André Loens pilote automobile

En août 1957, André Loens présente sa nouvelle voiture de course, une Maserati 2 litres, 200 CV, 635 kg vitesse maximum 275 kmh. Cet engin est le plus rapide dans sa catégorie. André Loens vient de rentrer d’Italie où il s’est entraîné avec le constructeur Maserati et il a procédé également aux essais de la nouvelle conduite intérieure 5CV tourisme aussi rapide qu’une voiture de course, selon lui. Sa Maserati est de couleur rouge et non bleue, sa couleur habituelle en tant que pilote français, car il est le seul coureur privé européen assisté par Maserati.

La Maserati d’André Loens photo NE

Son calendrier est très chargé : le 6 août il part pour Christianstadt où il participe au grand prix de Suède. Le 18 août, il sera au Danemark. Le 25 Août, il participera au grand prix de Belgique à Spa. Sa voiture, seule de la catégorie des 2 litres, entrera en compétition avec des 3 et 4 litres. Il sera le 1er septembre à Salane et le 8 à Cadours. Enfin, il partira pour la Sicile et la Sardaigne. Il se propose également d’effectuer un périple de 20.000 kms en six semaines avec une Maserati et un Racer de 500 cm³ qu’il a construit avec l’aide de son frère, et avec lequel il gagne une course de 120 kms à la Châtre, le 28 juin 1957.

En octobre 1957, à Montlhéry, il dispute la treizième coupe du Salon. Il était le favori, vainqueur probable des deux litres, de l’écurie de Flandre. Au quatrième tour, il passe en tête. Mais on l’attendra vainement au cinquième tour, victime d’un accident il gît sous sa voiture, tué net. Que s’est-il passé ? Arrivé très vite dans un virage, il redoute une embardée et comme l’espagnol Godia le suit de près, il choisit de prendre l’échappatoire qui est devant lui. Celle-ci est barrée d’un calicot sur une base métallique et le roubaisien va se jeter là dessus. Sous le choc, il lâche la pédale d’embrayage et la voiture libérée bondit en avant, percute une barrière de bottes de paille et se renverse. Dégagé et transporté à l’hôpital d’Arpajon, on ne peut que constater le décès, il a été tué sur le coup. C’est la consternation au siège local de l’Écurie de Flandre, rue de Soubise à Roubaix. André Loens avait tant de projets et d’espoirs !

Adrien Théophile Léon Loens, dit André Loens est né le 3 février 1920 à Roubaix. Ses parents habitent boulevard de Metz cour Vercuysse, son père est artisan zingueur. Il avait la mécanique dans le ventre. Mécano de grande valeur, il avait été metteur au point chez Gordini et il avait fignolé les voitures de plusieurs grands champions dont Jean-Pierre Wimile et Raymond Sommer. Puis lui vint le goût de la compétition. Pilote assisté de Maserati, il courait régulièrement depuis sept ans inscrivant à son actif une trentaine de victoires dont celle du Cran d’Escalle et le grand prix de Cadours.

Pendant la guerre, il était engagé dans la RAF en qualité de mitrailleur, ce qui explique qu’à la fin des hostilités, il monte un garage de l’autre côté de la Manche. Il a déménagé à Bournemouth en Angleterre, où il courait sous une licence britannique. Loens dirigeait le garage Purewell Motors à Christchurch, à proximité. Sa première apparition en course date de mars 1951 dans une JBS Norton à Castle Combe, où il finit sixième de sa manche.

André Loens sur JBS Norton doc Coll Particulière

Puis André Loens court à nouveau à Castle Combe le 12 avril, mais cette fois dans un Mk1 Kieft , et il termine deuxième derrière Stirling Moss dans une voiture similaire, puis ce sera Brands Hatch le 21 avril 1951 où il a remporté la première course de la journée, une manche pour l’Open Challenge, mais n’a pas réussi à terminer la finale et a pris la deuxième place de sa manche pour le championnat junior. De nouveau à Brands le 12 mai, André a pris la deuxième place dans une manche du Trophée International mais a échoué en finale. A Ibsley le 4 août, il a pris la deuxième place devant Peter Collins, puis le 18, il a réussi une respectable sixième dans la Allcomers Race à Silverstone.

Modèle Kieft conduit par André Loens Coll Particulière

Pour 1952, André a acheté le nouveau Kieft CK52, et il obtient des résultats globalement similaires, manquant de peu la victoire contre une opposition souvent supérieure. Avec l’ingénieur Martin, il modifie les suspensions Kieft et Cooper et il court en Angleterre, Allemagne, Suède, Belgique, France, tenant tête régulièrement aux ténors de l’époque, S. Moss, P. Collins.

Victorieux à Draguignan en 1952 Coll Particulière

Le 12 avril, il est deuxième derrière Moss à Castle Combe et un voyage en Allemagne lui apporte une excellente seconde place au Nürburgring puis il échoue à Brands et, au début de l’été, il fait une tournée en France, gagnant à Draguignan, faisant troisième à Amiens. De nouveau dans la Staride, Loens a pris la dixième place du Grand Prix de Grande-Bretagne à Silverstone le 19 juillet, puis une seconde place impressionnante derrière Don Parker lors de la finale du Trophée international à Brands le 4 août. Il revient sur Kieft pour une seconde place à Turnberry et une victoire lors de la finale de consolation à Brands. Il a pris la sixième place à Goodwood le 27 septembre et la même chose à Castle Combe en octobre et une troisième légèrement chanceuse à Charterhall le 11 pour clôturer l’année.

André a continué à conduire le Kieft jusqu’en 1953, faisant à nouveau des voyages en France. Il a remporté une victoire à Ibsley le 18 avril et une autre à Castle Combe le 25 en battant Les Leston , Dennis Taylor et Ivor Bueb mais n’a pas réussi à terminer le trophée international à Silverstone en mai. Loens et un certain nombre de pilotes britanniques sont allés à Avus en juillet où André a pris la quatrième place. De retour à Castle Combe en octobre, Loens finit troisième. Il participe également à d’autre courses, sur le Cooper Bristol de George Hartwell en 1952 et le Kieft Butterworth en 1953.

