La ligne 3

En mars 1861 François Henri met en place un service de voitures publiques comportant 10 places entre Roubaix et Lannoy. On voit bien l’importance de la demande pour des transports en commun entre ces deux villes, et il n’est pas étonnant qu’une quinzaine d’années plus tard, dès que la concession des tramways est attribuée à la Compagnie des Tramways de Roubaix et Tourcoing, 21 rue du grand Chemin, les projets étudiés prévoient 3 lignes dont la troisième doit justement relier les grand-places de Roubaix et de Lannoy. La construction des lignes débute en février 1877, et l’exploitation débute mars 1878 sur les premiers tronçons posés, avec des départs toutes les 10 minutes. L’inauguration de la ligne 3 jusqu’à la place de Lannoy a lieu en octobre 1879. Les voitures sont traînées par des chevaux. Elles comprennent un compartiment central fermé et des plate-formes extrêmes, ouvertes, où officie le cocher.

Ci-dessous une voiture à cheval qui stationne devant le kiosque formant salle d’attente devant l’église St Martin.

Document collection particulière

En mars 1879, la ligne, qui, venant de la grand place, se détache de la ligne 2 grand rue au niveau de la place de la Liberté, ne dépasse pas encore la traversée de la rue du Tilleul après 900 mètres sur les 2700 prévus. Elle suit le trottoir de la place de la Liberté avant de s’en écarter pour prendre l’alignement du centre de la chaussée de la rue de Lannoy.

La voie poursuit sa route au centre de la chaussée. Jusqu’au hameau de Bury, aujourd’hui dans le quartier de la Fraternité. Ensuite, le ministère autorise le tracé en accotement, mais la voie suivra finalement l’axe de la chaussée de bout en bout. On double la voie à certains endroits, notamment sur la place St Elisabeth, la place de la Liberté, la Justice devant l’octroi, de pour permettre le croisement des voitures.

En même temps, la ville demande la concession d’une partie « suburbaine », pour prolonger la ligne au-delà des limites de Roubaix jusqu’à la place de Lannoy. Dans ce tronçon, la pose de la voie ne pose pas de difficultés, mis à part au droit de l’estaminet Lienard, qu’on finira par exproprier parce qu’il dépasse de deux mètres l’alignement, et dans l’étroite rue menant à la place de la mairie. L’ensemble est mis en exploitation à la fin de l’année 1879, bien que la compagnie ait anticipé sur l’autorisation officielle d’ouverture des travaux !

En 1882, la compagnie fait faillite, et les travaux d’extension du réseau sont arrêtés, mais l’exploitation continue sur les lignes existantes, sous la direction du syndic. Cette situation va durer plusieurs années. Enfin la situation se débloque et en 1894, la Compagnie Nouvelle des Tramways de Roubaix et Tourcoing reprend la concession. Elle se propose d’électrifier la traction et de changer l’écartement de la voie, qui était à 1 mètre 44 pour la passer à un mètre. La ligne 3 est mise en service en janvier 1895. Elle prend l’indice C en 1905. Son tracé qui partait de la place de la Liberté est modifié pour, au sortir de la grand place, emprunter la rue Pierre Motte et le boulevard Gambetta avant de tourner dans la rue de Lannoy. Son terminus est maintenant la gare qu’elle rejoint par l’avenue Lebas. En 1909, la ligne est prolongée jusqu’à la douane de Toufflers, alors qu’une autre ligne, dénommée C barré, s’arrête à la Justice.

On voit ici un ancien tramway hippomobile, alors transformé en remorque, stationner sur la grand-place

Suivons maintenant la ligne. A son extrémité, la voie dessine une sorte de raquette devant la gare, contournant le kiosque au centre de la place, pour permettre aux trams d’effectuer un demi-tour avant d’arriver à l’arrêt, placé le long du trottoir. Elle se dirige ensuite vers la grand place en empruntant la double voie récemment posée le long de l’avenue de la Gare, comme on l’appelle à l’origine. Une motrice, probablement de type 51 à 62 de 1894, et sa remorque type B 100 attendent au terminus de la ligne C devant la gare. Une autre, de la même série mais en état d’origine, descend l’avenue Lebas.

Documents collection particulière

Arrivée à la grand place, la ligne, au lieu de tourner tout de suite à gauche pour s’arrêter devant l’église St Martin, comme elle le faisait auparavant, traverse la place en parcourant un « S » pour se ranger face à la bourse, le long des voies de la ligne des TELB. Les deux photos suivantes nous montrent une voiture de type 250 de 1897. qui vient de la gare et se dirige vers l’arrêt devant la bourse et la rue Pierre Motte, et une motrice série 1 à 18 de 1895 qui arrive à ce même arrêt.

