Le 19 octobre 1988, c’est l’inauguration du tout nouvel espace Carnot, dit centre commercial et de loisirs. Ou comment faire d’une importante friche industrielle un lien entre le centre de la ville et la quartier du Laboureur. La SEM (société d’économie mixte) est chargée de la commercialisation de l’ensemble.
Les onze bâtiments construits au fil de l’histoire des établissements Leclercq Dupire ont été démolis pour la plupart. L’architecte Lecroart et le cabinet Archi 4 ont gardé et réhabilité deux bâtiments possédant un réel cachet architectural. L’entreprise qui a mené les travaux est la SOPANOR avec une douzaine de sous traitants. L’aménagement intérieur propose un bâtiment plus clair et plus accueillant que l’usine d’autrefois. Un carrelage vitrifié reflète la lumière et la brique rouge se marie avec des éléments bleu vert.
La grande surface Champion couvre 1850 m², soit moins que le total de la trentaine de cellules de la galerie marchande, où on trouve des articles de mode, des services (coiffure, clef minute, photo) un salon de thé, une brasserie sur 300 m², des salles modulables.
Dès l’ouverture, c’est la ruée. Le dimanche 23 qui suit, c’est l’ouverture exceptionnelle du dimanche, un des arguments forts de l’Espace Carnot. On y découvre les enseignes installées : une imprimerie « l’espace s’imprime », Sylvie Cadeaux (cuivres faience, electroménager), un espace presse, Pym’s prêt à porter féminin, Centr’optique , la bijouterie Pyramid, le chausseur Flo et Chris, le salon de coiffure Jacques, un service minute (chaussures, clés), l’agence de voyages Jet Set, le Pressing 5 à Sec.
L’Espace Carnot aura permis la naissance d’une nouvelle société commerciale, le Forum Loisirs qui regroupe sept partenaires de Wattrelos et des environs. Cette société exploite un autre bâtiment se trouvant en retrait de l’Espace Carnot et se présente comme un centre de loisirs et de détente. On y trouve douze pistes de bowling homologuées par la Fédération française, douze billards snooker, deux courts de quash, une académie de billard, un espace junior avec flippers et mini-jeux, une boutique avec des accessoires de sports, un bar restaurant à l’enseigne « le forum ».
Pari audacieux que ce lieu de détente familiale, ciblant toutes les clientèles, intéressant la Belgique et les communes environnantes. le Forum Loisirs ouvrira en novembre.
L’ancien foyer des jeunes travailleurs Paul Constans se trouvait au 349 de la Grand rue à Roubaix, à l’angle de la rue d’Alger. Issu d’une association créée en 1963 : l’ALJI ( Association pour le Logement des Jeunes Isolés ) le bâtiment a été construit en 1968. Il doit son nom à l’un des fondateurs et administrateur du projet.
Le but de l’association est l’accompagnement individuel des résidents avec un brassage très large au niveau des origines sociales et des projets professionnels ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : le foyer des jeunes travailleurs ).
Plus de quarante années après, il est temps de laisser sa place à un tout nouveau complexe. En effet les 148 logements du foyer commencent à ressentir le poids des années : chambre de 9 m2, toilettes situées dans le couloir, isolation dépassée, etc
Il est donc décidé de démolir le foyer, en 2011-2012
Le projet d’un nouveau foyer voit le jour : un permis de construire est déposé par Logicil en décembre 2008 sur un terrain vierge de 5265 m2, situé au 9 place Chaptal, en bordure du cimetière et occupé provisoirement par un club de tir à l’arc. Le cabinet d’architecture CA Concept Archi à Croix est choisi pour mener à bien le projet.
La vocation du foyer reste la même : fournir un logement décent et adapté à des jeunes aux revenus modestes, car le logement est l’une de leurs grandes préoccupations. Pour ce nouveau bâtiment, l’accent a donc été mis sur le confort : des chambres d’une superficie de 20 m2 qui comprend les sanitaires, salle de bain, coin-cuisine, et connexion wi-fi.
La plupart des façades extérieures sont de couleur verte, elles traduisent le caractère verdoyant du lieu, surtout côté cimetière.
En 2009 le dossier Logicil est transféré à la Sté Vilogia Services, et les travaux démarrent et s’étalent en 2010-2011. En attendant l’ouverture du nouveau foyer en Octobre 2011, des logements sont redéployés sur les communes voisines, pour les jeunes résidents.
Le bailleur propriétaire est Villogia. Le foyer est géré par ARCADIS (Association Roubaisienne de Coordination d’Actions de Développement et d’Insertion Sociale). Youssef Chouaf en est le président, Hamid Ifri en est le directeur.