La Staride conduite par André Loens Coll Particulière

Pour 1954, il acheta une Staride , gagnante à Davidstow en juin, ainsi qu’un certain nombre de bons classements. André apparaît dans une Martin pour la dernière partie de l’année mais la vend à Roger Gaillard à la fin de l’année. Il semble n’y avoir aucun résultat pour Loens en Grande-Bretagne en 1955, mais il a remporté le Grand Prix de Suède à Kristianstad le 7 août, puis il est cinquième à Karlskoga une semaine plus tard, une victoire à Stockholm et à nouveau à Roskildering au Danemark en septembre, plus la Coupe Fagioli. à Caldaie, en Italie, contre une opposition de 750 cm3, le tout dans sa Cooper Mk IX.

La Cooper MK IX Coll. Particulière

André a vendu son garage de Bournemouth en 1955 et est retourné à Roubaix, en France, puis a construit le Loweno. Avec son frère, il crée la Loweno (pour LOens-WErry-NOrreil), aidé par les membres de l’écurie Flandre : Mrs Noreille, Werry- Delbarre – Monnier- Mulnard – Pollet. Quelques années plus tôt, il a signé une licence en France et il est revenu s’installer chez ses parents 186 rue d’Oran à Roubaix et surtout chez son ami M. Flamencourt garagiste rue de la Madeleine à Lille. Il n’a alors couru que sur le continent, remportant sa manche et deuxième de la finale à Narbonne en juillet, deuxième à Roskildering en août 56, deuxième à Helsinki en mai 1957 et gagnant à La Châtre en juillet.

Loens a fondé l’usine Loweno qui fabriquait de petites monoplaces. Il a poursuivi sa carrière en pilotant son propre Loweno et a également participé à plusieurs courses au volant d’une Formule 3 Cooper de 500 cm3 et d’une voiture de sport Maserati A6GS de deux litres.

André Loens Coll Particulière

André Loens a été tué lors de la XIII Coupe du Salon, tenue le dimanche 06 octobre 1957. Le « Troisième Circuit » de 6,283 kilomètres de Linas-Montlhéry a accueilli l’événement, le parcours comprenait l’Anneau de Vitesse et le virage à Couard. Loens conduisait la Maserati 200SI rouge qu’il avait récemment achetée. Il est inhumé au cimetière de Roubaix.

Infos et images trouvées dans le site http://www.spiritracerclub.org et http://500race.org/people/andre-loens/

Le café Leffe

Sur la Grand Place, à droite de l’église Saint Martin et à gauche de la Grand’rue, se trouvent 6 immeubles qui ont toujours été occupés par divers commerces.

Plan cadastral

Dans les années 1980-1990, à l’extrême droite, juste à côté du « Palais du Vêtement », on trouve 4 cafés-restaurants situés côte à côte : au N° 28 le restaurant « Au Lapin Blanc », ensuite au N° 29 le restaurant « Maurice », au N° 30 le restaurant « Au Grand Cerf » et au N° 31 le café-brasserie « Grand Saint Martin » rebaptisé ensuite « Le Central ». Puis viennent au N° 32 la mercerie Margaret et au N° 33 le magasin de vêtements FOUF.

document archives municipales
Restaurant « Maurice » ( document collection privée )

Restaurant du « Grand Cerf » ( documents collection privée )

Au début de l’année 2000, Monsieur Nolf dépose en Mairie, une demande de permis de démolir pour 3 des 6 immeubles. Sont concernés les numéros 29 30 et 31.

document archives municipales
document archives municipales
document archives municipales

Ce sont des maisons très anciennes, modestes et très abîmées. La mérule s’est installée dans les murs intérieurs, un pignon menace de s’effondrer, de l’amiante se trouve dans les plafonds. Il n’y a aucune autre solution possible que de tout raser.

documents Nord Eclair

Luc Daniel Nolf demande simultanément un permis pour la construction d’un immeuble à usage de logements, de commerces et de bureaux aux 29 30 et 31 par la SCI Philippe de Girard. L’immeuble projeté vise à s’insérer dans l’harmonie de la Grand Place. Il est édifié entre le 28 et le 32 sur la même configuration, à savoir sur deux étages.

Le projet de la façade ( document archives municipales )

L’association de défense et de préservation du patrimoine « Art-Action », présidée par François Descamps s’insurge contre ce projet. Comment peut-on imaginer détruire des maisons flamandes construites à la fin du 17° siècle, les plus vieilles du centre ville ?

document Nord Eclair

Après quelques semaines difficiles de polémique par voie de presse, entre Luc Daniel Nolf et l’association Art-Action, le projet est accepté par la Mairie, au grand désespoir de François Descamps qui déclare : « Mes pauvres arguments de conservation du patrimoine ne valent pas grand chose contre la froide détermination de modernité et de rentabilité. »

Luc Daniel Nolf devant les 3 maisons à démolir ( document Nord Eclair )

Les travaux de démolition commencent alors, au début de l’été 2000. En Juillet 2001, le chantier a pris un peu de retard, suite à des problèmes du sous-sol très humide.

document Nord Eclair
Les travaux en Juillet 2001 ( document Nord Eclair )

Le projet du promoteur, Luc Daniel Nolf, est ambitieux. Un café Leffe occupe l’emplacement des 30 et 31 à savoir le « Grand Cerf » et le café « Le Central », tandis qu’une boutique à l’enseigne L’Onglerie ouvre à la place de chez Maurice au N° 29.

document Nord Eclair

La superficie du café Leffe est très grande : 250 m2 au sol. L’établissement peut contenir 120 personnes, plus une centaine de clients en terrasses. La brasserie occupe tout le rez de chaussée. Les 2 étages sont occupés par des bureaux.

document Nord Eclair

Le café Leffe est inauguré en Février 2002, en présence de Mr le maire, qui a tenu à confirmer le soutien du conseil municipal à ce projet privé qui profitera pleinement au futur hypermarché Géant à quelques pas de là.