La ligne suit d’abord la rue Pierre Motte, où elle voisine avec la ligne F des Tramways de Lille et de sa Banlieue (TELB), puis emprunte le boulevard Gambetta à contre sens. Elle rencontre un premier arrêt offrant l’abri d’un kiosque aux voyageurs sur le terre plein du boulevard. Cette portion de voie est emprunté par d’autres lignes de la compagnie des TRT. Elle tourne ensuite à 90 degrés en coupant la voie du Mongy pour entrer dans la rue de Lannoy en passant devant le café de la Tonne d’Or.

Ci-après une motrice Buire 500 de 1910 rue Pierre Motte, et une motrice 600 ELRT de 1927 suivie de sa remorque de la série 800 vue dans les années 50 devant le kiosque de l’arrêt de la Tonne d’Or, puis une motrice 300 TRT de 1906 et sa remorque qui amorcent la courbe place de la Liberté, et enfin une motrice série 1 à 18 de 1895 qui s’engage dans la rue de Lannoy.

A suivre.

Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.

Pelotes de Laine, chaussettes et vinyles.

Henri Bausier est commerçant. Il gère un commerce Phildar, à Tourcoing, dans les années 1950. Il devient dépositaire Pingouin-Stemm, en 1960, et s’installe à Roubaix au 3 rue Pierre Motte. C’est un endroit idéalement bien placé, car situé dans une artère très commerçante de la ville, à 10 mètres de la Grand-Place. Le 3 rue Pierre Motte est un ancien café-friture, qu’Henri fait transformer en magasin de détail des produits Pingouin-Stemm, qui sont, bien sûr, les célèbres marques de la  »Lainière de Roubaix », leader en pelotes de laine Pingouin et en chaussettes Stemm.

Façade ( documents archives municipales )

 

Publicités ( documents collection privée )

Il fait construire un mur de séparation à l’intérieur, entre le couloir et le magasin, de façon à ce que les propriétaires du bâtiment, les deux sœurs Victorine et Jeanne-Alphonsine Van Weynsberger, puissent regagner leur habitation à l’étage, sans devoir traverser le magasin. Les travaux sont confiés à l’entreprise d’Isidore Baseotto à Tourcoing.

Ouverture du magasin ( document Nord Eclair Nov 1960 )

L’ouverture a lieu début Novembre 1960. Les roubaisiens découvrent un magasin accueillant et chaleureux : les comptoirs sont en laque, les pelotes de laine aux coloris infinis sont exposées sur toute la longueur du mur, les chaussettes sont vendues en libre-service. L’inauguration se fait en présence de Mr le maire, Victor Provo. Pendant toute la semaine d’ouverture, Henri Bausier offre des louis d’or, à la clientèle, par tirage au sort.

Henri Bausier dans son magasin ( document JJ Bausier )

Le démarrage de l’activité est satisfaisant. Henri Bausier est bon commerçant, très sensible au service apporté à la clientèle, et passionné par la publicité qu’il utilise très régulièrement, dans la presse locale.

( documents Nord Eclair )

Henri développe ensuite une gamme de produits complémentaires : les bas, collants, cravates, les tapis Pingouin à faire soi-même et également les machines à tricoter. Gisèle, son épouse, lui apporte une aide précieuse à la tenue du magasin et à l’accueil de la clientèle principalement féminine. A côté de son magasin, au 1 bis, se trouve une mini-cave. Henri Bausier connaît bien son voisin M Delepierre, commerçant en légumes. Les deux hommes vont créer ensemble, un commerce de tricots, pour distribuer dans ce point de vente, des produits de la marque Rodier en 1967, à l’enseigne  »Jeune ».

Le magasin  »Jeune » au 1 bis – Façade et intérieur ( documents JJ Bausier)

Henri Bausier confie à son fils, Jean-Jacques et à une jeune vendeuse, la gestion du magasin. Le succès n’est pas vraiment au rendez-vous, car les tricots Rodier sont peut-être un peu trop haut de gamme pour les roubaisiens. Ils décident donc d’arrêter leur activité en 1968. Jean Jacques Bausier a 20 ans ; jeune et passionné de musique, il propose à son père d’ouvrir un magasin de disques vinyles dans cette cave qui est un endroit plutôt sympa pour les jeunes. La façade extérieure est en bois ; 7 marches seulement sont nécessaires pour descendre au niveau intermédiaire ; 3 petites pièces se succèdent sur toute la longueur du magasin ; le plafond est en lambris acajou vernis. L’ouverture de la  »Discocave » a lieu, cette même année : 1968.

( document collection privée )

Jean Jacques se spécialise en musique Pop, Rock, Variétés. La vente se fait essentiellement en disques vinyles et surtout en 33 tours. Les deux hommes communiquent alors ensemble, par des publicités communes pour les deux magasins, dans la presse locale.

Publicités communes ( documents Nord Eclair )

En 1973, le succès aidant, Henri et Jean-Jacques décident d’ouvrir un second magasin de disques, dans le tout nouveau centre commercial Roubaix 2000. L’enseigne sera : Discocave 2.

Discocave 2 à Roubaix 2000 ( documents JJ Bausier et Nord Eclair )

Le père et le fils se relaient pour assurer une présence permanente, dans les deux magasins de disques. Jean-Jacques est spécialisé en musique Pop Rock. Henri préfère plutôt la variété française.Le magasin Discocave 1 ferme ses portes, en 1977, car Jean Jacques Bausier choisit une autre orientation pour sa carrière et part dans le domaine des photocopieurs. Henri continue le magasin Discocave 2, jusque la fin du centre commercial Roubaix 2000. Il continue ensuite de gérer son magasin Pingouin Stemm de la rue Pierre Motte avec son épouse, jusqu’au milieu des années 1980, date à laquelle ils prennent une retraite bien méritée.

Henri Bausier ( document JJ Bausier )

Remerciements aux Archives Municipales, et à Jean Jacques Bausier.

Un abattoir à Roubaix (fin)

Du centenaire à la disparition

L’abattoir vient de fêter le centenaire de sa construction quand le constat est fait de sa vétusté et de l’impossibilité d’une réfection totale de ses locaux car il est à présent situé quasiment en centre ville. Un projet de nouvel abattoir coûtant trois millions de francs est à l’étude. On pense à l’implanter en lieu et place de l’ancien dépôt de tramways rue de Mascara au Laboureur devenu propriété communale. La voie de chemin de fer toute proche est un argument pour cette implantation. Finalement en 1974, par arrêté du préfet, les abattoirs de Roubaix et Tourcoing sont condamnés, ils ne feront pas partie de la liste des neuf abattoirs du nord qui subsisteront à savoir Dunkerque, Hazebrouck, Valenciennes, Saint Amand, Douai, Avesnes, Maubeuge, Caudry et Lille.

Dernières images de l’abattoir Photo NE

Tous les abattoirs non autorisés doivent cesser de fonctionner au plus tard dans les quatre ans (1978 pour Roubaix et Tourcoing) avec une prime incitative pour fermeture de 334.160 francs. Il est vrai que les tonnages abattus étaient en baisse. Le reclassement du personnel est prévu : 22 personnes à Roubaix iront dans d’autres services, d’autres sont proches de la retraite, d’autres iront à Lille, ce sont principalement des chevillards.

Le lycée professionnel rue Lavoisier Photo VDN

L’abattoir fut démoli en 1978 et on établit sur son emplacement un lycée d’enseignement professionnel, dont la construction démarra en décembre 1978 pour s’achever en novembre 1980. Cet établissement propose aujourd’hui des filières vers un CAP ou un Bac pro dans les domaines de la restauration ou des services à la personne. La fonction de l’établissement jouxtant la Place ayant changé, le nom de la Place en fit autant : elle fut rebaptisée Place Jean Baptiste Clément, du nom de l’auteur du « Temps des cerises » le 28 février 1979.

Le lycée a remplacé l’abattoir plein centre de la photo Vue IGN 1982

Espierre et Mousserie

Après que le CIL ait défini par son bureau d’études en 1953 le type de construction prévu pour la Mousserie, il reste cependant un problème à régler sur le terrain. Il s’agit des travaux de dérivation et de couverture du ruisseau de l’Espierre là où sera bâtie la nouvelle cité de la Mousserie. L’Espierre n’est plus la petite rivière saine et poissonneuse qu’elle fut autrefois. Elle est en effet plus proche d’un égout à ciel ouvert dont les odeurs pestilentielles se répandent régulièrement sur la campagne environnante. Qui plus est, elle déborde souvent, créant des inondations dévastatrices sur tout le territoire wattrelosien.

