bécon les Bruyères.

L’équipe du RCR en 1902 doc AmRx

Devant 1500 personnes, les roubaisiens l’emportent par 4-3 après deux heures et demie de match. Albert Dubly marque, Ernest Lesur est blessé par un coup de tête involontaire, continue le jeu, a une défaillance, on le soigne, il reprend le match privé de l’usage d’un œil ! Paris marque trois fois après la reprise, Gadenne et Sartorius rétablissent l’égalité. Émile Lesur est un gardien héroïque devant Allemane et ses shoots merveilleux. Pendant les prolongations, Roubaix marque et gagne le match. Les parisiens portent leurs camarades roubaisiens en triomphe.

Les champions de 1902 Doc BNF La Vie au Grand Air

L’équipe du RCR était composée des joueurs suivants : Ernest Lesur, Émile Mongey, Peacock, Léon Dubly, George Scott, Émile Lesur, Henri Lesur. Assis : Émile Sartorius, J. Lefebvre, Albert Dubly, Gadenne, George Hargrave.

Un banquet amical réunit les compétiteurs au « Dîner français ». A l’arrivée en gare de Roubaix, une superbe réception attend les footballeurs roubaisiens. Tous les membres honoraires et actifs du RCR sont là, ainsi que des délégations des différentes sociétés sportives : l’Aviron, la Roubaisienne, la Boxe Française… Musique en tête, c’est un défilé jusqu’à l’hôtel Ferraille, où la fête se prolonge tard dans la nuit. Roubaix champion de France ! Avec cette victoire, c’est aussi le football qui a gagné ses lettres de noblesse.

René Libeer, champion d’Europe

René Libeer avec la ceinture de champion d’Europe après le match Photo NE

Né le 28 novembre 1934 à Roubaix, René Libeer est le dernier enfant d’une famille de huit, dont les garçons fréquentent la salle de boxe et il ne faillira pas à la tradition. Il livre son premier combat à l’âge de quinze ans. Il effectue son service militaire au bataillon de Joinville lequel vient d’être créé en 1956, pour accueillir les appelés sportifs de renom. La même année ont lieu les Jeux olympiques d’été à Melbourne, de fin novembre à début décembre. René Libeer alors âgé de 22 ans boxe dans la catégorie des « mouches », les moins de 51 kg. Il fait partie de la sélection française. Il va éliminer le Sud-Coréen Pyo Hyun-Ki puis le Japonais Kenji Yonekura pour accéder à la demi-finale. Mais il est battu aux points par l’Anglais Terence Sprinks, le futur champion olympique. Il reçoit donc une médaille de bronze, comme son compatriote le poids moyen Gilbert Chapron.

Après les Jeux, et après avoir rempli ses obligations militaires, René Libeer passe boxeur professionnel en 1958. Une belle série de douze victoires, dont cinq par KO, l’amène au titre de champion de France, qu’il remporte le 21 décembre 1959 face à Jean Guerard, au Palais des Sports de Paris.

Après une première tentative infructueuse en 1963, René Libeer finit par décrocher la ceinture européenne le 13 juin 1965 aux dépends de Paul Chervet à la Salle Roger Salengro de Lille. Il la perdra en 1967 face à l’Italien Atzori, de façon injustifiée selon la presse de l’époque. Ses demandes de match revanche resteront lettres mortes, aussi décide-t-il, le 2 novembre 1967, de tirer un trait sur sa carrière. Il devient un anonyme patron de bistrot à Tourcoing. René Libeer est décédé le 13 novembre 2006 à Roubaix.

D’après la presse de l’époque