Eglise Saint Paul (suite)

Lorsque l’abbé Callens fête ses 25 ans de prêtrise un an plus tard, en 1955, les paroissiens rendent hommage à celui qui est à l’origine de l’érection de l’église et de la création de leur nouvelle paroisse. A l’issue de la cérémonie, la foule se répand dans les stands aménagés autour de l’église à l’occasion de la fête champêtre organisée au profit des œuvres paroissiales.

Les 25 ans de prêtrise de l’abbé Callens en1955 (Documents Nord-Eclair)

C’est aussi dans la nouvelle paroisse que l’abbé Michel Couthiez, prêtre de la Mission de France, célèbre sa messe de prémices en 1957. Drapeaux et guirlandes décorent les environs de l’église, tandis que le cortège part de la rue Edouard Vaillant où réside la famille du nouveau prêtre. L’abbé Callens souligne avec fierté le fait que c’est déjà le 2ème enfant de la nouvelle paroisse qui devient prêtre.

L’abbé Couthiez célèbre sa messe de prémices en 1957 (Document Nord-Eclair)

Un généreux donateur, la famille Segard, propose de financer la décoration du choeur , vierge de toute décoration depuis son inauguration. Mme Marie-Anne Poniatowska est contactée. Elle propose un premier projet en couleur qui est refusé par la Commission Diocésaine d’Art Sacré. Un deuxième projet est accepté en différents tons de gris, susceptibles de mieux se conserver dans le temps. L’abbé Callens, peu attiré par cette peinture moderne y fait ajouter des extraits de textes sacrés.

Maquette de la future fresque murale réalisée en 1957 et l’artiste en 1960 devant l’un de ses oeuvres (Documents Historihem)

Les peintures murales sont dessinées en atelier sur des calques. Puis, ils sont appliqués sur le revêtement mural qui n’est pas de bonne qualité. Le chantier est long et difficile (1958-1959). Il faut dire que l’oeuvre est gigantesque car les peintures s’étalent sur les 150 m2 des murs du choeur de l’église.

L’abbé Callens tempête sur les échafaudages et les échelles qui encombrent son église. En outre, une fois le chantier terminé, l’artiste apprend que l’abbé Callens a fait « nettoyer les tâches » grâce à un détergent, don d’un droguiste qui venait de marier sa fille en l’église Saint Paul ! C’est la catastrophe, et elle doit recommencer ses peintures sur toute la longueur et une hauteur de 1 mètre 50 !

Les peintures murales en cours de réalisation (Documents Historihem)

C’est en janvier 1960 que son éminence le cardinal Liénart vient inaugurer cette œuvre. L’abbé Callens est forcé de constater que « tout le monde aime l’oeuvre réalisée malgré la rigueur du camaïeu gris et l’austérité de la conception ». Le cardinal remercie l’artiste d’avoir, par son talent, doté une modeste église d’une décoration qui achève de lui donner son caractère religieux.

La bénédiction des fresques par le cardinal Liénart (Documents Nord-Eclair)

En 1962, les dix ans de l’église sont célébrés en présence de Mgr Chavanat et en 1964, c’est Mgr Thoyer, évêque missionnaire, qui vient procéder à la confirmation de 120 enfants dans la paroisse hémoise. Enfin en 1970, ce sont les quarante ans de sacerdoce de l’abbé Callens que fête la paroisse en présence de Mgr Chavanat.

Les dix ans de l’église en 1962, les confirmations en 1964 et les 40 ans de sacerdoce de l’abbé Callens en 1970 (Documents Nord-Eclair et Historihem)
Photo aérienne en 1962 (Document IGN)

De l’abbé Callens on disait que « c’était un homme de caractère que l’on surnommait le « chef du village ». Malheur à qui touchait aux fleurs de l’église, il allait sonner à la porte du coupable ! Il avait 3 ou 4 moutons dans le jardin de son presbytère : il échangeait les dragées des baptêmes contre du pain sec pour les nourrir. Mais, c’est aussi dans son presbytère que l’association « les Amis de Beaumont » pouvait stocker le charbon qui servait au chauffage du chalet de Beaumont, local de l’association. »

Photo de l’abbé Callens (Document Historihem)

Les 25 ans de la paroisse sont une grande fête de famille dans ce quartier qui abrite à présent 5000 habitants. L’abbé Callens, décédé en 1976, manque à l’appel mais les paroissiens ont accueilli avec joie son successeur, l’abbé Gérard Bogaert, doyen de Roubaix Centre et son jeune assistant, l’abbé Hugues Derville. Ils célèbrent la messe avec Mgr Gand, évêque de Lille avant une réception dans la salle paroissiale.

