L’avenue Motte au fil du temps (suite)

Après la vague importante de constructions individuelles au début des années 50, la décennie suivante va apporter son lot de transformations. Les années 60 vont voir l’installation d’ Auchan dans l’ancienne usine Frasez. Les déplacements du matin et du soir des ouvriers vont faire place aux allées et venues ininterrompues de familles issues des classes moyennes venues faire, en voiture, le plein de bonnes affaires. Cet afflux régulier va désormais animer toute cette partie de l’avenue.

La vue du parking reflète le niveau social des clients du supermarché : mises à part l’antique Citroën 11 familiale et et la 403, alors haut de gamme chez Peugeot, les voitures en stationnement reflètent plutôt les gammes basses et moyennes des constructeurs.

Photo Nord Matin 1961

Le commerçants ne s’y trompent pas et se montrent attirés par cette clientèle potentielle. C’est ainsi qu’on expose sur le parking du matériel de camping, le loisir de masse de l’époque, bien propre à intéresser la clientèle du supermarché.

Photo la voix du Nord 1963

Dans le même temps, les dernières zones de jardins bordant l’avenue entre l’église et l’usine Motte-Bossut vont disparaître pour laisser place à un ensemble de collectifs formant la cité des Hauts Champs. Ces constructions environnées d’espaces paysagés constituent une zone plutôt agréable à vivre, habitée à l’origine dans une large mesure par des jeunes ménages modestes en attente de pouvoir s’offrir un pavillon individuel.

Conjointement à ceux des collectifs du Chemin neuf qui viennent de s’élever derrière Auchan, les nouveaux habitants de ce nouveau quartier à l’architecture bien dans le ton de l’époque vont contribuer, par leurs déplacements, à animer cette zone,.

Photo la voix du Nord 1966

Avec les années, la végétation implantée va ajouter, ainsi que les platanes qui poussent tout le long de la bande centrale, à l’agrément de notre avenue.

Photo Jpm

Au milieu des années 70, signe des temps, et témoin de l’affluence des autos, vient s’installer, tout à côté de l’église, et profitant d’un des derniers terrains libres, une station service à l’enseigne de la Shell.

Photo Lucien Delvarre

Cette station arrive en terrain déjà occupé : elle s’ajoute à la pompe installée quelques années plus tôt sur le parking même d’Auchan, ainsi qu’au garage des sports, situé au coin de la rue de Lannoy depuis le début des années 1950 et reconverti en station-service.

De fait, les véhicules affluent dans cette voie. Pour mettre un peu d’ordre dans cet masse de véhicules, on voit apparaître, dans les années 70, une série de feux rouges, aux carrefours importants de l’avenue, signe de l’importance de la circulation à cette époque. En 1980 Nord Éclair en compte huit sur 2500 mètres, y incluant ceux de l’avenue Roger Salengro, et espère que la mise en service de la future antenne sud va contribuer à diminuer les embouteillages,

Photo Nord-Eclair

Le paysage évolue au gré des apparitions et disparitions de commerces qui suivent les lois économiques. Au milieu des années 80, Auchan émigre sous d’autres cieux, remplacé d’abord par AS-Eco, puis par Intermarché qui finit par démolir la vieille filature pour construire un magasin neuf.

A la même époque, l’usine Motte-Bossut cesse ses activités. Les bâtiments sont transformés en « première galerie commerciale de magasins d’usine d’Europe » (La Voix du Nord 1984).

Autre évolution au début des années 90, la démolition de l’église Sainte Bernadette. Devenue trop grande pour les besoins du culte, elle va être remplacée par une neuve, plus petite, située en face, près de la salle des fêtes de l’école.

L’ancienne et la nouvelle – Photos Lucien Delvarre

L’espace ainsi libéré va être utilisé pour l’implantation du siège de la société Camaïeu, alors en pleine expansion. Les trajetAujourd’hui, cette avenue, toute en contrastes, autant par l’ambiance qu’elle dégage, différente selon les tronçons, qu’à son animation, désordonnée aux heures de pointe, mais incitant à la promenade à d’autres moments, reste un bel ornement des quartiers sud.s des employés vont accroître la circulation et les espaces verts prévus autour des bâtiments la végétalisation de l’endroit.

Document La voix du Nord 1990

Enfin, les années 90 verront la remise en état et le réaménagement paysager du terre-plein central qui va faire alternativement cohabiter zones de promenade et parkings. Cet aménagement aboutit en 1996 à l’inauguration de l’allée Crupelandt, dont les pavés mènent au vélodrome.