L’aspect social du projet s’accompagne aussi d’un important volet écologique. En effet le bâtiment a été conçu afin de maîtriser au mieux la consommation en énergie. Cela se traduit par toute une série d’équipements tendant à limiter les émissions de CO2 : panneaux solaires, couloirs lumineux, récupération des eaux etc
Le bâtiment reçoit les labels Bâtiment Basse Consommation ( BBC ) et Habitat et Environnement.
Le foyer dispose de plusieurs espaces réservés aux animations et aux loisirs : mini ateliers de travail et même un studio de musique.
L’inauguration a lieu en Avril 2012 par René Vandierendonck, sénateur-maire de Roubaix : « Un sacré boulot ! » comme le note M. le Maire. Cinq millions ont été nécessaires pour la construction de ce foyer roubaisien. René Vandierendonck souligne également « un travail de partenariat exemplaire ». Ainsi, 69 % du projet a été financé par des subventions provenant de LMCU (Lille Métropole Communauté Urbaine), de la DDE (Direction Départementale de l’ Equipement), de la Région et de la CAF (Caisse d’Allocations Familiales) : un investissement qui permet aujourd’hui à ces jeunes d’envisager l’avenir avec plus de confiance.
L’année suivante, en 2013, les jeunes résidents et les bénévoles construisent entièrement la cafétéria. A l’origine de ce projet, le collectif de l’atelier bois ( résidents, encadrant technique et bénévoles ) mis en place au Foyer des Jeunes Travailleurs, souhaite aménager cette cafétéria avec du matériel de récupération et en particulier, du bois. Les travaux d’aménagement sont un vecteur d’accompagnement personnalisé et d’épanouissement des résidents. Le but est d’aider les jeunes à se servir d’outils et à se débrouiller.
Dans le hall d’accueil, a été reposée l’ancienne plaque de l’inauguration de l’ancien foyer des jeunes travailleurs du 349 de la Grande rue.
Aujourd’hui, le directeur, Hamid Ifri, précise que :
– en moyenne le taux d’occupation des logements dépasse les 90%
– le nombre de salariés est de 24 pour le foyer Paul Constans et de 15 personnes en insertion pour l’atelier-chantier Fibr’&CO au 53 boulevard Gambetta à Roubaix
– l’association ARCADIS a été retenue pour la reconstruction de l’immeuble Oasis rue de Lille de 87 logements pour 92 lits avec le bailleur Partenord, pour 2023-2024
Remerciements à Hamid Ifri ainsi qu’aux archives municipales
La poste en France est issue des relais de poste, mis en place par le roi au quinzième siècle pour transporter les messages royaux, et surtout des offices de messagers royaux créés au seizième siècle et autorisés à transporter le courrier des particuliers. L’administration des postes trouve quant à elle son origine avec la création de la « poste aux lettres» dirigée par le surintendant général des postes.
Le télégraphe quant à lui ne voit le jour qu’en 1845 et c’est seulement en 1879 que la poste fusionne avec le télégraphe pour devenir les PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) et se voit attribuer un ministère. L’acheminement du courrier se fait essentiellement par le rail à l’époque et seules les grands villes sont munies de bureaux de poste.
A Hem, à la fin du dix-neuvième siècle, seule une boîte aux lettres, modernisée en 1880 par l’achat d’une belle porte à cadran indiquant le passage du facteur, existe encore. Les industriels qui s’installent dans la commune réclament à grands cris l’ouverture d’un bureau de poste.
Mais ce n’est qu’en 1891 que le Ministre autorise la création d’un bureau de quatrième classe, et à la condition que la commune fournisse durant 18 ans les locaux gratuitement. L’autorisation obtenue, dès 1892, la ville fait donc construire celui-ci à l’angle de la route de Lannoy et de la carrière de Beaumont (aujourd’hui rues Jules Guesde et de Beaumont) .
C’est l’architecte Mr Deregnaucourt, de Roubaix, qui est chargé de la réalisation du projet qui comprend le bureau de poste et le logement du directeur. Sur la façade du bâtiment, côté route de Lannoy, apparaît l’inscription « Postes et Télégraphes ».
Pierre Gosman, cabaretier, est alors nommé porteur de télégrammes. Enfin en 1898, le téléphone est installé et la receveuse des postes, surchargée, prend une aide à son compte.
La Mairie n’est raccordée qu’en 1905 et, dès 1910, des réclamations commencent par suite d’encombrement du circuit téléphonique, obligeant les PTT à prévoir une seconde ligne mais pas immédiatement en raison d’un problème de manque de crédits.