Luc Daniel Nolf et René Vandierendonck le jour de l’inauguration ( document Nord Eclair )

René Vandierendonck, un peu embarrassé de devoir faire l’éloge de la Leffe alors que la Terken locale connaît quelques difficultés, souligne néanmoins la magnifique décoration de l’établissement et l’ambiance sympathique. L’emplacement est idéal : entre l’église Saint Martin et la Grand’rue. L’investissement financier est conséquent : 12 emplois sont créés. L’objectif est simple : faire revivre et animer la Grand Place.

Pourtant, quelques années plus tard, en 2006, le café Leffe change d’enseigne et devient « Le Petrus »

Le Petrus en 2008 ( Photo BT et document Nord-Eclair )

En Juillet 2018, le Petrus appartenant à la brasserie flamande De Brabandere qui produit la bière Bavik et Petrus, ferme ses portes. Aucun des 4 gérants successifs n’a réussi à développer le commerce, malgré les nombreuses animations avec DJ, proposées à la clientèle pour éviter que les étudiants partent faire la fête à Lille.

Il Caldo en 2022 ( Photo BT )

Peu de temps après, les gérants de l’Hôtel de France, Bruno et Brigitte Mazzucato reprennent l’établissement en Avril 2019. Ils décident le changement complet du concept. L’enseigne choisie est « Il Caldo » ce qui signifie en italien : Le Chaleureux. C’est une pizzeria-trattoria comme on en trouve très souvent en Italie.

Ce changement nécessite la refonte complète de l’intérieur de l’établissement avec de nouvelles couleurs, le changement du mobilier etc. La restauration est bien sûr italienne : pâtes, pizzas et plats traditionnels. Le restaurant est ouvert le midi. Un système de livraison à domicile est mis en place

Remerciements aux archives municipales

Teinturerie Lenfant

(suite de l’article précédemment édité et intitulé :Henri Delecroix)

Entre temps, Henri Delecroix a cédé son entreprise au fils de Louis LENFANT, le dernier tisserand à l’ « otil » de la rue du Calvaire, Rémy Lenfant. Celui-ci avait initialement créé une teinturerie à Willems au lieu dit « Le Robigeux », 32 rue d’Hem, en 1911. Il s’y occupait des écritures, son beau-frère Jules FONTAINE, était chargé de la clientèle, et Albéric PARENT y était technicien teinturier. Il abandonne donc l’activité brasserie de son prédécesseur pour rouvrir une teinturerie à Hem.

CPA de la 1ère teinturerie Rémy Lenfant à Hem ( Document collection privée)
Courrier de la teinturerie en 1929 (Document Historihem)

Dans les années 1920, Rémy Lenfant achète également 1.100 mètres carrés de terre agricole dans l’avenue de la Gare (actuelle avenue Delecroix, après s’être également appelée rue de la Place) et y construit sa résidence, presque en face de sa nouvelle usine, située dans la rue du Rivage, laquelle bien que prenant sa source dans l’avenue lui est presque parallèle.

Photo aérienne de la propriété en 1933 et en 2022 (Document IGN et Google Maps)
Photos de la maison de maître (Documents Historihem et Google Maps)

On retrouve la teinturerie « Remy Lenfant et Cie » dans l’annuaire dès 1923. L’ usine ayant brûlé en 1940, à l’exception des bâtiments situés en bordure de rue, est reconstruite après 1946 grâce aux indemnités perçues pour les dommages de guerre. A la fin des années 40, Rémy Lenfant possède également une usine au 45 rue Jules Guesde à Roubaix.

Vue aérienne de l’usine de Roubaix en 1951, et en 2022 le magasin Lidl à son ancien emplacement (Documents IGN et Google Maps)

L’usine de Hem pratique le blanchiment, l’apprêt et la teinture sur bobines et sur écheveaux des fils de laine, de lin, de coton et de fibres synthétiques ainsi sur les articles non confectionnés. L’activité de teinturerie des tissus reprend en 1951 et celle des fils vers 1970.

En-tête de facture de 1955 (Document Historihem) et en tête d’enveloppe (Document collection privée)
Publicités de l’entreprise dans les années 60 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de la teinturerie dans les années 60 (Document Historihem)

L’entreprise puise sa force dans son évolution constante au fil des décennies : dans les années 1950 la teinturerie se spécialise ainsi dans les revêtements de sièges et tissus d’ameublement. Puis 10 ans plus tard elle réalise des investissements lourds avec achat d’autoclaves pour teindre le fil.

Dans les années 1970-80, les investissements continuent et la teinture des rubans, ceintures et fermetures éclair débute. Puis dans les années 1990, l’usine s’ouvre à de nouveaux marchés avec la teinture de vêtements finis ou semi-finis, sans pour autant abandonner les tissus d’ameublement, fils et rubans.

Vues de l’usine en 1992 (Document Historihem) et publicité (Document collection privée)

A cette époque, l’entreprise est gérée par Jean-Pierre Lenfant et Géry Fontaine, les arrières petits fils des fondateurs. Ils emploient 14 personnes alors qu’avant 1940, les salariés étaient une cinquantaine. L’eau, pompée à 18 mètres dans le forage de la brasserie en 1910, est pompée, dès lors, à 160 mètres de profondeur.

Vues de l’usine de l’extérieur (Documents Google Maps et Historihem)
Vues des ateliers (Documents Historihem)

Dans les années 2000, la teinturerie Lenfant est titulaire du label Nord Terre Textile et a réalisé un important programme d’investissement dans une rame en grande largeur (3m20) qui lui permet de diversifier ses services aux clients et de renforcer encore la qualité. Le dirigeant de l’entreprise est désormais Jérôme Lenfant et François Fontaine est administrateur.