Photo Jpm

Aujourd’hui, cette avenue, toute en contrastes, autant par l’ambiance qu’elle dégage, différente selon les tronçons, qu’à son animation, désordonnée aux heures de pointe, mais incitant à la promenade à d’autres moments, reste un bel ornement des quartiers sud.

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

L’avenue Motte au fil du temps

Au tout début du vingtième siècle, est tracée l’avenue des villas, pour former une nouvelle ceinture au sud de Roubaix. C’est une voie constituée de deux alignements formant un angle droit. La partie sud de cette avenue, entre le boulevard Clemenceau qui mène au centre d’Hem et la rue de Lannoy, sera rebaptisée en 1908 avenue Alfred Motte, du nom de l’industriel roubaisien décédé 20 ans plus tôt. C’est alors une chaussée recouverte de scories, bordée de deux larges trottoirs herbeux plantés d’arbres, qui traverse les champs.

Photo collection Lucien Delvarre

Les constructions ne borderont l’avenue que très progressivement. La première est l’usine de velours Motte-Bossut, dont un bâtiment arbore la date de 1903. La photo suivante montre cette usine dans son état actuel, après les travaux de surélévation du bâtiment à étages.

Photo l’Usine

Les déplacements des ouvriers aux heures des changements de postes constituera la première animation de cette voie tracée dans la nature. Ces déplacements se font d’abord à pied puis , au fil du temps, il faut chercher la main-d’œuvre de plus en plus loin et, dans les dernières années, arrivées et départs se feront en car.

Document l’Usine

Mais n’anticipons pas et revenons aux premiers moments de l’avenue…

Il faut attendre la première guerre pour voir apparaître dans cet environnement campagnard, à la limite d’Hem, près de l’actuel rond-point, une série de baraques construite à usage de casernement pour les troupes anglaises. Ces baraquements ne disparaîtront que pendant la deuxième guerre.

Photo collection B.Thiebaut

Ce n’est vraiment que dans les années 25 et suivantes que, peu à peu, la deuxième partie de la voie commence à prendre une allure résidentielle, justifiant son appellation première. C’est, côté impair, la rangée entre la rue Marlot et la rue Louis Braille, ainsi que, les maisons situées entre cette même rue et la rue Leconte-Baillon. Côté pair on ne rencontre que la belle maison de M. Craye près la rue de Lannoy.

Photos Jpm

Pratiquement au même moment, la construction de collectifs, les Habitations à Bon Marché, va apporter une tonalité plus populaire à l’avenue, alors que son caractère industriel va se renforcer par l’édification du tissage Léon Frasez en face de l’usine Motte-Bossut ainsi que l’installation d’une voie ferrée et d’une gare de débord. A cette occasion, des travaux d’aménagement modifient profondément l’aspect de cette artère. On arrache les arbres, et on pose la voie sur un large terre-plein central séparant deux chaussées.

La photo suivante reflète l’aspect un peu « banlieue industrielle »  du début de l’avenue de cette époque.

La construction de l’église Sainte Bernadette en 1935 va encore diversifier cet ensemble composite ponctué encore de nombreuses zones vertes investies par d’innombrables jardins ouvriers.

En mai 1940 est établi un sens unique qui met un terme à une circulation anarchique : désormais, les usagers doivent obligatoirement emprunter la chaussée située à droite dans le sens de la marche à l’exclusion de l’autre, et stationner sur le côté droit de la chaussée. Pour le reste, la guerre suspend provisoirement l’évolution des aménagements.

Photo Lucien Delvarre 1942

Mais, dès le début des années 50, l’aspect de la voirie change considérablement. Rendue quasiment inutile par la maigre implantation des usines dans ce qu’on avait voulu boulevard industriel, la voie ferrée est supprimée et on lotit l’emplacement de la gare de débord. A cet emplacement s’élèvent alors des maisons construites toutes sur le même modèle, bientôt suivies par d’autres, bâties en face, dans l’angle des avenues Motte et Delory. Dans le même temps, on aménage le terre-plein central pour en faire une promenade plantée de platanes.

Photo Nord Eclair 1955

Ces constructions qui s’ajoutent aux collectifs et cette promenade un peu sommairement aménagée donne au début de l’avenue entre le rond-point et l’église l’aspect populaire simple, clair et net qu’il a gardé aujourd’hui.

Photo coll. Particulière

A suivre …

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.