Avec la croissance rapide de la ville de Hem, un nouveau bureau de poste, répondant aux besoins d’une ville moyenne, est mis en chantier, à l’angle du boulevard Clemenceau et de la rue Jean Jaurès en 1968 pour être ouvert au public au début de l’année 1969.
Le nouveau bureau de poste bénéficie de places de parking ainsi que d’un distributeur de billets de manière à améliorer la vie des habitants du quartier des 3 Baudets, où un nouveau lotissement vient de voir le jour en face de l’église Saint-Joseph. Par ailleurs, s’il n’est plus à proprement parler en centre ville, il n’en est pas très éloigné.
Depuis 1970, si l’immeuble a connu quelques rénovations, notamment en matière de réfection des peintures de façade, il n’a pas été fondamentalement modifié comme le montrent ces 2 photos des années 70 et 2020. Seul le parking, régulièrement encombré en raison du grand nombre d’usagers a fait l’objet d’un agrandissement.
Quant à l’ancien bureau de poste de la rue Jules Guesde, les locaux, un temps inoccupés ont accueilli ensuite les marbreries Scopi puis Piccini. A partir de 2020, cette dernière a diversifié ses activités en adjoignant à sa fonction première celle d’entreprise de pompes funèbres.
Si, côté rue de Beaumont, une exposition de monuments funéraires a été aménagée à 10 mètres de l’entrée sur le coin et si la façade a subi un ravalement complet il est aisé de retrouver dans l’aspect du bâtiment actuel les vestiges de l’ancienne poste de Hem.
Remerciements à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à la ville de Hem.
Cyclisme. 1er avril Lesna vainqueur de Paris Roubaix, dans des conditions épouvantables. Cinquante trois partants, trente à l’arrivée. Lesna déjà vainqueur en 1901 réalise le doublé. Le second est Wattelier et le troisième Ambroise Garin le plus jeune des Garin. On trouve aussi dans les dix premiers Oscar Lepoutre, Fischer, Pagie…
Meeting sportif du Racing-Club Roubaisien à l’occasion des fêtes de Pâques. Deux journées de bon et beau sport. Dimanche les équipes roubaisiennes affrontaient celle de la Nationale de Saint Mandé. L’équipe seconde gagne son match (4-0) et l’équipe première également (2-1). La fête nautique se déroule aux Bains Roubaisiens. En water polo, trois équipes engagées : Saint Mandé, les Pupilles de Neptune et le RCR. Les Pupilles remportent la finale contre le RCR. La course de vitesse est gagnée par le champion de France Menneveux de Paris, la course par équipes voit le succès de la Nationale de Saint Mandé. Des démonstrations de nage sont effectués par MM Mathieu, Léon Dubly et quelques élèves du maître nageur roubaisien.
Cyclisme. Maurice Garin organisateur de courses. Lens-Bruay réservé aux mineurs du Pas de Calais et du Nord, et Lens-Lillers pour tous les amateurs des deux départements. Droit d’entrée un franc, prix en espèces.
Football. Matches éliminatoires du championnat de France. À Paris, sur le terrain du Stade Français, le Racing-Club Roubaisien, champion du Nord, rencontrera le Sport Athlétique Sézannais champion de centre est. Le Racing club de France champion de Paris se rendra au Havre pour affronter le Havre Athlétic Club, champion de la Manche.
Football. Le RCR bat le SA Sezannais par 12 à 1. Au Havre, le Racing Club de France a battu le Havre Athlétic Club par 5 à 1. Une réclamation a été déposée, un joueur parisien ayant joué bien que suspendu. Les roubaisiens emmenés par Léon Dubly affronteront donc à Paris les parisiens qui sont donnés favoris de la finale pour le titre de champion de France.
Boxe. Une grande fête de boxe à Roubaix. Le professeur Desruelles a profité de son dernier voyage à Paris pour engager les professeurs et amateurs parisiens à venir tirer à Roubaix, le dimanche 25 mai dans une grande fête qu’il organise et qui aura lieu dans la salle Dominique rue de l’Alouette. Il s’est assuré le concours des professeurs Mainguet, Chabrier, Petit, Antoine et de MM. Anquelin, Fritz, Adnet, Charigot, Mionet, Joberd et Toutard les meilleurs amateurs des salles de boxe parisiennes.
Dès la 3ème semaine d’Août 1914, les astronomes de l’observatoire de Hem entendent tonner le canon presque chaque jour. Bientôt les troupes allemandes envahissent la région. Ayant mis sa femme et ses enfants à l’abri en Angleterre, Robert compte regagner son observatoire mais celui-ci, de même que l’entreprise familiale, est occupé par les allemands, qui vont y installer un casino restaurant.