Logo et publicité de l’entreprise des années 2000 (Document site internet)

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

La brasserie Leclercq à Hem (Suite)

 

Publicités Leclercq Frères au 14 rue de Croix (Documents Historihem)

Après la guerre l’activité reprend sous le nom de Leclercq Frères, répertoriée dans le Ravet-Anceau de 1923 aux rubriques brasseur et cultivateur. Comme souvent à cette époque la brasserie est propriétaire d’estaminets tels que celui exploité par Jean Corteville sur la Place Verte (actuelle place de la République) qui distribue leurs bières. Sur la photo ci-dessous datant de 1932, la fanfare « La Gauloise », pose au complet devant l’estaminet.

Maison Jean Corteville (Document Mémoire en images de Hem)

Pendant la seconde guerre mondiale, la brasserie Leclercq est retenue comme abri pour le secteur de l’Hempempont, la rue de Lille et le Trié, avec la pelleterie et l’usine Electra, dans le cadre des instructions préfectorales de la défense passive dont le commandement est assuré par le maire de Hem. En 1945 et 1948, le Ravet-Anceau reprend l’entreprise Leclercq Frères à la rubrique brasserie.

Publicités bières Leclercq années 50 au 40 rue de Croix (Documents Historihem)

Dans l’annuaire de 1953, en revanche l’entreprise apparaît à la rubrique brasserie au nom de M. Leclercq. Puis dès 1955, l’entreprise « Brasserie Leclercq » est reprise à la rubrique du commerce de gros de vins et spiritueux. La fabrication s’arrête donc dans les années 50. C’est dans les années 60 que l’on retrouve ses dernières publicités Elle commercialise alors une bière Bock du Faisan de qualité supérieure. Les bâtiments sont vendus et démolis en 1976.

Bière Bock du Faisan (Documents Historihem)
Vues aériennes en 1947 et 1962 (Documents IGN)
Dernières publicités années 1960 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

En 1982, on retrouve Jean Pollet inscrit en qualité d’exploitant agricole au 40 rue de Croix. Puis en 1998, La Gourmandine / Le Clos de la Source, installé à Mouvaux depuis 1991, ouvre un nouvel établissement dans le domaine, chargé d’histoire, du 40 rue de Croix à Hem. Il s’agit d’un service de traiteur qui met 4 espaces à disposition de sa clientèle dans l’ancienne et magnifique ferme-brasserie :

– La Nova (180 m²): Poutres apparentes, mezzanine et terrasse ouverte sur le jardin pour une salle très accueillante,
– La Grange (300 m²): Un toit de chaume magnifique, des murs de briques, de belles poutres en chêne, une mezzanine
– La Voûte (100 m²): Aménagée dans les anciennes écuries, la salle dispose d’un plafond de deux hauteurs en forme de voûte recouverte d briques.
– La Champêtre (60 m²): moderne et intime, idéale pour des repas de petits groupes réussis.

Le clos de la Source vu de la rue et de la cour intérieure (Documents Google Maps et site internet)
Vues d’une salle décorée (Documents site internet)

Exception faite de la malterie disparue depuis 1976 après plus de 50 ans de fonctionnement, le quartier est donc resté identique à ce qu’il était au début du 20ème siècle si l’on fait abstraction de la proximité de la voie rapide qui ne parvient cependant pas à altérer le charme et la tranquillité des lieux.

Vue aérienne de 1982 (Document IGN) et de 2020 (Document Google Maps)

Remerciements à Historihem, la Ville de Hem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire, et Bernard Thiebaut pour son ouvrage Hem Mémoire en images.

Leers, constructions de 1951

Après bien des démarches, à Paris, auprès du ministère de la reconstruction et de l’urbanisme, à Lille, à l’office départemental des HBM, Leers va pouvoir faire construire sur son territoire une quarantaine de logements. Selon le maire de l’époque, M. Kerkhove, les crédits ont été votés et il n’y a plus de raison pour que la mise en chantier n’ait pas lieu. L’adjudication des travaux aura lieu le 28 février 1951 à Lille et l’ensemble des travaux est évalué à 70 millions de francs. Il aura fallu plus de deux ans et demi pour que les démarches commencées le 28 juillet 1948 aboutissent. L’emplacement choisi se situe rue de Wattrelos entre les hameaux de la Motelette et du Trieu de Leers, face à la briqueterie Salembier. Il s’agit d’un terrain de deux hectares, considéré comme un terrain idéal pour la santé des enfants.

Les travaux débutent en octobre doc NE

De quels logements s’agit-il ? Un premier type de maison présente 6,78 mètres de front à rue, avec porte d’entrée sur la gauche, vestibule de 4 m de profondeur sur 2,30 m de largeur comportant les WC et l’escalier. À droite, une large baie vitrée donne sur une salle de séjour (ou salle à manger) de 4,20 m sur 3,30 m. Au fond une cuisine de 4,40 m sur 3,80 avec évier, penderie et salle d’eau (douche et buanderie) de 2,56 m sur 2,47. La cuisine comporte une entrée extérieure entourée de deux larges baies. À l’étage trois chambres. Une cave a été prévue ainsi qu’une remise.

Le second type de logement ne diffère pas du premier pour ce qui ,est de la surface. Cependant l’entrée est à droite et la cuisine vient prendre la place de la salle de séjour, celle-ci étant située à l’arrière. Il s’agit de maisons rappelant essentiellement le type choisi par le CIL, bien que ne relevant pas de cet organisme, mais bien de l’office départemental des HBM.

La construction démarre en octobre et entre deux on parle désormais de HLM. En effet, le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme considère le logement comme une compétence de l’État-providence, et une loi de 1950 transforme les habitations à bon marché (HBM) en habitations à loyer modéré (HLM), qui deviendront peu après l’outil principal de l’État pour lutter contre la crise du logement de l’après-guerre.

Vue du Square Bauwens Google Maps

Une entreprise roubaisienne est venue installer sur le terrain requis le matériel nécessaire aux travaux préliminaires. On a ensuite procédé au creusement des premières fondations et il y a quinze jours le maire alla sans cérémonie poser la première pierre. Les maçons ont pris possession des lieux et déjà huit habitations sont en cours de construction. Pour deux d’entre elles le rez-de-chaussée a été atteint. Les terrassiers ont préparé les assises de vingt logements, ce sera la première tranche des HLM. Le temps est clément et propice aux travaux de construction. On peut compter au printemps sur l’édification des vingt premiers logements. La seconde tranche des travaux démarrera ensuite. Les services de la mairie n’ont pour l’instant aucune précision sur la répartition future des logements.

Le chantier en juin 1952 photo NE

En juin 1952, après un hiver relativement peu rigoureux, vingt premières habitations sont élevées en deux groupes de six, un groupe de quatre et deux groupes de deux. L’ensemble n’est pas symétrique, on a surtout tenu compte du soleil et de la lumière, avec des façades exposées au sud. Marcel Spender architecte DPLG, est l’auteur des plans de ce lotissement.  La seconde tranche des travaux est commencée, cinq groupes de quatre maisons, et se terminera au printemps prochain.

Vue du Square Bauwens Google Maps

La cité jardin ainsi construite sera dénommée Square du Capitaine Bauwens par décision municipale du 22 novembre 1952, en hommage envers un enfant de Leers héros des deux guerres.

Sources Nord Éclair

La création de l’office du tourisme

En juillet 1991, intervient l’ouverture de l’office du tourisme de Wattrelos. L’office de tourisme ou office du tourisme est un centre d’information dont la mission est « l’accueil, l’information et la promotion du tourisme » sur le territoire concerné à destination du public ou des visiteurs, allant des simples habitants locaux aux excursionnistes en passant par les touristes.

La création officielle des offices de tourisme date de la promulgation de la loi du 10 juillet 1964. Le gouvernement, ayant pris conscience des enjeux économiques liés au tourisme, décide d’autoriser les conseils municipaux des stations classées de tourisme, à créer des offices si elles le désirent. L’accueil et la promotion touristique commencent à être perçus comme un service public. La création de ces structures doit être entérinée par le préfet. Il s’agit alors d’établissements publics à caractère industriel et commercial ayant vocation de promouvoir le tourisme dans la station […], assur[er] la coordination des divers organismes et entreprises intéressés au développement de celle-ci. »

L’office du tourisme en 1991 doc Journal Mun Wos

C’est donc pour se faire mieux connaître que Wattrelos se dote d’un office du tourisme. En 1991, la ville présente de nombreux arguments : le sens de la fête et de la convivialité qui s’expriment lors du carnaval, des Berlouffes, de la fête des écoles ou des ducasses de quartier. Un parc urbain de 35 hectares, deuxième espace vert de l’agglomération lilloise. Une ferme pédagogique, un étang de pêche et le musée des arts et des traditions populaires. Une vie culturelle et associative particulièrement riche avec des manifestations régulières : saison musicale, grand cabaret wattrelosien, festival international du cinéma et de la vidéo. Wattrelos envisage la mise en place du tourisme industriel dont le but est d’être la vitrine des activités de la ville en montrant le savoir faire des entreprises locales. Ainsi la GBM et la Redoute participent. C’est aussi un outil au service des wattrelosiennes et wattrelosiens qui disposeront d’un centre d’information pour leurs vacances et leurs distractions.

Ses prestations et activités diverses se sont largement étoffées depuis 1991.

Adresse: Office de Tourisme de Wattrelos

189 rue Carnot – 59150 WATTRELOS

+33(0)3 20 75 85 86

Bureaux sont ouverts du mardi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 18h (fermeture à 17h du 15 juillet au 31 août), de 10h à 12h le dimanche. Fermé les lundis et les jours fériés.

E mail : contact@wattrelos-tourisme.com

le site https://www.wattrelos-tourisme.com

Sources : Wikipédia, Le Journal Municipal de Wattrelos

Claude Le Comte ( suite )

En Août 1990, le même immeuble est ravagé par un spectaculaire incendie dont le panache de fumée est visible à plusieurs kilomètres à la ronde. L’épaisse fumée laisse ensuite place à un important brasier et les engins de secours arrivent rapidement sur les lieux des casernes de Roubaix, Marcq-en-Baroeul et Lille Bouvines avec 35 pompiers qui mettent en batterie 10 grosses lances et 8 petites.

document Nord-Eclair

Le sinistre trouve un élément de choix dans le matériel électrique et électroménager mais aussi les fauteuils, salons et tissus d’ameublement, ainsi que les cartons vides de matériel déposés à l’entrée.

Les murs extérieurs ont tenu le coup et sont toujours debout mais l’intérieur est réduit à néant.Les piliers en pierre bleue sont fissurés, les poteaux de fonte ont fondu et l’ensemble de la galerie et des réserves à l’arrière a été anéantie. En témoignent notamment la photo des auto-tamponneuses, anciennement utilisées par le parc d’attraction de Hem, avant d’être entreposées à Roubaix, une fois cette attraction supprimée.

L’incendie ( documents Nord-Eclair )
( documents Nord-Eclair )

Fort heureusement l’incendie ne fait pas de victime, hormis un pompier légèrement intoxiqué par la fumée. La majorité des 150 salariés étant employés sur des chantiers à l’extérieur peuvent continuer le travail. Quant aux salariés du site, les dispositions sont prises pour les dispatcher sur le Centre Equestre de Hem afin de leur éviter le chômage technique.

Le bilan matériel se monte à plusieurs millions de francs de dégâts et 2000 mètres carrés détruits. Pourtant le feu se limite à l’entreprise même si des flammèches projetées ont touché une habitation désaffectée située de l’autre côté de la rue. Quelques dégâts ont aussi été constatés sur un immeuble contigu et sur celui de la CPAM qui a été privé d’électricité. Les services EDF sont intervenus rapidement pour la rétablir notamment pour permettre aux 200 salariés de la sécurité sociale de reprendre le travail.

L’escalier intérieur de marbre noirci par la fumée ( Document Nord-Eclair )

Après le sinistre Claude Le Comte parvient à continuer son activité dans les bureaux situés au rez-de-chaussée à l’avant du bâtiment et dans le sous-sol après avoir installé une toiture provisoire en tôle sur l’immeuble afin de le protéger des intempéries. Il s’agit tout au plus d’une remise en état partielle, l’arrière n’ayant jamais été refait comme en témoignent les arbres ayant pris possession du terrain sur les photos de 2021.

Photos façade et aérienne ( Documents Photo BT et Google Maps )

Pendant ce temps, dans les années 1990, au n°30-32 rue du Grand Chemin, les Ets Mom vendent des meubles pour enfants, des articles de puériculture (Bébé Confort) et des jouets (Playmobil, Smoby, Fisher Price, Lego, Berchet, Clairbois, Disney…) Ce commerce, étendu par la suite aux n°34-36, fonctionne jusqu’au décès de Claude en Novembre 2004, à l’âge de 71 ans, lequel entraîne la cessation de l’entreprise.

Publicités années 1990 ( Documents collection privée )
Façade Ets Mom années 1990 et 2008 ( Documents Archives Municipales )

Quant aux Ets Le Comte au n°25, l’entreprise d’électricité est cédée avec les 35 salariés restants, dont certains avec une ancienneté de plus de 30 ans, à une entreprise située dans un autre département. Les repreneurs déménagent le siège rue des Arts à Roubaix où l’activité continue jusqu’en 2021, année de sa cessation.

Façade Ets Lecomte en 2004 après le décès de Claude ( Document Pascal Le Comte )

En 2005, c’est la veuve de Claude, Yvonne Le Comte, née De Vriendt, qui s’inscrit en qualité d’entrepreneur individuel, pour une activité de location de terrains et autres biens immobiliers, au 57 rue de l’Alma qui abrite ensuite plusieurs entreprises différentes (Expert Fenêtres et Meilleur taux. Com). Au 59 plusieurs salons de coiffure se succèdent dont le dernier D&B coiffure à partir de 2021.

Les 57-59 rue de l’Alma en 2021 ( Documents Google Maps )

En 2008, un permis de construire est demandé par la SEM Ville Renouvelée, pour le 25 rue du Grand Chemin, en vue d’une réhabilitation d’immeuble existant plus construction neuve pour un total de 17 logements. Pourtant à ce jour en 2022, aucune suite n’a été donnée au projet et l’immeuble est toujours dans un état déplorable et ne cesse de se détériorer.

Les photos de l’immeuble en l’état en 2009 ( Documents archives municipales )
Projet de 2009 ( Document archives municipales ) photo de la façade en 2022 ( Document photo BT )

En 2005, la société Mom est radiée du registre du commerce et des sociétés. En 2010, un permis de construire est demandé pour le 30-32 par la SEM Ville Renouvelée pour rénovation des 2 bâtiments avec des locaux à usage commercial au rez-de-chaussée et des appartements sur les 2 étages. En 2012, les immeubles sont en travaux ainsi que ceux du 34-36. A ce jour les 4 immeubles présentent une façade rénovée.

Les immeubles 30, 32 34, 36 en 2022 ( Document photo BT )

Pendant plus de 50 ans Claude Le Comte a donc développé ce qui n’était au départ qu’un petit artisanat dans l’électricité tout en diversifiant ses activités et en se constituant un patrimoine immobilier important. A ce jour, 18 ans après son décès, le centre de loisirs Le Comte à Hem continue à fonctionner sous la direction de son fils Pascal et de sa petite-fille Amandine.

Remerciements à Pascal Le Comte, ainsi qu’aux archives municipales.

Fêtes quinquennales au Nouveau Roubaix

Les majorettes de Breda défilent au Nouveau Roubaix Photo NE

Septembre 1966. C’est sous un soleil éclatant que se sont déroulées les fêtes quinquennales du Nouveau Roubaix, sous la forme d’un défilé carnavalesque et d’un spectacle nocturne sur la Place du Travail. Les gracieuses majorettes parasol de Breda (Hollande) ouvrent la marche, accompagnées par un groupe musical, les « Laurens drummers ». Viennent ensuite quelques grosses têtes cartonnées dont les porteurs suent à grosses gouttes. Chaque tête fait prés de vingt kilos et sous cette chaleur ! La Fanfare Delattre, la Prolétarienne d’Hénin Liétard en tenue de mineur et la commune libre de Saint Quentin, spectacle vivant de la belle époque, constituent la suite du cortège. Puis les cadets de la Royal Navy défilent sous les applaudissements et les Gilles de Jemappes viennent terminer ce brillant cortège carnavalesque. Le soir, se déroule le spectacle sur la Place du Travail. L’orchestre de Rudy Alban assure les parties musicales d’une fête de cirque en plein air, avec des acrobates, une dresseuse de caniches, des ballons magiques, un jongleur ultrarapide et pour finir les clowns Franck et Tico. Nul doute que ces fêtes avaient du succès, car à l’époque, la petite lucarne n’hypnotisait pas encore les gens au point qu’ils restaient cloîtrés dans leurs logis. Combien de temps durèrent ces fêtes quinquennales ? Comment étaient-elles organisées ? Nous sommes preneurs de toute information…

Henri Delecroix

C’est dans l’annuaire de 1893 que le nombre de brasseries à Hem passe de 3 à 5 avec la brasserie d’Henri Delecroix. Né en 1861, de parents cultivateurs, et de santé fragile il passe son enfance sur la côte où il fait ses études. Rentré à Hem il y crée en 1888 une brasserie dotée d’un outillage moderne qui prend rapidement de l’extension dans les environs. Installée rue du Rivage, l’entreprise prend le nom de brasserie du Rivage.

