Michel Bernard vainqueur à Roubaix

Les jeunes dirigeants du vieux Racing Club de Roubaix ont invité en ce début d’année 1960 une vedette de l’athlétisme français à s’aligner dans l’épreuve qu’ils organisent chaque année, à savoir le Cross du Racing Club de Roubaix patronné par Nord éclair. Leur objectif était clair : redonner à Roubaix l’essor athlétique digne d’une grande ville. Un petit millier de curieux étaient venus dans le Parc des Sports de la rue de Lannoy pour assister à l’épreuve dans le cadre d’une enceinte idéalement conçue pour accueillir des organisations officielles et des championnats régionaux.

Michel Bernard au parc des sports doc NE

On assista à une exhibition du champion de France qui rendit la course spectaculaire à souhait. Michel Bernard régla son allure afin de permettre au liévinois Caillerets et au tourquennois Wagnon de rester dans son sillage. Il en fut ainsi pendant 1 km 500. Puis l’Anzinois accéléra progressivement, Wagnon tenta de profiter de ce changement de rythme pour décrocher Caillerets mais c’est l’inverse qui se produisit. Le liévinois vint se replacer dans la fouée de Michel Bernard et le tourquennois lâcha prise. C’est dans cet ordre que la course se termina.

après l’arrivée doc NE

À son arrivée le champion fut assailli par une troupe d’admirateurs juvéniles et au cours de la réception qui suivit l’épreuve, Michel Bernard reçut la médaille d’honneur de la ville des mains de M. Poulain, et André Stevens président de la section du RCR lui remit un électrophone offert par Nord éclair.

La remise de l’électrophone doc NE

Michel Bernard est né le 31 décembre 1931 à Sepmeries, village agricole du Valenciennois et il décède le 14 février 2019 à Anzin. Son père, Pierre Bernard, était maréchal-ferrant et sa mère tenait une quincaillerie. À seize ans, il commence à travailler comme manœuvre à l’usine Escaut-et-Meuse d’Anzin. Il entre l’année suivante au centre d’apprentissage de l’usine, pour préparer un CAP d’ajusteur. C’est là qu’il découvre la pratique du sport. Il dispute ses premières courses de cross-country dans des épreuves inter-usines. Il remporte ses premières victoires importantes en 1949 et 1950, où il devient champion de France junior. En 1954, d’abord champion du Nord du 1 500 mètres, il gagne le titre de champion des Flandres. En 1955, il devient champion de France du 1 500 mètres et intègre l’équipe de France. Il n’est pas sélectionné pour les Jeux olympiques de Melbourne, ce qu’il vit très mal à l’époque. Michel Bernard, travaillant toujours en 2 × 8, s’entraîne après sa journée de travail et prend 3 mois de congés sans solde pour préparer les Jeux olympiques de Rome. Athlète français spécialiste de courses de demi-fond et de fond, il est finaliste olympique à trois reprises en 1960 et 1964. En 1959, il a fondé l’Association Sportive Anzin Athlétisme. En 1975, il publie La rage de courir aux éditions Calmann-Lévy et il sera président de la Fédération française d’athlétisme de 1985 à 1987.

La bibliothèque de Wattrelos (suite)

L’emplacement de la bibliothèque va changer au gré des décisions municipales. Ainsi le 24 février 1960, le conseil municipal adopte le programme de construction de deux importants édifices : un bâtiment administratif pour la mairie et un centre culturel.

Wattrelos connaît un développement important qui va se poursuivre dans les années qui viennent : l’accroissement de la population, la construction sur le territoire de grands ensembles immobiliers, comme la cité du Laboureur et la cité de la Mousserie, en attendant l’aménagement de la plaine de Beaulieu. Il faut donc adapter les équipements collectifs à l’échelle d’une grande ville.