Il s’ exile alors lui aussi en Angleterre, pour la durée de la guerre, et se trouve rattaché au service d’optique de l’arsenal royal à Woolwich, passant ses nuits à l’observatoire royal de Greenwich.
De retour en France en 1919, il découvre les déprédations commises par l’armée d’occupation dans son observatoire et l’entreprise familiale :
– dans l’observatoire : le vol des pièces de précision et des instruments d’astronomie, la disparition des livres de la bibliothèque, le saccage de la maison d’habitation, la détérioration du matériel trop lourd pour être emporté et le sabotage de la coupole ainsi que la destruction du poste météorologique. Il doit donc commencer la remise en état de son observatoire qui sera longue et coûteuse…
-dans l’entreprise textile : le pillage des tissus et étoffes par les allemands mais également des machines et de l’outillage de l’usine. Son frère aîné, successeur de son père en 1910 à la direction de celle-ci, revenu diminué de la guerre et n’étant plus apte à remplir cette fonction, Robert en héritera à son tour en 1922.
Robert est dès lors très pris par ses affaires s’occupant à la fois de la gestion de l’entreprise familiale et de la restauration de son observatoire pour laquelle il recherche activement des financements. Toute cette activité ne lui laisse que peu de temps à consacrer à sa famille et la séparation des époux intervient en 1926.
Le divorce est acté en 1927. Cette même année, le gouvernement anglais interdit l’importation de draperies étrangères et Robert, qui commerçait beaucoup avec ce pays, reste avec tout son stock de draperies de style anglais et se voit contraint de déposer le bilan de son entreprise de filature.
Il rencontre également trop de difficultés financières pour pouvoir continuer à supporter les frais et charges occasionnés par un observatoire et son personnel.
Après avoir vendu quelques parcelles de terrain de l’autre coté du boulevard, il se résout donc à vendre son matériel scientifique à l’université de Lille.
Le 12 décembre 1928, après de longs pourparlers avec celle-ci, le journal de Roubaix annonce le transfert de l’observatoire de Hem à Lille. Ce n’est pourtant qu’en 1929 que la vente est enfin conclue, Robert ayant tenté jusqu’au bout, sans succès, d’obtenir la direction du futur observatoire. L’observatoire astronomique disparaissant de Hem le boulevard qui portait son nom devient le boulevard Gustave Delory, du nom du député du Nord.
La propriété est quant à elle mise en vente dès le mois de mars 1930 en plusieurs parcelles. C’est Pierre Verspieren, assureur, qui se porte acquéreur de la 1ère parcelle, « en nature de jardin bien planté », avant de la revendre, en 1945, à Pierre Motte père. Quant à la 2ème parcelle comprenant la maison d’un étage avec terrasse, l’habitation du concierge et les chambres des observateurs, les bureaux et la bibliothèque un garage et les restes de la coupole, en partie démolie pour en extraire la lunette, elle est achetée par des épiciers grossistes en 1935 et revendue à Pierre Motte en 1948.
C’est dans les années 50 que les nouveaux propriétaires agrandissent le rez-de-chaussée et surélèvent la maison d’un étage la rendant telle qu’elle est actuellement toujours visible au n°80 du boulevard, devenu Clémenceau dans les années 30.
Plus rien ne retenant Robert dans la région lilloise, il quitte celle-ci pour s’installer dans le sud, à Marseille où, après avoir exercé de multiples métiers, il obtient enfin, en mars 1930, un poste à l’observatoire de Marseille, où il travaillera jusqu’en 1962, année de sa retraite. Quand il décédera, en 1974, il laissera derrière lui, à Lille, une des plus importantes lunettes encore en service en France.
Pendant ce temps, en 1933, l’observatoire de Lille sort de terre rue du Faubourg de Douai, construit dans un style très semblable à celui de Hem ; il est inauguré fin 1934.
La même année celui de Hem est pratiquement rasé en dehors des bâtiments d’habitation : l’ancienne habitation de Robert et les 2 garages au 80, et la maison du concierge au 82.
Le reste du terrain est devenu un lotissement de maisons bourgeoises dont l’accès est baptisé Allée de l’Observatoire.
Remerciements à Mr Jean-Claude Thorel, auteur du livre : Le ciel d’une vie- Robert Jonckheere.
Remerciements à l’Association Jonckheere pour son document : Extrait des premières publications de l’observatoire de Hem, édité en 2009.
Après le décès d’Alfred Derly, un membre du club de tir, Didier Masquelier, reprend l’armurerie du 197 rue de Lannoy à Roubaix, continue l’activité et accède à la présidence du club de tir « la 357 Roubaisienne » .