CPA de la brasserie du Rivage (Documents collection privée)
Facture de 1893 (Document Historihem)

Comme la plupart des brasseurs de l’époque Henri Delecroix est propriétaire de plusieurs estaminets sur la commune. Ainsi on peut citer le café brasserie du Rivage situé au coin de la rue du même nom, le Franc Bouleux au 244 rue de Lannoy (actuelle rue Jules Guesde), la Halte au Petit Lannoy, l’Hermitage rue Poivrée (actuelle rue du Général Leclerc), la Paix (au bout de la rue du Cimetière), le Pinson (au coin de la rue de la Vallée et de la rue de Lannoy…

Quelques estaminets appartenant à Henri Delecroix : le Rivage, le Franc-Bouleux, la Paix et le Pinson (Documents collection privée)

Entré au conseil municipal dès 1896, Henri Delecroix est élu maire de la ville (d’Union Républicaine) en mai 1900 et reste à la tête de la commune jusqu’en 1925. Les journaux de l’époque le décrivent comme bienveillant : « il n’est vraiment heureux que lorsqu’il peut donner satisfaction…sincèrement démocrate il accorde toute sollicitude aux humbles, aux travailleurs ». Les caricatures le représentent assez petit mais râblé, cheveux en brosse, belle moustache et barbe en pointe.

Caricature représentant Henri Delecroix et photo des membres du Conseil Municipal (Documents Historihem)

C’est l’époque où est votée la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de Mr Waldeck-Rousseau. Mr Delecroix est de la même tendance républicaine de gauche et répercute donc son programme au plan local, si bien que ses rapports avec les catholiques se durcissent, notamment lorsqu’il réclame la clef de l’église au curé : Edmond Pollet.

Rapports tendus avec le clergé (Document Au Temps d’Hem)

La gestion de l’équipe Delecroix marque la vie municipale d’une très large empreinte sociale (assurance accidents des employés communaux, consultations pour nourrissons, fourniture de livres aux indigents…) Il fait aussi établir avant la 1ère guerre un projet de distribution d’eau potable « sur évier » par la société des Eaux du Nord et met en place un service d’ébouage.

Photos d’Henri Delecroix (Documents Historihem)

Le progrès technique facilite également la vie de tous les jours et un avis favorable est donné par le conseil municipal suite à l’enquête sur la création d’une ligne de tramways électriques à travers Hem. C’est la ligne Roubaix Hem qui entre en service la 1ère suivie de la ligne de Lille à Leers.

La ligne de tramways (Document Au Temps d’Hem)
Document de 1914 (Document Historihem)

En Octobre 1914, avec le début de l’occupation allemande, comme tous les autres maires, Henri Delecroix reçoit un ordre d’évacuation du préfet pour tous les hommes mobilisables encore dans leurs foyers sauf les fonctionnaires qui restent à leur poste. Les vexations journalières commencent et la ville est soumise à un pillage filtré et méthodique qui fait le vide partout.

Des ouvriers hémois sont incorporés de force dans des bataillons civils et expédiés dans les Ardennes pour du travail obligatoire pour les occupants. L’autorité allemande ajoute à la déportation des hommes celle des femmes, expédiées dans les villages désertés des Ardennes ou réquisitionnées pour la moisson.

 Jeunes hommes déportés et jeunes filles d’Hempempont réquisitionnées pour la moisson (Documents Hem d’hier et d’aujourd’hui)

La commune doit quant à elle subvenir au logement, au bien-être et à la nourriture de l’ennemi. La population est réquisitionnée à tout moment pour travailler suivant le bon vouloir des allemands et ne peut pas quitter la ville comme elle le veut. La commune fournit chaque jour du bois à brûler aux troupes allemandes. En revanche, les écoles et les églises ne peuvent pas être chauffées.

Avertissement et appel à la population (Documents Hem d’hier et d’aujourd’hui)

4 ans plus tard les troupes allemandes évacuent et en décembre 1918, Henri Delecroix peut réunir son conseil municipal. Le conseil a la possibilité d’ ouvrir à nouveau les dossiers laissés pour compte pendant la guerre et de prévoir un budget spécial pour faire face à toutes les dépenses concernant les dommages de guerre avec une aide préfectorale.

Au début des années 1920, le projet relatif à l’établissement de la distribution d’eau potable dans toute la commune est relancé et en 1926 les canalisations sont implantées et 22 bornes fontaines installées. Puis c’est l’éclairage public de la commune qui est soumis au vote du conseil municipal et l’installation du réseau d’électricité pour tous usages dans la commune est réalisée par la société Tricoit de Lannoy.

Borne fontaine (Document Hem mille ans d’histoire et document au temps d’Hem)

Puis, en 1925, Henri Delecroix perd son mandat de maire au profit de Julien Lallart. Il décède en 1933 d’une longue maladie à son domicile, 11 place Verte (actuelle place de la République).

Domicile de Henri Delecroix sur la place d’Hem (Document Historihem) et photo aérienne de la demeure en 2020 (Document Google Maps)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Spittael

Georges Spittael est passionné par les métaux : il travaille l’acier, la tôle émaillée. Il décide de fabriquer des cuisinières. Après la première guerre mondiale, il s’installe artisan et fabrique des cuisinières à charbon au 206 boulevard Gambetta à Tourcoing. C’est un quartier assez chic et cossu. Les résidents sont des entrepreneurs et cadres de l’industrie textile. Son affaire fonctionne très bien. Il est artisan et travaille seul. Son épouse l’aide à la livraison des cuisinières sur « s’carette à quiens » ( charrette à chiens ) au début des années 1920.

document Ravet Anceau Tourcoing 1928

Georges a un fils, Gérard, né en 1921. Il le forme à la production artisanale des fourneaux. A l’âge adulte, Gérard décide de s’installer également à son compte. Il trouve un local dans le quartier du Blanc-Seau pour créer son atelier, et une maison pour se loger, au 134 bis de la Grand-rue à Roubaix ( à l’angle de la rue Pierre de Roubaix ). Il a pour voisins, au 136 le coiffeur V. Potteuw et au 138 la maison de pianos Screpel-Pollet bien connue.

