Les Mimosas du 7 rue Victor Hugo

Les parents avaient tenu un commerce de fleurs artificielles, sa sœur les fabriquait à Roubaix, il n’était pas dit que Gisèle, la petite dernière, n’aurait pas son magasin de fleurs à elle. D’autant que son mari André était jardinier à la ville de Roubaix et contribuait à embellir le Beau jardin.

En octobre 1954, Gisèle reprend donc l’ancien café de Marie et Émile Pottier qu’elle connaissait bien, au n°7 de la rue Victor Hugo à Leers. C’est là que la famille Moreels s’approvisionnait en bière. Le magasin prit l’enseigne Aux Mimosas, que Georges Degouhy peintre vint écrire sur la vitrine.

Le magasin côté vitrine doc Collection familiale

Gisèle vendait des fleurs, des mimosas qu’elle allait acheter aux Halles de Roubaix, des fleurs naturelles du jardin des parents, notamment des roses l’été. Elle faisait également la Toussaint et les chrysanthèmes. Elle se souvient d’avoir commandé des chrysanthèmes à Toufflers, il n’y avait pas de grossiste plus près. Mais ils fanaient trop vite et dans le noir, ils pourrissaient.

Elle travaillait avec le fleuriste Delfosse du Sartel à Wattrelos où elle achetait des plantes. Il y avait aussi un autre fleuriste rue du Moulin à Wattrelos. Elle se déplaçait en bus ou en tramways et la charge était bien lourde. Ses sœurs lui fournissaient des choses à vendre, Marcelle des fleurs artificielles et Flore des services à verre.

L’intérieur des Mimosas doc Coll familiale

Des représentants passaient au magasin, qui proposaient toute sorte de choses : des tableaux, ds faïences, de la porcelaine. Mais c’était trop cher pour Gisèle. Elle portait les gerbes pour les enterrements. Une autre fois elle s’est débrouillée pour trouver un bouquet de renoncules pour un mariage et elle est allée jusqu’à chez Gadeyne rue de Lannoy à Roubaix !

Giséle a tenu ce magasin jusqu’en février 1959. L’histoire se poursuivit quelques temps avec la vente de fleurs naturelles.

Remerciement à Mme Gisèle Hubrecht Moreels pour ses souvenirs

Première pierre à la Mousserie

C’est le directeur de la Caisse des dépôts et consignations en personne qui vient procéder le 18 octobre 1954 à la pose de la première pierre du nouveau groupe d’appartements à Wattrelos. M. Bloch-Lainé vient visiter les réalisations du CIL de Roubaix Tourcoing et il en profite pour procéder à la pose de la première pierre d’un bloc de 252 appartements dans le nouveau quartier résidentiel de la Mousserie, lequel doit totaliser plus de 1.500 logements.

François Bloch-Lainé document fondation Charles De Gaulle

Wattrelos est déjà un vaste chantier. Au sud est de la Mousserie, le groupe de maisons individuelles de la Tannerie, en bordure de la rue du Sapin-Vert est déjà habité alors que la tranche A de la Mousserie (268 logements) est en cours de construction. Tout dernièrement à proximité du pont du Tilleul a commencé l’édification d’une première tranche de 200 logements du groupe d’immeuble collectifs du Tilleul.

Le groupe dont la première pierre sera posée se trouve en bordure du boulevard des Couteaux. Il comprendra 119 appartements à une chambre pour jeunes ménages, 109 appartements à deux chambres et 24 appartements à trois chambres. Le chauffage central est prévu dans chaque appartement alimenté par une chaudière unique, eau chaude et froide, cave et garage pour bicyclettes et voitures d’enfants.

L’Espierre avant couverture doc NE

Les travaux de couverture de l’Espierre sont actuellement en cours, ainsi que l’élargissement du pont des Couteaux qui permettra une liaison directe entre le boulevard de Metz à Roubaix et le quartier de la gare à Tourcoing.

M. François Bloch-Lainé est accompagné par M. Leroy directeur général de la Société Immobilière. Il est accueilli par M. Albert Prouvost et des personnalités du CIL, MM Victor Provo député maire de Roubaix, Debesson maire de Tourcoing et D’hondt maire de Wattrelos. On remarque la présence d’André Lefebvre président de la société le Bien être qui va se charger de construire un bon nombre des futurs appartements, M. Degallaix, président du syndicat des entrepreneurs chargés de la construction des 1733 habitations de la Mousserie, M. Hache directeur de la Maison Roubaisienne.

Aperçu de la future Mousserie Collection particulière

La matinée a été consacrée à la visite des chantiers et réalisations du CIL, puis la future cité de la Mousserie est présentée sous forme de maquette sous une grande tente. Albert Prouvost fait une allocution dans laquelle il évoque le chemin parcouru et il rend hommage à la ville et la municipalité de Wattrelos dot l’intelligente collaboration va permettre l’édification sur les 45 hectares de la Mousserie de 2.000 logements qui abriteront six mille personnes et à la fin de 1957, dix mille.

