Ste Bernadette, projet et réalité

En mai 1935, le cabinet d’architectes Dupire envoie à la mairie une demande de permis de construire une église avenue Motte, pour le compte de l’association diocésaine de Lille . Cette demande est accompagnée des plans du futur édifice. Les travaux de construction sont réalisés durant l’année 1937. Pourtant, l’église terminée ne ressemble pas du tout à celle qui était prévue. Le projet initial semble plus ambitieux et utilise tout le terrain disponible : il prévoit un presbytère et un dispensaire reliés à l’église par des galeries couvertes. Autour, des espaces verts, appelés jardins des mères et jardins des enfants.

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Mais c’est surtout la façade qui affiche le plus de différences avec le projet initial. Deux clochetons bas à la place d’un clocher unique, des décrochements de niveau entre les bas-côtés et le vaisseau centra, qui accentuent la largeur et l’aspect massif de l’édifice, alors que les plans montraient une silhouette plus traditionnelle, formant un triangle surmonté d’un clocher élancé, et quatre clochetons donnant une impression d‘élévation à l’ensemble. Le portail est plus large avec trois vantaux au lieu de deux, l’ornementation est moins importante. Le rapport différent entre hauteur et largeur produit un aspect plus ramassé. Les ornements évoquant un château fort (créneaux et mâchicoulis) ajoutent encore à cet effet de masse.

Par contre, on retrouve les marches du parvis ornées de deux bacs recevant des végétaux :

La vue latérale montre bien la différence d’aspect entre le plan d’origine et la construction réelle. Le toit du transept prévu est beaucoup plus bas que celui de la nef, la pente de ces toits donne une impression de hauteur qui n’existe plus dans l’édifice final. Par ailleurs, les chapelles latérales prévues à l’entrée de l’église donnaient un relief qui a disparu dans la réalisation effective qui apparaît comme un bloc massif.

A l’intérieur, l’impression est la même : l’architecte semble finalement avoir renforcé l’impression de masse et de sobriété par rapport au projet d’origine. Les piliers définitifs sont plus larges et plus espacés, les ouvertures plus simples :

Par ailleurs, en 1937, les mêmes architectes envoient les plans d’une clôture qui doit longer la rue Marlot prolongée, mais qui n’a jamais été réalisée telle quelle.

Que penser de ces changements de dernière minute ? Sur les plans, l’église semblait prévue en pierres ; elle a finalement été construite en béton recouvert de briques. Les bâtiments annexes n’ont pas été réalisés, ni la clôture. Les différents jardins et espaces plantés non plus. Ceci est peut-être dû au manque de moyens financiers : on trouve de nombreux appels de l’abbé Carissimo au donateurs pour financer l’église. Le journal de Roubaix du 18 février 1935, par exemple, cite l’abbé : je ne puis m’empêcher de penser qu’il suffirait de trouver trois cent personnes donnant un billet de mille francs pour me permettre de commencer tout de suite la nouvelle et belle église dont les plans sont prêts… Peut-être quelqu’un a-t-il des informations à ce sujet, et pourra-t-il répondre à nos interrogations. A vos commentaires !

Le chantier de l’église en construction. On remarque au premier plan la voie de desserte sur le terre-plein de l’avenue Motte, et l’aiguillage d’accès à la gare de débord. On voit aussi sur la droite de la photo que le carrefour avec la rue Jean Macé est pavé, mais que le reste de l’avenue est encore simplement empierré.

Photos Collection particulière. Documents archives municipales