Naissance du centre familial Carpeaux

L’immédiat après guerre voit le développement des œuvres de solidarité et d’aide aux familles. Dès 1947, la Croix Rouge crée à proximité de ses dispensaires des centres sociaux[1],  où se pratiquent l’enseignement ménager, le prêt de livres ou la consultation sur place de la bibliothèque, le chant, la danse et la garde des enfants pendant ces activités. Vient ensuite la création du centre social La Maison rue de Lille, agréé en 1953 par la Caisse d’Allocations familiales. Toutes ces expériences vont inspirer celle du quartier du Nouveau Roubaix, à l’initiative des associations populaires et familiales, qui se mettent à la recherche d’un endroit pour la création d’un nouveau centre familial.

L’ancien garage aménagé en centre familial au n°68 rue Carpeaux Photo PhW

Le garage Coetsier situé à l’angle des rues Ingres et Carpeaux est mis en vente en 1956, et Mme Pollet  Béghin[1], l’une des fondatrices du centre, fera usage de sa fortune personnelle pour acquérir ces locaux. Le garage possédait à l’époque une entrée rue Carpeaux et une sortie pour les voitures réparées rue Ingres. Bien qu’il ne se situe pas au milieu du quartier du Nouveau Roubaix, ce local permettait de faire la jonction entre ce quartier et celui de Moulins Potennerie.

Mesdames Pollet Béghin, Heyndrickx et M. Jacques Michaux constituent un conseil d’administration pour l’essentiel composé d’associations dévolues aux familles : l’association populaire de Roubaix, le Foyer de l’Enfance, l’Association populaire des aides familiales, l’Association des familles, La Maison de la Famille, l’Aide aux mères de famille, le PACT[2]. C’est là un genre d’exploit, ces associations étant souvent concurrentes dans d’autres quartiers de la ville.

Une première assistante sociale vient au centre familial pendant six mois, elle est remplacée à son départ par Melle Raymonde Denis. Au début de l’année 1957, celle-ci reprend le porte à porte dans le quartier, et recueille besoins et attentes de la population. Elle deviendra la directrice du centre familial Carpeaux, mi temps assistante, mi temps directrice du centre, et s’occupera de l’écriture des statuts et du dossier de demande de centre familial auprès de l’association des centres familiaux.  Le conseil de direction est alors composé comme suit : Président, M. Jacques Michaux, Vice-présidents, Mmes Meunier, Pollet-Béghin et M. Seynave, secrétaire, M. Audooren et trésorier,  M. François Motte.

A partir d’octobre 1958, des réunions sont organisées pour recueillir les besoins et les attentes de la population. En Janvier 1959, il est procédé à l’ouverture du centre familial Carpeaux sous l’égide de l’association des centres familiaux. On y trouve des cours de coupe couture, une section de bricolage, un club de dessin, une bibliothèque, des cours de pâtisserie et d’enseignement ménager, un cours de danse et de cuisine. Ce sont les mères de famille qui accueillent. On vient au centre familial pour apprendre et communiquer aux autres, et on peut amener les jeunes enfants qui ne vont pas à l’école. L’assistante sociale reçoit les familles le jeudi et vendredi de 10 à 12 sur rendez vous. Le centre familial de la rue Carpeaux vient de faire ses premiers pas, et déjà échafaude de nouveaux projets.

(à suivre)

Remerciements à Madame Gisèle Delanoy pour son témoignage et pour le document

[1] Il y en a deux  à Roubaix : l’un est situé au 46bis rue de la chaussée dans le quartier de la Guinguette et l’autre est à au n°51 du boulevard de Belfort. Voir le blog Edouard Anseele pour en savoir plus.
[2] Madame Etienne Pollet Béghin, est la fille de Joseph Béghin, industriel à Thumeries (sucre, pâte à papier, presse) et elle épouse Étienne Pollet, industriel lainier, dirigeant des établissements Les fils de César Pollet. Jeune fille, elle se forme au dispensaire école de la Croix Rouge des Longues Haies. Adulte, elle poursuit l’action caritative par son engagement dans l’action sociale. D’après Jacques Eloy Maître de conférences à l’Université de Lille 3.
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