Je vous convie aujourd’hui à une promenade autour de la place. Nous avons vu qu’elle n’avait attiré que peu de commerces, mais nous allons voir qu’un certain nombre de ses maisons ont leur intérêt et méritent l’attention du promeneur.
On remarque déjà que les propriétaires ont souvent fait construire une série de maisons identiques sur leur terrain. Au final, seules une dizaine des 41 maisons ceinturant la place sont construites à l’unité.
Suivons d’abord l’alignement sud, celui qui est loti le premier, à partir de 1908. Pratiquement toutes les maisons de ce côté sont déjà édifiées dès 1910.
Le numéro 1 est réservé pour la maison qui fait le coin, bien qu’elle soit numérotée dans la rue de Lannoy, où elle porte le numéro 248. Cette belle maison apparaît dans les années 1920. Elle est successivement la propriété de deux industriels, Emile Degraeve l’habitera jusqu’à la deuxième guerre. Ensuite, ce sera monsieur Pureur, jusque dans les années 80. Restaurée récemment, elle a maintenant fière allure.
Le numéro 3 est également une très belle maison, ornées de pierres et présentant une belle hauteur sous plafonds. On y trouve en 1910 un rentier, monsieur Vergotte-Vanhoutteghem, qui aura vu les deux guerres depuis cette maison, puisqu’on l’y retrouve encore en 1953.
La façade du numéro 19 retient l’attention avec ses fenêtres à petits carreaux au premier étage, dont deux sont jumelées, et ses briques de couleur.
Du 23 au 29, un groupe de quatre maisons identiques ornées de motifs en briques de couleur dues à Henri Agache dont les plans datent de 1910.
Une autre série de maisons, qui terminent la numérotation impaire, comprend six constructions, identiques et plus communes, numérotées du 37 au 47. Elles datent de 1908 et ont été construites elles aussi par l’architecte Henri Agache pour Mme Lestienne, dont le mari était négociant.
Par ailleurs, il existe encore sur cet alignement des maisons agréables à regarder, telles les numéros 13 et 31, cette dernière réalisée en 1911 pour Mme Delplanque.
Remarquons que cet alignement sud ne comporte pas de numéro 33. Comment l’expliquer ?
De l’autre côté de la place, au nord, s’édifie en 1914 une pharmacie au coin de la rue de Lannoy. Nous l’avons évoqué dans le premier article consacré à la place. La demande de permis est faite au nom de Monsieur Donzalat, pharmacien. Le plan annexé comprend l’officine et l’habitation, dont la porte s’ouvre sur la place. L’immeuble est prolongé sur la gauche par une cour.
En 1941, le pharmacien d’alors, monsieur Torck, demande l’autorisation de faire réaliser des travaux de modernisation. Cette demande est refusée en 1946, les travaux demandés « n’offrant aucun intérêt immédiat en ce qui concerne la reprise économique du pays ». Ils seront néanmoins acceptés par la suite et le bâtiment actuel n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était avant la première guerre.
On rencontre également des maisons de caractère sur cet alignement. Les numéros 10 et 12 par exemple. Le 10, dû aux architectes Tromon et Rasson d’Armentières a pour propriétaire le négociant M. Lacroix et date de 1926. Il présente un bow window surmontant deux oeils de bœuf qui surprennent dans la façade. Le 12 abrite en 1935 l’industriel Bossu-Jouret.
Les numéros suivants, aux façades ornées, ne manquent pas d’intérêt pour le promeneur : le numéro 18, de 1910 et, en particulier, les numéros 20 et 22, jumeaux, avec leur chien-assis à charpente apparente et leurs fenêtres du rez de chaussée à tendance art nouveau. Ces deux maisons datent de 1911
Nous retrouvons ensuite une série de trois maisons identiques, aux numéros 24 à 28, datant de 1912. Elles font partie de celles décorées de briques de couleurs blanche et bleue qu’on rencontre beaucoup autour de la place, notamment aux numéros 8, 16, 36, 38, 46, 48, et au sud, aux 15, 19, et du 23 au 29. On en trouve également tout à côté au 5 avenue Linne. Les architectes s’étaient-ils donnés le mot ?
La dernière maison de l’alignement, celle qui fait le coin, est plus récente, puisqu’elle date de 1926. Elle n’a pas échappé aux ornements en béton chers au style de l’époque.
Passé le coin de la place, qui donne sur les rues St Simon et Screpel, le côté ouest présente un aspect plus composite. On y remarque pourtant deux maisons jumelles placées en retrait de l’alignement, qui portent les numéros 38 et 40, ce dernier numéro ayant été doté d’un garage en 1931.
La place a été réaménagée ces dernières années avec une végétalisation partielle qui concourt à attirer le flâneur.
Les documents non légendés proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.