ANTVERPIA

Emile Rosez naît à Langemarck en Belgique Flamande le 18 février 1862. Après de brillantes études, il devient d’abord courtier en assurances à Gand puis ses bons résultats l’amènent rapidement à devenir agent général pour les Assurances Vie & Incendie ANTVERPIA, grande compagnie d’assurance en Belgique fondée vers la fin du XVIII siècle à Anvers par Charles Jean Michel de Wolf (1747-1806), et longtemps dirigée au XIX siècle par le Baron Pierre Joseph de Caters (1769-1861) à Anvers.

Parfaitement bilingue, ambitieux et visionnaire, Emile Rosez désire soumettre en 1890 à la Direction de ANTVERPIA basée à Sint Mariaburg en banlieue d’Anvers, son projet de conquérir une ville francophone prospère et en pleine expansion économique grâce au textile, celle qui fût en 1900 la ville la plus riche de France, Roubaix !

Le projet accepté, validé et financé par la Direction Flamande de ANTVERPIA, il se mit en quête d’une jolie petite demeure Roubaisienne, proche du Centre-Ville et de la Mairie, en plein coeur du quartier abritant les plus grandes et illustres familles roubaisiennes afin de signer les plus beaux contrats d’assurances.
Ce sera le Trichon, avec ses fameuses rue et place du même nom, abritant les halles et son Marché aux poissons aujourd’hui disparu.

Publicité 1901 ( document Gallica )

C’est en fin d’année 1893 qu’il emménage à Roubaix, avec sa femme Julie née Cardoen, et leur petite fille Martha âgée d’à peine 6 mois, au 18 rue des Fleurs, aujourd’hui rebaptisée rue Rémy Cogghe.

Le 18 rue des fleurs en 1904 ( document collection privée )

Emile Rosez commence à prospecter les entreprises textiles de la région de Roubaix et Tourcoing, et signe rapidement de nombreux contrats pour la Compagnie d’Assurances ANTVERPIA.

Emile Rosez ( document T. Rosez )

Sa famille s’agrandit d’un premier fils Octave en 1895 et huit autres naissances suivront jusqu’en 1906 : sa famille devient nombreuse. Les affaires sont florissantes et il faut absolument embaucher du personnel supplémentaire. La Direction d’ ANTVERPIA Belgique lui donne carte blanche et il investit alors dans une vaste demeure pour y déménager sa famille et ses bureaux en 1907, au 31 rue du Trichon. Il est alors nommé Directeur Général pour la France.

Antverpia au 31 rue du Trichon en 1914 ( document collection privée )

Fort de sa notoriété, récompensé de ses efforts, et alors que ses agents et inspecteurs travaillent sur la région, il décide de s’attaquer à un autre marché : l’Algérie ! Etat sous gérance française, ce pays est alors investi par les entrepreneurs et industries de la France, pour y bâtir toutes les infrastructures modernes du XX siècle ! Réseaux routiers, gaz électricité, usines et bâtiments, il faut absolument que nos compatriotes, travailleurs et investisseurs français expatriés puissent y trouver des assurances !

Il s’y engage de toute sa volonté, crée un réseau au-delà de la Méditerranée, puis est nommé Directeur Général pour la France et l’Algérie.

Antverpia au 31 et 33 rue du Trichon ( document collection privée )

Les affaires et le nombres d’employés grandissant, le manque de place se faisant déjà cruellement sentir, il investit la maison voisine au 33 rue du Trichon peu de temps plus tard.

L’immeuble de la rue du Trichon de nos jours ( Photo BT )

Le développement s’accentue chaque année. Sa grande famille est forte de 9 enfants dont 5 garçons ( Martha, Octave, Nestor, Blanche, Abel, Elie, André, Agnès, Jenny ) nés entre 1895 et 1906, qui deviennent adolescents autour de l’année 1915. Les employés sont également de plus en plus nombreux, il est absolument nécessaire de trouver d’autres locaux beaucoup plus vastes et prestigieux, d’autant que l’image de ANTVERPIA, grâce à Emile Rosez, entretient une réputation internationale.