La Mousserie vue IGN 1950

Selon la presse, le CIL a donc demandé à la ville de participer à ces travaux qui concernent la Mousserie, c’est à dire à la réalisation d’un aqueduc de 658 mètres de long. Le montant est évalué à 59 millions de francs et la quote part de la ville de Wattrelos s’éléverait à 21 millions, celle de la ville de Roubaix à 20 millions, et le solde serait couvert par le CIL qui en assurerait la réalisation technique confiée au service des Ponts et Chaussées. Nous sommes en novembre 1953 et la question est débattue dans une réunion du conseil municipal. Le principe de deux emprunts pour couvrir la participation de la ville est mis au vote. Si tout le monde est d’accord sur l’utillité des travaux, la quote part de Wattrelos est estimée énorme par certains, d’autres exprimant les craintes devant le mécontentement des habitants du Laboureur, également concernés par les débordements de l’Espierre. Le maire répond que ces travaux n’auraient jamais pu être réalisés sur la ville de Wattrelos seule avait dû financer. Une occasion se présente dont il faut profiter.

Vue générale chantier de la Mousserie vue IGN 1957

En octobre, les travaux de la couverture de l’Espierre sont en cours et l’on prévoit l’élargissement du pont des couteaux qui assurera une liaison directe entre le boulevard de Metz à Roubaix et le quartier de la gare à Tourcoing. La couverture de l’Espierre s’effectue sur plus de 600 mètres pour faire de la Mousserie un quartier parfaitement sain. En décembre 1954, le nouvel aqueduc qui remplace le nauséabond riez a été mis en service. Henri Leconte ingénieur des travaux publics de l’État a dirigé la réalisation d’un aqueduc sur toute la largeur de la Mousserie en supprimant ses nombreuses sinuosités. Le but est d’emprisonner sous une voûte de 642 mètres une portion de cours d’eau de 775 mètres, sinuosités comprises. Les travaux commencés le 8 mars 1954 viennent de s’achever. On peut à présent voir le large dos de l’aqueduc à travers le sol bouleversé. L’ouvrage relie le pont des couteaux aux abords de la ligne de chemin de fer que l’on trouve derrière les bâtiments de la Lainière.

La mise en aqueduc de décembre 1954 Photo NE

Cet aqueduc se présente sous la forme d’un vaste couloir rectangulaire de trois mètres de large sur 2,30 m de hauteur. L’Espierre n’est pas le cours d’eau tranquille que l’on suppose, il faut donc anticiper ses colères qui le font s’élever de plus d’un mètre en moins d’une heure ! L’aqueduc a été mis en service au cours d’une cérémonie d’inauguration en présence de MM Albert Prouvost président du CIL, André Lefebvre , président de la société d’HLM « le bien être » et « le bien de famille » qui construit la cité de la Mousserie. Jules Mullié conseiller général, André Thibeau adjoint au maire de Roubaix, Guétemme secrétaire général de la mairie de Wattrelos, M Lancry directeur des travaux municipaux wattrelosiens, et de nombreux autres techniciens. Après que les visiteurs aient pénétré dans l’énorme boyau sous la conduite de M. Leconte, et qu’ils en soient sortis admiratifs des proportions et du gabarit, M. Blondeau chef de chantier donne l’ordre aux ouvriers de pénétrer dans le riez et d’enlever les batardeaux qui forment barrage. Peu à peu les eaux limoneuses de l’Espierre s’engouffrent dans l’aqueduc où elles évolueront désormais.

D’après la presse de l’époque

U.R.S.A.

L’Union Roubaisienne des Sports Athlétiques (U.R.S.A.) a été fondée en 1892 par Edmond Desbonnet, le « père de la culture physique en France »1. Elle fut longtemps basée au 28 de la rue Jeanne d’Arc avant la disparition de la rue pour cause d’urbanisme. Quelques points de repére pour lancer la recherche historique.

Les premiers champions de la belle époque s’appelaient Raoul le boucher ou Constant le marin, noms qui les situaient entre les forains et les sportifs. Ils levaient la fonte et pratiquaient la lutte.

Les champions URSA 1912 Photo JdeRx

Les champions d’avant 1914 s’appelaient Goudnis, Charles Vanwinsberghe, Alphonse Pesez, Liévin Demey, Victor Lefebvre, Pierre Bogaert, Louis Vasseur. Le dernier nom de cette liste est sans doute le plus connu.