Gérard se marie avec Gabrielle née Vienne, qui l’aide à l’atelier et qui livre les cuisinières sur la baladeuse qui a remplacé l’ancienne charette.

document Ravet Anceau Roubaix 1947

Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent. La famille Lecat-Willot propriétaire de Screpel-Pollet, au 138 de la Grand’rue, souhaite agrandir l’entreprise. La famille Lecat propose alors à Gérard Spittael de lui reprendre son habitation en 1949, afin que le magasin de la Grand’rue puisse s’étaler jusqu’à leur atelier de réparation de pianos, rue Pierre de Roubaix.

L’affaire est conclue. Gérard trouve un nouveau local au 70-72 rue de la Fosse aux Chênes. C’était autrefois l’entreprise Achille Sénécaut, imprimeur, fabricant de chromos et d’images publicitaires.

plan cadastral ( document archives municipales )

Le bâtiment est très grand : 500 m2 de surface au sol ce qui permet de développer de façon importante la production de cuisinières mixtes : gaz et charbon, à feu continu, en tôle émaillée. Gérard et Gabrielle s’installent à l’étage, avec toute la petite famille, puisqu’ils ont 5 enfants ( Gérard fils, Françoise, Michel, Jacky et Christine )

document collection privée

Au début des années 1950, Gérard Spittael ouvre un dépôt à Hénin-Liétard ( aujourd’hui Hénin-Beaumont ) et propose à son demi-frère de gérer ce dépôt et commencer la vente. Il ouvre également un magasin à Tourcoing au 61 rue Saint Jacques.

document 1955 ( archives municipales )

En 1955, Gérard demande un permis de construire pour refaire la façade du 70 de la rue de la Fosse aux Chênes, remplacer la porte en bois par une porte vitrée et changer les fenêtres de l’habitation à l’étage.

Au milieu des années 1960, Georges décide de développer son affaire. En complément de sa fabrication de cuisinières, il propose une gamme de réfrigérateurs de marque Frigidaire, Frigéco et Arthur Martin ainsi que des téléviseurs Clarville, car son fils aîné, Gérard a reçu une formation pour dépanner les téléviseurs.

Publicités fin des années 1960 ( documents Nord Eclair )

Par ailleurs, Gérard investit dans un superbe fourgon Citroën. C’est une ancienne ambulance qu’il aménage en camion publicitaire pour assurer les livraisons.

En 1969, le gaz de Hollande arrive prochainement. Les roubaisiens sont peut-être obligés de remplacer leur cuisinière à gaz, pour des raisons techniques. C’est l’opportunité pour Gérard de communiquer par la presse locale sur le choix immense de marques de gazinières qu’il propose au magasin : Arthur-Martin, Rosières, De Dietrich, Scholtes, Faure, Franco-belge etc

Publicité 1969 gaz de Hollande ( document collection privée )
De Dietrich ( document collection privée )

A la fin des années 1960, Gérard Spittael loue un entrepôt rue de la Fosse aux Chênes, juste en face du magasin, pour y stocker ses produits, et un dépôt pour atelier et dépendance au N° 1 rue du Nouveau Monde. En 1972, Gérard a l’opportunité de reprendre le 112 et 114 rue Saint Antoine, qui appartenaient auparavant aux Ets Alfred Fauvarque ( papiers et cartons ). Cette nouvelle acquisition est particulièrement intéressante car elle communique avec le bâtiment de la rue de la Fosse-aux-Chênes. Le 112 devient un parking pour la clientèle et au 114, Gérard décide de créer un superbe magasin de meubles de 679 m2. Au total Gérard possède ainsi plus de 1200 m2 de terrain.

plan cadastral ( archives municipales )
plan cadastral

De nombreux fauteuils, fauteuils relax et salons sont proposés à la clientèle, et en particulier de marque Himolla. Plus de 100 salons de tout style, sont ainsi exposés : rustique, moderne, contemporain. Le magasin accorde des larges facilités de paiement. Pour contrer la concurrence des points de vente belges, Gérard ouvre son magasin lors de nombreux dimanches. Les enfants de Gérard Spittael aident à la tenue du commerce : Gérard fils à l’atelier pour la partie technique, Françoise à la comptabilité, Michel et Jacky pour la vente de salons et fauteuils, ainsi que le service de livraisons.

publicités ( documents Nord Eclair )

Lorsque l’énergie électrique prend de l’ampleur sur le marché du chauffage en 1974, Gérard s’adapte à l’évolution, et profite de l’ouverture d’un magasin à Roubaix 2000, pour communiquer. Spittael devient vendeur agréé EDF.

1974 ( document Nord Eclair )

En 1980, Gérard Spittael ouvre un magasin ( de salons et fauteuils ) à Lesquin, route de l’aéroport, impasse Leclerc.

1980 ( document Nord Eclair )

Gérard Spittael et son épouse sont régulièrement présents lors de « salons du confort ménager » pour présenter leurs gammes de fauteuils et salons.

publicités 1990 ( documents Nord Eclair )

A la fin des années 1990, suite à quelques difficultés financières, Gérard décide de jeter l’éponge, de vendre l’ensemble de ses bâtiments et de prendre une retraite bien méritée. Il décède en 1998.

Depuis la production artisanale des cuisinières dans les années 1910, trois générations Spittael se sont succédé à la tête de l’entreprise. Le bâtiment qui abritait la société au 70 72 rue de la Fosse aux Chênes a ensuite perdue sa vocation commerciale

La façade du 70 de la rue de la Fosse aux Chênes en 2008 ( photo BT )

Remerciements à Gérard, Christine et Steve Spittael, ainsi qu’aux archives municipales.

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