Didier Masquelier aime les challenges. Il décide en début d’année 1987, de tenter de faire battre le record du monde de tir, par son club « La 357 Roubaisienne ». Le précédent record date de 1984, détenu par l’équipe de Somain dont Didier Masquelier figurait d’ailleurs parmi les compétiteurs.
Après de longues semaines de préparation, Didier est enfin prêt. Il choisit donc la date des 5 et 6 Septembre 1987 pour le déroulement de l’épreuve.
Ce record du monde consiste à faire le maximum de points, en 24h non stop, avec un revolver 38 Spécial, en position « bras franc ouvert », c’est à dire bras tendu sans support. C’est donc particulièrement épuisant pour les trois hommes qui participent à cette tentative : Dominique Constant 31 ans, Patrice Fristot 33 ans et Michel Leclercq 27 ans.
Didier Masquelier est un homme de communication et il invite André Diligent pour donner le coup d’envoi le samedi 5 Septembre à 11h. Par ailleurs, il fait venir la presse locale ( NE et VDN ) et même la télévision ( FR3 régionale ) pour relater cet événement exceptionnel. Les passants peuvent voir le déroulement des épreuves, sur des écrans vidéo installés dans le magasin.
Le 6 Septembre à 11h, le record du monde est pulvérisé : 78.480 points alors que la performance précédente était de 66.150 points ! Près de 10.000 cartouches ont été tirées, à 25 mètres de distance, dans un cercle de 12 cm de diamètre.
C’est l’explosion de joie, pour les 3 compétiteurs, mais également pour l’ensemble des 250 membres du club, sur fond de « Marseillaise » dans la rue de Lannoy.
Au début des années 1990, des problèmes financiers entraînent Didier Masquelier à fermer malheureusement son armurerie. Le local commercial reste vide. La 357 Roubaisienne, quant à elle, continue son activité de club sportif, mais avec quelques difficultés : Mme veuve Derly, propriétaire des locaux décide de vendre son immeuble du 197 rue de Lannoy en 2010 à un investisseur local qui demande bien sûr un loyer conséquent. Des présidents se succèdent alors, à la tête du club sportif dans les années 2000, avec des problèmes de gestion. Le nombre d’adhérents chute à 80 personnes en 2013. Le club est à deux doigts de la fermeture.
En 2014, le vice-président Dominique Houte devient président de la 357 Roubaisienne. C’est également un communiquant : il crée une ambiance sympathique parmi les adhérents, redresse la barre de façon importante et fait construire dans la cour, un stand de tir supplémentaire de 10m pour la compétition mais également pour l’école de tir ( adolescents et jeunes adultes ).
De nos jours, la 357 Roubaisienne fonctionne de façon très satisfaisante : 400 personnes sont licenciées dans ce club de tir roubaisien qui devient le 4° de la région en nombre d’adhérents. Le bilan financier devient positif ; le club arrive même à financer l’acquisition de ses locaux en 2020.
A l’entrée du club, une plaque commémorative est apposée en mémoire d’Alfred Derly, fondateur et président de « La 357 Roubaisienne ».
Remerciements à Dominique Houte, ainsi qu’aux archives municipales.
En ces temps de difficultés et de dépendances énergétiques, il est intéressant de se remémorer les débuts de l’automobile avec un carburant différent, l’alcool. Paris Roubaix à l’alcool est une épreuve organisée par le journal l’Auto-Vélo et qui aura lieu le lundi de Pâques 8 avril 1901 sur le parcours du Paris Roubaix cycliste. C’est plutôt une démonstration pratique et non une course car la vitesse maximum sera de 30 km/h. Il s’agit également de promotionner l’alcool comme carburant, ce qui est important pour notre région qui fabrique tant d’alcool. Le droit d’entrée est de 20 francs, les engagements sont reçus au siège du journal l’Auto-Vélo.
Assemblés place de la Concorde, devant le magnifique hôtel de l’Automobile Club de France, les vingt-neuf concurrents ont d’abord répondu à la curiosité du public avant de se prêter aux préliminaires du concours. Les vingt-neuf concurrents : Declercq, Cordonnier, Levassor et De Boisse, Brierre, la société anonyme d’autos et traction , Gillet Forest avec trois voitures, Floris Lorthiois, Brouhot avec trois voitures, Maurice Perez, Prosper Lambert, Delahaye avec trois voitures, Georges Richard avec quatre voitures, Mousay, Sans, Société industrielle des Téléphones, Cornier, Gobron-Brillie, Turgan-Foy, Le Blond. Parmi les chauffeurs il faut signaler la présence de M. le Baron de Rothschild et du croisien Maurice Pérez, le créateur du vélodrome de Barbieux.