Le bâtiment des vieux hommes doc NE

Les vieux bâtiments de l’annexe de la mairie, autrefois l’ancien hospice des vieux hommes, sont donc appelés à disparaître. Le centre administratif qui va le remplacer sera un bâtiment perpendiculaire à la mairie dans le prolongement alignement de l’hôtel des postes. Il sera relié à l’hôtel de ville par une rotonde donnant directement sur la Grand Place et permettant l’accès aux deux bâtiments (centre et mairie). Au sous sol, on trouvera le logement du concierge, la chaufferie, les dépendances et dépôts, un garage public de bicyclettes. Au rez-de-chaussée, tous les services en contact avec le public : secrétariat, état civil, assistance, centre social. Les services techniques seront situés au premier étage. Le service des écoles et de la comptabilité générale de même que provisoirement la bibliothèque municipale seraient au second étage. Au troisième étage, une grande salle constituera une réserve d’avenir pour les besoins éventuels administratifs et techniques.

Le centre administratif et sa rotonde CP Collection familiale

Cette description correspond au programme des constructions décidé en 1960. Le centre administratif a du évoluer, notamment avec l’ajout d’un quatrième étage quelques années plus tard.

Il semble également que la bibliothèque municipale soit passée selon certains témoins du deuxième au troisième étage, sans doute avec la progression du nombre de volumes et de visiteurs.

Vue de la bibliothèque à l’époque doc AmWos

À cette époque on entrait donc par la rotonde, on prenait l’ascenseur pour aller emprunter les livres à la bibliothèque. Les jeunes de l’époque se souviennent qu’après le passage à la bibliothèque, on se retrouvait au café des Amis situé à deux pas sur la Grand-Place. Ce qui validait manifestement le besoin d’un lieu pour accueillir la jeunesse, ce qui sera la vocation du futur Centre Socio- éducatif1.

à suivre

1Voir notre article : le Centre socio-éducatif

La visite de M. K

Le général de Gaulle a invité N.S. Khrouchtchev en France. Le voyage se déroule du 23 mars au 3 avril 1960. Nikita Khrouchtchev, alors Président du conseil des ministres de l’URSS, est le premier chef d’État soviétique reçu officiellement par le Président de la République française depuis la révolution de 1917. Né le 3 avril 1894 à Kalinovka, dans l’Empire russe, et mort le 11 septembre 1971 à Moscou, Nikita Khroutchev est un homme d’État soviétique qui dirigea l’URSS durant une partie de la guerre froide. Il fut le premier secrétaire du Parti communiste de l’Union soviétique de 1953 à 1964 et président du conseil des ministres de 1958 à 1964. Il joua un rôle important dans le processus de déstalinisation, dans le développement du programme spatial soviétique et dans la mise en place de réformes relativement libérales en politique intérieure. Il fut remplacé en 1964 par Léonid Brejnev au poste de premier secrétaire et par Alexis Kossyguine à celui de président du conseil des ministres.

M. K et Albert Prouvost doc NE

Les hôtes soviétiques ont donc visité en douze jours un grand nombre de villes françaises : Paris, Bordeaux, Lacq, Tarbes, Pau, Istres, Pichegu, Nîmes, Arles, Marseille, Dijon, Metz, Verdun, Reims, Épernay, Lille, Roubaix, Serqueux, Rouen, Flins et Rambouillet. Lille et Roubaix sont sur le parcours et plus particulièrement Wattrelos, du fait de l’implantation des usines Prouvost, le Peignage Amédée-Prouvost et la Lainière de Roubaix.

M. K en visite au Peignage doc NE

Le mercredi 30 mars a lieu la visite de M. Nikita Khroutchev à Wattrelos au Peignage Amédée-Prouvost et à la Lainière de Roubaix. Venant de Lille, il a gagné Roubaix par le grand boulevard. Il tourne à la Laiterie et remonte l’avenue Delory jusqu’au rond point des Trois Baudets. Puis il emprunte l’avenue Motte, longe les Hauts Champs. Il sillonne ensuite les rues du Nouveau Roubaix pour rattraper le boulevard de Paris, le boulevard Gambetta, la Place Nadaud, le boulevard de Strasbourg. Passe le canal rue de la vigne, se dirige vers les rues du Cartigny et d’Alger. Manifestement on lui aura fait visiter tous les nouveaux ensembles immobiliers du coin avant d’arriver aux sites industriels.

