Le Cercle Artistique Roubaisien

le Cercle Artistique Roubaisien en 1936 ( coll. priv. )

C’est en 1934 que Robert Carette fonde le C.A.R Cercle Artistique Roubaisien, avec quelques mordus du chant passionnés comme Mrs Dubois, Hoste, Declercq, Keyaert, Deldalle, Pollefeyt, et bien d’autres. La mission du Cercle est de préparer les jeunes au chant et de leur apprendre l’amour des beaux airs et des belles pages du patrimoine lyrique. Le quartier du Pile possède déjà une troupe lyrique d’amateurs qui se produit au sein de l’Amicale Pierre de Roubaix. Quand celle-ci cesse son activité, l’idée de fonder un groupe lyrique et théâtral recueille l’adhésion de tous. Le recrutement organisé de suite permet de rassembler de nombreux chanteurs et choristes. En 1935, le C.A.R remporte déjà un premier succès au concours de chant. Pendant de nombreuses années, le C.A.R va remporter des prix, dans divers concours, tant en opérettes et opéras, que dans les diverses catégories de chanteurs individuels.

Diplôme concours de chant ( Archives Municipales – Don  M Tartare 2017.001 )

Dans le quartier du Pile, ces concours de chant, où de nombreux talents sont découverts, sont toujours suivis par des milliers de spectateurs passionnés. Dans le groupe s’installe un esprit de camaraderie et d’entraide assez remarquable. C’est dans le café de M Prosper Hoste, au 303 rue Jules Guesde, que se trouve le siège du C.A.R et c’est un voisin bien connu des habitants du quartier qui est président d’honneur: M Louis Derryx commerçant en cycles. Dans le café de M Hoste, la salle du rez de chaussée ainsi que le premier étage sont assiégés, envahis, submergés les jours de répétition, toujours dans la joie et la bonne humeur, réunions qui se terminent toujours par l’hymne du C.A.R.

Hymne CAR ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

En 1948, le C.A.R remporte 43 prix individuels dont 18 premiers prix. Ce record exceptionnel fait honneur aussi bien au Comité d’Administration et à la Direction Artistique qu’aux lauréats eux-mêmes. Et si ces chiffres ne sont plus atteints par la suite, c’est qu’au fil des ans les brillants éléments de la Société sont mis « hors concours ».

 

Concours international de chant 1954 ( coll. priv. )

Les 5 et 6 Juin 1954, pour son 20° anniversaire, le C.A.R organise le Concours International de Chant Lyrique Amateur, sous le patronage de la Fédération, avec l’aide de la ville de Roubaix et du Comité de quartier. 176 personnes participent à ce concours. Une semaine avant la date, le journal local précise qu’ il y a finalement près de 200 interprètes à cette manifestation et que les horaires prévus sont avancés de 30 minutes. Le jury est composé de personnalités nationales et internationales : des professeurs de conservatoire et des directeurs d’opéra de Paris, du Luxembourg, de Bruxelles, de Sarrebruck, de Gand, de Bordeaux, de Lyon . . .

Plusieurs catégories parmi les concurrents : Soprani et Barytons à la Bourse du Travail, Boulevard de Belfort, Mezzos-Contraltos, Ténors et Basses au Conservatoire de Musique, rue de Soubise. Une foule immense vient assister à cette fête

Le Dimanche 6 Juin en fin d’après midi, pendant la délibération du jury à la Bourse du Travail, a lieu un concert du cercle Orphéonique de Roubaix. Les prix sont ensuite décernés aux meilleurs chanteurs : dans chaque catégorie, 10 prix sont distribués pour un total de 70.000 Frs.

Concours international de chant ( Nord Eclair Juin 1954 )

Dans les années 60, les temps deviennent plus difficiles ; les jeunes délaissent de plus en plus l’art lyrique et se tournent plus volontiers vers le rock and roll et la musique pop. Mais le C.A.R ne se décourage pas et continue sa tâche : diffuser le chant et la musique, la seule langue connue de tous les peuples.

En 1961, au programme, figure « La Cocarde de Mimi Pinson » et « Les Mousquetaires au Couvent ». En 1966, le Cercle Artistique Roubaisien reçoit 3 000 F de subvention pour mettre en scène « Carmen » de Bizet.