Passée la première guerre, l’URSA reprend ses activités et ce sera l’époque des Gaston Buter, Alfred Lounck, Démosthène Faith, Monnet, Léon Vandeputte, Vereecken, Jean Populier et Pierre Allène. La section de lutte compte aussi les César Luc, Charles Pâcome, Desnoullet, Stanys et Théo Drymala. La section haltérophilie est plus nombreuse encore. Citons Legleye, Herbaut, Debuf, Robert Cocheteux. En 1920, signalons deux adhésions importantes : Marcel Dumoulin et Georges Grisagelle.

Trois époques de l’URSA: Louis Vasseur, Charles Pacôme et Marcel Dumoulin Ph Coll Particulière

Tous ces noms vont de pair avec de nombreux titres de champions et des participations à des prestigieuses compétitions, du championnat de France aux Jeux Olympiques. Tout cela sera détaillé avec les portraits des différents membres.

Les champions URSA de 1953 Photo NE

Le comité de l’URSA en 1953 : Démosthène Faith président d’honneur, Marcel Dumoulin président actif, Georges Grisagelle secrétaire, Jean Populier, trésorier. En 1953 l’URSA compte une section haltérophilie, un groupe de judokas et des catcheurs. Le 27 septembre en la salle watremez à l’occasion d’un gala de catch, les professionnels viennent aider les amateurs et l’URSA, reconnu comme le plus ancien club de force de France.

d’après Louis Lampe NE

1Voir notre article à son sujet

U53 à Wattrelos

Il ne s’agit pas d’une histoire de sous marins ni même d’objets volants non identifiés. Il s’agit d’un nouveau type de logement réalisé par le bureau d’études du CIL dans le cadre de la loi Courant, du nom du ministre qui fit voter en 1953 une loi facilitant la construction de logements tant du point de vue foncier que du point de vue du financement et de l’appareil de production. Le projet U53 est également établi dans la perspective des travaux du quartier de la Mousserie, qui seront adjugés en mai-juin 1953 : 1600 logements prévus sur 50 ha, 30 % collectifs et 70 % de maisons individuelles.

Le type U53 bureau d’études CIL vise à la fois à faire baisser les coûts de production et le prix de la maison. Les portes et fenêtres préfabriquées permettent un achat en nombre qui entraîne une baisse des coûts. Par ailleurs, l’utilisation de l’aluminium en tôle pour les toitures a pour conséquence l’allègement des charpentes ce qui représente de sérieuses économies, avec des matières isolantes de qualité supérieure. Les plomberies et tuyauteries également préfabriquées facilitent une pose rapide, soit 40 % d’économie ! La maison U53 offre une baignoire, un chauffe bain, un évier en grès dans la cuisine.

Le plan U53 publié par NE

Comment se présente un U53 ? C’est une maison d’une architecture un peu différente, avec une toiture en pente très faible, 5 degrés seulement, qui suffit à assurer l’écoulement des eaux, surmontée de cheminées très basses. De larges baies facilitent l’entrée de la lumière au rez de chaussée dans un living room de 18 m² avec une cuisine et la salle d’eau. À l’étage, il y a trois chambres bien éclairées et la maison dispose d’une cave. Le prix de revient d’un U53 a été abaissé à moins de 1.700.000 francs.

Les deux U53 de la rue du Commandant Bossut Photo NM

Des prototypes sont en construction au Brun Pain (Tourcoing) et rue du Commandant Bossut (Wattrelos). Le jeudi 16 février premier coup de pioche sur le chantier de la rue du Commandant Bossut. Neuf semaines après, soit quarante jours de travail ouvrables, deux unités de U53 sont construites. C’est une performance ! Des cinq semaines pour le gros œuvre, il n’en a fallu que quatre, les portes et cloisons ont été posées dès leur arrivée, cloisons mises au point d’après un brevet anglais qui servit pendant la guerre à bord des avions de la RAF. Les plafonds sont constitués par des plaques de 3,60 m, l’encadrement des fenêtres est en alliage d’aluminium absolument indéformable et l’équipement sanitaire se monte comme les pièces d’un véritable meccano.

Les deux maisons U53 de la rue du Commandant Bossut sont ouvertes à la visite dès le vendredi 8 mai. Près de huit mille personnes viendront les découvrir. Le succès est tel que le ministre d’État Édouard Bonnefous ne put y accéder.

Ces modèles de maison sont destinés à la Mousserie et la Tannerie pour un millier d’exemplaires. À la Mousserie il y aura aussi un certain nombre de maisons de type W construites selon le principe hollandais c’est-à-dire comprenant deux logements superposés. on pourra devenir propriétaire en 25 ans (apport initial 50.000 francs, mensualité de 5000 francs).

Square des platanes 1952

Le platane commun est largement utilisé comme arbre d’alignement pour orner les places et les rues, nous dit le dictionnaire. Ce sont des arbres qui supportent bien l’élagage et les conditions de vie en milieu urbain.

Le square des Platanes en 1951 doc IGN

Pas une commune en France qui n’ait son square ou sa rue des platanes. Pour Wattrelos, le square des platanes établit la jonction entre la rue des poilus, et se séparant en deux voies avec vers la gauche l’avenue Henri Carrette, et vers la droite se scinde en deux vers la rue des fossés et une dernière dérivation en impasse. Vu du ciel, ce square présente la forme d’un arbre.

Le chantier de 1952 Doc NE

C’est en mai 1952 qu’on apprend par voie de presse que la société de HLM La Maison Roubaisienne, créée en 1925 et basée rue de Roubaix à Tourcoing, réalise un ensemble de douze maisons le long des voies du square des Platanes. L’article annonce la bonne tenue du chantier. Ces maisons sont placées sous le régime de l’accession à la propriété et seront sans doute occupées en octobre.

Le square des platanes aujourd’hui doc google maps

Elles se répartissent de la manière suivante : deux maisons juste avant la branche gauche qui rejoint l’avenue Henri Carrette. Juste en face trois autres maisons. Puis dans l’impasse formée par le square des Platanes, cinq autres maisons, trois d’un côté et deux de l’autre. Enfin les deux dernières se situent après l’impasse, sur la droite, dans la partie qui rejoint la rue des fossés.

Il n’y a plus de platanes dans le square. De fait on les trouve maintenant sur le terre plein de l’avenue Henri Carrette.

Septembre 1900

Aviron : le cercle nautique l’Aviron de Roubaix, champion de France avec une longueur d’avance à Paris. Parmi les concurrents, l’Union nautique de Lyon, le Rowing Club de Castillon, Société Nautique de Soissons, l’Union Rowing de Paris, le club nautique dieppois, le cercle nautique de Lyon, et la société nautique de la Marne.

L’aviron, sport des élites CP Méd Rx

Les champions du monde célébrés par Victor Vaissier :

Ce sont les équipiers de notre Club Nautique,

Et c’est le Congo fin, le savon poétique

Qui l’emporte toujours, en prose comme en vers

Sur les autres savons que produit l’Univers.

Le café moderne siège de nombreuses sociétés sportives roubaisiennes CP Coll Particulière

Aviron : les champions du monde de l’Aviron et leurs amis sont réunis au café Moderne pour fêter les brillants succès remportés à Paris. De nombreux vivats ont été chantés et des bans vigoureusement frappés en l’honneur des quatre seniors roubaisiens : MM. Delchambre, Cau, Bouckaert et Hasebroucq et de leur dévoué président Emile Truffaut.

Cyclisme : la société les vrais pédaleurs établie chez Remy Waelkens, Vieille Place à Wattrelos fait courir le dimanche 16 septembre à l’occasion de leur championnat une course sur route Wattrelos Quesnoy soit 35 kilomètres pour tous coureurs amateurs.

Football : l’Association Sportive Roubaisienne a décidé d’ouvrir la saison de football le 9 septembre. L’entraînement aura lieu sur l’ancien terrain du club hippique à Croix.

Natation : la section de natation du Racing Club Roubaisien aux Bains lillois, pour le championnat du Nord. Water polo, 100 mètres à la nage font l’objet des engagements des roubaisiens.

L’Union des sports athlétiques prépare sa saison d’hiver en vue des championnats du Nord qui auront lieu en novembre. La section d’escrime est guidée par l’excellent professeur Dubar. La section d’athlétisme est menée par MM Dubeaurepaire, Dubly, Cresson, Scrépel, Masson et Bousin.

Au vélodrome de Barbieux, l’engouement des roubaisiens pour le cyclisme CP Coll Particulière

Cyclisme : le Grand Prix de Roubaix va réunir en octobre un beau plateau d’amateurs et de professionnels dans le cadre d’un grand tournoi international. De même que Paris Roubaix ouvre la saison pour le Vélodrome Roubaisien, de même le Grand Prix de Roubaix indique de façon non moins brillante la clotûre de la saison. Ces deux épreuves, la première pour le fond, la seconde pour la vitesse sont depuis six ans deux événements importants de l’année dans la série des fêtes roubaisiennes.