Une grande fête de famille en 1977 (Document Nord-Eclair)

Les fresques peintes par Marie-Anne Poniatowska se dégradent avec le temps. Les couleurs se ternissent et se fondent progressivement dans une sorte de grisaille uniforme et monotone. Au début des années 1980,une restauration du choeur apparaît indispensable. Un nouveau tabernacle ainsi qu’un nouvel autel sont installés et Joël Belly, jeune céramiste de talent, se met au travail pour les habiller. Enfin une moquette verte est posée pour garnir le sol.

La restauration du choeur en 1981 et photo du choeur (Document Nord-Eclair et site internet)

Malheureusement, en août 1992 dans la soirée, le clocher de l’église est en feu et même si, fort heureusement, l’épais panache de fumée alerte les voisins rendant l’intervention des pompiers très rapide, les dégâts matériels sont importants. Le clocher n’a fait office que de cheminée et nécessite seulement le remplacement de quelques tuiles.

Le clocher en feu dans la soirée (Document Nord-Eclair)

En revanche, le court-circuit électrique, qui semble être à l’origine du sinistre, a occasionné des ravages dans la nef. Deux colonnes à la base du choeur doivent être remplacées, les plâtres refaits et la moquette changée. Plus grave, une partie de la fresque est touchée laquelle sera entièrement refaite avec l’autorisation de l’artiste, à présent installée en Californie.

Les dégâts dans la nef (Document Nord-Eclair)

En 2000, la paroisse nouvelle de la Trinité voit le jour, issue du rapprochement des trois paroisses : Saint Jean Baptiste et Saint Michel à Roubaix et Saint-Paul à Hem. De fait ces 3 paroisses ont déjà plusieurs années de vie commune derrière elles puisque l’abbé Pierre Baert, curé des deux premières depuis 4 ans, s’occupe déjà de la troisième depuis 2 ans et demi, avec l’aide de l’abbé François Jeunet, attaché à Saint Michel.

Trois clochers pour la nouvelle paroisse de la Trinité (Document Nord-Eclair)

Quand l’église est touchée par le mérule en 2007 d’importantes réparations permettent de la sauver et l’artiste, venue constater la rénovation de l’église s’engage à revenir. Deux ans plus tard l’événement consiste en la venue à Hem de Marie-Anne Poniatowska, cinquante ans après la création de sa fresque murale, pour fêter ce jubilé.

Le retour à Hem de Marie-Anne Poniatowska pour les 50 ans de son œuvre (Document Nord-Eclair)

A cette occasion elle confie que cette œuvre d’une vie est le fruit d’un travail fastidieux. Elle insiste tant sur le travail préparatoire nécessaire pour connaître la vie et l’oeuvre de Saint-Paul que sur les défis techniques rencontrés à l’époque tels que les murs « mal fichus » du choeur. Au final, cinquante ans plus tard, celle qui s’est ensuite consacrée au dessin, y voit plutôt la vie de Saint-Paul en bande dessinée.

La princesse couronne son œuvre (Document Nord-Eclair)

Depuis la création de la paroisse de la Trinité, le béguinage, qui abritait le presbytère, s’est retrouvé inoccupé pendant quelques années avant d’être mis à la disposition de l’association A.G.I.R en 2015. Initiée par la Paroisse de la Trinité à Roubaix/Hem, l’Association, d’inspiration chrétienne, se donne pour objet la lutte contre les discriminations et l’accompagnement vers l’insertion de familles en situation de très grande précarité principalement roms.

Le Béguinage et les chrétiens et les Roms (Documents site internet et Lille Actu 2014)

Née dans les années 1950, la première église « en pièces détachées », qui avait laissé sceptiques les observateurs de l’époque quant à sa pérennité a finalement bien traversé le temps et les épreuves. Ce lieu de culte demeure vivant contrairement à l’église Saint-André, bâtie à l’ancienne, mais désacralisée. Restent quelques décennies à patienter pour savoir si elle atteindra son centenaire.

L’église Saint-Paul extérieur et intérieur (Documents photos BT et K Neels)

Photo aérienne en 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem