Le doublement de la voie des tramways

Le doublement de la voie des tramways de la rue Carnot n’est encore qu’à l’état d’étude qu’il provoque déjà une protestation énergique et motivée des principaux habitants du quartier populeux et commerçant du Laboureur. On trouve parmi les signataires de cette protestation, l’industriel et conseiller municipal Henri Labbe, le brasseur Tiers-Lézy, le commerçant Jules Rives et de nombreux autres commerçants et habitants du quartier. La pétition a pour objet de maintenir le garage (l’arrêt) du Laboureur et d’en établir un nouveau au pont de l’Espierre. Rappelons qu’il y a encore un pont au dessus de l’Espierre à l’angle de ce qui deviendra la place de la République, au croisement de la rue des Trois Bouteilles et de la rue Carnot. Une combinaison serait susceptible de rallier des partisans qui consisterait en l’établissement d’une voie de garage (un arrêt) le long de la rue des Trois Bouteilles et de la rue Faidherbe, du pont de l’Espierre à la place Carnot. Elle aurait pour résultat d’obtenir un service ininterrompu.

au Laboureur, avant les deux voies Doc Coll Part

La question est inscrite à l’ordre du jour de la réunion du Conseil municipal, pendant laquelle on lira la protestation signée par les riverains de la rue Carnot. Elle se base principalement sur le fait qu’il y a du côté droit de la rue trente maisons de commerce sur quarante et une habitations. Les voitures de gros ne pourront plus stationner en face des étalages de leurs clients : brasseurs, épiciers, bouchers, vidangeurs ne pourront plus arrêter leurs attelages en face des maisons de commerce. D’où la demande d’établir un arrêt place Carnot et un autre au pont de l’Espierre. De son côté, la Compagnie répond qu’elle veut accélérer le service et favoriser plusieurs milliers de voyageurs tous les jours. Elle argumente ensuite sur le garage (l’arrêt), qui fait perdre trois minutes à une voiture de tramways : freinage, ralentissement, attente, remise en marche, tout cela retarde la circulation et c’est pourquoi la Compagnie n’hésite pas à dépenser et ce n’est certes pas pour son plaisir, de 25 à 30.000 francs pour doubler la voie de la rue Carnot. Dans tous les cas, en admettant que la double voie ne soit pas acceptée par l’autorité supérieure, la Compagnie exigerait que le garage du pont de l’Espierre soit en vue du garage du Laboureur, auquel cas ce dernier serait prolongé dans l’axe de la partie principale de la rue Carnot.

Deux voies rue Carnot Coll Part

En conseil municipal, M. Clément Dubus s’élève contre l’envahissement de Wattrelos par les tramways, au plus grand profit de Roubaix. Ce à quoi répond Henri Briffaut, en disant que les tramways n’y sont pour rien, car il y a contrat approuvé et malgré la réclamation qu’il a porté au Conseil Général de la participation de Wattrelos, cela n’a pas abouti. La question du doublement de la voie est exposée par M. Leuridan qui avec M. Charles Leman se demande si l’intérêt général des ouvriers abonnés aux tramways et des employés ne s’accommodera pas mieux d’un doublement de la ligne que d’un arrêt supplémentaire au pont de l’Espierre. Il est certain qu’un arrêt fait perdre du temps. Mais il y a l’intérêt du Laboureur et quand la question est mise aux voix, le conseil est d’accord pour demander que l’arrêt de la Place Carnot soit prolongé pour être mis dans l’axe de la rue de ce nom et que soit établi un arrêt au Pont de l’Espierre.

Vue contemporaine des deux voies à la grand place Coll Part

À la demande de participation aux bénéfices de l’exploitation de Roubaix, l’administration municipale de Roubaix répond qu’elle n’a pas à apporter de modifications dans les conventions entre cette ville et la compagnie. Cette dernière déclare qu’étant seulement rétro cessionnaire de la ville de Roubaix elle ne peut rien décider à ce sujet. La commission nommée par le Préfet donne son avis pour le doublement de la voie de tramways du pont de chemin de fer du Laboureur jusqu’au Pont de l’Espierre, en présence de MM. Chatteleyn adjoint au maire de Roubaix, Briffaut conseiller général, Leblanc et Thérin conseillers d’arrondissement et Grimbert ingénieur du contrôle. Il appert qu’il y aura moyen de doubler la voie sans pour cela supprimer le stationnement. Dans ce but la largeur du trottoir devra être diminuée. La question est donc tranchée. Les travaux commenceront en octobre 1908 et la mise en exploitation démarrera dans les quinze jours. Ces travaux entraineront des problèmes quant au démontage des trottoirs et leur rétrécissement notable de 50 centimètres à près de deux mètres ! Pour sa défense, la compagnie rappelle que ce sont les wattrelosiens qui ont évoqué le problème du stationnement qui a entrainé le rétrécissement des trottoirs. Le Conseil municipal exige la remise en état des lieux aux frais de la compagnie, le doublement des voies se faisant au milieu de la rue.

La ligne F : Croix

Après avoir suivi la ligne en parcourant Lille, Mons et Flers vers Roubaix, et pour parvenir à Croix, il nous faut traverser le canal de Roubaix en empruntant le pont de Croix, un pont-levis qui a disparu après que l’extrémité du canal vers le parc Barbieux, devenu inutile par l’abandon du projet initial, a été délaissé, puis comblé.

Photo Claude Coen – T’es de Flers Breucq

La voie va suivre la départementale 14 qui prend pour nom à Croix « Pavé de Lille à Roubaix » aujourd’hui rue du professeur Perrin. Peu après le pont, on aborde le centre historique de Croix au croisement de la rue Gustave Dubled. On distingue sur la photo deux rames, constituées chacune d’une motrice et d’une remorque, qui se croisent, l’une allant vers Lille, l’autre vers Roubaix.

Photo collection particulière

La ligne aborde alors la place, où est installé un kiosque permettant aux voyageurs d’attendre le tramway à l’abri des intempéries ce kiosque, largement vitré et coiffé d’un toit pointu à quatre pans, bien dans le style de l’époque.

Photo site TransLille

Le kiosque sera plus tard remplacé par un autre en béton et à toit plat octogonal, qui ne sera démoli qu’en 1979, bien après la disparition de la ligne de tramways.

La Voix du Nord 1979

Sur la grand place renommée ensuite place de martyrs, le kiosque des tramways voisine avec un kiosque à musique, dû à l’architecte Edouard Dupire-Rozan. Cet édicule a été donné à la ville par Isaac Holden et déplacé depuis le parc de sa propriété en 1898. Il sera de nouveau déplacé entre les deux guerres pour être disposé dans le parc du nouvel hôtel de ville, racheté à la famille Leclerc-Delaoutre. Il a été restauré récemment.

La voie que l’on voit à gauche relie la gare des marchandises à l’usine Holden par ce qui est aujourd’hui la rue de la gare. Elle longe la place avant de traverser les voies de la ligne F avant de se diriger vers l’usine.

Document médiathèque de Roubaix

Juste après la place, la ligne se dirige en double voies par la rue de Lille vers l’église. Les files de rails sont d’abord placées côte à côte, comme on peut le voir sur la photo suivante où tout le monde semble prendre la pose, y compris sur le tampon du tram.

Photo coll. particulière

Plus tard, on construit un terre-plein central que les voies contournent. Cette édification est-elle destinée à la sécurité des voyageurs qui pourraient ainsi monter et descendre des rames sans danger ? Le terre-plein voisine avec la nouvelle aubette en béton.

Document coll. particulière

Pour poursuivre son chemin, la ligne doit ensuite contourner l’église saint Martin, placée dans l’alignement de la rue. La photo qui suit nous montre ce contournement alors que nous entrons das la rue Jean Jaurès. Ici, la comparaison avec le gabarit de la voiture à deux chevaux montre le peu de place laissé libre par le tramway, dont on distingue une rame à l’arrière plan.

Photo collection particulière

Aussitôt l’église dépassée, nous arrivons au coin de la rue Pluquet. Le tabac à gauche, tenu par Louis Bonte, arbore toujours le cigare, enseigne traditionnelle. Il s’appelle aujourd’hui « Le Flandre ». La belle maison qu’on voit au deuxième plan à droite n’a pas changé non plus, alors que celle au premier plan a reçu un enduit. On remarque que les vidangeurs – il en fallait – utilisaient à l’époque des camions à chevaux et que la circulation à droite n’était pas encore une règle d’airain.

Photo coll. particulière

Quelques centaines de mètres plus loin, après avoir dépassé la mairie, la ligne croise l’avenue des marronniers et ses belles villas, qui conduit au parc Barbieux. A l’époque, la venue d’un photographe était une fête pour les badauds.

Document mairie de Croix

Nous pouvons avoir une idée de la date de la photo suivante, prise vers Roubaix au coin d la rue Delescluse, par les voitures qu’on y remarque : Le pare-chocs avant de la Traction Citroën au fond la situe après guerre, et la Ford modèle 1949 à droite, vue de dos, a été immatriculée dans le Nord en 1950. Le magasin du coin qu’on voit à gauche est aujourd’hui une agence immobilière, alors que les maisons à droite ont disparu, remplacés par des bâtiments d’habitation récents.

Photo coll. Particulière

Nous sommes maintenant presque à la limite de Croix. Avançons encore un peu et retournons nous avant d’entrer dans Roubaix. Sur la photo, le bâtiment qui fait le coin à l’arrière plan est aujourd’hui la pharmacie de la Croix Blanche. L’alignement de maisons à gauche a été remplacé par des constructions neuves.

Photo médiathèque de Roubaix

Nous remercions particulièrement les archives municipales et la médiathèque de Roubaix, ainsi que le site TransLille.

A suivre …

Château d’Hem

Hem (anciennement Ham) est l’une des plus vieilles agglomérations de notre région. Le village rural est en effet mentionné dès 877 : « Hamma sur le fleuve Marque ». Les seigneurs de Hem commencent à apparaître au 12 ème siècle dans différents documents officiels. Ainsi peut-on découvrir Alard, puis Wautier ainsi que Jean et Gervais de Ham.

Au 13ème siècle c’est Alard de Bourhieles qui est seigneur de Hem et au 14ème on retrouve un Pierre puis un Jean de Hem. Du milieu du 15 ème à la fin du 18 ème siècle le village souffre du voisinage de la petite ville fortifiée de Lannoy qui lui vaut l’invasion des soldats français, espagnols, hollandais et anglais.

Le village de Ham vu en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)
La place du village au 16ème siècle vue en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Les détenteurs successifs de la seigneurie sont également les possesseurs de la cense qui y est associée. Sont ainsi nommés dans les anciens textes Jean de Bourghelles, chevalier, puis Gérard de Cuinghien, écuyer, puis son fils Jean et sa fille Marie, laquelle épouse en premières noces Adrien Vilain de Gand, avec lequel elle a un fils posthume également prénommé Adrien.

Le premier château féodal de Hem, construit un siècle plus tôt, échoit en 1546 à Maximilien Vilain de Gand, baron de Rassenghien, fils d’Adrien, tandis que la Cense est alors occupée par Pierre Lenglart, laboureur. Suivront les descendants du seigneur de Gand : Guilbert, Jacques Philippe, devenu marquis en 1660, François Gilbert, Michel Maximilien, François Gilbert, Jacques Ignace Philippe, Jean Guillaume puis Guillaume Louis, né en 1751. L’un d’entre eux, Guilbert de Gand, y fait installer, en 1610, de vastes jardins, des terrasses et des parterres qui rejoignent les terres cultivées tout autour.

Cadastre de 1824 situant le château d’Hem (Document Historihem)
Les armoiries de Vilain de Gand et le tumulaire découvert à Lomme (Document Historihem)
Le centre du village vu depuis le château d’Hem en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

« Le domaine est composé de la basse cour et du château proprement dit accompagné de ses jardins. Chacun de ces éléments est entouré de fossés remplis de l’eau de la petite Marque qui y serpente et fertilise les prairies où paissent des animaux. La basse cour, en briques, couverte de tuiles, comprend une série de bâtiments disposés sur trois côtés seulement et où se situe un imposant portail d’entrée, précédé d’un pont et accompagné d’une tour ronde à gauche, carrée à droite, d’un corps de logis à gauche, d’un pigeonnier à toiture en bâtière, d’une grange et d’étables.

Un pont relie cette ferme au château dont l’organisation est complexe puisqu’il est composé de deux cours et que la courtine se prolonge vers l’horizon au delà de la deuxième cour. Des tours cantonnent chacun des angles de ces deux cours, les unes carrées, les autres rondes, les unes modestes, les autres imposantes ou élancées. La destination des bâtiments est difficile à identifier. Tous sont disposés autour de la deuxième cour, tandis qu’autour de la première n’existent que des courtines régulièrement percées, hormis les tourelles précédemment citées et les portes. L’une d’entre elles donne sur un jardin dont le dessin figure une croix de Saint Louis, semble t il. »

Peinture d’Adrien de Montigny représentant le château en 1603 (Document Historihem)
Croquis représentant le château des marquis d’Hem aux 16ème et 17ème siècles (Document Historihem)

Le domaine devient ensuite un marquisat de 1660 à 1789. A la révolution, le domaine est vendu à savoir : le château et ses meubles, les jardins et potagers et l’acquéreur reste anonyme sur les registres. Louis Camille Vilain de Gand voit le reste de ses biens divisés en 6 lots.

Pourtant, suite à l’invasion autrichienne, puis à la libération du territoire, une liste de sinistrés hémois effectue des demandes de dédommagement et parmi eux un certain Louis Camille Degand (en un seul mot), qui sollicite l’indemnisation la plus importante du village, règlement à priori accordé par le Directoire de Lille.

Après la révolution et la guerre, l’indemnisation des sinistrés en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Après toutes les vicissitudes connues par le domaine au long des siècles avec les diverses invasions subies, il ne reste que des pierres éparses du château initial lorsqu’à la fin du 19ème siècle est construit le 2ème château d’Hem. Pourtant divers objets trouvés aux alentours du château témoignent de son histoire.

Photos de diverses pièces de monnaie espagnoles, hollandaises, françaises sous Louis XV et sous Napoléon, trouvées autour du château d’Hem (Documents Historihem)

Au vingtième siècle le domaine, qui comprend un parc de 7 ha, des douves de 2 ha et 30 ha de terres cultivables, est racheté par un industriel roubaisien, Mr Carlos Six, et son nom est désormais usuellement donné au château. La ferme est quant à elle occupée par Jules Chabrier puis par sa veuve Suzanne.