Un abattoir à Roubaix (suite)

Cet abattoir fut agrandi plusieurs fois (1894, 1908 et 1925), modernisé en 1899 et équipé de chambres froides en 1919. Cette année là, un peu partout, les municipalités des grandes villes installent des services frigorifiques pour maintenir les produits congelés importés à basse température jusqu’au moment de leur consommation. Roubaix ne fait pas exception. Un projet d’installation pouvant abriter 200 tonnes de viandes est examiné. Il s’agirait de transformer une écurie de l’abattoir en un frigorifique et en une anti chambre de décongélation. La salle des machines serait établie sur un petit terrain libre à côté dépendant de l’abattoir.

Le quartier se développe autour de l’abattoir. Parmi ses riverains, on trouve deux tailleurs, deux estaminets, dont l’un s’appela un temps A la vache d’or, et bien sûr deux bouchers. La Place de l’Abattoir reçut sa disposition actuelle en 1925 : elle fut composée de deux terre-pleins plantés de tilleuls argentés, agrémentés de bancs pour les promeneurs, et elle fut alignée en son centre avec la rue de l’abattoir (future rue Léon Allart).

L’abattoir des années trente CP Méd

À cette époque, l’Abattoir communal est ouvert de 6 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, du 1er Avril au 30 Septembre. De 7 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, du 1er Octobre au 31 Mars. L’établissement est fermé les dimanches et jours de fêtes.

L’abattoir accueille un grand nombre de professions : bouchers, charcutiers, chevilleurs, tripiers, fondeurs de suif et leur accès est sévèrement réglementé. MM. le Vétérinaire Inspecteur de l’Abattoir, le Directeur du Bureau d’Hygiène et le Commissaire Central de Police, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du règlement.

L’Administration Motte avait projeté en 1909 la construction d’un nouvel abattoir aux Trois-Ponts près du Tir National. Ce projet avait plusieurs gros inconvénients : il portait préjudice au commerce du quartier. Trop éloigné du centre, il perdait une partie importante de sa clientèle de bouchers qui se seraient rendus aussi rapidement à Lille ou à Tourcoing. D’où augmentation de dépenses et diminution des recettes.

L’abattoir modernisé CP Méd Rx

En 1925, on fait le choix de la modernisation. Les travaux vont pourvoir l’abattoir d’un outillage moderne et des perfectionnements pour l’hygiène : aqueducs, eau saine et abondante sous forte pression, lumière électrique dans les halls d’abattage, échaudoirs lambrissés en grès émaillés, monorails avec crocs ou baquets suspendus pour le transport, augmentation du nombre de pendoirs, salles de grattage et de dégraissage conformes aux exigences de l’hygiène, écuries, étables, bergeries, vestiaires et lavabos pour le personnel. Partout de l’air et de la lumière. Les recettes, loin de diminuer vont augmenter. Double bénéfice pour la Ville. Et pas de perte pour le commerce du quartier. L’abattoir sera complètement modernisé en 1928.

 

La rue d’Alger, une longue rue pour une longue histoire

Un plan de 1867 ne montre au Nord-Est de Roubaix que des terres à labour dépendant des fermes de Garcigny, dans la quartier de Beaurepaire, de la Bourde à l’emplacement du Cimetière et de la Vigne, sur le chemin de Cartigny, le tout situé entre le canal projeté et la limite de Wattrelos. C’est pourtant l’époque où la place se fait rare pour implanter les usines nouvelles et, dans la première moitié des années 1870, les pouvoirs publics tracent sur ces terres des voies pour structurer un nouveau quartier. C’est ainsi que naît la rue d’Alger, longue voie tracée au cordeau pour former l’épine dorsale de la zone placée à l’extérieur du canal, entre la rue d’Avelghem et du Hutin à l’autre extrémité. Le rue est viabilisée à la fin des années 1880.

Plans de 1871 et 1884

 Elle est ouverte en plusieurs tronçons successifs et les terrains qui la bordent ne tardent pas être vendus, notamment à des industriels, avant que les constructions s’y élèvent. La rue prend alors un caractère ouvrier et industriel, typique de l’époque du développement de Roubaix au 19e siècle. On y remarque avant la première guerre au 30 la filature de coton Etienne Motte, le Peignage Amédée Prouvost au 178, le tissage Bonnel frères au 230, le tissage Dubar-Delespaul au 292, plus tard Pennel et Flipo, et, côté impair, au 101 la société anonyme de peignage, et au 121 la société des huileries de Roubaix.