M. Bloch-Lainé répond en quelques paroles simples. Il dit sa fierté de collaborer à l’œuvre éminemment sociale du CIL et il ajoute que le CIL de Roubaix Tourcoing apparaît comme une entreprise pilote. Il affirme sa résolution de tout mettre en œuvre pour mettre un terme à cette plaie des mal-logés. Il viendra avec joie pour poser au faîte de la dernière maison de la Mousserie le traditionnel bouquet.

La pose de la première pierre doc NE

Puis on se dirige vers le chantier ouvert à proximité. Un escalier de planches conduit les officiels jusqu’aux fondations de la première maison de la future cité. Le chef de chantier tend à M. Bloch-Lainé la truelle symbolique avec laquelle il scelle la première pierre. Puis l’on se sépare sous le frais soleil d’automne.

Espierre et Mousserie

Après que le CIL ait défini par son bureau d’études en 1953 le type de construction prévu pour la Mousserie, il reste cependant un problème à régler sur le terrain. Il s’agit des travaux de dérivation et de couverture du ruisseau de l’Espierre là où sera bâtie la nouvelle cité de la Mousserie. L’Espierre n’est plus la petite rivière saine et poissonneuse qu’elle fut autrefois. Elle est en effet plus proche d’un égout à ciel ouvert dont les odeurs pestilentielles se répandent régulièrement sur la campagne environnante. Qui plus est, elle déborde souvent, créant des inondations dévastatrices sur tout le territoire wattrelosien.

La Mousserie vue IGN 1950

Selon la presse, le CIL a donc demandé à la ville de participer à ces travaux qui concernent la Mousserie, c’est à dire à la réalisation d’un aqueduc de 658 mètres de long. Le montant est évalué à 59 millions de francs et la quote part de la ville de Wattrelos s’éléverait à 21 millions, celle de la ville de Roubaix à 20 millions, et le solde serait couvert par le CIL qui en assurerait la réalisation technique confiée au service des Ponts et Chaussées. Nous sommes en novembre 1953 et la question est débattue dans une réunion du conseil municipal. Le principe de deux emprunts pour couvrir la participation de la ville est mis au vote. Si tout le monde est d’accord sur l’utillité des travaux, la quote part de Wattrelos est estimée énorme par certains, d’autres exprimant les craintes devant le mécontentement des habitants du Laboureur, également concernés par les débordements de l’Espierre. Le maire répond que ces travaux n’auraient jamais pu être réalisés sur la ville de Wattrelos seule avait dû financer. Une occasion se présente dont il faut profiter.

Vue générale chantier de la Mousserie vue IGN 1957

En octobre, les travaux de la couverture de l’Espierre sont en cours et l’on prévoit l’élargissement du pont des couteaux qui assurera une liaison directe entre le boulevard de Metz à Roubaix et le quartier de la gare à Tourcoing. La couverture de l’Espierre s’effectue sur plus de 600 mètres pour faire de la Mousserie un quartier parfaitement sain. En décembre 1954, le nouvel aqueduc qui remplace le nauséabond riez a été mis en service. Henri Leconte ingénieur des travaux publics de l’État a dirigé la réalisation d’un aqueduc sur toute la largeur de la Mousserie en supprimant ses nombreuses sinuosités. Le but est d’emprisonner sous une voûte de 642 mètres une portion de cours d’eau de 775 mètres, sinuosités comprises. Les travaux commencés le 8 mars 1954 viennent de s’achever. On peut à présent voir le large dos de l’aqueduc à travers le sol bouleversé. L’ouvrage relie le pont des couteaux aux abords de la ligne de chemin de fer que l’on trouve derrière les bâtiments de la Lainière.

La mise en aqueduc de décembre 1954 Photo NE

Cet aqueduc se présente sous la forme d’un vaste couloir rectangulaire de trois mètres de large sur 2,30 m de hauteur. L’Espierre n’est pas le cours d’eau tranquille que l’on suppose, il faut donc anticiper ses colères qui le font s’élever de plus d’un mètre en moins d’une heure ! L’aqueduc a été mis en service au cours d’une cérémonie d’inauguration en présence de MM Albert Prouvost président du CIL, André Lefebvre , président de la société d’HLM « le bien être » et « le bien de famille » qui construit la cité de la Mousserie. Jules Mullié conseiller général, André Thibeau adjoint au maire de Roubaix, Guétemme secrétaire général de la mairie de Wattrelos, M Lancry directeur des travaux municipaux wattrelosiens, et de nombreux autres techniciens. Après que les visiteurs aient pénétré dans l’énorme boyau sous la conduite de M. Leconte, et qu’ils en soient sortis admiratifs des proportions et du gabarit, M. Blondeau chef de chantier donne l’ordre aux ouvriers de pénétrer dans le riez et d’enlever les batardeaux qui forment barrage. Peu à peu les eaux limoneuses de l’Espierre s’engouffrent dans l’aqueduc où elles évolueront désormais.

D’après la presse de l’époque