Eglise Saint Joseph (Suite)

Depuis la construction de l’église, le quartier n’a alors pas beaucoup changé et Hem reste un village rural même si la population a grandi considérablement en 50 années. Sur la vue aérienne de 1951 on ne note pas une grande différence avec celle prise 20 ans plus tôt si ce n’est la disparition du château Olivier et le chantier de la Lionderie qui débute. En revanche en 1976 il n’y a plus de champs autour de l’édifice et en face de lui un tout nouveau lotissement a vu le jour en 1968.

Les photos panoramiques de 1951 et 1976 (Documents IGN)

Instantané de mémoire : « Je me suis installée en 1968 dans le nouveau lotissement construit face à l’église Saint Joseph. Je me souviens qu’à l’époque l’un de nos voisins voulait faire une pétition contre un résident qui possédait un coq, lequel le réveillait aux aurores et mon père avait refusé de signer, arguant qu’il était bien plus gêné par les volées de cloches de l’église, en particulier le dimanche matin…J’y ai fait ma communion solennelle en 1970 et je m’y suis mariée en 1982 ».

L’église est alors le repère du quartier et il n’est pas rare de voir des commerces y faire référence notamment Hem Service (sur ce sujet voir un précédent article paru sur notre site). Entre l’église et l’école un terrain reste inoccupé et c’est en 1990 que la construction du théâtre de l’Aventure y commence, théâtre inauguré l’année suivante (sur ce sujet voir un précédent article paru sur notre site).

L’église Saint Joseph dans les années 1970-1980 et la statue du Saint (Documents collection privée et Historihem )

Dans les années 1990, l’époque est au concert choral et la chorale y donne un premier concert du printemps d’Hem, au cours duquel plusieurs formations de la métropole participent y compris bien sûr la chorale mixte de Saint Joseph. En 1995, le père Vancorselis, longtemps curé de la paroisse, y célèbre ses cinquante ans de prêtrise, en présence de nombreux fidèles.

Concert choral et célébration des 50 ans de prêtrise de l’abbé Vancorselis (Documents Nord-Eclair)

Mais, la même année, près de 90 ans après sa construction, la vieille église ne répond plus aux normes de sécurité publique : toiture fissurée, charpente à réparer et clocher délabré… Elle n’appartient pas à la commune, puisque construite après la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et l’Association Diocésaine n’a pas les moyens de financer les réparations importantes nécessaires, au grand désespoir des paroissiens.

A la fin 1995, elle ferme donc définitivement ses portes. Il faut, à terme la démolir, mais pour cela le financement doit être trouvé. Il en est de même pour la construction appelée à remplacer le vieil édifice. Toutes les cérémonies vont être célébrées dans un premier temps à Saint Corneille mais chantées et animées par la chorale et la communauté liturgique de Saint Joseph.

Saint-Joseph ferme ses portes définitivement (Document Historihem)

L’abbé Vandeputte, prêtre responsable des communautés de Saint Jean-Baptiste à Forest, et Saint Joseph et Saint Corneille à Hem continue de résider au presbytère situé derrière l’église. Par ailleurs la maison paroissiale reste ouverte à toutes les activités habituelles : accueil des personnes, services et actes paroissiaux ainsi que le secrétariat.

Nouveau projet pour l’église fermée depuis 1995 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

Un an plus tard le conseil économique de la paroisse présente un projet : la rénovation de la salle paroissiale située derrière l’église à côté du presbytère, ancienne église provisoire, afin de transformer à nouveau le rez-de-chaussée en salle destinée à accueillir des célébrations, tandis que l’étage comportera des pièces pour les réunions et les catéchistes.

Photo aérienne de 1998 avec l’église encore debout (Document IGN)

L’inauguration de la « nouvelle chapelle Saint Joseph » a lieu en février 1998. Une messe s’y déroule à la suite de laquelle les participants découvrent à l’étage l’exposition photographique consacrée au déroulement du chantier tout au long de l’année 1997. La chorale Saint Joseph y reprend du service. La paroisse nouvelle, composée de Saint Jean-Baptiste à Forest, Saint Corneille et la Chapelle Saint Joseph est alors en voie de constitution.

La nouvelle chapelle inaugurée et le pot de l’amitié après la messe ; la chorale Saint Joseph en action (Documents Historihem)

Fin janvier 1999, ce monument emblématique du quartier des Trois Baudets disparaît sous les coups des démolisseurs. Une fois les dernières briques enlevées et la terre arasée reste à son emplacement une espèce de lande désolée. Le projet retenu pour son aménagement prévoit un parking de 46 places pour garer les voitures à côté d’un espace paysager planté d’arbres. Par ailleurs, sous réserve de réunir les fonds nécessaires, l’association diocésaine prévoit l’édification d’un campanile devant réceptionner la cloche de l’ancienne église.

Disparition de l’église Saint Joseph en 1999 et la lande désolée qui marque son emplacement (Documents Historihem)

S’ensuit en 2000 la célébration d’envoi de la paroisse de la bonne nouvelle d’Hem-Forest, à l’église Saint Corneille. Une équipe d’animation paroissiale se met en place, réunissant l’abbé Jean-Luc Vandeputte et quatre laïcs qui assument avec lui la responsabilité de la conduite de la nouvelle paroisse et reçoivent chacun une lettre de mission avant le traditionnel pot de l’amitié au cercle Saint Georges à Forest.

