Le nouveau Petit-Paradis

Le Petit-Paradis en 1962 doc IGN

Le nom de Petit Paradis provient de l’enseigne d’un estaminet qui se trouvait en 1895 au n°223 Grand Rue. Dans le rectangle formé par les rues Lacroix, Fourcroy le boulevard de Strasbourg et la Grand Rue, il y avait un certain nombre de courées. Ainsi rue Lacroix, au 12 la cour Lauwers, au 16 la cour Richardt Prouvost, au 22 la cité immobilière. Rue Fourcroy la cour Watteau au 10-12, la cité Lauwers au 20, la cour Millescamps au 30. Grand Rue, la cour Duthoit au 215, la cour du Petit Paradis au 219, la cour Vandendorpe Platel juste avant la Place Nadaud. Boulevard de Strasbourg : la cité Charpentier entre le n°3 et le n°19.

En 1972 est votée la reconduction de l’accord intervenu en 1970 avec la Communauté Urbaine pour la réalisation du programme de résorption des courées, la ville s’étant chargée de demander la déclaration d’utilité publique. L’opération associe les îlots Petit Paradis et Ingouville. Respectivement 115 et 123 immeubles bâtis à démolir, pour la construction de 126 logements HLM et 41 logements ILM et 173 logements HLMO par la société anonyme d’HLM le Toit Familial.

Plan des futures constructions doc NE

Juste avant la démolition, en 1972, il y avait encore quelques commerces et entreprises présentes dans le secteur : rue Fourcroy, les constructeurs mécaniciens Priau et fils au n°6 et le fabricant de meubles Vandevenne au 32- 34 ; rue Lacroix, au 28bis les soupes Debouvrie, au 34 le café de l’abattoir. Grand Rue au 203 la teinturerie Anett, au 205 une épicerie, au 207 une boucherie, au 211 une bonneterie, au 213-215 un café, au 223 un pâtissier, au 225 et 227 des épiciers.

Le chantier du Petit-Paradis doc NE

Février 1975, le Petit Paradis n’est plus qu’un grand trou d’où sortiront bientôt des immeubles HLM. Les nouveaux logements vont être construits par la société le Toit Familial associée au CIL de Roubaix Tourcoing. Quatre tours vont être édifiées : un immeuble de 9 étages comprenant 49 appartements, un deuxième immeuble identique au premier, un troisième immeuble de 9 étages comprenant 38 appartements et un quatrième de 9 étages comprenant 37 logements de type ILM d’un standing supérieur aux HLM.

Le Petit-Paradis aujourd’hui vue Google maps

L’opération a gardé le nom de l’ancien quartier Petit Paradis. Elle prévoit un total de 181 places de parking au sol un terrain de jeux pour les enfants en retrait vers le boulevard de Strasbourg qui fera tampon avec la Grand Rue. Un terrain a été cédé à la municipalité en bordure de l’école maternelle du boulevard de Strasbourg. Il est question d’y construire des classes supplémentaires si le besoin s’en faisait sentir. Une station service BP, prévue dans l’opération, s’est implantée Grand Rue, elle prendra le nom de station service du Galon d’eau. Elle a aujourd’hui disparu.

On Inaugure une station

La construction de la banque de France en 1904, réalisée place de la liberté sur l’emplacement d’une ancienne usine, laisse un espace entre les locaux de la banque et le boulevard Gambetta. Cet espace est occupé par un jardin clôt de murs. Un portail ouvrant sur la place y donne accès.

Document archives municipales
Document archives municipales

C’est sur cet espace que la société BP construit sa première station service à Roubaix. Inaugurée en décembre 1957, quelques mois après sa mise en service, elle est qualifiée d’ « ultra-moderne » par la Voix du Nord. Elle est idéalement située à un endroit particulièrement favorable, d’accès commode pour les véhicules. Cette inauguration se fait en présence de nombreuses personnalités. On y sable le champagne, le buffet étant disposé, pour la circonstance, sur le pont élévateur de la station.

Photo La Voix du Nord
Photo La Voix du Nord

Baptisée du nom de « station de Roubaix », elle est d’abord dotée de deux pompes, au centre de la piste, manœuvrées par un pompiste en uniforme. On ne tarde pas à les remplacer, venu le temps du self-service, par une pompe moderne offrant le choix Essence/Super, et une autre pour le Gas-oil, placée le long du trottoir de la place. Les automobilistes peuvent maintenant profiter de ces installations à l’abri d’un auvent central.

Photo Nord Éclair - 1965
Photo Nord Éclair – 1965

Le gérant est d’abord M. Teiten, puis, en 1959, M. Pannequin.

L’instauration du secteur piétonnier fait qu’on installe en 1965 des parcmètres sur le trottoir devant la station, ce qui, selon Nord Éclair interdit dorénavant aux poids lourds de se ravitailler en carburant. En 1972 de nouveaux gérants, M. et Mme Parsy, reprennent la station.

Document Nord Matin
Document Nord Matin

Cette même année, la station fait la une des journaux : un Mongy s’arrête en haut du boulevard de Paris. Le wattman, M. Gabiot, fait descendre les voyageurs à cause d’un début d’incendie dû à un court-circuit. Il descend le pantographe, mais le tram, désormais sans freins ni klaxon, se met à descendre le boulevard de Paris. Il grille le feu rouge de la rue Jean Moulin et s’engage dans le boulevard Leclercq en ignorant tous les feux de circulation – heureusement sans causer d’accident – jusqu’au virage à angle droit qui doit le mener place de la liberté. Il quitte alors des rails et poursuit sa course folle à travers le terre-plein jusqu’à s’arrêter face à la vitrine de la station heurtant au passage une deux chevaux

Photos Nord Éclair
Photos Nord Éclair

Mais la station éprouve, comme toutes, la concurrence des supermarchés qui grignotent peu à peu les bénéfices, et les années 80 lui seront fatales ; elle aura disparu dans le Ravet-Anceau de 1986, remplacée peu après par un garage voué aux réparations rapides à l’enseigne de Midas.

Photo médiathèque de Roubaix
Photo médiathèque de Roubaix

Les autres documents proviennent des archives municipales.