Pendant la première guerre mondiale, en 1914, l’armée d’occupation y installe un camp de prisonniers. Des officiers de l’armée allemande occupent alors le 2ème château d’Hem et le Kaiser plante un arbre commémoratif dans le parc, dénommé l’arbre du Kaiser, devant lequel se déroulent les parades militaires pendant la guerre.

Carlos Six et son épouse en 1914 à Longchamp (Document Historihem)
Le Kaiser dans le parc en 1916 (Document Historihem)

Le 6 Juillet 1917, un avion anglais Sopwith Triplane N° N5435 s’écrase, et les honneurs militaires sont rendus par les soldats allemands au Château d’Hem. Il s’agit du Sous-Lieutenant Hillaby Eric Crowther du 1 st squadron RNAS abattu par le Flg-Lt Bertram Heinrich de l’escadrille MFJ1.

Un avion anglais s’écrase et les honneurs sont rendus au château d’Hem (Documents Historihem)

A la libération, en octobre 1918, les soldats anglais du général Plumer cantonnent à leur tour dans le château d’Hem, dit château Six, quand ils y mettent le feu accidentellement lors de la célébration de leur victoire et l’incendie le détruit presque complétement. Seule subsiste une petite tour ronde avec son dôme, restes de l’ancienne chapelle, dans laquelle on célébrait encore une messe par semaine en 1914.

Le château incendié en 1918 et la chapelle dans la plaine dans les années 1950 (Documents Historihem)

Quelques temps après la première guerre le château d’Hem est reconstruit sur les terres de l’ancien marquisat. Il est toujours entouré de douves et la chapelle se trouve au milieu d’un bois. Dans le parc du château coule la petite Marque enjambée d’un pont rustique qui permet de la traverser commodément. La ferme est cédée en 1934 à Maurice Boddaert et son épouse Marguerite.

Le château et son parc dans les années 1920 (Documents collection privée)
Photo aérienne du domaine en 1933 (Document IGN)

Mais déjà s’annonce la 2ème guerre mondiale avec l’arrivée à Hem fin 1939 des troupes françaises puis anglaises et le château est à nouveau occupé par les Britanniques jusqu’à leur repli sur Dunkerque. Puis c’est l’évacuation et Mr Six part à Paris. Une compagnie de transport de la Wehrmacht s’installe au château et des cérémonies militaires sont à nouveau organisées au pied de l’arbre du Kaiser.

La chapelle du château encore entourée de bois peinte par F. Delsinne en 1935 (Document Historihem)

En 1942, le château, hypothéqué, est vendu à Mr Duflot de Seclin qui fait abattre tous les arbres du parc pour les revendre. Les souches sont récupérées par les habitants de Forest et de Hem pour le chauffage. Mr Maurice Boddaert devient locataire du parc à titre gracieux pendant 9 ans avant que celui-ci soit intégré à la ferme.

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem.

Le Numide

Dans les années 1930, la rue de l’Alouette à Roubaix part de la rue de l’Epeule et se termine rue du Chemin de fer. Elle n’arrive dans la rue de la Gare qu’à partir de 1942 après démolition des bâtiments existants ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : l’alouette s’ouvre à la gare )

vue aérienne 1932 ( document IGN )

Dans les années 1950, côté impair se construit un bâtiment neuf, au N° 75 sur toute la longueur qui démarre donc depuis la rue du chemin de fer jusque l’avenue Jean Lebas.

Cet emplacement a d’ailleurs 3 adresses possibles : le 75 rue de l’alouette, le 123 avenue Jean Lebas et le 36 rue du chemin de fer.

plan cadastral

La surface importante de 193 m2 permet l’implantation, au début des années 1960, du « Soldeur de l’Alouette », un magasin de chaussures à des prix imbattables.

publicité 1964 ( document collection privée )

Un permis de construire pour un projet d’aménagement d’un hôtel restaurant est déposé en 1972 par les propriétaires des lieux, Mrs Abdelkader Djender et Miloud Mebtouche. Le cabinet Delcour de Wasquehal est chargé du dossier pour l’agencement et la décoration. Le restaurant se trouve au rez de chaussée sur la partie gauche, la cuisine et les dépendances se trouvent à droite. Au premier étage, sept chambres sont prévues pour accueillir les clients de passage, car nous sommes à deux pas de la gare SNCF.

la façade ( document archives municipales )
le rez de chaussée et le 1er étage ( documents archives municipales )

Le nom choisi pour cet établissement est : « Le Numide », car la Numidie est un territoire berbère en Algérie. L’inauguration a lieu le 22 Mars 1973. De nombreuses personnalités sont accueillies par les propriétaires du lieu et découvrent ce cadre typique oriental et chaleureux. La salle de restaurant peut accueillir 110 personnes, le décor est subtil et raffiné, les couleurs chaudes des tapis contrastent avec le crépis blanc des murs où se situent de nombreuses petites niches d’inspiration mauresque. Uns cuisine orientale est proposée ( couscous, méchoui préparé sur un barbecue panoramique dans la salle etc ) ainsi qu’une carte complète de vins d’Algérie.

L’entrée de l’hôtel est indépendante du restaurant. Il offre d’emblée, une sensation de confort intime. Les 7 chambres disposent d’une salle de bains complète et fonctionnelle. Un salon permet aux clients de se relaxer en suivant le programme TV.

publicité Nord Eclair 1973
publicité Nord Eclair 1974

Les débuts de l’établissement sont prometteurs et encourageants. L’année suivante, en Janvier 1974, les deux associés projettent d’agrandir l’hôtel en construisant un 2° étage. Le nombre de chambres serait alors doublé en passant de 7 à 14.

Le permis de construire est accordé en 1974, mais en Juin 1975, Miloud Mebtouche décide de reporter les travaux à une date ultérieure, pour raisons de conjoncture économique difficile.

le projet du deuxième étage ( document archives municipales )

En 1981, pour encore mieux accueillir leur clientèle, Abdelkader et Miloud décident de redonner un coup de jeune à leur hôtel restaurant. Le cadre est embelli, une nouvelle carte est réaménagée au restaurant : couscous, méchoui et également désormais, côte à l’os, fruits de mer, vins français et algériens. Occasionnellement le chanteur kabyle Akli Yahiatene et sa troupe vient animer les soirées. En Avril 1983 Mouloud annonce l’ouverture de son club dîner spectacle.

publicité Nord Eclair 1983

Mardi 9 Août 1983 à 9h15, une violente explosion secoue tout le quartier. Les habitants sortent de chez eux et découvrent que le Numide vient littéralement d’exploser. Des fenêtres ont volé en éclats, des briques du mur de façade sont descellées ainsi que des garde-fous.

Nord Eclair Août 1983

Les sapeurs pompiers et les policiers arrivent rapidement sur place ainsi que M Mebtouche qui habite avenue Jean Jaurès. A l’intérieur, c’est la désolation, l’escalier qui mène à l’hôtel s’est écroulé, la porte qui sépare le restaurant pend en lambeaux. Personne ne se trouve à l’intérieur, car l’établissement est fermé pour congés annuels depuis le 1° Août. Aucun passant n’a été touché par des éclats. Un miracleD’après les premiers éléments de l’enquête, une fuite à la chaudière à gaz qui se trouve dans la cave serait à l’origine de l’explosion qui n’a pas provoqué d’incendie. Autre miracle ! La dalle de béton entre la cave et le rez de chaussée a été soulevée. Le bâtiment a été fortement ébranlé sur ses bases. Le Numide est détruit à 75 %.

Photos Nord Eclair

Au printemps 1987, M Mesbahi qui habite Wasquehal reprend le bâtiment et fait effectuer des travaux : remplacement de la porte d’entrée, des vitrines et des menuiseries, sablage et peinture de la façade. Ces travaux importants sont destinés à remettre l’immeuble en état et le diviser en plusieurs parties en vue de le louer.

la façade en travaux en 1988 ( document archives municipales )
la façade en 2008 ( document Google Maps )

Malheureusement en 2023, on ne peut que constater que l’immeuble ainsi restauré et transformé à usage d’habitation 15 ans plus tôt, manque cruellement d’entretien, est tagué sur l’ensemble du rez-de-chaussée où des arbustes poussent autour de la gouttière et semble s’être vidé de ses occupants.

Photos BT 2023

Remerciements aux archives municipales

La 34e fête fédérale des Amicales Laïques du Canton

Elle s’est déroulée en juin 1951 dans la paisible commune de Leers qui a revêtu une parure de verdure pour accueillir les nombreux amicalistes du canton. Un temps idéal favorise le déroulement des concours, du cortège et des exhibitions. Ces deux journées ont été un succès.

L’ouverture de la fête a lieu le samedi vers 20 heures 30, avec une retraite aux flambeaux. Le départ se fait au parc des sports, et l’animation est assurée par la Clique de la FAL de Roubaix. La population prend part au cortège et les enfants ne sont pas oubliés. À l’issue de la manifestation, ils sont rassemblés au parc des sports pour recevoir des friandises. Un bal de famille termine cette première journée.

La clique de la FAL en 1947 doc Coll Part

Dimanche très tôt, la fête fédérale prend de grandes proportions : organisation d’un concours de tir à la carabine dans la cour de l’école des garçons, concours de clairon et tambours, tournoi de basket, match de volley ball au Parc attirent la jeunesse. À 11 heures on inaugure la fête, à l’école des garçons rue Joseph Leroy, avec l’exposition des travaux d’élèves. M. Kints inspecteur primaire préside, entouré par MM. Duchatelet vice président de la FAL du Nord et secrétaire de la fédération du canton, Theeten secrétaire Fédération du Nord, Pottier président de la fédération du canton et Heye président de l’amicale de Leers. Les directrices et directeurs d’école entourent le personnel enseignant, ainsi que tous les présidents des amicales du canton. Au cours de cette réception, M. Bailleul, directeur de l’école des Garçons, accueille les autorités.

La Mairie de Leers en 1951 doc Coll Part

Mme Wipliez directrice de l’école des filles dirige deux chants excellement interpétés par les enfants des écoles. Un vin d’honneur précéde l’inauguration de l’exposition des travaux d’élèves. À l’issue de la réception, la délégation se rend à la Mairie où elle est reçue par M. Kerkhove maire entouré de son conseil municipal. Il dit combien il est heureux de recevoir les amicalistes du canton. Il dit aussi tout le bien qu’il pense du personnel enseignant des écoles laïques. M. Duchatelet répond en souhaitant que dans un avenir prochain, il serait envisagé à Leers la reconstruction complète des écoles publiques qui menacent ruine. Un vin d’honneur termine la réception. Les personnalités fleurissent ensuite le monument aux morts de la Ville et observent une minute de silence en souvenir des leersois tombés pour l’idéal de la République.

Amicalistes leersois en 1950 doc NE

Vers 13 heures, un banquet rassemble dans la salle des fêtes de l’école, officiels et invités, et c’est l’occasion une fois encore de resserrer les liens d’amitié qui existent entre les laïques. Au cours du repas, M. Heye président de l’amicale de Leers remercie le corps enseignant de l’aide efficace apportée pour l’organisation de cette fête. M. Pottier excuse le représentant du Préfet et remercie ceux qui contribuèrent à cette fête. Il félicite M. Louis Decourcelle et les instituteurs et institutrices qui ont si bien dirigé les travaux manuels des élèves. Il présente à l’assistance M. Theeten, cheville ouvrière de l’action laïque dans le Nord. Ce dernier dit combien il est heureux de prendre part à cette quatrième fête fédérale du canton de Lannoy depuis la libération. Il félicite M. Pierre Duchatelet, promoteur de la colonie de vacances de la FAL de Lannoy, qui a su convaincre les municipalités du canton. M. Theeten relate ensuite brièvement le succès obtenu au rassemblement laïque du 3 juin.

École de garçons rue Joseph Leroy Leers CP Coll Part

À l’issue du repas, on se retrouve rue Joseph Leroy pour prendre part à l’imposant cortège de 5.000 personnes venues des divers coins du canton. À 16 heures le cortège s’est formé à Leers-Bifur et s’ébranle par les rues De Gaulle et Victor Hugo prolongée, Jean-Jaurès, Place Carnot, Joseph Leroy, Pasteur et fait une entrée spectaculaire au Parc des Sports. Parmi les sociétés et groupements qui ont défilé, la clique de la FAL d’Hem, l’Harmonie Municipale de Leers, les enfants des écoles primaires, les commissions des différentes amicales du canton précédées de leur drapeau. Sur le terrain du Parc des Sports, les enfants des écoles dirigés par M. Héduin, exécutent une série de mouvements gymniques. Ils sont longuement applaudis. Puis une cérémonie se déroule sur le podium, pour la remise du drapeau fédéral. M. Cattelain président de la Fraternelle Laïque d’Hem, détentrice de l’étendard depuis la dernière fête, le remet au président de l’amicale laïque de Leers M. Heye. Après quoi on procède à la lecture des récompenses fédérales : médailles de bronze, breloques et diplômes d’honneur décernés à certains amicalistes.

Le parc des sports de Leers Coll Part

La foule qui a pénétré dans le Parc des Sports y séjourne tard dans la soirée tant la température était douce. Elle assiste ainsi à une kermesse flamande où se trouve un concert permanent et à une belle exhibition gymnique de La Gauloise de Wattrelos. La journée se termine par une fête chorégraphique organisée par la section féminine La Gauloise d’Hem. Le succès remporté cette fois prouve combien est grand le mérite de M. et Mme Doise-Harpagès qui s’occupent utilement des loisirs des enfants de la commune. L’équipe première de Sailly remporte le concours de tir, Robert Courcelle de Forest sur Marque le concours de clairons 2eme catégorie, Félicien Lesne également de Forest sur Marque le concours de clairons de 3eme catégorie. En basket pour les hommes Tressin bat Annapes en finales et pour les femmes Forest sur Marque bat Ascq en finale.

Source Nord éclair, Nord Matin, archives FAL Rx

 

Décembre 1903

Football. Derby calaisien en championnat du nord maritime. Le Racing Club de Calais a battu l’Union Sportive de Calais par 3 à 0. Pour l’autre championnat du nord, on note la victoire du Racing Club Roubaisien sur l’Olympique Lillois par 8 à 0. Les pluies continuelles des jours précédents ont rendu les terrains très glissants et le jeu était difficile.

Athlétisme. La fête de l’union des sports de Roubaix se déroulera le 6 décembre dans la nouvelle salle de la société, 5 rue du Grand Chemin à Roubaix. On pourra y admirer des assauts d’escrime, de boxe, de canne, et des travaux athlétiques par les champions de ces diverses disciplines.

Football. Les matches de championnat du nord terriens ont été contrariés par le mauvais état de divers terrains. Certains ont du être remis. Sur un terrain impraticable rue de Dunkerque, le RCR a battu le SCT par 3 à 2, l’UST bat le SR par 7 à 1 sur le terrain du Pont Rouge. En deuxième série, malgré une équipe incomplète, le SR bat l’IOR par 4 à 3, l’UST bat l’ISL par 11 à 2. En résumé journée assez désastreuse pour les fervents du ballon rond à cause du mauvais temps.

Cyclisme. Les joyeux pédaleurs de Wattrelos, excellente société dont le siège est établi chez Florimond Leman, rue du Crétinier, vient de renouveler son comité pour 1904. Président Camille Maes, VP Alfred Parmentier ; Henri Mazurelle, secrétaire ; Jules Courchelle, trésorier ; Camille Lommez capitaine de route ; Moïse Carlier lieutenant de route.

Football. Nouvelle journée de championnat du Nord. Au Parc Cordonnier, le SR est battu par le SCT 4 à 1, l’OL bat l’UST par 3 à 0, ISL bat IIN par 4 à 2.

L’équipe du Stade Français en 1903 Photo Jules Beau Wikipedia

Hockey. Le Stade français est venu à Roubaix affronter l’équipe du RCR. L’équipe parisienne rompue à ce sport l’a emporté par 2 à 0 sur une équipe roubaisienne pleine de courage et d’énergie. Ils manquent évidemment de science du jeu et d’expérience mais on peut considérer que ce résultat est fort honorable.

Athlétisme. Le record de France du saut en longueur établi il y a quelques mois sur le terrain de la rue de beaumont à Roubaix par M. Jean Catteau, avec un saut de 6,90 m vient enfin d’être homologué par l’U.S.F.S.A.

Football. On annonce la venue d’une équipe hollandaise à Roubaix. En effet, la Wolharding d’Amsterdam une des meilleurs équipes de Hollande viendra matcher le RCR pour Noël. Auparavant il y aura le Racing Club de France, et on prévoit la venue d’une équipe anglaise pour Pâques.

Championnat du Nord à mi-parcours doc JdeRx

Football. Nouvelle journée de championnat. Le RCR bat l’UST par 6 buts à 2. Les héros du match sont le gardien de Tourcoing Lambotte, celui de Roubaix Renaux et Léon Dubly. L’OL bat l’ISL par 2 à 0.

Football. Triple victoire du RCR sur les équipes du Racing Club de France. L’équipe 3 du RCR a battu son homologue parisienne par 2 à 0. L’équipe 2 du RCR a triomphé de l’équipe 2 du RCF par 3 à 1. Le match des équipes premières fut disputé. À la mi-temps le score est de 3 buts partout. Score final, 6 buts à 3. Un banquet amical a réuni les joueurs des deux clubs à l’hôtel Ferraille.

Cross Country. Deregnaucourt remporte le cross du Stade Roubaisien couru sur une distance de douze kms. Dix sept concurrents au départ. Le cross du Football Club Roubaisien a été couru par 45 participants sur une distance de 10 kms. Le premier arrivé est Rohart Donat pour les premières catégories, coureurs au dessus de 16 ans. Pour la deuxième catégorie, Frémaux est vainqueur. Par équipes, le Club des sports emporte la palme des première catégories, et l’Etoile pédestre roubaisienne celle des secondes.

L’Auberge d’ Hempempont

La construction du bâtiment remonte au XVII ème siècle. A l’époque un certain Grimonpont fait construire une taverne à « Lampempont », au n° 232 de l’actuelle rue du Général Leclerc à Hem, laquelle, un siècle plus tard appartient à Marc Lamblin, cabaretier brassant sous l’enseigne de l’ « Hempempont » chez qui sont organisés des baptêmes.

Le bâtiment devient par la suite un poste relais pour les diligences empruntant la route qui mène de Lille à Lannoy. Les voyageurs et leurs chevaux y logent avant de reprendre la route le lendemain matin. Il sert aussi de station à un service de messagerie dont le siège est à Lille et qui dessert les communes limitrophes.

C’est Edouard Mulliez puis son frère Louis qui tiennent le poste de relais et, en parallèle, Edouard tient la boulangerie juste à côté tandis que Victoire leur sœur est épicière une maison plus loin au bord de la Marque comme on le voit sur la carte postale ci-dessous. On y voit également sur le pavé les planches de la bascule publique qui sert à peser les charrois de grains, de betteraves et de charbon ainsi que les bœufs.

L’auberge dans le tournant de la rue de Lille vers Annappes (Document Hem Images d’hier)

La famille Mulliez va ensuite céder l’établissement qui sera successivement géré par Mrs Delporte puis Vanrenneman puis Hespel avant d’être repris en 1908 par Oscar Duquesne aidé par ses 5 enfants. Celui-ci transforme alors les écuries en tonnellerie afin de confectionner et réparer les tonneaux des brasseries avoisinantes.

Auberge et tonnellerie Duquesne au début du vingtième siècle (Documents Historihem)

L’auberge comprend une salle commune et une salle de billard ainsi qu’une grande salle pour noces et banquets à l’étage. Quelques chambres sont mises à disposition des voyageurs et un salon avec piano est contigu à une salle à manger particulière. C’est Esther, l’une des filles d’Oscar qui se met au piano pour y faire danser les convives.

Quant à Emile, l’un des fils d’Oscar, animateur des fêtes du quartier et ducasse de l’Hempempont, il a l’idée de créer des fritures d’anguilles et d’aménager des gloriettes dans le jardin. C’est lui aussi qui à l’idée d’organiser un grand concours de coqs le dimanche des Rameaux.

Spécialité d’anguilles et combats de coqs (Document BD Au temps d’Hem)

Par ailleurs, à l’occasion de la procession du 15 août, sur la façade se dresse un monumental reposoir à base de tonneaux. Des cavaliers, accompagnés de la musique municipale et de la Philharmonie de la Citadelle, fondée en 1845 par le père de Louis Leclercq, brasseur, escortent le Saint Sacrement depuis l’église Saint-Corneille jusqu’à Hempempont.

Philharmonie de la Citadelle étendard de 1845 et photo de 1895 (Documents Historihem)

En ce début de vingtième siècle, les « coqueleux » sont nombreux et à l’Auberge d’Hempempont on bat les coqs. Dans un enclos grillagé, le plus souvent de forme ovale ou octogonale, deux gallinacés s’affrontent. Issus de savants croisements le coq de combat est doté d’un naturel belliqueux que l’homme se charge d’exploiter pour ses jeux.

Des deux combattants acharnés, l’un doit mourir. Leurs ergots sont garnis d’éperons d’acier de 51 millimètres de longueur, arme redoutable placée sur un bandage de cuir le tout solidement attaché par une ficelle poissée. Le coq agrippe du bec la tête de son adversaire puis s’élève d’un battement d’ailes, arque son corps et projette violemment en avant ses pattes repliées auxquelles il imprime un rapide mouvement de va-et-vient.

La partie peut durer douze minutes et, au cours des deux dernières minutes, les coqs peuvent alternativement se coucher puis se relever. Le dernier debout est le gagnant à la douzième minute sachant qu’un coq couché trois minutes a perdu. Le championnat se déroule en 48 parties et 3 tours, permettant ainsi de consacrer six lauréats.

Combats de coqs à l’Auberge d’Hempempont (Documents Historihem)

Les combats de coqs ont pourtant déjà été interdits une première fois en 1852 par arrêté préfectoral mais ont continué à s’organiser dans une certaine clandestinité. Il faudra attendre 1963 pour qu’une deuxième interdiction intervienne et pourtant là encore les coqueleux obtiendront un an plus tard l’autorisation de battre dans les lieux « à tradition locale ininterrompue ».

Autre événement, exceptionnel celui-là : à l’occasion de l’Exposition Internationale du Nord de la France, qui a lieu à Roubaix de Mai à Novembre 1911, regroupant 3429 exposants français et étrangers, un champ d’aviation de 10 hectares est construit à Hem, dans les plaines de Beaumont et sur les pâtures de la ferme Gorghemetz.

Le terrain est aussi une étape du Circuit Européen qui se déroule du 18 juin au 7 juillet 1911. L’étape est remportée par Vedrines, devant Roland-Garros puis Beaumont. Les aviateurs sont ovationnés par le public et se voient offrir des gerbes de fleurs par des petites filles. A l’issue de l’étape les participants sont invités à partager un banquet à l’Auberge d’Hempempont.

Invitation à l’Auberge à la fin de l’étape (Document BD Au temps d’Hem)

Sous l’occupation allemande, pendant la première guerre mondiale, les estaminets sont fermés mais pas les auberges. En juin 1915, alors que plusieurs familles des environs ont choisi de profiter du beau temps sous les gloriettes de l’auberge, toujours tenue par la famille Duquesne, une bombe allemande, tirée sur un avion allié, tombe dans la cour sur l’extrémité d’un hangar où elle explose.

Explosion d’une bombe en juin 1915 (Document Historihem)

Dans une gloriette attenante se trouve attablée une famille roubaisienne qui est touchée par les éclats, lesquels tuent le père de famille sur le coup ainsi qu’un jeune garçon de 13 ans originaire de Lille qui, debout, observait la poursuite de l’avion allié par l’avion allemand.

Deux autres jeunes roubaisiens, à proximité de la famille précitée, sont grièvement blessés. Enfin deux autres roubaisiennes sont blessées plus légèrement. Parmi la centaine de personnes se trouvant à l’auberge au moment de la chute de la bombe meurtrière c’est bien sûr l’affolement mais force est de constater que le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd.

L’auberge dans les années 1920 (Document Historihem)

Après la libération, vingt ans après la première, une nouvelle série de cartes postales représentant l’Auberge d’Hempempont est sortie. On y constate que, si la tonnellerie n’existe plus, les extérieurs sont à peu près aménagés de façon semblable et que la friture d’anguille reste le plat fétiche le l’établissement devant lequel le tramway continue d’amener régulièrement une clientèle des environs avide de loisirs et de bonne chère.

Dans les années 1930, s’ajoute à la ducasse d’Hempempont qui a lieu tous les ans en juillet, une course peu banale à savoir la course aux rats. Les rats sont placés dans les brouettes et les participants doivent non seulement faire la course mais aussi rattraper les rats qui se sauvent régulièrement des brouettes, pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Départ de la course aux rats à Hempempont en 1932 (Document Hem 1000 ans d’histoire)

Puis, après les belles heures de l’entre deux guerres propices à l’amusement et aux événements de vie privée ou publique fêtés bien souvent à l’Hempempont, arrivent les jours sombres de la seconde guerre mondiale au cours de laquelle Emile Duquesne fait partie des prisonniers de guerre.

Enfin, après guerre l’annuaire Ravet -Anceau de 1948 nous enseigne que la fameuse Auberge d’Hempempont est gérée par Mme Jadoul Vicart puis plus aucune trace de l’auberge dans les années 1950. Durant ces années et jusqu’en 1970, le n° 232 rue du Général Leclerc n’apparait en effet plus dans les annuaires où l’on passe du 230 au 234.

Le bâtiment change de look en commençant par le toit qui est rasé et mis en terrasse. Bien évidemment la lanterne qui, surplombant la porte voisinait avec l’inscription Emile Duquesne, est enlevée. Quant aux panneaux blancs intercalés entre les fenêtres de l’étage et faisant la publicité des fritures d’anguilles, jambon, lait, œufs frais, ils disparaissent.

L’auberge dans les années fastes avec son toit et ses publicités (Documents collection privée)

Puis le magasin d’antiquités « la Renaissance » s’installe dans ces lieux chargés d’histoire dans les années 1980 et y demeure jusque dans les années 2000. Ce commerce sera ensuite remplacé par plusieurs magasins de décoration comme la Villa d’Este, Maison Flamande et Manée dans les années 2008, 2010 et 2012. Puis, après avoir été vide d’occupant durant un temps, le bâtiment est investi par un office notarial qui l’occupe encore de nos jours.

La villa d’Este, Maison Flamande et Manée en 2008, 2010 et 2012 (Documents Google Maps)
Photographie du bâtiment inoccupé en 2018 et de l’office notarial en 2023 (Documents Google Maps)

A suivre …

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Célatose Wattrelos 1974

Le 18 décembre 1974, un nouvel incendie vient frapper l’usine Célatose, toujours spécialisée dans la fabrication de couches pour bébés et serviettes périodiques en cellulose. L’incendie a pris naissance dans un atelier de fabrication où se trouvaient des ouvriers chargés de l’entretien. Cette fois toute l’usine a été détruite. Des deux bâtiments qui couvraient 18.000 m² de plancher, des machines et des stocks, il ne reste rien que des murs noircis des décombres fumants. Par moments un foyer renait malgré les efforts des pompiers.

L’incendie à l’usine Célatose Photo NE

L’usine wattrelosienne La Célatose est installée dans les locaux de l’ancienne filature Desurmont boulevard des Couteaux. La société La Célatose connaissait l’expansion : en deux ans une quarantaine d’emplois ont été créés à certaines époques de l’année, le personnel était amené à travailler sur trois postes.

Pompier et incendie Phot NE

Samedi matin une trentaine de personnes étaient occupées dans l’usine pour assurer l’entretien, au premier étage un poste de soudure avait été amené, est-il la cause de l’incendie ? Tous s’accordent sur la rapidité foudroyante avec laquelle le feu s’est propagé. À peine le feu s’est déclaré qu’une nappe de gaz s’est formée vers 10 h 10 et une explosion a suivi. Tout s’est alors embrasé.

La Mousserie menacée Photo NE

Il fallut protéger les maisons voisines des rue Matisse et Paul Cézanne du quartier Mousserie-Sapin-Vert, petites maisons CIL. Les pompiers ont empêché une extension du sinistre à la cave à mazout, ainsi qu’à une dizaine de remorques et camions d’une firme de transports bloqués sur une aire privée de stationnement jouxtant l’usine en flammes. Dix huit lances furent mises en œuvre par les pompiers et même un canon à eau, on alla jusqu’à puiser dans le canal pourtant distant de plusieurs centaines de mètres.

Les dégâts Photo NE

Devant l’étendue de la catastrophe, la consternation est générale. Il n’y eut cependant aucun blessé. Les pompiers resteront sur place pendant plus de 48 heures. Sur 270 personnes employées par la Célatose, 230 seront au chômage. Le directeur général de la Célatose affirmait alors : nous redémarrerons sur place.