Titres de presse locale « en route vers la paroisse de la bonne nouvelle » et « la paroisse de la bonne nouvelle c’est toute une équipe » (Documents Nord-Eclair)

La même année voit la transformation de la place Saint Joseph destinée à accueillir un square, 43 places de parking et une entrée sécurisée pour l’école Jules Ferry. Un campanile de 7m50 en briques sera ensuite réalisé et supportera la cloche de 450 kilos, vestige de l’ancienne église. Cette oeuvre d’art sera signée par un architecte de St Amand-les-Eaux : Yvan Jansen.

Futur aménagement de la place Saint Joseph (Documents Nord-Eclair)
Un square se dessine (Documents Historihem)

Sous un soleil radieux de Juillet 2001, la Placette Saint Joseph et le campanile érigé en souvenir de l’église du même nom sont inaugurés, en présence de Pierre Mauroy, président de Lille Métropole Communauté Urbaine et de son vice président Francis Vercamer. Sont également présents l’abbé Gérard de Riemaecker , vicaire épiscopal de Roubaix, et l’abbé Jena-Luc Vandeputte , curé de la paroisse de la Bonne Nouvelle. Cet espace embellit et revitalise le quartier et la cloche Marie-Madeleine y sonne à nouveau.

Inauguration de la Placette et du Campanile (Documents Historihem)

L’église Saint Joseph n’aura donc pas fêté son centenaire et la chapelle Saint Joseph a réinvesti les locaux de l’ancienne église provisoire érigée au début du 20ème siècle. Son souvenir est néanmoins célébré par le Campanile édifié sur la nouvelle Placette Saint Joseph et sa cloche continue à retentir dans le quartier. Vu du ciel évidemment le rendu n’est pas le même et l’endroit est moins repérable qu’autrefois.

Photo aérienne de 2012 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Du Campanile au Kyriad

Février 1989, il est procédé à la pose fictive de la première pierre d’un nouvel hôtel à Roubaix. Il s’agit d’un Campanile, hôtel restaurant de 50 chambres, situé avenue des Nations Unies, à deux pas de l’école Villon et du parking silo. Campanile est une enseigne française créée en 1976, spécialisée sur le segment des hôtels de milieu de gamme (2 et 3 étoiles) appartenant à l’entreprise Louvre Hotels Group, la branche hôtellerie économique du groupe du Louvre. Les Campaniles sont des hôtels avec des chambres standardisées. Tous possèdent un restaurant avec un service de type « buffet à volonté ». Les restaurants assurent 40 % du chiffre d’affaires de l’enseigne et 60 % des clients ne dorment pas à l’hôtel. Le personnel est limité au strict minimum et les fournisseurs de nourriture et de mobilier sont identiques pour tous les hôtels de la chaîne, ce qui contribue à une standardisation des Campaniles.

Plan de l’implantation du Campanile Photo NE

Le sénateur maire André Diligent poursuit ainsi son plan de renforcement du potentiel hôtelier de la ville. Cela entraîne des réactions. Les parents d’élèves de l’école François Villon craignent que l’hôtel ne fasse de l’ombre à l’établissement scolaire. Pas d’échange entre eux et les promoteurs malgré les invitations de rencontre pour aborder les trois principaux griefs : la distance entre l’hôtel et l’école qui ne sera pas de 12 mètres mais bien de 20 à 25 mètres. Pour l’ombre, le projet initial a été revu : en lieu et place d’un bâtiment de six étages, il y aura un rez de chausssée et deux étages, pour ne pas diminuer la luminosité de l’école, selon le directeur de travaux, M. Amiot. Enfin pour l’accès auto, les 20 ou 25 mètres évoqués plus tôt seront utilisés pour un parking de 45 places. Un plus esthétique, on prévoit une façade en briques pour faire ambiance locale.

Croquis du Campanile Photo NE

L’ensemble hôtelier sera donc constitué par deux petits immeubles, l’un pour l’hôtel, l’autre pour le restaurant. Après l’IBIS et le Formule 1, c’est un nouvel équipement pour une clientèle d’affaires. La Redoute toute proche devrait en bénéficier. L’ouverture est prévue pour le mois de juin. Il s’agit du 188e campanile, installé sur une superficie de 2.400 m² chambre avec salle de bains, TV, prix de 200 à 225 francs.

Pub Campanile in NE

L’hôtel ouvrira finalement le 6 juillet et c’est un roubaisien, Arnaud Deponthieu qui en est le premier directeur. De retour à Roubaix avec son épouse Christelle, ils correspondent parfaitement à l’esprit Campanile qui repose sur le principe d’un couple qui veille à tout. Ils sont aidés par un couple d’assistants de direction, un cuisinier, une personne pour le service et trois personnes pour l’entretien. Le campanile de Roubaix est inauguré huit mois après son ouverture en présence de M. Taittinger co-président de la société Campanile, du sénateur maire André Diligent. Il est assez exceptionnel qu’un Campanile s’installe en centre ville.

Les gérants du Campanile Photo NE

En 2000, la branche économique Groupe Envergure (Hôtels Campanile, Clarine, Première Classe et Bleu Marine et restaurants Côte à Côte) fusionne avec Hôtels & Compagnie (Climat de France, Balladins, Tradition de France, Nuit d’Hôtel). En 2001, c’est la création des hôtels Kyriad en lieu et place des Campaniles. En 2010, la chaîne est présente dans neuf pays d’Europe avec 388 hôtels, dont 330 en France. 15 % de ces établissements sont franchisés. Elle est le second acteur d’hôtellerie économique en France. Début mars 2015, le groupe du Louvre et Louvre Hotels Group sont rachetés par le groupe chinois Jinjiang International. La transaction s’élève à 1,3 milliard d’euros. Ce groupe est également actionnaire d’Accor.

Kyriad aujourd’hui Cliché Google maps

Sources : presse roubaisienne, Wikipedia