La façade du 4 rue du Maréchal Foch ( document collection privée )

L’occasion se présente en 1928, lorsque l’Hôtel Particulier du 4 rue Neuve (aujourd’hui rue du Maréchal Foch) qui abritait la Banque du Rhin se libère. Cette immense bâtisse de 290 M2 au sol et sur 4 étages, était autrefois la propriété de Mme Vve Masure-Wattine.

Une partie de la famille avec les enfants les plus jeunes, ainsi que les bureaux y déménagent définitivement après quelques travaux d’aménagement en 1931 : logement de la Direction aux étages, construction d’une salle d’archives, d’un garage automobile, d’une buanderie et transformation de la loge du concierge avec création d’un étage.

Emile Rosez dans son bureau et photo de la cheminée qui existe encore de nos jours ( document et photo T. Rosez )

Déjà majeurs ou en couple, d’autres enfants restent au 31 rue du Trichon, devenu 31 et 31 bis séparant l’habitation d’un bureau-domicile loué à Mr Robyn, pour quelques années, lequel est assureur indépendant pour le compte de la compagnie d’assurances ANTVERPIA France.

Les cinq garçons du couple fondateur : Octave, Nestor, André, Elie et Abel travaillent avec leur père Emile Rosez.

Octave, André, Elie et Abel travaillent au siège de la rue du Maréchal Foch. Nestor reste assureur au 33 rue du Trichon.

À suivre . . .

Remerciement à Tanguy Rosez, et à Charlyne Dilullo, ainsi qu’aux archives municipales.

Le Lloyd Continental

Alfred Verspieren est le premier courtier indépendant français. En 1880, il crée à Roubaix une société de courtage à son nom. Il s’installe 8 rue Dammartin. Son cabinet d’assurances se développe rapidement, grâce à son image de sérieux et de compétence auprès des industriels de la métropole.

A. Verspieren 1901 ( Document coll. priv. )

Alfred Verspieren est également Directeur Général de la M.C.I : Mutuelle du Commerce et de l’Industrie qu’il a créée en 1904. C’est un consortium d’industriels désireux de se protéger contre des risques tels que grèves, émeutes, troubles qui ne sont pas couverts habituellement par les compagnies d’assurance

(Document coll. priv. )

En 1920, suite à des sinistres désastreux qui frappent les industriels de la laine et du coton, les compagnies deviennent méfiantes. Le fils d’Alfred, Pierre Verspieren-Dewavrin, crée la compagnie Lloyd Continental Français, spécialisée dans l’assurance des risques d’incendie de l’industrie textile.

(Document coll. priv. )

La tâche n’est pas aisée, surtout dans une région dévastée, ruinée, après la guerre de 1914-1918, mais Pierre est optimiste ; il a de l’audace, du courage et de la volonté. Peu à peu, l’activité se développe. En plus des contrats d’assurance incendie, le cabinet propose désormais des produits d’assurance auto, habitation, vol, maladie, dégât des eaux . . .

En 1929, la famille Verspieren crée la Société Auxiliaire de Crédit, qui a pour objet de financer les ventes à crédit de voitures, de matériel…

Les deux sociétés ( Verspieren et Lloyd ), étroitement unies poursuivent un développement rapide et parallèle.

(Document ANMT )

La famille Verspieren dirige l’entreprise depuis plusieurs générations. Dans les années 1960, on trouve à la tête de l’entreprise : Charles Verspieren-Dufour, Michel Verspieren-Coisne, Pierre Verspieren-Caulliez.

(Document coll. priv. )

Le cabinet, très fortement implanté dans la région Nord, atteint désormais une dimension nationale. Dans les années 1970, on compte 15 Directions régionales, 23 inspections, 750 agents et courtiers. Le personnel administratif est composé de 1200 personnes dont 700 collaborateurs motivés à Roubaix.