Le reportage photo est l’œuvre de Guy Sadet

Pompiers de Roubaix

C’est au Moyen-Age, en 1477, que Roubaix, alors gros bourg rural d’une centaine de « feux » (familles), devient la proie des flammes pour la 1ère fois dans le cadre de la rivalité entre le roi de France Louis XI et son rival le puissant duc de Bourgogne. Tournai est occupée et Wattrelos et Roubaix brûlées par les troupes du roi de France.

Roubaix au Moyen-Age ( Document Voix du Nord)

Deux siècles plus tard, un terrible incendie prend dans les maisons de bois aux toits de chaume, lequel ravage toute une partie de la ville. Il éclate dans la rue Pauvrée, gagne et dévore la chapelle du Saint-Sépulcre (à l’emplacement de la Banque de France, Place de la Liberté) et se répand le long de la Grand Rue et jusqu’à la Grand Place avant de s’arrêter à l’Hôpital Sainte Elisabeth dont seules les toitures sont atteintes. L’église Saint Martin et le château sont épargnés.

Roubaix à l’époque en croquis (Document Thierry Prouvost)

Les moyens de secours prévus à l’époque contre les incendies paraissent alors pour le moins dérisoires : sept douzaines de seaux en cuir acquis 2 ans plus tôt et confiés à 14 particuliers, avec injonction de les pendre à l’entrée de leur logis et d’en faire bonne garde, c’est là la totalité du premier matériel de secours mentionné à Roubaix dans un document officiel.

A l’orée du 18ème siècle, les échevins de Roubaix et Tourcoing passent un accord de mutuelle assistance et se munissent à cette fin de seaux, d’échelles et de crochets. Pourtant malgré la volonté des édiles les premières collaborations ne vont pas de soi, les pompiers de Roubaix se perdant dans la campagne entre les deux villes alors qu’ils voulaient porter secours à Tourcoing.

Quelques années plus tard lorsque les troupes de l’empire austro-hongrois font le siège de Lille, les dragons du Prince de Hesse mettent Roubaix à feu et à sang. Le château, la salle échevinale et l’hôpital sont mis à sac et bon nombre de maisons sont abattues, dégradées ou livrées aux flammes.

Ancienne enseigne du cabaret « A la réunion des pompiers » situé sur la Grand Place (Document Nord-Eclair)
Extrait du règlement du premier corps de pompiers de Roubaix (Document Nord-Eclair)

Si les pompes à incendie commencent alors à être utilisées à Paris ce n’est en revanche pas l’usage à Lannoy, Tourcoing et Roubaix (alors la moins importante des trois villes). A Roubaix, les ruraux habitant à l’extérieur des haies de l’enceinte du bourg se refusent à faire les frais d’un matériel coûteux surtout destiné à protéger les gens de la ville. De ce fait c’est décidé : Roubaix n’aura pas ses pompes. La première pompe à bras de Roubaix n’est donc acquise qu’après la révolution après plusieurs années d’épargne car elle coûte très cher.

Quant au premier corps de pompiers volontaire de la ville, sa constitution n’a lieu qu’en 1805,en raison du développement de la commune et de l’accroissement de son artisanat textile. Il se compose de 21 hommes y compris un chef. Les pompiers de l’époque ne perçoivent aucun salaire et, le maire n’ayant aucun budget pour le faire, c’est aux habitants que la ville fait appel pour leur assurer certaines gratifications pour leurs bons services.

Les soldats du feu sont alors dotés d’un splendide uniforme : habit gris mêlé, doublure écarlate, collet, revers et parements en velours noir avec passe-poil rouge, boutons en cuivre jaune, pantalon gris mêlé, guêtres noires et casque en cuivre jaune. 10 ans plus tard la compagnie augmente jusqu’à 80 hommes et son matériel est complété de 2 pompes munies de leurs agrès.

Extrait de règlement corps de pompiers de la ville en 1829 (Document Archives Municipales)

Le corps communal de sapeurs-pompiers est constitué en 1831 et fait alors partie de la garde nationale. Leur uniforme est encore plus magnifique : habit bleu foncé, collet, parements de velours noir, passe-poil rouge, pantalon et gilet bleu, boutons jaunes, demi guêtres noires et bien sûr casque en cuivre. La compagnie se voit adjoindre une musique d’instruments en cuivre dont les musiciens portent le colback (bonnet en forme de cône tronqué). Par ailleurs, à leur demande ils sont bientôt munis d’une arme qu’ils arborent fièrement lors de leurs défilés.

Médaille décernée aux sapeurs pompiers de la ville qui s’activent autour d’une pompe à bras (Document Nord-Eclair)

En 1840, la ville achète une partie de terrains et de bâtiments provenant de l’ancien Hôpital Sainte-Elisabeth et un grand bâtiment à usage de filature et d’habitation rue Neuve. L’Hôtel de Ville et un Hôtel des pompiers sont construits de 1844 à 1846 sur une partie de ces 2 terrains tandis que le reste est affecté à divers services municipaux : bibliothèque, archives, salles de Musique, Musée et Bureau de Police de Sûreté.

Le 24 Mai 1846, la mairie inaugure le premier hôtel des pompiers de Roubaix au cours d’une cérémonie attirant une foule importante sur ce terrain communal contigu à la place de la Mairie auquel on accède en passant entre la mairie et l’ancienne bourse du commerce. Il s’agit d’un bâtiment fort spacieux, composé au rez-de-chaussée d’un vaste local pour le dépôt du matériel et d’une buvette, et à l’étage de salons particuliers pour les réunions du conseil d’administration et la réunion du corps tout entier.

Les corps de pompiers des villes et communes voisines de France comme de Belgique y sont conviés. La fête militaire commence par un tir à la cible horizontale au cours duquel s’affrontent toutes les compagnies et subdivisions de compagnies de sapeurs-pompiers. Parallèlement, toutes les musiques accompagnant les détachements de pompiers participent à un festival au cours duquel chacune joue 2 morceaux de son choix. C’est la musique des pompiers de Roubaix qui ouvre le festival et celle de la garde nationale qui le clôture. Enfin un bal est offert aux détachements étrangers le soir dans le bâtiment tout juste inauguré.

L’ancienne mairie et l’ancienne bourse avant 1907 et une photo de la cour de l’hôtel des pompiers de l’époque (Documents BNR et Nord-Eclair)
Plan de l’Hôtel des pompiers : vue du rez-de-chaussée et coupe longitudinale et extrait du document relatif à l’inauguration (Documents archives municipales)
Dans le petit musée de cet hôtel des pompiers : une pompe de 1815, un drapeau de 1843, des haches et le portrait d’un des plus illustres capitaines de pompiers de la ville : Argillies, mort au feu dans l’incendie du café des Arcades (Document Nord-Eclair)

Un échange de courriers entre le maire de Roubaix et le préfet du Nord démontre que les risques d’incendie dans les manufactures sont à l’époque connus, les ouvriers qui travaillent et fabriquent la nuit compromettant ainsi la sécurité publique et pouvant occasionner des incendies. Pourtant la conclusion est que des mesures prohibitives seraient préjudiciables à l’activité commerciale de la ville dont les produits acquièrent alors une réputation de plus en plus étendue.

Les sinistres sont en effet nombreux dans les usines de Roubaix dans les décennies qui suivent. Ainsi en 1833, la filature Desvignes-Duquesnoy, rue Neuve est la proie des flammes mais fort heureusement grâce au déploiement rapide des grandes échelles, les ouvriers sont sains et saufs. En 1845, c’est la filature Duriez Fils rue de la Fosse aux Chênes puis celle de A.Dervaux et Delattre-Libert qui subissent un énorme incendie.