Photo IGN 1962

Entre ces usines, l’espace est tenu par des habitations ouvrières, alignées en front à rue ou disposées en courées, auxquelles on accède, venant de la rue, en traversant un passage couvert. Ces habitations sont souvent construites par séries appartenant à un même propriétaire, qui peut être un des industriels qui s’implantent dans la rue. C’est ainsi qu’à l’origine, toutes les maisons entre la Grand Rue et la rue d’Avelghem appartiennent à André Meillassoux.

Photos D.Labbe

On trouve peu de commerces dans la rue, exceptés les inévitables estaminets, indissociables des zones industrielles. Ils sont souvent implantés au coin des rues. En 1913, on compte six estaminets sur les sept maisons situées entre les numéros 31 et 49, autour de la rue du Congo, quatre sur quatre entre les rues d’Oran et de Constantine, pour une trentaine au total dans la rue. Le consommateur avait le choix  !

Les maisons individuelles sont présentes par séries en particulier entre les rues d’Avelghem et la grand rue, entre les rues de Cartigny et d’Oran. Plus loin, elles partagent l’espace à parts égales avec des entreprises. Celles-ci sont d’ailleurs plus modestes dans la deuxième partie de la rue, bien qu’on trouve tout au long de la rue des ateliers et des entreprises commerciales de taille moyenne.

A partir des années 60, l’industrie textile périclite et les usines ferment les unes après les autres. D’autres entreprises les remplacent et le style de la rue évolue petit à petit en perdant son caractère de grosse industrie. Peu à peu en effet, les anciens locaux sont repris pour partie par diverses entreprises du tertiaire, souvent à cause des capacités de stockage qu’elles représentent.

Photo D.Labbe

Les collectivités locales rachètent certaines friches : le tissage Motte, au 30 de la rue, est démoli et fait place au Lycée Jean Rostand et au Collège Samain, la propriété Meillassoux au Foyer des jeunes travailleurs.

Au fil du temps, les entreprises et divers organismes se succèdent et voisinent au fur et à mesure sur les espaces qui se libèrent. C’est ainsi que, dans les années 60, après le foyer des jeunes travailleurs on trouve une chapelle et un dispensaire.Au 83 la « division technique du centre administratif et et technique interdépartemental de Lille », au 121 « la Chimie dans l’Agriculture », un fabricant d’engrais qui voisine avec un fabricant de lessives, les établissements Lestarquit. Toujours au 121, France Pigments, un autre fabricant, ainsi que les transports Wenderbecq. Au 331 H. Parent pratique la mécanique générale. Côté pair, au 30 toujours les établissements Motte et Compagnie, entreprise en fin de vie qui partage l’espace avec la manufacture des deux gendarmes, linge de table, la société Anonyme Amitex, bonneterie, et les fils d’Albert et Eugène Motte société anonyme, bonneterie. Au 230 les établissements Galland fabriquent des rubans, et, à la même adresse, les « cours professionnels roubaisiens ». Au 292 on retrouve Pennel et Flipo qui poursuivent encore pour un temps leurs activités.

Année après année, sociétés et commerces plus ou moins prospères continuent de s’installer, puis, souvent, de quitter la rue. Cette évolution a plusieurs fois été commentée lors des ateliers mémoire du quartier Echo. où l’on a évoqué notamment le café-mercerie-épicerie Leclercq, sur le coin de la rue d’Avelghem, le café, connu sous le sobriquet du «  roi du Couscous », au coin de la rue du Congo, l’épicerie Chez Marie, au 33, chez qui les gens déposaient leur liste avant le travail à 5h et allaient reprendre leur marchandise à 13H. La même opération se répétait pour l’équipe suivante : C’étaient les « Drives in » avant la lettre. Il y fut question aussi du vendeur de palettes situé au bout de la rue, juste avant la route de la laine, des marchands forains d’articles ménagers du 61, et de beaucoup d’autres….

Avec le temps, les repreneurs se font plus rares, les bâtiments industriels sont progressivement abandonnés, et les friches industrielles se multiplient. La rue, qui n’avait connu pour horizon que des murs de briques noircies par les fumées des usines découvre, avec les démolitions qui se répètent, de vastes espaces, en particulier vers le bout de la rue, où s’installe une végétation plus ou moins sauvage.

Photos Google

La rue semble aujourd’hui en attente d’un renouveau après des années d’intense activité, à l’image d’une bonne partie du secteur nord-est de Roubaix.

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.