M. K et Albert Prouvost doc NE

Il arrive au peignage Amédée Prouvost avec vingt minutes de retard sur l’horaire. Il y a beaucoup de curieux. Il est accueilli par Albert Prouvost fils et François Lefebvre, gérants. La petite fille des concierges Françoise Engelbert, 9 ans, s’avance avec un bouquet de violettes de Toulouse qu’elle remet à Mme Khroutchev qui sourit et embrasse l’enfant. Albert Prouvost découvre que Mme Khroutchev parle parfaitement l’anglais, c’est elle qui servira d’interpréte1. Elle s’intéresse aux pulls Rodier et au prix modique des repas à la cantine. M. K qui suit le même périple que celui de la Reine en 1957, s’intéresse au matériel dont l’automatisme réduit la peine des ouvrières. Dans la salle du conseil d’administration, poignées de main, rencontre du personnel, le président et Mme signent le livre d’or, puis c’est au tour de M. Kossyguine et M. Gromyko ministre des affaires étrangères. La visite de l’usine se fait au pas de course. Albert Prouvost saisit une mèche de peigné et donne quelques explications à M. K. C’est la cohue des photographes. La visite aura duré une vingtaine de minutes.

M. K et Jean Prouvost doc NE

À la Lainière, c’est Jean Prouvost qui accueille M. K qui traverse successivement le secteur finition teinture, filature, la salle de tricotage. M. K est décrit par la presse comme pesant, trapu, solide, marchant à pas vifs en roulant ses épaules massives. Il parcourt le temple de la chaussette et à la sortie l’attend une haie d’honneur formée par les apprenties toutes vêtues d’un seyant tablier bleu.

Passage en trombe à la Mousserie doc NE

Après la Lainière, par la rue des Patriotes à Wattrelos et la rue Richard Wagner il gagne la Mousserie où il s’arrêtera devant une maison de son choix, selon Albert Prouvost. Un ménage d’âge moyen nous accueille, un peu surpris par l’impromptu de la visite. Au rez-de-chaussée, salon, salle à manger, cuisine, vestiaire et toilettes. À l’étage la chambre des parents avec meubles en bois verni et le couvre-pieds de satin, deux chambres pour les enfants, une salle de bains avec douche. Quel est votre métier ? Demande M. K. Je suis mécanicien, monsieur le Président2.

Ensuite il reprend le boulevard des Couteaux, le pont des Couteaux et le boulevard de Metz, rejoint les boulevards de Strasbourg, Gambetta, Leclerc, de Paris, Jean Jaurès vers Lille.

M. K et une ouvrière du Peignage doc NE

Ont accompagné le leader soviétique pendant la visite, Mme Joulia Nikititchna, Mme Rada Nikititchna, M.Serguei Nikititch, Mlle Elena Nikititchna et M. Adjoubei. Les quatre premiers sont la femme et les enfants de Nikita Khrouchtchev et M. Adjoubei est l’époux de sa fille Rada. Ensuite, les personnalités, ce sont MM. A.N. Kossyguine (Vice-Président du Conseil des Ministres de l’URSS), A.A. Gromyko (Ministre des Affaires Etrangères de l’URSS), G.A. Joukov (Président du Comité d’Etat pour les relations culturelles avec l’étranger), V.S. Emelianov (Chef de la Direction pour l’utilisation de l’Energie atomique près le Conseil des Ministres de l’URSS), O.I. Ivatchenko (Député du Soviet Suprême de l’URSS) et A.M. Markov (Membre du Collège du Ministère de la Santé de l’URSS)3. On imagine bien que ce ne fut pas qu’une visite touristique !