De nombreuses demandes de permis d’agrandissement des locaux de la rue Dammartin sont déposées en Mairie, par l’architecte L. Maillard à Tourcoing, pour faire face au cruel manque de place. Or ce sont, à chaque fois, des demandes de construction de locaux provisoires et démontables, en matériaux légers, car la Direction a un projet bien précis : construire un nouvel immeuble. . .

(Document Archives Municipales )

En 1971, la décision de construire un nouvel immeuble est récente, mais le projet ambitieux existe depuis bien longtemps, et fait suite à une longue période de préparation. Il faut d’abord acquérir et libérer une quinzaine de propriétés voisines, nécessaires à la construction du bâtiment, à la création des parkings et des espaces verts soit 23.000 m2 au total. Les travaux sont confiés au cabinet d’architectes E. Maes et L. Maillard à Lille qui programme la construction en 3 tranches de travaux.

(Document Archives Municipales )


Le projet est bien défini : construire un nouveau siège administratif agréable, fonctionnel et moderne. Ce sont des bureaux paysagés, sur des plateaux de 1700 m2 ; cela permet de prévoir d’éventuels changements d’implantation à l’avenir. Les conditions de travail sont très agréables, que ce soit pour l’éclairage, la climatisation, ou l’insonorisation. Les couleurs des bureaux sont chaudes et chatoyantes. La Direction met en place des horaires mobiles pour le personnel. Une cafétéria, pouvant servir 650 repas quotidiennement, est construite. C’est une nouvelle conception d’environnement, de mode de vie, et de communication.

 Pose de la 1° pierre ( Document Nord Éclair )

Jeudi 15 Novembre 1973, M le Maire Victor Provo pose la première pierre du futur bâtiment, entouré de ses adjoints : Mrs Léonce Clerambeaux, Pierre Prouvost et André Thiebaut. Ils sont accueillis par Pierre Verspieren PDG et Charles Verspieren vice PDG, qui est également président de la chambre de commerce de Lille-Roubaix-Tourcoing.

(Document ANMT )

En juin 1975, c’est l’inauguration du bâtiment, sous la présidence de Norbert Segard, ministre du commerce. Les deux frères, Charles et Pierre Verspieren, accueillent : MM. Provo, sénateur maire de Roubaix, Chadeau, préfet, Camata, préfet de police, Delesalle, président de la chambre de commerce, ainsi que des personnalités importantes de la région, des chefs d’entreprise, et des professionnels de l’assurance.

De gauche à droite : Charles Verspieren, Norbert Segard, Victor Provo, Pierre Verspieren
( Document ANMT )

Après une visite rapide des locaux, tous les invités se retrouvent au restaurant du 4° étage pour les discours d’usage : éloges et félicitations sur cette magnifique construction.

En 1978, l’entreprise Lloyd Continental, qui a désormais son adresse au 1 ter rue du maréchal De Lattre de Tassigny, décide de repeindre les boiseries du vieux bâtiment de la rue Dammartin, avec la même couleur verte, d’origine.

(Document ANMT )

Dans les années 80, l’entreprise se développe encore de façon importante. En 1995, pour ses 75 ans d’existence, le Lloyd Continental organise dans le hall de l’immeuble, une exposition de 400 objets sur l’histoire de l’entreprise.

(Document ANMT )

La compagnie d’assurance Swiss Life qui souhaite renforcer sa présence sur le marché français, rachète le Lloyd Continental en 1999, et devient le 3° assureur de France avec plus de 2 millions de clients en portefeuille.

Swiss Life (Document Google Maps )

Quelques années plus tard, en 2005, la famille Verspieren, avec 138 ans d’expérience, reprend ses activités de courtage en assurances. Pierre-Anthony Verspieren ( 5ème génération ) dirige désormais l’entreprise basée à Wasquehal. Les affaires sont florissantes et le groupe Verspieren est le troisième courtier français. La devise reste : Indépendance, Engagement, Passion et Créativité.

Remerciements aux Archives Municipales, et aux Archives Départementales du Monde du Travail ( ANMT )



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