Une héroïque ouvrière

Marie Bettremieux, née Marie Buisine, habite avec son mari, Henri, au 96 rue de la Balance. Ils ont 3 enfants : Henri, Marie et Simone. A l’âge de 55 ans, en 1924, elle est ouvrière à l’usine Demarcq, fabricant de toiles, sacs et tapis, au 1 quai du Sartel. Elle travaille dans la pouponnière de l’usine, où sont gardés les enfants des ouvrières, pendant les heures de travail. Elle est responsable de cette garderie depuis 1921.

( Document coll. priv. )

Le 24 Octobre 1924, le feu se déclare au milieu de l’après-midi au sous sol de l’usine, où sont stockées les matières premières et en particulier la toile de jute qui sert à la fabrication des sacs. Le feu se propage à une rapidité foudroyante et atteint très vite l’escalier qui conduit à la garderie.

( Document Le Pèlerin )

Une dizaine de bébés se trouvent dans le dortoir. Marie Bettremieux s’y précipite et sort plusieurs enfants en deux ou trois fois ; ils sont sains et saufs mais il reste deux poupons. Marie, n’écoutant que son courage, retourne dans le fond du dortoir où se trouvent les berceaux des derniers enfants : un garçonnet de 3 ans et une fillette de 18 mois. Mais le brasier est épouvantable et l’héroïque gardienne ne revient pas.

( Document coll. priv. )

C’est seulement à la nuit tombée que les pompiers peuvent sortir les corps carbonisés des deux enfants ainsi que celui de Marie, morte pour avoir essayer de les sauver. Ce drame provoque dans toute la ville une émotion intense et incommensurable. Jean Lebas, maire de Roubaix, décide alors d’organiser des funérailles solennelles pour ces trois victimes.

( Document coll. priv. )

«  Désirant perpétuer le souvenir de cette humble femme du peuple qui n’hésita pas à sacrifier sa vie pour sauver celle des autres, votre administration a décidé, à titre d’hommage public, de donner son nom à une rue de la Ville.  » C’est en ces mots élogieux que, le 5 Décembre 1924, le maire de Roubaix, Jean Lebas, parle de la femme qui a donné son nom à l’ex-rue de la Balance, Marie Buisine.

( Document coll. priv. )

Sur la plaque de la rue portant son nom, figure l’inscription « Victime du Devoir au cours de l’incendie du 24 octobre 1924 ».

Marie Bettremieux, née Marie Buisine, a été décorée de la croix de la Légion d’honneur à titre posthume, sur la proposition de M. Chautemps, ministre de l’Intérieur. Son mari Henri, déjà durement éprouvé par la mort de son fils en 1918, ne se remet pas de la disparition brutale de sa femme et décide de mettre fin à ses jours en 1925. Le sublime dévouement de cette humble ouvrière, morte pour sauver « ses chers enfants », sera souvent cité en exemple dans les leçons d’éducation morale.

La crèche en 1894 ( Document Archives Municipales )

Au début des années 1960, la crèche municipale, située au 57 rue Marie Buisine (construite en 1894), est rasée pour cause de vétusté. En 1964, la nouvelle crèche Marie Buisine est construite sur le même emplacement. Elle est plus vaste, plus spacieuse, capable de recevoir une quarantaine d’enfants, et surtout avec une orientation différente.

( Document Archives Municipales et Photo BT )

Cette crèche est toujours en fonction et sera transférée, en 2020, à deux pas, rue Lannes, dans un immense centre social multi-accueil, comprenant une crèche, un CCAS ( centre communal d’action sociale ), une PMI ( protection maternelle et infantile ). Les travaux devraient démarrer en 2019 ; l’inauguration est prévue en 2020.

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Remerciements aux Archives Municipales et au personnel de la crèche Marie Buisine.

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Les commémorations de septembre

C’est en 1953, à l’initiative d’un groupe de résistants des Trois Ponts qu’un cortège se forme avenue Julien Lagache, traverse la quartier des Trois Ponts pour honorer la mémoire du jeune sergent. Depuis lors, chaque année, dans les premiers jours de septembre, Louis Bettremieux reçoit ainsi l’hommage de son quartier, mais aussi des personnalités roubaisiennes et militaires, qui viennent s’incliner, présenter les armes et les drapeaux devant la plaque commémorative de la rue Brame.

Un résistant

Louis Bettremieux est un authentique résistant qui prit part très tôt  aux actions directes contre l’ennemi. Sous le pseudonyme de « Georges Dubus », il s’engage dans la lutte clandestine et dès l’année 1942, il est enrôlé dans le 1er bataillon des FFI. Le 2 septembre 1994, il est grièvement blessé par une balle explosive dans la rue Brame à Roubaix. Transporté à l’hôpital de la Fraternité, il meurt sans avoir repris connaissance. La Croix de guerre et la Médaille militaire lui seront décernées le 2 septembre 1952. Une plaque apposée sur le mur de l’usine près de l’endroit où s’est déroulé le drame évoque le souvenir de ce valeureux soldat qui avait moins de 20 ans au moment des faits.

Commémoration aux Trois Ponts

Une rue à son nom

La rue du Sergent Louis Bettremieux a été constituée avec un tronçon de l’ancien sentier qui reliait la rue de Charleroi à l’ancienne rue des Palmiers. C’est au cours d’une délibération du conseil municipal en date du 22 novembre 1971 que l’on décida de donner à cette artère dont la longueur est de 100 mètres environ, le nom d’un héros roubaisien de la résistance qui fut victime des combats qui opposèrent les soldats des Forces Françaises de l’intérieur aux militaires allemands en retraite.

Commémoration et plaque
Photos Nord Éclair et Collection Particulière