1Mémoires d’Albert Prouvost : Toujours plus loin éditions La Voix du Nord

2ibidem

3 Elizaveta Spiridonova. La visite de N. S. Khrouchtchev en France (23 mars-3 avril 1960).

 

Jean de Leers

Les organisateurs de la fête de l’entente leersoise font appel à l’occasion de la soirée du mois d’août 1960 à un orchestre de choix ! Jean Prez, dit Jean de Leers, se produira pour la première fois dans la salle des fêtes de la commune. Tous les leersois connaissent bien ce sympathique musicien issu d’une famille leersoise bien connue.

Jean Prez doc BNRx

Jean Prez est en effet fils et petit fils de maçons leersois. Son grand-père Henri Prez habitait hameau de la longue rue et il eut pas moins de treize enfants ! Son père Jean Louis Prez fut terrassier, maçon et cafetier, il habitait le hameau de la petite frontière et il eut trois enfants, (Jules, Jean, Thérèse), Jean étant né en 1922 à Leers-Nord.

Jean Prez 1960 doc NE

Jean de Leers est un artiste dont la virtuosité est reconnue depuis longtemps, il sera même professeur d’accordéon, compositeur et éditeur de musique. Il vient à Leers avec son accordéon, son bandonéon, sa flûte, son piano, son vibraphone, sa voix et il est accompagné par une formation qui comprend Ferdinand Craye à l’accordéon et au bandonéon, Paul Marescaux à la trompette, au violon et au chant, Georges Bart, trompette, piano, accordéon, congas, Germain Froment, à la clarinette et au saxophone, Théo Juillet à la contrebasse, André Merckx à la batterie.

Jean Prez et son orchestre doc NE

Ils vont animer un bal qui amènera de la joie pour tous, anciens et jeunes danseurs, et amateurs de musique d’orchestre. Le bal de l’entente leersoise a lieu le 14 août et le bénéfice de la soirée permettra aux dirigeants du club d’assurer à toutes les équipes une très belle saison. Des tables sont en location au café Loy 2 rue de Néchin, chez Desmet face à la salle des fêtes. Le retour vers Roubaix, Toufflers, Lys, Lannoy, Wattrelos est assuré par autocar. Le prix d’entrée est à 2,50 francs.

L’après-midi, à 15 heures et à 17 heures 30 et le lendemain après-midi du lundi se déroulera un tournoi de football au stade Léo-Lagrange avec la participation du Capreau de Wasquehal, du FC Annappes, de l’ASPTT de Lille.

Leers, le marché

Il y a bien un marché à Leers, dont on pourrait penser qu’il est récent. Situé sur le côté de l’église Saint Vaast, sur la place Sadi Carnot, il a lieu le samedi et souffre du peu de place laissé par les automobilistes leersois.

Mais ce marché date de l’année 1960 ! De nombreux habitants de la commune demandaient la création d’un marché hebdomadaire et le Conseil Municipal approuva ce vœu à l’unanimité. Et par un samedi matin du mois de juillet 1960, une trentaine de marchands forains étaient à pied d’œuvre et attendaient la clientèle. Durant toute la matinée ce fut un va et vient incessant de ménagères allant et revenant de la place du marché.

Le marché de Leers ouvert en 1960 Photo NE

On se rendait au marché soit à Roubaix, soit à Wattrelos, et à l’époque plusieurs fois par semaine. La création d’un marché leersois permit bien des économies de transport. Comme elle permit sans doute d’influer sur le marché des prix en y trouvant du choix et de la qualité.

Sans doute y eut-il autrefois un marché à Leers mais il n’existait plus que dans les souvenirs des plus anciens. Celui-ci, que nous connaissons encore, est donc âgé de plus de soixante ans et mérite sans doute qu’on en prenne soin.