Le départ pour la première série des « deux jours » est donné le dimanche matin. L’itinéraire va jusqu’à Amiens soit 148 kilomètres pour les vingt neuf concurrents. Vingt quatre parviendront à Amiens et repartiront le lendemain vers Roubaix.
Un autre départ pour les voitures classées dans la catégorie des « un jour » sera donné le lundi matin. Ceux-là s’en vont directement rejoindre Roubaix avec le droit de prendre de l’alcool à Amiens et à Arras. Vingt et une voitures ont ainsi rejoint Roubaix.
L’arrivée à Roubaix s’effectue pour les deux catégories (un jour et deux jours) au vélodrome de Roubaix. Les portes sont ouvertes à une heure, les télégrammes des contrôles affichés à partir d’une heure et demie. Un programme sportif est prévu et commence à trois heures : course pédestre, handicap et demi-finale cyclistes de l’Internationale.
Publicité : les cycles et automobiles de la marque La Savoisienne construits par Denis Mérel et Cie 7 rue de Maubeuge à Roubaix se recommandent aux amateurs sérieux et sont établis à des prix défiant toute concurrence loyale.
Les promeneurs se sont portés sur le chemin des quatre cantons, venant de Lesquin, d’où l’on pouvait apercevoir de très loin les automobiles arrivant à fond de train et se succédant à de courts intervalles. Les curieux ont admiré la diversité et l’élégance des machines en course. Celles-ci ralentissaient à l’approche des agglomérations, le service d’ordre était organisé par la gendarmerie de Lannoy et le garde champêtre de la commune. Le passage le plus difficile pour les automobiles était la route située entre la halte d’Hem et Forest. L’étroitesse du chemin et les monceaux de pavés qui l’encombraient de chaque côté nécessitaient beaucoup de prudence.
Les premiers concurrents étaient attendus dans l’après midi car la vitesse maxima préconisée par le règlement était de 30 km/h. Mais déjà vers midi on apprenait que des concurrents étaient arrivés au vélodrome. Puis les voitures se succèdent sans interruption et sont chronométrées à l’entrée du vélodrome dont la pelouse accueille des véhicules de tout genre, depuis le quadricycle jusqu’à la grande voiture sans oublier les voiturettes dans des vapeurs d’alcool et un grand brouhaha.
Vers trois heures, la 18 chevaux de M. Auguste Fraignac, président de l’Automobile Club de France débouche sur la pelouse. Il n’a pas concouru mais il a accompli le parcours en une seule étape, se faisant contrôler officieusement. Le programme sportif se déroule comme prévu parfois interrompu par l’arrivée des véhicules.
La marque triomphatrice selon le Journal de Roubaix est la société des établissements Georges Richard dont quatre véhicules ont participé à l’épreuve : un camion de 8 chevaux transportant un poids de 800 kilos, a accompli les 278 kilomètres en 16 heures 30, soit une moyenne de 17 km/h. Une voiture de la même marque également de 8 CV a mis 9 heures 30 pour le parcours soit une moyenne de 30 km/h. Deux voiturettes sont arrivées avec une moyenne de 24 km/h. Pour la consommation, le camion a utilisé 70 litres, la voiture 43 litres et les voiturettes 26 litres. Les résultats commente le journaliste sont concluants pour la marque Georges Richard. Les quatre véhicules seront présentés dès le lendemain chez MM. C et P Devouge, 16 rue de Lannoy à Roubaix et mis à la disposition des personnes qui voudraient faire des essais.
A neuf heures du soir un punch a été offert par le comité de l’Automobile Club du Nord aux organisateurs, commissaires et concurrents du Paris-Roubaix à l’alcool dans la plus grande cordialité dans les salons de l’hôtel Ferraille. Une centaine de personnes y assistaient. M. Fraignac président de l’ACN félicite les organisateurs et particulièrement l’Auto-Vélo. Il termine en buvant à Paris-Roubaix 1902. M. Prade du journal cité, remercie et porte un toast à la surenchère : l’épreuve deviendra annuelle. M. Brangier, président de la société d’encouragement pour l’emploi de l’alcool industriel fait valoir les avantages de ce produit national qu’est l’alcool industriel.
La place Chaptal se situe dans la Grande rue à Roubaix, après le canal et avant la rue d’Avelghem. Les roubaisiens connaissent bien cette petite place, car c’est à cet endroit que se trouve l’entrée principale du cimetière.
La place Chaptal est triangulaire. A gauche, côte pair, il n’y a qu’un seul numéro : le N° 2, occupé par l’entreprise Duquesne et cie, commerce de fleurs et de monuments funéraires depuis le début des années 1950.