Carmen ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

Prosper HOSTE, président honoraire du C.A.R et du cercle symphonique Jean Macé-Pasteur, est nommé chevalier du mérite philanthropique. En mai 1969, le Cercle Artistique Roubaisien remporte le prix du festival international d’art lyrique à Vichy. Au début des années 70, le Cercle Artistique Roubaisien organise une soirée cabaret flamand à l’amicale Pierre de Roubaix, et se distingue en présentant « les cloches de Corneville » au théâtre Pierre de Roubaix. En 1973, nouveau succès pour le C.A.R : « Le pays du sourire » en janvier et « la cocarde de Mimi Pinson » en septembre, une animation sous chapiteau place Carnot en avril, avec des airs de la belle époque. L’année suivante, le Cercle Artistique Roubaisien présente « les mousquetaires au couvent ». Cinq opérettes et pour la première fois un opéra font partie des projets pour la prochaine saison.

La fille du tambour major ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )
Les mousquetaires au couvent ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

Mais malgré les succès des spectacles, les difficultés sont de plus en plus lourdes et s’amoncellent : recrutements difficiles, décors très coûteux, nécessité d’un éventail de costumes impressionnant, problèmes de trésorerie. L’âge d’or est terminé. Le Cercle Artistique Roubaisien aura donné à ce quartier du Pile le titre glorieux de dernier bastion du chant lyrique à Roubaix.

La troupe du CAR en 1978 ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

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Remerciements aux Archives Municipales pour la documentation.

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Autour de Ste Bernadette 

Les environs de l’église en 1962. Photo IGN
 

Dans le prolongement de l’église, et touchant au chevet, est bâtie en annexe une salle paroissiale. Elle est utilisée pour le cercle, mais aussi pour les vins d’honneurs à l’issue des diverses cérémonies. Écoutons Jeanine  : « Derrière l’église, il y avait des salles paroissiales. Un cercle, où les gens jouaient aux cartes ; enfin, Il y avait des jeux. On arrivait par le côté à droite de l’église. Là, j’ai fait mes vins d’honneur. »

Bernard ajoute : « On pouvait passer par derrière pour entrer dans les petites salles… A l’époque, on avait fait un Pierrot, pour faire entrer un peu d’argent pour la Joc. Elles servaient pour des réunions. »

La salle paroissiale derrière l’église. Photo Lucien Delvarre
 

L’ancienne chapelle provisoire en bois n’est pas seulement utilisée pour le patronage : elle sert également de salle de spectacle. Lucien nous déclare «  il y avait une scène avec des rideaux, des coulisses… »

L’église provisoire. Photo Lucien Delvarre
 

Plus proche de l’avenue Motte au n° 172, la maison du vicaire. le curé, lui, demeure avenue Motte au n° 173. On y trouve également l’école St Martin construite juste après l’ancienne chapelle. Jeanine nous dit : « notre école était venue derrière là. Un préfabriqué. C’était le LEP de St Martin. »

Au coin, une boulangerie-pâtisserie : Jeanine « Le boulanger, c’était là, sur le coin. C’était Mme Mahieu, je crois. Après la messe, les gens allaient chercher leurs gâteaux et faisaient une petite causette, quoi, et ils revenaient chez eux. C’était dans les années 50-60. »

Le Ravet-Anceau nous apprend qu’en 1953, la boulangerie est tenue par Mme Veuve Lejeune ; en 1961 et 65, par Mme Mahaut, mais, en 1974 et 1978, on y trouve un coiffeur pour dame (Mme Mahieu) et en 1987, c’est un institut de beauté (Beautiful). C’est aujourd’hui une antenne du Cetelem.

De l’autre côté de l’avenue Motte, dans la rue Léon Marlot et juste à côté de l’école Jules Guesde, un café. Lucien raconte : « Des poivrots du quartier avaient fait le pari, au bock ouvrier. Ils sont allés planter le drapeau rouge en haut de l’échafaudage de l’église. Il y a un vicaire qui est allé à sa suite ; il a voulu arracher le drapeau rouge. L’autre lui a foutu un coup de talon. Il est dégringolé et s’est blessé, semble-t-il assez sérieusement... »

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