Et, la même année, soit l’année de sa construction, c’est l’incendie de l’usine « monstre » : la première filature Motte-Bossut, située près de l’emplacement de la future Grand Poste . Les roubaisiens la trouvaient gigantesque et impressionnante avec ses lueurs de chaudières rougeoyant dans la nuit.

Chariot pour pompe à bras et petit matériel dans un catalogue de la 2ème moitié du 19ème siècle (Document archives municipales)

Les pompiers ne disposaient alors que d’une simple pompe à bras. Les boyaux ou tuyaux devaient être graissés régulièrement. La presse de l’époque décrit la scène:« dépourvus de moyens efficaces pour arrêter l’incendie (…) Plusieurs de ces malheureux poussaient des cris lamentables, d’autres voulaient se précipiter par les fenêtres. On en vit un se laisser glisser adroitement d’étage en étage et parvenir jusqu’à terre sans accident. Quelques-uns descendirent au moyen des cordes enlevées à leurs métiers.  »

Heureusement qu’à l’époque, le canal n’était pas loin : le pont de l’Union reliait alors la rue de la Tuilerie à la rue de l’Union en enjambant le canal qui suivait le tracé du boulevard Leclerc. A noter la forme caractéristique des casques de cuivre portés par les soldats du feu à l’époque. L’usine est alors sauvée pour un temps.

L’usine monstre (Document collection privée)
L’incendie (Documents collection privée)

A suivre…

Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.

Docteur Marcel Guislain, résistant

Marcel Guislain naît le 14 Juin 1899 à Nomain. Il passe son doctorat en médecine à Lille en 1924 et devient également médecin-légiste et de psychiatrie. Il ouvre son cabinet de médecine générale au 17 place de la Fraternité à Roubaix et ensuite au 101 boulevard Gambetta dans les années 1930. Il est nommé chef de service à l’hôpital de la Fraternité en 1931. Il est élu au conseil municipal de Roubaix en 1935 et devient adjoint au maire en 1938, sous le mandat de Jean Lebas.

Le 5 Septembre 1939, commence réellement son aventure patriotique. Ce jour là, marque pour lui sa mobilisation. Il est affecté comme médecin-chef à Saint Quentin et fait transformer le lycée de la ville en hôpital d’évacuation.

Le 20 Avril 1940 il est muté à Boulogne sur mer et s’y trouve encore quand les allemands attaquent le 10 Mai 1940. Il regagne clandestinement Roubaix en Juillet 1940 et, au mois d’Août, il reprend du service : il appartient au réseau Ali-France. Dès Septembre il rédige des tracts et commence à venir en aide aux soldats alliés qui se cachent, en leur fournissant de faux papiers.

Marcel Guislain ( document collection privée )

Il entre en résistance, en même temps que son ami Désiré Helinck, dans un groupe créé par Robert Delaval. Ce groupe :  » Action Réseau 40  » choisit de refuser aussi bien le national-socialisme que le communisme. Il apporte son soutien à la France libre et à De Gaulle. Marcel Guislain y participe activement en l’approvisionnant en matériel. Un journal clandestin mensuel est publié :  »La Voix de la Nation ».

document Nord Eclair

Instantané de mémoire de Marcel Guislain : En Septembre 1940, il fallait réveiller le sens patriotique des Français, écrasés, avachis, refusant même de s’intéresser à la résistance. Le premier tract de résistance a été imprimé en 1000 exemplaires par M. Delplace rue Léon Marlot. Le titre : « Français, relevez la tête ! ». A cette époque, il était hors de question de trouver des porteurs, tout le monde était terrorisé. Alors, nous l’avons distribué nous-même en pleine nuit. Mon infirmière, Mariette, et moi sommes partis vers 20h en voiture avec ma 202, ( j’avais un « ausweis » comme médecin ! ) pour parcourir tous les faubourgs de Roubaix, Wattrelos et Hem, en laissant tomber un tract tous les 10 mètres. Fort heureusement, nous n’avons fait aucune mauvaise rencontre, et c’est en rentrant tôt le matin, que nous avons réalisé les énormes risques que nous avions courus. Fait cocasse, comme je faisais partie du conseil municipal, le lendemain, le commissaire central apportait le tract, en déclarant qu’il était tombé d’un avion anglais ! Inutile de vous dire le remue-ménage à la kommandantur !

Dès le mois de Juin 1941, la Gestapo commence à s’intéresser à lui. Les perquisitions à son domicile ne donnent rien. Le 19 Août de cette même année, il devient maire de Roubaix à la mort de Fleuris Van Herpe qui a succédé à Jean Lebas. Cependant, il doit abandonner son mandat car il refuse de prêter serment à Vichy. Dès lors, il intensifie ses activités clandestines.

Mais le 3 Mai 1942, Marcel Guislain qui anime une réunion chez lui, boulevard Gambetta, est arrêté avec seize membres du réseau « Action 40 ». Pendant trois mois, le médecin est mis au secret et subit les sévices des tortionnaires nazis. Il se retrouve dans différents camps de concentration dont celui de Buchenwald. Fort heureusement, son procès qui aurait du se terminer devant le peloton d’exécution est reporté car les documents accusateurs ont été détruits, lors d’un bombardement allié. Le cauchemar se termine en 1945 à la libération. Marcel Guislain est physiquement diminué : il ne pèse plus que 40 kilos à son retour.

Après quelques mois de repos, Marcel Guislain fonde la Fédération des internés déportés résistants et politiques de France dont il devient vice-président, puis président en 1947. Il est aussi le président-fondateur de l’Union nationale des victimes de guerre (1955) ainsi que président-fondateur de la Confédération nationale des déportés, internés et ayants droits de la Résistance.

Marcel Guislain développe considérablement son action politique après la Libération. Élu, en 1945, adjoint au maire de Roubaix sous le mandat de Victor Provo, il est encore conseiller général de 1945 à 1951, puis de nouveau en 1957 à Roubaix-Ouest jusqu’en 1970.

Marcel Guislain est membre de la commission administrative fédérale de la SFIO du Nord en 1946-1947et participe à de nombreux congrès socialistes, régionaux, nationaux et internationaux. Il est élu député en 1951 et siège ensuite au Sénat.

document Nord Eclair 1956

En Avril 1956 , Marcel Guislain reçoit le grade de commandeur de la Légion d’Honneur. Il devient membre du conseil de la communauté urbaine de Lille à partir de décembre 1967.

document collection privée 1966

Marcel Guislain cesse toute action politique en 1977 et abandonne son siège au conseil municipal de Roubaix en raison de son opposition à l’alliance électorale avec le Parti communiste.

Victor Provo et Marcel Guislain ( document collection privée 1974 )

Marcel Guislain décède le 10 Juillet 1986. Il était père de famille de 4 enfants, et grand-père de nombreux petits enfants.

Ami intime de Victor Provo, dont il partageait le civisme et l’esprit de tolérance, Marcel Guislain est à l’origine de nombreuses réalisations sociales qui ont marqué l’histoire de la ville. Tous les roubaisiens gardent un excellent souvenir de sa personnalité.

documents Faire part de décès 1986 et Nord Eclair

Remerciements aux archives municipales