A droite, on trouve une rangée de maisons du N° 1 au N° 21. Oscar Fournier occupe les N° 1 et 3 avec son entreprise de monuments funéraires, caveaux, plaques de marbre et fleurs artificielles à l’enseigne : « A l’Ange Gardien »
Au N° 7 et 9 on trouve René Hoste, un horticulteur, au N° 19 le bijoutier horloger J. Waeles et au N° 21 le café de G. Beyaert. Ensuite, l’entrée de la courée Lezy se trouve au 21 bis.
Après le N° 21 de la place Chaptal, on se trouve dans la Grande rue : au N° 293 le café Librecht, au N° 295 l’ancien commissariat de police du V° arrondissement et au N° 297 l’entrée de la courée Masurel
Oscar Fournier prend sa retraite et cesse son activité au tout début des années 1980. Le bâtiment « A l’Ange Gardien » est muré quelques temps après.
En 1982, derrière la rangée de maisons du côte Impair, se trouve un terrain vague immense d’environ 50 ares. Le comité de quartier de l’Entrepont propose à la mairie d’aménager ce terrain vierge en aire de jeux pour les enfants du quartier, mais ce projet n’aboutit pas, car l’office public d’ HLM envoie des courriers aux riverains de la place Chaptal et aux habitants de la cour Lezy, les informant que des projets de construction sont programmés sur ce terrain vierge, et qu’il se pourrait bien qu’ils reçoivent d’ici peu, des mesures d’expropriation. Seraient également concernés les 293 295 de la Grande rue et la courée Masurel.
Le vœu de la Mairie est bel et bien de débarrasser la Grande rue des courées dont celles de Lezy et Masurel. Plusieurs maisons sont déjà inoccupées et murées : une opération de curetage s’impose. D’ailleurs, un permis de démolir est accordé en 1983 pour l’ensemble des maisons de la courée Masurel aux N° 297 299 de la Grande rue –
L’année suivante en 1984 un autre permis de démolir est accordé pour les N° 293 et 295 de la Grande rue, à savoir l’emplacement du café et de l’ancien commissariat.
C’est cinq ans plus tard, en 1989, que la démolition de l’immeuble « A l’Ange Gardien » d’Oscar Fournier, du N° 1, 3 de la Place Chaptal a lieu. Et ce n’est qu’en 2006 que les maisons N° 7 et 9 seront rasées.
En 2013, le permis de démolir est délivré pour le reste des habitations du N° 11 à 21
Plus de 30 années ont donc été nécessaires pour démolir la rangée des habitations du côté impair, de la place Chaptal ( de 1983 à 2016 ). Il ne reste plus aujourd’hui que le N° 2, occupé autrefois par l’entreprise Duquesne et qui vient de fermer à la fin des années 2010 pour cause de retraite, transformée en maison d’habitation.
Au dix-septième siècle, la ferme, située à l’extrémité de Hem, aux confins du territoire de Sailly-lez-Lannoy, est exploitée par la famille Castel et le reste jusqu’au vingtième siècle. La ferme est alors reprise par Victor Ruscart et son épouse Marie-Louise Delrue. L’exploitation comprend 16 ha et l’étable se situe à moitié sur le territoire de Sailly. Aucun tracteur n’est alors utilisé sur le domaine.
Vue aérienne de 1951 (Document IGN)
Lorsque Victor Ruscart cède la ferme pour prendre sa retraite, en 1970, il la vend à M. Henri Masquelier, pépiniériste à Lys-lez-Lannoy. L’entreprise de celui-ci fondée à Hem en 1874 par son aïeul, et transférée à Lys-lez-Lannoy en 1905 où elle occupait 2 ha, avait connu un nouvel essor en 1919 et porté sa surface à 7 ha et un nouveau bâtiment. En 1946, apparaissait la profession de paysagiste et l’entreprise connaissait une extension importante.
Dans les années 70, les jardineries en libre service se créent et la société Masquelier s’emploie à développer ce secteur, notamment en se réimplantant sur Hem où l’exploitation comprend alors 21 ha et prend pour nom commercial La Pépinière des 4 Vents.
La famille Masquelier la revend à son tour à Gonzague Pierchon et son épouse en 1987.
La ferme reçoit alors l’appellation commerciale de Maison des Pâtures. Le journal Nord-Eclair se fait écho de cette incursion du Périgord dans le Nord.
En effet, Gonzague Pierchon est à l’origine comptable et s’est retrouvé employé à la Chambre d’agriculture de Périgueux. Intéressé par le monde de l’agriculture, il a quitté son emploi pour étudier l’aviculture à Rambouillet. Ayant trouvé un corps de ferme à louer à St Amand les Eaux il y a développé son 1er élevage d’oies nordiste avant de se rapprocher de l’agglomération lilloise, où le foie gras se vend traditionnellement mieux, en s’installant à Hem.
Il y pratique l’élevage extensif en pâture comme cela se fait traditionnellement en Dordogne, laissant les oies et canards gambader en pâture puis les nourrit de mais à volonté toujours à l’extérieur avant de passer à la phase de gavage.
Après le départ en retraite du couple Pierchon, la ferme du 207 rue du Calvaire déviée est rachetée en 2016 par Nicolas Mulliez. Celui-ci, charpentier de formation, mais sensible aux thématiques agricoles, s’est formé dans une ferme proche d’Orléans, pionnière en agriculture biologique. Après le rachat de la ferme il décide de faire de son exploitation un véritable laboratoire pour la permaculture.
Ses produits sont certifiés bio et il fournit aussi bien les particuliers que les magasins bio des environs mais aussi les restaurateurs. Avec son épouse il a aussi créé des gîtes tout confort et met également à disposition de sa clientèle une salle de réception pour les événements privés.
Il est curieux de constater comment cette ferme, exploitée à l’origine par des familles d’agriculteurs puis par un horticulteur, est ensuite devenue par l’intermédiaire d’un comptable de formation le domaine du foie gras avant d’être aujourd’hui une exploitation bio grâce à un charpentier de formation.
Alfred Derly est artisan électricien. En 1947, il installe sa petite entreprise au 334 rue de Lannoy à Roubaix, à deux pas du boulevard de Reims. Alfred est locataire ; son entreprise d’électricité générale s’appelle « Au Grand Cheval Blanc » du nom de la courée voisine qui se situe au N° 332.
En 1951, Alfred Derly effectue quelques travaux de rénovation ( maçonnerie menuiserie et peinture ). Les affaires fonctionnent correctement et dans les années 1960, Alfred n’hésite pas à communiquer régulièrement par de la publicité dans la presse locale.
Au début des années 1970, son fils qui porte le même prénom, Alfred, vient l’aider dans l’entreprise qui devient alors, Alfred Derly et fils.
Progressivement, Alfred étend l’activité en proposant une gamme d’appareils d’électro-ménager et du matériel de vidéo surveillance.
Les affaires deviennent plus difficiles à la fin des années 1970, car la concurrence des grandes surfaces en appareils électro-ménagers, lustrerie et alarmes, devient féroce. Et puis, Alfred, passionné par les armes depuis son enfance, a une idée bien précise en tête, c’est d’ouvrir une armurerie à Roubaix.
L’occasion se présente en 1978, lorsqu’il achète à Lucien Lagache un local, au 197 de la rue de Lannoy, d’une surface de plus de 600 m2. Ce terrain était autrefois occupé par l’entreprise Divol, grossiste en fruits et légumes. Sa façade a été transformée par son propriétaire, Lucien Lagache, en 1973 ; une large vitrine remplace désormais les deux petites fenêtres, afin de donner à ce bâtiment un aspect plus commercial.
Alfred Derly effectue ensuite quelques travaux, en 1981 à savoir : repousser la grille d’entrée située sous le porche, aménager l’intérieur de son magasin et surtout installer des systèmes de sécurité efficaces et indispensables pour une armurerie.
Au fond du terrain, il aménage un stand de tir de 17m de long au sous sol, et crée le club de tir : La 357 roubaisienne.
L’objectif d’Alfred est, bien sûr, de vendre des armes de tir à ses clients, mais également de leur proposer de les stocker dans ses coffres forts, en attente de leur autorisation de détention. Très bonne stratégie pour démarrer son activité, car le succès est au rendez vous. La 357 Roubaisienne est un club sportif privé, un stand de tir fédéral affilié à la FFT Fédération Française de Tir.
Soudain, le 2 Mars 1984, c’est l’effroi : Alfred Derly est assassiné dans son magasin, par un inconnu, d’une balle de 22 LR dans la nuque.
Dans le quartier, les voisins sont consternés, et viennent aux nouvelles devant la façade du magasin. La police procède aux premières investigations. Alfred Derly était honorablement connu et très estimé dans le quartier. Il était également vice président de l’union des commerçants de la rue de Lannoy.
L’enquête piétine. La police judiciaire diffuse alors, dans la presse locale un portrait robot pour tenter de retrouver l’auteur de ce crime, mais sans succès. L’assassin ne sera jamais retrouvé.
Quelques temps après, un membre du club de tir, Didier Masquelier reprend l’armurerie, succède à la présidence de « La 357 Roubaisienne » et continue l’activité.
à suivre . . .
Remerciements à Dominique Houte, ainsi qu’aux archives municipales